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frivolité

frivolité [ frivɔlite ] n. f.
• av. 1718; de frivole
I
1Caractère d'une personne frivole. légèreté. « ma frivolité [...] me faisait désireux de plaire » (Proust). Il en parle avec frivolité.
Spécialt Légèreté, inconstance dans les relations amoureuses.
2(1760) Une, des frivolités. Chose frivole. bagatelle, futilité. « des billets de théâtre, des invitations à dîner, mille frivolités de la vie » (Gautier).
II(1872) Au plur., Vieilli Petits articles de mode, de parure. Magasin de frivolités. colifichet, fanfreluche, fantaisie. ⊗ CONTR. Gravité, sérieux.

frivolité nom féminin Caractère frivole ; futilité : La frivolité des plaisirs mondains. Chose frivole, bagatelle (le plus souvent pluriel) : Les frivolités de l'existence. Histoire du costume Ruche de lingerie, placée en garniture d'encolure. ● frivolité (citations) nom féminin Sidonie Gabrielle Colette Saint-Sauveur-en-Puisaye, Yonne, 1873-Paris 1954 Je vis sur le fonds de frivolité qui vient au secours des existences longues. L'Étoile Vesper Le Milieu du Monde Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 La frivolité n'est point mon vice. Juliette François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Si la nature ne nous avait faits un peu frivoles, nous serions très malheureux ; c'est parce qu'on est frivole que la plupart des gens ne se pendent pas. Correspondance, à la marquise du Deffand, 12 septembre 1760 frivolité (synonymes) nom féminin Caractère frivole ; futilité
Synonymes :
- futilité
- inanité
- inconstance
- insignifiance
- insouciance
- légèreté
- puérilité
- vanité
Contraires :
- austérité
- gravité
- pondération
- sérieux
Chose frivole, bagatelle (le plus souvent pluriel)
Synonymes :
- amusette
- baliverne
- bricole (familier)
- niaiserie

frivolité
n. f.
d1./d Caractère de ce qui est frivole. Frivolité de l'esprit.
d2./d Chose, occupation, propos sans importance. S'occuper de frivolités.
d3./d (Plur.) Article de mode, parure féminine. Magasin de frivolités.

