conjuration [ kɔ̃ʒyrasjɔ̃ ] n. f.
• 1160 « serment »; lat. conjuratio
1 ♦ (fin XIIe) Rite, formule pour chasser les démons (⇒ adjuration, 2. charme, exorcisme), et par ext. Pratique magique pour combattre ou orienter les influences maléfiques. Il « voyait bien qu'elle faisait une conjuration au feu follet » (Sand).
2 ♦ (1470) Entreprise concertée secrètement contre l'État, le pouvoir, par un groupe de personnes que lie un serment. ⇒ complot, conspiration. Le chef (⇒ conjurateur) , les affiliés (⇒ conjuré) d'une conjuration. « Le prince était l'âme, sinon le chef, d'une vaste conjuration » (Mérimée). La conjuration d'Amboise. — Par ext. (1559) Action concertée de plusieurs personnes. ⇒ coalition, ligue . Conjuration contre qqn. La conjuration des mécontents. C'est une conjuration ! — Adj. CONJURATOIRE .
⊗ CONTR. Maléfice, sortilège.
● conjuration nom féminin (latin conjuratio, -onis) Entreprise concertée secrètement entre des personnes liées par un engagement solennel pour renverser le pouvoir établi ; complot, conspiration : Fomenter une conjuration. Littéraire. Action menée conjointement contre quelqu'un, quelque chose, pour leur nuire, pour les détruire. Action d'écarter, de conjurer, par des moyens magiques, les effets d'une influence maléfique ; paroles magiques destinées à cet effet. En magie blanche, ensemble de prières et d'exorcismes destinés à mettre en fuite le démon ; en magie noire, action d'évoquer le démon. ● conjuration (synonymes) nom féminin (latin conjuratio, -onis) Entreprise concertée secrètement entre des personnes liées par un engagement...
Synonymes :
- cabale
- complot
- manoeuvres
- menées
conjuration
n. f.
d1./d Association en vue d'exécuter un complot contre l'état, le souverain. La conjuration de Catilina.
d2./d Par ext. Conspiration, cabale.
d3./d Pratique de magie destinée à exorciser les influences néfastes.
I.
⇒CONJURATION1, subst. fém.
A.— Formules pratiques, magiques pour détourner des influences maléfiques. On fit des conjurations avec pompe (Ac. 1835-1932). En partic. Exorcismes pour éloigner le démon.
B.— P. ext.
1. Pratiques magiques. Les conjurations d'un sorcier (QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 104).
— Action consistant à employer ces pratiques; résultat de cette action. Formules de conjuration. On aperçoit plus clairement sur quels mécanismes psycho-physiologiques reposent les cas (...) de mort par conjuration ou envoûtement (C. LEVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 183).
2. Action d'éloigner un danger quelconque. On payait cher la conjuration du feu au moulin de la place (POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, p. 290).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932.
II.
⇒CONJURATION2, subst. fém.
A.— [L'idée de base est celle d'une association fondée sur un serment] Machination ourdie par un groupe d'individus, liés entre eux par un serment de fidélité, en vue de renverser le pouvoir en place. La conjuration de Catilina, la conjuration d'Amboise; tremper dans une conjuration :
• 1. ... le bureau de Malvy, place Beauvau, et celui de son directeur de la S.G., Leymarie, étaient le centre d'une conjuration contre la nation.
L. DAUDET, Bréviaire du journ., 1936, p. 156.
B.— P. ext. Action menée conjointement et dans le plus grand secret par plusieurs personnes contre quelqu'un ou quelque chose. L'âme de la conjuration. On croirait voir une conjuration de valets pour écarter les maîtres (CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, p. 41).
— P. méton. Cette vaste conjuration du capital contre le travail (PROUDHON, Système des contradictions écon., t. 2, 1846, p. 72).
Rem. Peut aussi se dire d'une action entreprise en faveur de quelqu'un :
• 2. Il eut un moment l'espérance de surprendre Bordeaux, où se tramait une conjuration en faveur des Français; mais elle fut découverte.
BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 2, 1821-24, p. 353.
— P. métaph. ou au fig. Coalition de forces naturelles. La conjuration des éléments (Ac. 1878-1932) :
• 3. Mais une conjuration obscure des habitudes et des pensées de son séjour dans le village coupé du monde, dans la maison du « Mont-Cervin » où s'était organisée à son insu sa nouvelle solitude, se nouait déjà autour d'elle, et, sourdement, la retenait.
PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 192.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. 1160-74 « serment » (B. DE STE-MAURE, Chron. Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 8650), à nouv. 1537 ds HUG.; 2. 1470 conjuration « complot contre le pouvoir établi » (H. Br. IV, 320b ds BARTZSCH, p. 152); 1559 « action concertée de plusieurs personnes contre quelque chose ou quelqu'un » (AMYOT, Lucul., 85 ds LITTRÉ). B. 1. fin XIIe s. conjuration « pratique pour combattre les influences maléfiques » (St Gilles, éd. G. Paris et A. Bos, 2920); 1690 spéc. conjuration « exorcisme » (FUR.); 2. 1594 « prière, supplication » (G. DU VAIR, Actions et traictez oratoires, éd. R. Radouant, VIII, 353, p. 158), RICH. le considère comme sorti de l'usage. Empr. au lat. conjuratio class. « alliance; complot »; médiév. « adjuration » et « formule magique » (NIERM.), à rapprocher de conjurer A 1, 2; cf. l'a. fr. conjuroison (dér. de conjurer avec traitement pop. du suff. -atione) attesté aux sens B 1 (1160 B. DE STE-MAURE, Troie, 1359 ds T.-L.), B 2 (ID., ibid., 26940, ibid.) et A 2 1180 (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 86, 14).
STAT. — Conjuration1 et 2. Fréq. abs. littér. :226. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 443, b) 333; XXe s. : a) 169, b) 302.
conjuration [kɔ̃ʒyʀɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1160, « serment »; lat. conjuratio, du supin de conjurare.
❖
1 (1470). Entreprise concertée secrètement contre l'État, le souverain, par un groupe de personnes que lie un serment. ⇒ Complot, conspiration. || La conjuration de Catilina, de Pison. || La conjuration d'Amboise. || Une vaste, une dangereuse conjuration. || Le chef et l'âme (⇒ Conjurateur), les affiliés (⇒ Conjuré), le plan, le déroulement, le secret d'une conjuration. || Fomenter, monter une conjuration. || Entrer dans une conjuration. || Étouffer, réprimer une conjuration.
1 (…) vous (Henri IV) avez été exposé à tant de conjurations qu'enfin on vous a fait périr.
2 Les conjurés n'avaient formé de plan que pour la conjuration et n'en avaient point fait pour la soutenir.
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, XII.
3 Tandis que les conjurés de Pison temporisent entre l'espérance et la crainte, la conjuration se découvre et ils périssent tous.
4 (…) le prince était l'âme, sinon le chef, d'une vaste conjuration.
Mérimée, Hist. du règne de Pierre le Grand, p. 194.
5 (…) il n'y a guère que la fureur religieuse qui explique l'audace d'une conjuration où l'on ne compte que six affidés.
Mérimée, Hist. du règne de Pierre le Grand, p. 94.
6 Dans sa bouche, la réunion assez inoffensive de l'autre soir devenait une conjuration en règle, et à brève échéance, contre l'ordre établi.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XIX, p. 204.
REM. Conjuration, comme conspiration, s'emploie surtout en parlant d'un contexte historique.
♦ (1559). Action concertée de plusieurs personnes. || Conjuration contre le règlement, contre un chef de service. ⇒ Brigue, cabale, coalition, ligue. || La conjuration des mécontents. || Conjuration en faveur de… || C'est une conjuration !
7 On n'aurait encore obtenu qu'une partie de ce qu'on peut espérer d'une conjuration d'hommes éclairés en faveur du progrès des sciences.
♦ Fig. et littér. || La conjuration des éléments : l'union des forces naturelles, notamment dans leur déchaînement (orage, tempête…).
2 (Fin XIIe). Rite, formule pour chasser les démons (⇒ Adjuration, charme, exorcisme); pratique magique pour combattre ou orienter les influences maléfiques. ⇒ Conjurer (II.). || Faire une conjuration pour écarter les esprits maléfiques.
8 (…) il (le général russe Platof) n'en fit pas moins fustiger devant tous les cosaques le sorcier qui l'accompagnait, l'accusant hautement de paresse pour n'avoir pas détourné les balles par ses conjurations, comme il en était expressément chargé.
9 Il avait entendu sa chanson, et voyait bien qu'elle faisait une conjuration au feu follet, lequel dansait et se tortillait comme un fou devant elle et comme s'il eût été aise de la voir.
G. Sand, la Petite Fadette, XII, p. 93.
♦ Fait d'utiliser ces formules ou ces pratiques. || « Mort par conjuration ou envoûtement » (Lévi-Strauss, in T. L. F.).
♦ Fait d'éloigner un élément maléfique. || « La conjuration du feu au moulin de la place » (H. Pourrat, in T. L. F.).
3 (1594). Vx. Prière instante. ⇒ Adjuration, supplication.
❖
CONTR. (Du sens 2) Maléfice, sortilège.
Encyclopédie Universelle. 2012.