formidable [ fɔrmidabl ] adj.
• v. 1537; h. 1392; lat. formidabilis, de formidare « craindre, redouter »
1 ♦ Vieilli Qui inspire ou est de nature à inspirer une grande crainte. ⇒ effrayant, épouvantable, redoutable, terrible. « Son aspect était formidable et monstrueux; il avait cent têtes, et de ses cent bouches sortaient avec des flammes des cris si horribles que les dieux et les hommes en tremblaient » (Gautier). « Rien de sinistre et formidable comme cette côte de Brest » (Michelet).
2 ♦ (v. 1830) Mod. Dont la taille, la force, la puissance est très grande. ⇒ énorme, extraordinaire, imposant. Une puissance, une volonté formidable. ⇒ considérable, étonnant, stupéfiant. « recevoir un formidable coup de tête dans le ventre » (Proust). « Une nuit, ils sont réveillés par une détonation formidable » (A. Daudet).
3 ♦ Cour. avec une valeur de superlatif exprimant l'admiration. ⇒ épatant, extra, fabuleux, fantastique, fumant, géant, génial, sensationnel, 2. super, terrible (cf. D'enfer). Abrév. fam. (1957) formide . Un livre, un film formidable. J'ai une idée formidable ! C'est une femme formidable. Ce chien est formidable pour la chasse. ⇒ champion, remarquable. Ce vin n'est pas formidable. ⇒ terrible.
♢ Qui étonne. ⇒ étonnant , renversant. Vous êtes formidable, qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? C'est quand même formidable, cette histoire !
⊗ CONTR. Faible, petit. Mauvais.
● formidable adjectif (latin formidabilis, redoutable) Qui sort de l'ordinaire par son caractère énorme, colossal, imposant : Une volonté formidable. Familier. Qui suscite l'admiration, provoque un grand plaisir : Un film, un type formidable. Familier. Qui est étonnant dans son comportement, dans ses idées : C'est quand même formidable qu'il ne vous ait rien dit. ● formidable (synonymes) adjectif (latin formidabilis, redoutable) Qui sort de l'ordinaire par son caractère énorme, colossal, imposant
Synonymes :
- inouï
- stupéfiant
Contraires :
Familier. Qui suscite l'admiration, provoque un grand plaisir
Synonymes :
- épatant (familier)
Contraires :
- mauvais
- médiocre
Familier. Qui est étonnant dans son comportement, dans ses idées
Synonymes :
- étonnant
formidable
adj.
d1./d Vx ou litt. Qui inspire la crainte, l'effroi. L'aspect formidable d'une armée en marche.
d2./d Important, considérable. Un déploiement formidable de moyens.
d3./d Fam. (Sens atténué.) Qui inspire l'admiration; remarquable. Un type formidable.
⇒FORMIDABLE, adj. et subst. masc.
I.— Adjectif
A.— Vieilli ou littér. Qui est à craindre ou qui inspire une grande crainte, qui est dangereux de nature ou terrifiant d'aspect. Aspect formidable; sinistre et formidable, formidable et monstrueux. Synon. effrayant, effroyable, redoutable, terrible. Les deux aiguilles [d'une pendule] unies à minuit enfantaient dans leur conjonction formidable l'heure des désordres et des crimes (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 120). Henley avait un masque de lion, des moustaches fauves et grises, une figure formidable dont l'imposant aspect était parfois joyeusement transformé par les éclats d'un rire immense (VALÉRY, Entret. [avec F. Lefèvre], 1926, p. 14) :
• 1. ... l'heure, le lieu, la lune, les ronces et les choses confuses entrevues au fond, donnaient je ne sais quoi de formidable et de sauvage à cette mystérieuse chambre sans escalier, enfoncée dans la terre, avec le ciel pour plafond.
HUGO, Rhin, 1842, p. 316.
