moisir [ mwazir ] v. intr. <conjug. : 2>
1 ♦ Se détériorer, se gâter sous l'effet de l'humidité, de la température. Livres qui moisissent au fond d'une cave.
♢ Se couvrir de moisissure. ⇒ chancir. Ce pain moisit, a moisi. Moisir puis pourrir.
2 ♦ Rester inactif, improductif. Les avares ont des cassettes « qu'ils laissent moisir dans un coin de leur cabinet » (La Bruyère).
3 ♦ (XVe) Fam. (personnes) Attendre, rester longtemps au même lieu, dans la même situation, y perdre son temps. ⇒ croupir, languir. Nous n'allons pas moisir ici toute la journée, toute notre vie. « Je vais t'introduire chez le patron, sans quoi tu pourrais moisir jusqu'à sept heures du soir » (Maupassant).
● moisir verbe intransitif (latin populaire mucire) (auxiliaire avoir ou être) Se couvrir de moisissure : Le pain est moisi. (auxiliaire avoir) Familier. Rester longtemps au même endroit : Je ne moisirai pas plus de quelques jours ici. (auxiliaire avoir) Familier. Rester inutilisé, improductif : Laisser moisir son argent. ● moisir (synonymes) verbe intransitif (latin populaire mucire) Se couvrir de moisissure
Synonymes :
- chancir
Familier. Rester longtemps au même endroit
Synonymes :
- poireauter (familier)
Familier. Rester inutilisé, improductif
Synonymes :
- languir
- traîner
● moisir
verbe transitif
Couvrir quelque chose de moisissure : La pluie a moisi les raisins.
moisir
v.
rI./r v. tr. Couvrir de moisissures.
rII./r v. intr.
d1./d Devenir moisi.
d2./d Fig., Fam. Attendre trop longtemps, se morfondre.
⇒MOISIR, verbe
A. —Emploi intrans.
1. [Le suj. désigne une substance] S'altérer, se gâter par l'action de l'humidité, en se couvrant d'une végétation cryptogamique semblable à une légère mousse blanchâtre ou verdâtre. Le cuir, les étoffes moisissent. C'est ici que finissent mes domaines, dit le baron, arrivé devant la niche de rocaille où moisissait Pomone (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.43). Au mur, des vitrines, où moisissent de vieux insectes (FROMENTIN, Voy. Égypte, 1869, p.147).
2. P. méton.
a) [Le suj. désigne une chose] Être inemployé, improductif; rester au même endroit durant un certain temps. Si vous pouviez remettre au porteur les 75 [Fr] restant, je vous promets qu'ils ne moisiront pas dans ma caisse (BALZAC, Corresp., 1835, p.626). Sa lance n'aime pas moisir au râtelier (HUGO, Légende, t.1, 1859, p.320):
• 1. ... et bien que M. de Vindeuil usât jusqu'à la corde ses redingotes noires et laissât moisir à sa boutonnière ses rosettes de la Légion d'honneur, il fallait reconnaître en lui un homme de race, un aristocrate.
COPPÉE, Longues et brèves, 1893, p.222.
b) [Le suj. désigne une pers.] Rester inactif, immobile, à la même place ou dans la même situation, durant un laps de temps qui semble assez long. Viens avec moi, je vais t'introduire chez le patron, sans quoi tu pourrais moisir jusqu'à sept heures du soir (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p.53). J'ai pas moisi dans la boutique... Je suis ressorti presque aussitôt (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.535):
• 2. M. P.-K. Hartmann croisait dans la rue, sans les reconnaître, ses salariés qui moisissaient depuis vingt ans dans les trous de ses crayères et tiraient la patte par l'ankylose de leurs genoux ou de leurs orteils...
HAMP, Champagne, 1909, p. 153.
— Pop. et fam. On ne va pas moisir (longtemps) ici: ,,on ne va pas rester`` (SANDRY-CARR. 1963).
B. —Emploi trans. Faire que quelque chose se couvre de moisissure, s'altère, se gâte. Synon. chancir.
1. Domaine concr. Il tourna sous les arbres, dont l'humidité perpétuelle moisit les reliques du musée alpin (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p.46). Il s'agissait ce jour-là d'achever un pot de mirabelles, un peu moisies par quatre ans de buffet (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.10):
• 3. ... il semblait que le ruissellement des parapluies coulât jusqu'aux comptoirs, que le pavé avec sa boue et ses flaques entrât, achevât de moisir l'antique rez-de-chaussée, blanc de salpêtre.
ZOLA, Bonh. dames, 1883, p.413.
— Emploi pronom. La casse s'altère. 1. Par la dessiccation de sa pulpe (...). 2. Par la fermentation acide: dans ce cas, elle offre une odeur et une saveur acides, et se moisit (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t.1, 1821, p.168).
2. Au fig. Gâter quelque chose, quelqu'un. Le Cardinal, au roi: Surtout, n'allez pas vous laisser ramollir. Les larmes de la femme moisissent le coeur de l'homme (AUDIBERTI, Mal court, 1947, II, p.156).
— Emploi pronom. Elle m'écrit une lettre, un chef d'oeuvre (...). La voici: «Quand je pense que je n'ai eu qu'un fils et qu'il s'est moisi sur une armoire!» (GONCOURT, Journal, 1860, p.746).
