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mentir

mentir [ mɑ̃tir ] v. intr. <conjug. : 16>
• 1080; bas lat. mentire, class. mentiri
1Faire un mensonge, affirmer ce qu'on sait être faux, nier ou taire ce qu'on devrait dire. Mentir effrontément, avec aplomb. C'est faux, tu mens ! « Il ne dit pas toute la vérité, ce qui est une façon de mentir » (Flaubert). « mentir pour nuire est calomnie » (Rousseau). Vieilli Ils « en ont menti » (Musset),ils ont menti sur ce point. — Mentir comme un arracheur de dents. Il ment comme il respire, tout naturellement et continuellement. Sans mentir : à dire vrai, en vérité (souvent iron.) . « il y en avait bien, sans mentir, une vingtaine » (A. Daudet) . PROV. A beau mentir qui vient de loin : il est facile d'être cru quand ce qu'on dit n'est pas vérifiable. — Mentir à qqn, le tromper par un mensonge, lui en faire accroire (cf. Bourrer le crâne, le mou, monter le coup, mener en bateau, raconter des histoires). Il nous a menti sur son salaire. Pronom. (réfl.) Se mentir à soi-même : refuser de regarder la vérité en face.
2(Choses) Exprimer une chose fausse, être mensonger. Loc. Faire mentir le proverbe, lui apporter un démenti. Faire mentir sa réputation.
3Tr. ind. MENTIR À : (vx)manquer à (sa foi, sa promesse). Absolt Bon sang ne peut mentir. Vieilli Démentir. « mentir à l'idée qu'on s'était faite de lui » (Gautier).

mentir verbe intransitif (latin populaire mentire, du latin classique mentiri) Dissimuler, déguiser volontairement la vérité, nier ou taire ce qu'on devrait dire : Les journaux mentent, les faits ne se sont pas passés ainsi. Ne pas donner un reflet exact de la réalité, la déguiser : Les apparences peuvent mentir.mentir (citations) verbe intransitif (latin populaire mentire, du latin classique mentiri) Louis Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand Céline Courbevoie 1894-Meudon 1961 Il faut choisir, mourir ou mentir. Voyage au bout de la nuit Gallimard Fernand Crommelynck Paris 1886-Saint-Germain-en-Laye 1970 Loin de la vérité, les mots mentent tout seuls. Chaud et froid Le Seuil François de Salignac de La Mothe-Fénelon château de Fénelon, Périgord, 1651-Cambrai 1715 Quiconque est capable de mentir est indigne d'être compté au nombre des hommes ; et quiconque ne sait pas se taire est indigne de gouverner. Les Aventures de Télémaque Jacques Perret Trappes 1901-Paris 1992 S'expliquer c'est mentir. La Bête Mahousse, Enfantillages Gallimard Charles-Louis Philippe Cérilly, Allier, 1874-Paris 1909 On a toujours l'air de mentir quand on parle à des gendarmes. Les Chroniques du Canard sauvage Gallimard Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 Il faut bien mentir quelquefois quand on est évêque. Les Confessions Juvénal, en latin Decimus Junius Juvenalis Aquinum, Apulie, vers 60 après J.-C.-vers 130 Que ferais-je à Rome ? Je ne sais pas mentir. Quid Romae faciam ? Mentiri nescio. Satires, III, 41 Hésiode Ascra, Béotie, milieu du VIIIe s. avant J.-C. Ne mens pas pour le plaisir de parler. Les Travaux et les Jours, 709 (traduction E. Bergougnan) Baltasar Gracián y Morales Belmonte 1601-Tarazona 1658 Bien crédule est celui qui ne ment jamais, bien confiant celui qui jamais ne trompe. Cree mucho el que nunca miente y confía mucho el que nunca engaña. Oráculo manual y arte de prudenciamentir (difficultés) verbe intransitif (latin populaire mentire, du latin classique mentiri) Conjugaison Mentir perd le t du radical au présent de l'indicatif, aux deux premières personnes du singulier : je mens, tu mens, et à l'impératif, à la deuxième personne du singulier : mens ! Accord Mentir étant un verbe intransitif, son participe passé menti est invariable : elles ne se sont jamais menti.mentir (expressions) verbe intransitif (latin populaire mentire, du latin classique mentiri) Faire mentir quelque chose, contredire par ses actes, par un événement, des données antérieures, une idée communément admise. Sans mentir, en vérité, sans exagérer (renforce une assertion). ● mentir (homonymes) verbe intransitif (latin populaire mentire, du latin classique mentiri)mentir (synonymes) verbe intransitif (latin populaire mentire, du latin classique mentiri) Dissimuler, déguiser volontairement la vérité, nier ou taire ce qu'on...