B.— Usuel. Extraordinaire, qui impressionne par sa force, sa puissance, sa masse ou sa taille. Bruit, voix, choc, poussée formidable. Synon. colossal, énorme, gigantesque, extraordinaire, fantastique. Un travail formidable s'accomplissait en lui, bouleversait jusqu'au fond de son être (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 260). La plage battue avec une écume formidable par la masse tonitruante de ce léonin Océan Indien (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 25). Je retiens un formidable « merde » qui me brûle les lèvres (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 197).
— P. ext., fam. Très grand, considérable par le nombre, la quantité. Somme, dépense formidable. Synon. astronomique, exorbitant, fabuleux, immense. Le nombre des décès a été formidable. Je n'ose donner les chiffres (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 939). Il se trouvait séparé d'Anne par des distances formidables que les renseignements du vieux Marguillier ne diminuaient pas (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 142).
C.— P. exagération, fam. [Avec valeur de superl. abs. marquant un très haut degré, pour exprimer un étonnement admiratif, une satisfaction sans réserve, dans quelque domaine que ce soit]
1. [En parlant d'une chose, notamment dans le langage affectif ou publicitaire] Très beau ou excellent, admirable, très remarquable, extraordinaire. Proposition, soirée formidable. J' (...) estime que l'humanité, à tout prendre, fait preuve d'un cran formidable (GIDE, Journal, 1929, p. 907). Philippe (...) regardait les statuettes d'un air animé. — Elles sont formidables. — Pas mal, dit Daniel. Elles ne sont pas mal (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 125) :
• 2. [Un photographe] (...) me montre des livres d'art (...). Ses jugements se réduisent à cette phrase, toujours la même : « Regardez-moi ça! C'est formidable! » Giotto, formidable. Masaccio, formidable. Et Michel-Ange? Oh! Michel-Ange, lui, il est vraiment for-mi-dable!
GREEN, Journal, 1936, p. 58.
— Loc. C'est formidable (!) Synon. c'est magnifique, merveilleux; c'est épatant, sensationnel (fam.). Claudel vient en juin. C'est formidable (RIVIÈRE, Corresp. [avec A. Fournier], 1908, p. 68) :
• 3. J'entendais hier un grand diable blond qui dépliait son journal : « Neuf partout, disait-il, c'est formidable »; il parlait du tour de France, il célébrait les athlètes, comme faisait Pindare. Ceux qui peuvent courent; ceux qui ne courent pas applaudissent.
ALAIN, Propos, 1931, p. 1035.
— [En emploi abs., exprimant toute une prop.] Vous vous rappelez Noces, de Strawinsky? Formidable. Moi, c'est simple, je ne connais que ça (ARLAND, Ordre, 1929, p. 261).
2. [En parlant de pers.]
a) Très sympathique, très serviable, etc. Type formidable. Frédé était formidable : dix-huit heures de travail par jour, toujours volontaire pour les coups durs (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 10).
b) Extraordinairement doué. Synon. remarquable. Ce Garou-Garou, disaient-ils [des collègues], est un homme formidable, un surhomme, un génie (AYMÉ, Passe-mur., 1943, p. 16). Mathieu lui rendit la photo. — Elle est bien. — Au lit, dit Pinette, elle est formidable. Tu ne peux même pas t'imaginer (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 77) :
• 4. La jeunesse n'a pas connu notre civilisation, et la civilisation prochaine n'est qu'une ébauche. Cette jeunesse a beau se dire futée, formidable, sensas, mérovingienne, du tonnerre et se laisser pousser la barbe, elle n'est pas moins contrainte à danser sur place...
COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p. 229.