REM. Moisissant, -ante, part. prés. en emploi adj. Sortez de ma tête, ô manoirs moisissants, Où devaient se passer d'étranges adultères, Par les temps tristes, en Angleterre (JAMMES, De l'angélus, 1898, p.94). V. abyssal ex. 8. Au fig. Ici tu trouves mille remèdes à l'ennui et une infinité de choses dignes d'occuper ton esprit durant l'éternité: l'odeur moisissante des minutes d'avant trois siècles (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p.208). Beaucoup de ménagères (...) débraillées, en pilou, sans fichu, les mèches moisissantes dans le crachin, la jupe crottée, les bas défaits, trempés (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.251).
Prononc. et Orth.: [], (il) moisit [mwazi]. Att.ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Part. passé 1176-81 (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au Lion, éd. W. Foerster, 2851: pains moisiz et ses; leçon ms. P [XIIIe s.]:musy; ms. V [XIIIe s.]: musiz); 1228 pastez moussiz (JEAN RENART, G. de Dole, éd. F. Lecoy, 1047); b) part. passé subst. av. 1465 (CHARLES D'ORLÉANS, Balade, LXXX, éd. P. Champion, p.131); c) 1690 trans. (FUR.); 2. ca 1200 fig. «(d'une chose) rester improductif» (Poème moral, éd. A. Bayot, 2007: tant lo [l'avoir, l'argent] garde enclos qu'il musist et empire). Du lat. «être moisi» (Caton, en parlant du vin; d'où le type a. fr. muisir), devenu , prob. sous l'infl. du lat. «doux comme le moût, riche en jus» (dér. du lat. , v. moût; d'où l'adj. mo(u)isse «moite, humide, moisi» (relevé dans les dial. de Bourgogne, Lorraine, Dauphiné, ainsi qu'en prov., FEW t.6, 3, p.270 a; et le subst. m. fr. moyse «terre humide» 1580, Loiret ds GDF.) ou de (moite), d'où le type moisir. Fréq. abs. littér.: 93.
moisir [mwaziʀ] v.
ÉTYM. V. 1200; du lat. pop. mucire, lat. class. mucere. → Mucus.
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I V. intr.
1 (V. 1200). S'altérer, se détériorer, se gâter sous l'effet de l'humidité, de la température… || Cet amas (cit. 4) de papier qui moisit. || Vieux meubles abandonnés qui moisissent au fond d'une cave.
♦ Spécialt. S'altérer, se gâter en se couvrant de moisissure. ⇒ Chancir. || Substance qui moisit, puis pourrit. || Ce pain moisit, a moisi.
2 (1580, Montaigne). Par ext. Rester inactif, improductif.
1 Ces avares (…) ont (…) des cassettes où leur argent est en dépôt, qu'ils n'ouvrent jamais, et qu'ils laissent moisir dans un coin de leur cabinet (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De l'épargne…
2 Sa lance n'aime pas moisir au râtelier.
Hugo, la Légende des siècles, XV, « Éviradnus », II.
3 (V. 1460, Villon). Fig., fam. (En parlant des personnes). Attendre, rester longtemps au même lieu, dans la même situation, s'y ennuyer, y perdre son temps. ⇒ Croupir, languir. || Nous n'allons pas moisir ici toute la journée ! || Les hommes moisissaient dans cette contrainte infectée d'hypocrisie (→ Masquer, cit. 14). || Moisir dans la condition de travailleur (→ Classe, cit. 9).
3 (…) Je vais t'introduire chez le patron, sans quoi tu pourrais moisir jusqu'à sept heures du soir.
Maupassant, Bel-Ami, I, III.
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II V. tr. Altérer par l'effet de l'humidité, etc. ⇒ Gâter. — Spécialt. Gâter en couvrant de moisissure. || L'humidité moisit les raisins.
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se moisir v. pron.
♦ || Le pain s'est moisi. — Par ext. :
4 (…) et ma plume fertile,
Faute de l'exercer, se moisit inutile.
Ronsard, Second livre des poèmes, « Disc. contre Fortune ».
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moisi, ie p. p. adj. et n. m.
1 Adj. Attaqué, gâté par la moisissure. || Confiture, boule de pain moisie (→ Évider, cit. 2). — Par ext., fig. (→ Effondrer, cit. 2; exhumer, cit. 4; licenciement, cit.).
5 (…) si les vieux châteaux sont mauvais à quelques-uns, croyez-moi, c'est que ceux qui les habitent n'ont pas une Madame de Guitaut comme vous. Avec une telle compagnie je vous défie tous deux d'être moisis.
Mme de Sévigné, 948, Début 1685.
2 N. m. || Le moisi : la partie d'une chose qui est moisie. || Enlever le moisi d'un fromage. || Empester (cit. 2), sentir le moisi (→ Guitoune, cit. 1). — Spécialt. || Odeur, goût de moisi : odeur, goût spécifiques des choses, des substances qui sont attaquées par la moisissure ou qui sont altérées pour avoir séjourné dans une atmosphère humide. || Vin qui a le goût de moisi.
6 Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue (…) Elle sent le renfermé, le moisi, le rance; elle donne froid, elle est humide au nez (…)
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 851.
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DÉR. Moisissure.
Encyclopédie Universelle. 2012.