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averti

averti, ie [ avɛrti ] adj.
XVIe; de avertir
Qui connaît bien, qui est au courant. avisé, expérimenté, instruit. PROV. Un homme averti en vaut deux. Un critique averti. « des lecteurs très avertis » (A. Gide). Le film est pour un public averti : il ne doit pas être vu par tous.
Averti de qqch. : au courant, au fait. Il est assez averti de ces problèmes. Se tenir pour averti : tenir compte d'un avertissement (menace ou appel à l'attention). Tenez-vous pour averti (cf. Tenez-vous le pour dit).
⊗ CONTR. Ignorant.

averti, ie
adj.
d1./d Informé, sur ses gardes. Tenez-vous pour averti.
d2./d Expérimenté. Un critique averti.

⇒AVERTI, IE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de avertir.
II.— Adjectif
A.— Qui est sur ses gardes :
1. C'est tragique, ... que tant d'hommes avertis, méfiants, puissent devenir tout à coup si crédules, dès qu'on fait vibrer la corde patriotarde...
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 609.
Proverbe Un homme averti en vaut deux. Un homme qui a été prévenu, qui a été informé de quelque chose (d'un danger), est doublement sur ses gardes :
2. ... les artilleurs français finiront par faire mieux et par vous enfoncer. Les Suisses, mes compatriotes, qui les connaissent bien, ont pour idée fixe qu'un Français averti en vaut deux. 1870 est une leçon qui se retournera contre ceux qui l'ont donnée. Personne n'en doute dans mon petit pays, monsieur, ...
VERNE, Les 500 millions de la Bégum 1879, p. 117.
Rem. De nombreux dict. gén. donnent la var. Un bon averti en vaut deux, en partic. Ac.; DG donne Un averti en vaut deux.
B.— Qui a une expérience approfondie de quelque chose; qui, ayant un jugement sûr, sait comment agir. Synon. avisé, clairvoyant, connaisseur, exercé, expérimenté :
3. Quoi que vous ayez entendu dire à la louange du Parthénon, croyez-moi sur parole, on ne vous en a pas assez dit; et l'immensité de l'édifice, la simplicité grandiose du plan, la beauté des matériaux, et, avant tout peut-être, la délicatesse fabuleuse de l'exécution, a de quoi surprendre l'œil le mieux averti et l'enthousiasme le mieux préparé.
ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, p. 253.
4. Nullement naïf. Averti, déniaisé par la vie, je garde des trésors profonds de respect, la possibilité d'admirer. ...
BARRÈS, Mes cahiers, t. 2, 1898-1902, p. 175.
5. Nous nous regardâmes une seconde sans rien dire. Ce que je voyais naître sur ce visage lourd et fermé, plutôt que de la surprise, c'était une soudaine expression de tristesse qui l'éteignait tout entier, une singulière expression de tristesse avertie et sagace, comme on en voit aux vieillards à l'approche de leur dernière maladie, comme éclairée d'un rayon de mystérieuse connaissance.
GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 35.
Rem. Peut se dire p. méton. de l'esprit, de l'intelligence, de l'expression du regard.
Emploi subst. (le plus souvent masc. plur.). Celui qui sait, qui est sur ses gardes, qui a de l'expérience. Les vieux avertis. Les vieux routiers :
6. Le destin est ironique. Il laisse passer les insouciants à travers les mailles de son filet; mais ce qu'il se garde bien de manquer, ce sont ceux qui se méfient, les prudents, les avertis.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amis, 1910, p. 1102.
7. Il y a dans ce livre des pages qui ne peuvent amuser que des enfants, des gens neufs; d'autres pages pour plaire aux vieux avertis que nous sommes, mais qui rebuteront les premiers; d'autres enfin où il ne semble amuser que je ne sais quel autre lui-même; enfants ni moi n'écoutons plus. Il me prend envie parfois de le tirer par la manche : M. Wells! Vous nous oubliez!
GIDE, Feuillets, 1911, p. 351.
Rem. Un averti pour un avertissement :
8. Bientôt M. de Brionne revient et adjure pour la troisième fois l'assassin de déclarer sur sa damnation si le couteau est empoisonné.
— Sur Dieu! il ne l'est pas, et je l'ai déjà dit, répète le répondant avec humeur; je n'ai voulu que donner un bon averti.
BALZAC, Œuvres diverses, t. 1, 1850, p. 542.
C.— Péj., ADMIN., vx. Qui a reçu un avertissement. En particulier en parlant d'un journaliste ou d'un journal :
9. Rothschild et Pereire seuls peuvent se risquer à faire un journal politique. La situation de la presse va être pire qu'auparavant. Au régime sans frais succède le régime avec frais. On n'était qu'averti, on sera condamné. On n'avait à craindre qu'un commis, on aura à craindre un juge. Le pire valet, c'est le juge. On sera supprimé, plus ruiné.
HUGO, Correspondance, 1868, p. 104.
PRONONC. :[].
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 659. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 943, b) 1 952; XXe s. : a) 3 053, b) 2 514.

Encyclopédie Universelle. 2012.