Synonymes :
- donner le change
- fabuler
- galéger (familier)
- inventer
Ne pas donner un reflet exact de la réalité, la...
Synonymes :
- en faire accroire
- mystifier
mentir verbe transitif indirect Tromper quelqu'un en lui déguisant la vérité, en lui disant un mensonge : Le témoin nous a menti sur son emploi du temps. Littéraire. Faillir à quelque chose, le démentir : Mentir à sa réputation.mentir (homonymes) verbe transitif indirect

mentir
v.
rI./r v. intr.
d1./d Donner pour vrai ce que l'on sait être faux; nier ce que l'on sait être vrai, dans l'intention de tromper; ne pas dire la vérité.
Sans mentir: en vérité, à vrai dire.
|| v. Pron. (réfl.) Se mentir à soi-même: essayer de se convaincre de ce que l'on sait être faux.
d2./d Tromper par son apparence. Un regard qui ne ment pas.
rII./r v. tr. indir. Mentir à (qqch): se mettre en contradiction avec (qqch). Mentir à sa réputation, à ses promesses.

⇒MENTIR, verbe intrans.
A. —Affirmer, dire pour vrai ce qu'on sait être faux, nier quelque chose de vrai. Synon. tromper, raconter des histoires (fam.), monter un bateau (fam.; v. bateau2). Il prétendit qu'elle était blessée au pied, ce qui n'était pas vrai. Il mentait pour mentir, avec une mauvaise foi étalée, dans l'espoir de fâcher et d'étourdir la vendeuse (ZOLA, Terre, 1887, p. 174). Elle comprit qu'il fallait parler et me conta son histoire, ou plutôt une histoire, car elle dut mentir d'un bout à l'autre, comme mentent tous les arabes, toujours, avec ou sans motifs (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Allouma, 1889, p. 1313):
1. Germaine avait le génie du mensonge. Le mensonge lui servait de rêve et de revanche. Elle mentait à tout propos, pour se vanter, pour se disculper, pour rabaisser une autre femme; elle mentait surtout pour le plaisir de mentir. D'instinct, Gilbert haïssait le mensonge; entre son amie et lui, des scènes violentes éclatèrent. S'il la surprenait à mentir, si, après une discussion acharnée, il lui prouvait qu'elle avait menti, elle riait, le regardait d'un œil amusé...
ARLAND, Ordre, 1929, p. 176.
SYNT. Mentir efficacement, effrontément, gauchement, impudemment; mentir à plaisir, avec bonne foi, avec aplomb, par héroïsme; bien, mal mentir; mentir le mieux possible, le moins mal possible.
Mentir sur qqc. Mentir sur un point précis. Mentir sur des détails. Renée était alors enceinte de quatre mois; son mari allait l'envoyer à la campagne, comptant mentir ensuite sur l'âge de l'enfant (ZOLA, Curée, 1872, p. 386).
Locutions
Mentir comme on respire (fam.). Mentir continuellement. Ils [les Blancs] mentent pour rien. Ils mentent avec méthode et mémoire, comme on respire. De là leur supériorité sur nous (MARAN, Batouala, 1921, p. 75).
Mentir comme un arracheur de dents.
Sans mentir. À dire vrai, à la vérité:
2. Il mangeait et dormait beaucoup, dans un demi accablement. Le reste de sa vie se passait comme en songe. Sans mentir, il n'était plus lui, mais une sorte de démon que tenait une seule idée, noire et confuse.
POURRAT, Gaspard, 1925, p. 144.
En avoir menti par la gorge (vx). Avoir menti de façon éhontée. V.gorge I B 2 b
3. ... cette bonne institutrice Adeline s'est complètement trompée en croyant m'apercevoir sur le carrousel. Probablement que je lui remplis l'imagination. Cela me flatte, mais elle en a menti par la gorge (manière proverbiale de parler car la susdite en a peu, de gorge).
FLAUB., Corresp., 1854, p. 14.
Absol. En avoir menti:
4. Vous ne reverrez plus votre grand'mère, me dit-elle, puisque vous la détestez. Elle vous abandonne; dans trois jours vous partirez pour Paris. — Vous en avez menti, lui répondis-je, menti avec méchanceté, je ne déteste pas ma grand'mère, je l'aime, mais j'aime mieux ma mère...
SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 62.
Proverbes
Bon sang, bonne race, nature ne peut mentir. Celui qui est de race noble ne dégénère pas. Le premier point s'établissait, «1 sur ce que les rois ne sont appelés rois que pour faire justice, et non pour autre chose; 2 sur l'amour fraternel, car nature ne peut mentir;... etc.» (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 63). Ayant une fille mariée et son gendre étant venu se plaindre à lui qu'elle buvait, — bon sang ne peut mentir, — il la fouetta (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1134). Et ils sont Français et Lorrains. Fils de bonne race et de bonne maison. Or bonne race ne peut mentir. Fils de bonne mère (PÉGUY, Porche Myst., 1911, p.181).
A beau mentir qui vient de loin. Celui qui vient d'ailleurs a beau jeu de raconter des histoires que personne ne peut vérifier. A beau mentir...; il n'est pas vrai que tous les voyageurs mentent; mais il est profondément vrai que nous croyons aisément ce qui n'est pas à portée de notre expérience (ALAIN, Propos, 1933, p. 1161).
[Avec un compl. second.]
Mentir à qqn. Dans toutes mes lettres, je vais mentir à mes amis et leur dire que je travaille — mais cela n'est pas vrai (MALLARMÉ, Corresp., 1864, p. 144). Je ne veux pas vous tromper. Je suis lasse de mentir aux autres et à moi-même, à vous, je dirai la vérité (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 272).
Mentir à qqc. Se mettre en contradiction avec, renier. Mentir à sa parole, à ses instincts. Il est impossible d'avoir moins compris les sites et plus menti aux moeurs qu'il ne l'a fait (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 8). Il causa deux minutes, et, comme il avait promis de ne pas s'arrêter, voulant ne pas trop longtemps mentir à sa promesse, il embrassa de nouveau la jeune fille ardemment (...) et s'échappa (R. BAZIN, Blé, 1907, p.88).
Emploi factitif. Faire mentir qqn. Jean Racine persévère dans la piété; le foyer qu'il fonde fait mentir Pascal écrivant à sa soeur Périer que le mariage est la plus basse des conditions du christianisme (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 158):
5. S'il était possible de l'enfouir [mon argent] dans ma fosse, de revenir à la terre, serrant dans mes bras cet or, ces billets, ces titres? Si je pouvais faire mentir ceux qui prêchent que les biens de ce monde ne nous suivent pas dans la mort!
MAURIAC, Noeud vip., 1932, p. 233.
En partic. Dissimuler, taire la vérité. À partir de cette heure, j'ai menti, j'ai menti par mon silence... la honte ne m'étouffait pas. J'aurais gardé ce secret à jamais (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 150). Vous m'aurez menti en vous taisant (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 27). J'ai déjà trop tardé à prendre parti. Je prendrai parti aujourd'hui même, j'en ai assez de mentir par omission (BERNANOS, Joie, 1929, p. 691).
B. — Contenir, exprimer des choses fausses. Ils [ces diables du Père-Lachaise] n'étaient pas sans qualités. Et l'épitaphe ment peut-être autant par celles de leurs vertus qu'elle omet que par celles qu'elle leur décerne (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 446):
6. Rien que de traverser rapidement un intérieur parisien, je savais en juger les habitudes, les moeurs, et, bien que les meubles mentent autant que les visages, il était rare que je me trompasse...
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 227.
Emploi factitif
Faire mentir qqc. Mettre en défaut, désavouer, démentir quelque chose. Je reçus tout à coup de M. de Villèle ce billet inattendu qui faisait mentir mes prévisions et mettait fin à mes incertitudes (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 125). Ils ont une grandeur qui n'est pas seulement spirituelle, mais intellectuelle, et fait mentir le lieu commun vulgaire sur l'abêtissement que causerait la foi (GREEN, Journal, 1945, p. 275). La fête de Vanessa ne faisait pas mentir sa réputation de prodigalité somptueuse. On avait ouvert toutes grandes les baies à arcades qui donnaient directement sur la lagune (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 94).
Faire mentir le proverbe. Apporter un démenti à un proverbe, démontrer que ce qu'il exprime est faux:
7. — Ah! monsieur le colonel! Qui a bu l'eau de Béicos revient tôt ou tard au Bosphore. Je n'ai jamais quitté Stamboul sans pleurer. — Je le quitte douloureusement, monsieur le maréchal. Mais je ferai mentir le proverbe. J'ai bu l'eau de Béicos, et je ne reviendrai pas. — Jamais.
FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 352.
C.Emplois partic.
1. Vx, emploi trans. Tromper. Tremble que je ne tire le voile, et que je ne montre aux yeux de mon rival la hideuse, l'horrible vérité!... tu as menti l'amour, je m'en doutais (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 171).
2. Emploi pronom. réfl. Refuser de s'avouer la vérité à soi-même. Elle se mentait quand elle feignait de croire à la résurrection d'un passé mort et enterré (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 79).
3. Part. passé empl. adj. S'enflammer contre l'humiliation de notre politique extérieure et contre la foi mentie de la royauté nouvelle (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 76). Tu les aimes tout de même. De quelle amour. Comment peux-tu les aimer. D'une amour mentie, d'une amour trahie et qui se trahit soi-même, qui se trahit perpétuellement soi-même, d'une amour faussée (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 60).
Prononc. et Orth.: [], (il) ment []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin Xe s. li bons qui non mentid épithète de Jésus-Christ (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 297); b) ca 1160 «manquer à sa parole envers quelqu'un» (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 1309); 2. ca 1100 «affirmer comme vrai ce qu'on sait être faux» (ROLAND, éd. J. Bédier, 1253); 3. ca 1170 fig. (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 1120: et, se mi oel ne m'ont manti); 4.1229 (GERBERT DE MONTREUIL, Violette, 1579 ds T.-L.: se li estoire ne ment). Du lat. pop. mentire, class. mentiri «ne pas dire la vérité, se tromper; promettre faussement; décevoir; imiter, contrefaire». Fréq. abs. littér.:3 722. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a)3272, b)4817; XXe s.: a) 6387, b) 6614. Bbg. QUEM. DDL t.10. — ZAUNER (A.). Mentir. Z. rom. Philol. 1922, t. 42, p. 79.

mentir [mɑ̃tiʀ] v. intr. [CONJUG. partir.]
ÉTYM. V. 980; bas lat. mentire, class. mentiri.
1 Faire sciemment une assertion contraire à la vérité, nier ce qu'on devrait dire, de manière à induire en erreur. Mensonge; (argot) battre (à Niort); → Connaissance, cit. 7; imposture, cit. 6. || Personne qui ment. Menteur. || Mentir effrontément, impudemment, avec aplomb; savoir mentir.Mentir comme un arracheur de dents (qui affirme qu'il ne fera pas souffrir), comme un programme (vx).Il ment comme il respire, continuellement et naturellement. || Se tromper n'est pas mentir (→ Dénonciation, cit. 2). || Tu as menti, je vois ton nez qui bouge ! || Mentir en affirmant ( Inventer, cit. 16), en niant, en modifiant, en fardant la vérité ( Broder). || Mentir par intérêt, par nécessité; par plaisir, pour amuser ( Blaguer, galéjer). || Mentir à qqn, le tromper par un mensonge. Accroire (en faire accroire), flatter, mystifier, trahir, tromper (→ Raconter des histoires; fam. bourrer le crâne, le mou, la caisse, monter le coup, mener en bateau, monter un bateau). || Mentir sur le compte de qqn ( Calomnier), sur soi-même. Feindre (→ Jouer la comédie). || Ils mentaient sur le prix des objets (→ Grossir, cit. 7). || Il a menti en cela. || Mentir et se contredire. Enferrer (s'). || « Il faut bonne mémoire après (cit. 18) qu'on a menti » (Corneille).
1 Quoique les personnes n'aient point d'intérêt à ce qu'elles disent, il ne faut pas conclure de là absolument qu'ils (sic) ne mentent point, car il y a des gens qui mentent simplement pour mentir.
Pascal, Pensées, II, 108.
2 Mentir pour son avantage à soi-même est imposture, mentir pour l'avantage d'autrui est fraude, mentir pour nuire est calomnie : c'est la pire espèce de mensonge. Mentir sans profit ni préjudice de soi ni d'autrui n'est pas mentir; ce n'est pas mensonge, c'est fiction.
Rousseau, Rêveries…, IVe promenade.
3 L'homme du Midi ne ment pas, il se trompe. Il ne dit pas toujours la vérité, mais il croit la dire (…) Son mensonge à lui, ce n'est pas du mensonge, c'est une espèce de mirage (…)
Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, I, VII.