⇒FRIVOLITÉ, subst. fém.
A.— Gén. au sing. Caractère de ce qui, de celui (celle) qui est frivole.
1. [Souvent suivi d'un compl. de n. désignant un inanimé abstr. ou concr.]. Manque de sérieux, futilité.
a) [Le compl. désigne un inanimé abstr.] La frivolité héréditaire de ses préoccupations (PROUST, Prisonn., 1922, p. 231).
b) [Le compl. désigne un inanimé concr., gén. accessoire de toilette, élément de décoration] La frivolité de sa coiffure (GREEN, Journal, 1928-34, p. 274). La périlleuse frivolité de vos chapeaux (COLETTE, Fanal, 1949, p. 114).
2. [Gén. suivi d'un compl. de n. désignant une pers., ou ses activités, ou l'un de ses attributs, physiques ou mor.]
a) [Absol. ou suivi d'un compl. désignant une pers.] Caractère d'une personne dont l'esprit est occupé essentiellement de choses sans importance, ou qui traite à la légère des sujets sérieux. Éternelle frivolité des vieillards que j'ai tant de fois constatée (GREEN, Journal, 1945, p. 209). Ah! cette frivolité, ce manque de sérieux, ces histoires de bars, de bridge et d'argent! (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 248) :
1. Il pouvait enfin revoir Élisabeth, mais il la trouva si changée qu'il en fut atterré. Elle était plus gaie, plus vivante qu'autrefois, mais d'une incroyable frivolité. Il l'avait connue grave, enthousiaste; maintenant indifférente aux idées, occupée seulement d'amusements puérils, de bals, de conversations niaises, elle ne vivait plus que pour « le monde ».
MAUROIS, Ariel, 1923, p. 62.
Spéc., dans les relations amoureuses. Inconstance, infidélité. Je dois avouer que c'est un peu à cause de cette frivolité que je l'ai aimée... (MEILHAC, HALÉVY, Froufrou, 1869, I, 11, p. 30).
b) [Suivi d'un compl. de n. ou un adj. abstr. désignant surtout un trait intellectuel, mor. ou affectif] Tendance à la légèreté, à l'inconstance. Frivolité d'esprit (de l'esprit), de caractère, de sentiments. Il y a dans ce jeune homme une frivolité de sentiments, une absence de tendresse singulière (DELÉCLUZE, Journal, 1824, p. 78). Cette frivolité morale est écœurante (AMIEL, Journal, 1866, p. 57).
c) Loc. adv. Avec frivolité. Avec légèreté, désinvolture. La jeune femme accueillit ce projet [de voyage] avec passion et frivolité (NOAILLES, Domination, 1905, p. 54).
3. Emploi abs. La frivolité. Disposition, inclination pour tout ce qui est sans importance, léger ou vain. La dissipation et la frivolité ne sont pas de si grandes sottises (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 56). Toujours chanceuse [la réussite], sans cesse comprise par la distraction, l'étourderie et la frivolité (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 115) :
2. La frivolité est un état fort sérieux. Ce n'est point la même chose que légèreté, ni qu'insouciance, ni qu'ignorance; ce n'est point du tout naïveté. L'ingénu n'est nullement frivole; au contraire il prend tout sérieusement et porte sa lanterne dans tous les coins. Le frivole sait très bien où sont les mauvais coins, mais il s'en détourne. Qui n'a pas chanté dans la nuit pour se donner du courage?
ALAIN, Propos, 1921, p. 287.
B.— Gén. au plur. Actions, objets frivoles.
1. Actions, occupations légères, futiles. Synon. bêtises, futilités. Toutes les personnes qui lorgnaient (...) les deux sœurs pouvaient les croire occupées de frivolités en admirant leurs rires ingénus (BALZAC, Fille Ève, 1839, p. 176). La Copine allait à ses frivolités de vieille femme (...) parlottes empoisonnées, déjeuners provinciaux (COLETTE, Chéri, 1926, p. 220) :
3. Son enfance [de la grande Mademoiselle], d'ailleurs, et sa première jeunesse se passèrent dans les frivolités, dans une vie toute de cérémonial et de divertissement, dans les bals, les comédies, les collations, sans que personne fût là pour l'avertir qu'il y avait au monde quelque chose de plus sérieux.
SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 3, 1851, p. 505.
Spéc. Aventures galantes. Synon. fredaines. Les amis du plaisir (...) n'ont point à user de leur propre cœur pour les frivolités passagères (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 151). Des femmes de Lima en mal de frivolités, de liberté, de plaisirs défendus (MORAND, Folle amour., 1956, p. 247).
2. Propos, écrits frivoles. Dire, écrire des frivolités; s'entretenir, parler de frivolité(s). Que mes amis plus sévères, qui traitent ces petits volumes de frivolités, se rassurent; je n'en ferai plus (RENAN, Feuilles dét., 1892, p. 111). Tout en nous entretenant de mille frivolités, nous nous étions insensiblement séparés du reste de la société (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 58).
3. Sens concr.
a) Objets insignifiants, sans grande utilité ou considérés comme tels. Synon. babioles. Un chapelet d'argent? Frère Jérôme ne veut plus de frivolités (SALACROU, Terre ronde, 1938, p. 195).
b) Accessoires de la toilette féminine (bijoux, vêtements) généralement sans valeur. Marchande, magasin de frivolités. Synon. colifichets, franfreluches :
4. ... elle choisit entre mille objets, essaye un chapeau, puis un autre, ajoute ou retranche une fleur, compose sa parure d'une simple gaze ou d'une riche broderie, et, après quatre heures de ce travail, charge son coureur de cartons, et remonte dans sa voiture pour se parer le soir de ces brillantes frivolités.
JANIN, Âne mort, 1829, p. 139.
c) BROD. (gén. au sing.). Feston de dentelle exécuté avec une navette et un (ou deux) crochet(s), et dont l'assemblage permet d'obtenir des fleurs, des rosaces, etc. Un fauteuil garni d'une têtière en frivolité (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1033). Passer de longues soirées (...) sous la lampe (...) à travailler la mignardise, la frivolité ou à tirer l'aiguille à petits points (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 50).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Av. 1718 « caractère de ce qui est frivole » (Abbé Regnier des Marais ds Trév. 1752); 2. 1760 « chose frivole » (CARACIOLI, Le Livre de quatre couleurs, p. 28 ds Fr. mod. t. 37, p. 126); 3. 1812 « dentelle » (JOUY, Hermite, t. 2, p. 177). Dér. de frivole; suff. -ité. Fréq. abs. littér. :312. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 473, b) 198; XXe s. : a) 381, b) 587.