3. Très fam. [En parlant de qqn ou de qqc. qui surprend, pour exprimer étonnement, insatisfaction, impatience] Étonnant, surprenant. C'est tout de même formidable! Synon. bizarre, incroyable, renversant, inimaginable, inouï. Si j'allais au travail ... mais « on ne veut pas que je sorte d'ici [du blockhaus] », c'est formidable! (DUSSORT, Lettres, 1930, dép. par G. Esnault, 1938, p. 3). Il a trouvé le moyen de se faire refuser avec treize idées! C'est formidable, n'est-ce pas, Monsieur? (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 144) :
• 5. ... — Venez au Mexique, Monsieur Pasquier (...). Vous verrez les bureaux. Vous verrez surtout votre avocat. Et vous ferez un beau voyage. — Vous êtes formidable! s'écria Joseph. Est-ce que vous vous imaginez, par hasard, que j'ai le temps de faire du tourisme?
DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 55.
Rem. 1. ,,La caractéristique de cette sorte d'adjectifs à valeur de superlatifs, c'est qu'ils sont disponibles pour toutes les situations puisqu'ils n'indiquent en définitive que le très haut degré, sans autre valeur sémantique particulière. Ils peuvent donc caractériser n'importe quoi : un film formidable (= admirable). Un courage formidable (= extraordinaire). Un comique formidable (= très drôle)`` (DUPRÉ 1972). 2. On relève ds la docum. a) L'abrév. formid(e) ou formi. Formi, s'exclama Zazie enthousiasmée (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 90). b) Formidable renforcé par très (rare). Ce n'est pas dangereux du tout [une moto] et c'est très formidable (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 203). 3. L'adj. a suivi la même évolution sém. (affaiblissement de sens) que épatant, sensationnel, terrible, extraordinaire (abrév. sensas, extra, super), du tonnerre, etc.
II.— Subst. masc. Verre de bière de quatre-vingts centilitres de contenance. Garçon, un formidable. Ayant bu son troisième formidable à l'honorable « Brasserie Lipp » (SAN-ANTONIO, Fais-moi des choses, Paris, Le Fleuve noir, 1978, p. 9).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1392 « qui inspire la crainte » (PHILIPPE DE MÉZIÈRES, Testament ds Z. rom. Philol. t. 95, p. 613 note 7); 1826 « extraordinaire, sensationnel » (BALZAC, Physiol. mar., p. 123). Empr. au lat. class. formidabilis « redoutable, terrible ». Fréq. abs. littér. :1 985. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 833, b) 4 128; XXe s. : a) 3 724, b) 2 042. Bbg. DUCH. Beauté. 1960, p. 142. — GALL. 1955, p. 14, 33, 46, 47, 48, 454.
formidable [fɔʀmidabl] adj. et n. m.
ÉTYM. 1392, « qui inspire la crainte »; lat. formidabilis, de formidare « craindre, redouter », de formido, inis « effroi, terreur ».
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I Adj.
1 Vieilli ou littér. Qui inspire ou est de nature à inspirer une grande crainte. ⇒ Effrayant, épouvantable, redoutable, terrible. || La Grande Armée (cit. 9), formidable instrument de guerre. || Une colère formidable (→ Attaquer, cit. 51). || Un aspect formidable.
REM. Ce sens, seul signalé dans le dictionnaire de l'Académie, n'est plus guère senti, de nos jours, que lorsque l'idée de crainte dérive de celle de force, d'énormité (→ ci-dessous, le sens 2.). On dira fort bien encore un bruit, une colère formidable, mais on ne pourrait plus employer formidable dans le sens de « redoutable » avec un compl. en à, comme le fait Racine dans la citation suivante :
1 (…) un temple sacré, formidable aux parjures.
Racine, Phèdre, V, 1.
2 Et bientôt la censure, au regard formidable,
Sait, le crayon en main, marquer nos endroits faux (…)
Boileau, Satires, XI.
3 Son aspect était formidable et monstrueux; il avait cent têtes, et de ses cent bouches sortaient avec des flammes des cris si horribles que les dieux et les hommes en tremblaient.
Th. Gautier, les Grotesques, X, p. 358.
4 Rien de sinistre et formidable comme cette côte de Brest (…)
Michelet, Hist. de France, II, III.