4 (…) je mentais assez souvent, non par intérêt, mais par bonté, par dédain, par la fausse idée qui me porte toujours à présenter les choses à chacun comme il peut les comprendre.
Renan, Souvenirs d'enfance…, VI, IV.
5 (…) je crois ferme qu'aucun homme n'aime à tromper celui qui a confiance; au lieu qu'à celui qui ne croit jamais et se défie toujours, on ment sans remords, et souvent même avec plaisir.
Alain, Propos, 25 avr. 1921, Fruits de la confiance.
6 Il ment comme il respire. Il a offert le mariage à Irma et il est déjà marié.
Giraudoux, la Folle de Chaillot, II, p. 142.
7 Et puis, tu sais, ne t'imagine pas que je crois la moitié de ce que tu me dis. Tu mens comme un arracheur de dents.
Sartre, l'Âge de raison, p. 142.
Vx. || Mentir d'une chose.Il en a menti (vx ou littér.) : il a menti sur la chose dont il est question. || Vous en avez menti ! — ☑ (V. 1160). Sans mentir; à, pour ne point mentir : à dire vrai, en vérité, vraiment (souvent ironique).
8 Mais, à n'en point mentir, il serait des moments
Où je pourrais entrer dans d'autres sentiments.
Molière, Don Garcie, I, 3.
9 Sans mentir (…)
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois.
La Fontaine, Fables, I, 2.
10 Sans mentir, si votre ramage
Sans mentir ! on ment donc quelquefois ? Où en sera l'enfant si vous lui apprenez que le renard ne dit sans mentir que parce qu'il ment ?
Rousseau, Émile, II.
11 (…) il y en avait bien, sans mentir, une vingtaine (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Installation ».
12 Il faut que la marquise entende Saint-Aubin lui dire, en ma présence, qu'on lui a répété un sot conte, et que ceux qui l'ont forgé en ont menti.
A. de Musset, Contes, « Secret de Javotte », II.
Prov. A beau mentir qui vient de loin (→ Attester, cit. 10) : il est facile d'être cru quand ce qu'on dit n'est pas vérifiable.
(V. 1776). Par ext. Tromper en taisant la vérité (mensonge par omission).
13 (…) mentir, c'est cacher une vérité que l'on doit manifester.
Rousseau, Rêveries…, IVe promenade.
14 (…) mais pourquoi, si elle ne m'aimait plus, ne pas me le dire ? pourquoi me tromper ? je ne concevais pas qu'on pût mentir en amour.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, I, III.
15 Il ne dit pas de mensonges, mais il ne dit pas toute la vérité, ce qui est une façon de mentir.
Flaubert, Correspondance, 1741, 9 juil. 1878.
2 (V. 1185). Choses. Exprimer une chose fausse, être mensonger. — ☑ (1690). Loc. Faire mentir le proverbe, le mettre en défaut par son attitude, sa conduite, lui apporter un démenti.
3 Trans. dir. || Mentir (qqch.) (vx). || Mentir sa foi, sa promesse : manquer de parole, ne pas tenir sa promesse. Manquer (à). (1611). Absolt.Prov. Bon sang ne peut mentir.
Trans. indir. || Mentir à…Vx. Manquer à (sa foi, sa promesse).Mod. Démentir.
16 — Quel supplice, en effet, de voir l'homme que l'on avait choisi mentir à chaque minute à l'idée qu'on s'était faite de lui (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, X.
17 Elle semblait mentir à sa réputation de femme spirituelle, en ne nuançant sa conduite d'aucune de ces manières d'être personnelles, appelées des excentricités.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le dessous de cartes », p. 235.
4 N. m. (1580). Vx. || Le mentir : l'action de mentir. || C'est un vilain vice que le mentir (Montaigne, Essais, II, XVIII).
——————
se mentir v. pron.
1 Récipr. Mentir l'un à l'autre. || Ils se mentent constamment.
2 Réfl. (1838). Refuser de s'avouer la vérité, se bercer d'illusions. || Se mentir à soi-même (→ Agrandir, cit. 7; idéaliser, cit. 9).
18 (…) s'il était capable de mentir quelquefois à autrui, il ne se mentait jamais à lui-même; je veux dire par là qu'il aimait les choses pour ce qu'elles valent et non pour les apparences (…)
A. de Musset, Nouvelles, « Fils du Titien », III.
CONTR. Vérité (dire la vérité).
DÉR. Menterie, menteur. — V. Mensonge.
COMP. Démentir.

Encyclopédie Universelle. 2012.