frivolité [fʀivɔlite] n. f.
ÉTYM. Av. 1718, in T. L. F.; de frivole.
———
I Littér. ou style soutenu.
1 (Fin XVIIe). || La frivolité. a Caractère de ce qui est frivole. Légèreté, puérilité, vanité. || Frivolité des plaisirs mondains, des choses de ce monde, des mœurs, des propos, des préoccupations. || Frivolité de caractère, d'esprit. Inconstance, insouciance.
b Caractère d'une personne frivole (→ ci-dessous, cit. 1, 6 et 7). || La frivolité d'un mondain (→ Écouter, cit. 16), d'un courtisan. Légèreté. || Frivolité d'esprit, de caractère.
c Caractère d'un milieu, d'un ensemble de personnes frivoles (→ ci-dessous, cit. 3).
d Absolt. (→ cit. 5 et 7.1). || Faire qqch., parler avec frivolité.
1 La frivolité, qui nuit au développement de ses talents et de ses vertus, le préserve en même temps des crimes noirs et réfléchis.
Duclos, Considérations sur les mœurs, V, in Littré.
2 Desmoulins, qui poussait toujours jusqu'au bout ses hypothèses agressives avec la frivolité la plus redoutable (…)
Jaurès, Hist. socialiste…, t. VII, p. 351.
3 (…) sous cette exubérance fastueuse et déréglée de créations musicales, une suite de génies profonds et concentrés (…) attestent l'austère grandeur d'âme et la pureté de cœur qui pouvaient se conserver parmi la frivolité et le dévergondage des cours italiennes.
R. Rolland, Musiciens d'autrefois, p. 6.
4 Il n'avait pas assez de mots pour flétrir l'immoralité latine; et, faute de mieux, il revenait toujours à celui de frivolité (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, II.
5 La frivolité est tendue comme un rideau léger devant presque tous nos sentiments; la frivolité les guette à leur naissance et les dissout dans son tourbillon (…)
Alain, les Aventures du cœur, p. 35.
6 (…) n'admettez que des amis anciens, rassis, modérés, parés de la frivolité qui vient avec l'âge.
Colette, Belles saisons, p. 73.
7 Il peut recommencer l'existence commune avec Nathalie; il se proposera uniquement de la rendre heureuse (…) il pardonnera les propos irritants, la frivolité enfantine, la vanité, le caprice, tout cela qui paraîtrait peut-être exquis chez une autre.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 143.
7.1 (…) (la frivolité nous tournant vers les choses comme moyens de plaisir et nous empêchant de les sentir en elles-mêmes, elle nous retire l'état de grâce aussi bien pour la poésie que pour la religion) (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 522.
Spécialt. Légèreté, inconstance dans les relations amoureuses.
2 (1760, Caracioli). Vieilli. (Une, des frivolités). Chose, occupation, propos frivoles. Amusement, babiole, bagatelle, enfantillage, futilité. || Dire des frivolités. Sornettes.
8 (…) des journaux, des billets de théâtre, des invitations à dîner, mille frivolités de la vie qui semblent indécentes ce jour-là.
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 266.
Spécialt. a Aventure galante.
b Propos, écrit frivole. || « Ces petits volumes de frivolités » (Renan, in T. L. F.).
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II
1 (1812, Jouy). Techn. Dentelle composée d'anneaux et de picots, exécutée à la navette et au crochet dont on fait des garnitures ou des ornements de toilettes féminines. || Un col en frivolité.
9 Le poinçon à percer les « roues » dans la broderie anglaise, les navettes à frivolité, les navettes d'ivoire, d'un blanc d'amande (…)
Colette, la Maison de Claudine, p. 93.
2 (1872). Au plur. Petits articles de mode, de parure. Colifichet, fanfreluche, parure. || Magasin, marchande de frivolités.
CONTR. Austérité, gravité, sérieux.

Encyclopédie Universelle. 2012.