2 (V. 1830). Mod. Dont la taille, la force, la puissance… est très grande. ⇒ Énorme, extraordinaire, imposant. || Une végétation formidable crevait (cit. 29) le sol. ⇒ Fantastique. || Des effectifs formidables, un nombre formidable. — Par ext. Très grand. || Des dépenses formidables. ⇒ Considérable, extravagant. || Effort, puissance de travail formidable. ⇒ Beau, étonnant, stupéfiant. || Effet d'énergie formidable (→ Caisse, cit. 7). || Coup formidable. ⇒ Terrible.
REM. Ce sens affaibli apparaît avant 1850 chez certains romantiques (cf. Matoré, Voc. sous Louis-Philippe, p. 74). En 1870, Pierre Larousse signale cette acception moderne dans son dictionnaire (Présenter à des consommateurs une note formidable); mais il se trouve des puristes pour critiquer cet emploi et les suivants.
5 Alors, suspendu sur l'abîme, lancé dans le balancement formidable de la cloche, il saisissait le monstre d'airain aux oreillettes, l'étreignait de ses deux genoux (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, IV, 3.
6 Une nuit, ils sont réveillés par une détonation formidable. Le pont de Corbeil venait de sauter.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Les paysans à Paris ».
6.1 (…) il est quelquefois difficile de soupçonner, en voyant un homme et ses différentes qualités intellectuelles et morales, qu'au sein d'un milieu réfractaire il développe un goût formidable pour la musique (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 539.
7 L'artiste (…) recula (…) pour ne pas recevoir un formidable coup de tête dans le ventre.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 110.
8 Est-ce que ce n'est pas une consolation formidable que de pouvoir me dire qu'en ce moment il pense à moi, et m'aime; que s'il m'a quittée, c'est malgré lui (…) Une consolation formidable ? Oui.
J. Romains, Quand le navire…, VII.
9 Ce formidable théâtre religieux français du moyen âge (…)
Gustave Cohen, la Grande Clarté du moyen âge, p. 25.
3 Fam. ⇒ Étonnant, renversant, marrant (fam.). || C'est quand même formidable qu'il n'ait pas répondu. || Vous êtes formidable, que puis-je faire de plus ?
4 (Avec une valeur de superlatif exprimant l'admiration; abrév. fam. : formid ou formide). ⇒ Épatant, sensationnel. || Un livre, un film, un spectacle formidable. || J'ai une idée formidable ! || C'est un chic type, un homme formidable ! || Elle a des yeux formidables. || Ce produit n'est pas formidable. ⇒ Terrible.
10 (Pour les snobs du XVIIIe s.) une jolie femme était « effrayante »; c'est presque notre formidable (…)
Brunot, Hist. de la langue franç., VI, I, II, p. 771 (→ Effrayant, cit. 6).
11 Un de nos concitoyens (…) attire (…) mon attention sur le mot formidable, que cette nouvelle génération emploie également pour qualifier l'excellence d'un fromage ou la splendeur d'un coucher de soleil (…) Formidable est-il vraiment devenu le synonyme d'épatant ou de rigolo ? Quelle chute ! Est-ce là que devait aboutir ce majestueux adjectif ?
Abel Hermant, Remarques de M. Lancelot, p. 59.
REM. Cet emploi, où le sens de l'adjectif s'affaiblit au profit de sa valeur superlative, est critiqué par les puristes.
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II N. m. (Mil. XXe). Verre, chope de bière de grande contenance (variable selon les régions : un demi-litre à Paris et dans la région parisienne, où l'on oppose le formidable au demi d'un quart de litre; un litre dans d'autres parties de la France — Nord, Est, Bretagne… —, où le verre d'un demi-litre s'appelle demi ou sérieux).
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CONTR. (Du I.) Bénin, rassurant. — Faible, insignifiant, petit. — Laid, mauvais, médiocre, 1. plat, terne.
DÉR. Formid, formidablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.