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incantation

incantation [ ɛ̃kɑ̃tasjɔ̃ ] n. f.
XIIIe; bas lat. incantatio, de incantare enchanter
1Emploi de paroles magiques pour opérer un charme, un sortilège; ces paroles. enchantement, évocation. « L'incantation peut participer à la fois du commandement et de la prière » (Bergson). Proférer, psalmodier des incantations. Les incantations des sorciers.
2 Action d'enchanter, d'agir avec force par l'émotion. « L'incantation toute-puissante de la douce mélodie » (Michelet).

incantation nom féminin (bas latin incantatio, -onis) Emploi de formules magiques visant à produire un charme, un sortilège ; ces formules elles-mêmes. ● incantation (synonymes) nom féminin (bas latin incantatio, -onis) Emploi de formules magiques visant à produire un charme, un...
Synonymes :
- charme
- conjuration
- enchantement
- envoûtement
- exorcisme
- invocation
- magie
- obsécràtion
- sortilège

incantation
n. f. Récitation de formules destinées à produire des sortilèges; ces formules.

INCANTATION, subst. fém.
A. — 1. Formule magique (récitée, psalmodiée ou chantée, accompagnée de gestes rituels) qui, à condition qu'on en respecte la teneur, est censée agir sur les esprits surnaturels ou, suivant les cas, enchanter un être vivant ou un objet (opérée par un enchanteur ou un sorcier, et qui a un caractère soit bénéfique soit maléfique). Les miracles, les enchantements, les incantations, les sortilèges, enfin les actes, improprement appelés surnaturels (...) ne peuvent s'expliquer que par le despotisme avec lequel un Esprit nous contraint à subir les effets d'une optique mystérieuse, qui (...) exalte la création (BALZAC, Séraphita, 1835, p. 220). Il croyait avoir trouvé parmi divers grimoires celui qui servait à l'incantation. Il y avait des paroles à dire, des lignes à tracer par terre (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 374).
SYNT. Pratiquer, proférer, psalmodier, réciter une, des incantation(s); séduire par une, des incantation(s); incantation irrésistible, magique, propice, redoutable; sous l'incantation des sorcières.
2. P. anal. Tout ce qui, en vertu d'un caractère mélodique ou rythmique accentué, évoque le pouvoir d'une incantation. Au principe d'un poème il y a bien un schème (...). Sur ce schème, pour le faire passer à l'être, agissent l'incantation et la magie transfiguratrice des mots (THIBAUDET, Hist. litt., 1936, p. 480). Le rythme est une source immense de magie et d'incantation (LIFAR, Danse, 1938, p. 16) :
1. L'incantation [it. ds le texte] provoquée (...) par le tam-tam des célébrations religieuses nègres (...) en Occident, par les grandes orgues, les silences, les balbutiements rythmés des messes catholiques, moyens et instruments que le dramaturge averti remplace par les rythmes de sa prosodie.
VILAR, Tradition théâtr., 1963, p. 86.
B. — Au fig. Enchantement des sens, du cœur, de l'esprit. Bien des villes et des rivages émeuvent nos désirs et semblent contenir un secret sacré, mais si peuplés d'incantation, je n'en connais pas (BARRÈS, Pays Lev., t. 2, 1923, p. 168). Que l'on compare un buste d'impératrice romaine et le portrait de Théodora; la Vierge de Sainte-Pudentienne, la sainte Agnès de Rome et la Vierge de Torcello. Toute l'incantation byzantine est dans cette dernière figure (MALRAUX, Voix sil., 1951, p. 210) :
2. Mais, pas plus que les autres romantiques, Schubert ne conseille l'abandon aux incantations des abîmes. Il faut écouter les avertissements qui en montent et qui viennent nous dire que nos activités conscientes n'épuisent pas toute notre réalité (...). Mais nous sommes (...) des créatures de cette terre...
BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 122.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. « emploi de paroles magiques » (Vie de Judas, 94 ds T.-L.); 2. 1836 p. ext., fig. (QUINET, All. Ital., p. 145 : la lune [...] sortait des nuages, sous l'incantation des esprits embaumés de l'Adriatique). Empr. au b. lat. incantatio « incantation, enchantement, sortilège », dér. de incantare (enchanter, incanter). Fréq. abs. littér. : 147.

incantation [ɛ̃kɑ̃tɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIIe; bas lat. incantatio, du supin de incantare. → Enchanter.
1 Emploi de paroles, de formules magiques pour opérer un charme, un sortilège. Enchantement, évocation (2.). || Les incantations de la magie, de la goétie. || Les incantations de l'apprenti (cit. 13) sorcier, d'un sorcier ( Sorcellerie). || Des accents religieux qui ressemblent aux incantations (→ Haine, cit. 22).
1 À peine retiré dans ma chambre, ouvrant mes fenêtres, fixant mes regards au ciel, je commençais une incantation. Je montais avec ma magicienne sur les nuages (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 129.
2 Sous cette haute nef blanche, où j'étais seul avec mes matelots, le Dies iræ chanté par un prêtre missionnaire résonnait comme une douce incantation magique.
Loti, Pêcheur d'Islande, III, III.
3 On sait que le magicien opère parfois par l'intermédiaire des esprits (…) L'incantation peut participer à la fois du commandement et de la prière.
H. Bergson, les Deux Sources de la morale et de la religion, II, p. 184.
Le charme, le sortilège qui résulte de ces paroles, de ces formules.
2 (1836, E. Quinet). Action d'agir avec force par l'émotion. || Les incantations du poète, que fait le poète (→ Enivrement, cit. 4). || La vertu d'incantation de certains désirs (→ Forcer, cit. 18).
4 Les dieux de l'harmonie profonde, rivaux de l'orage, qui tonnaient du Rhin aux Alpes, ont eux-mêmes ressenti l'incantation toute-puissante de la douce mélodie, de la simple voix humaine, du petit chant matinal, chanté pour la première fois sous la vigne des Charmettes.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Introd., II, §VI.
5 (…) à la fin, on ne dirait plus un chant humain (…) Par son étrangeté même et par sa persistance d'incantation, cela arrive à produire, dans ma tête encore endormie, une sorte d'impression religieuse.
Loti, Mme Chrysanthème, XXVII.
6 J'entendais partout les échos de cette incantation coulée en des notes très tendres, voix assourdie d'un cœur sauvage caché dans les bois. Un cœur qui appelait ingénument. Un cœur qui soulevait les puissances vitales de la terre, la sève, le sang pur, l'eau latente, l'aube du feu. J'en subissais le charme avec ravissement.
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 206.
7 Faire la métaphysique du langage articulé, c'est faire servir le langage à exprimer ce qu'il n'exprime pas d'habitude : c'est s'en servir d'une façon nouvelle, exceptionnelle et inaccoutumée, c'est lui rendre ses possibilités d'ébranlement physique, c'est le diviser et le répartir activement dans l'espace, c'est prendre les intonations d'une manière concrète absolue et leur restituer le pouvoir qu'elles auraient de déchirer et de manifester réellement quelque chose, c'est se retourner contre le langage et ses sources bassement utilitaires, on pourrait dire alimentaires, contre ses origines de bête traquée, c'est enfin considérer le langage sous la forme de l'Incantation.
A. Artaud, le Théâtre et son double (1938), p. 67.
DÉR. Incantatoire.

Encyclopédie Universelle. 2012.