fleurer [ flɶre ] v. tr. <conjug. : 1>
• XIVe; de l'a. fr. fleiur (fin XIIe) ou fleur « odeur »; lat. pop. °flator, de flatare « souffler »
♦ Littér. Répandre (une odeur agréable). ⇒ exhaler, sentir; embaumer. Fleurer bon. Le vent « qui va fleurant la menthe et le thym » (Verlaine). Fig. Il « aimait tout ce qui fleurait l'intrigue et le théâtre » (Duhamel).
● fleurer verbe intransitif (ancien français flaor, odeur, du latin populaire flator, -oris, du latin classique flatus, souffle) Exhaler une odeur, le plus souvent agréable : Fleurer bon la menthe. Évoquer l'idée de quelque chose, annoncer : Une affaire qui fleure l'escroquerie. ● fleurer (homonymes) verbe intransitif (ancien français flaor, odeur, du latin populaire flator, -oris, du latin classique flatus, souffle) fleuret nom masculin ● fleurer verbe transitif (de fleur) Jeter de la farine ou du fleurage sur les pâtons, sur la pelle ou dans les bannetons pour que la pâte ne colle pas. ● fleurer (homonymes) verbe transitif (de fleur) fleuret nom masculin
fleurer
v. tr. et intr. Litt. Sentir, exhaler une odeur. Cela fleure bon. Un plat qui fleure les épices.
⇒FLEURER, verbe trans.
A.— Répandre, exhaler une odeur :
• ... je respirais, avec une sensualité réfléchie, le mélange de leurs parfums. Mme Saint-Alban déplaçait une nue lourde d'odeur brune, l'encens de ses cheveux crépus et de ses bras dorés. Ma mère fleurait la cretonne lavée, le fer à repasser chauffé sur la braise de peuplier, la feuille de verveine citronnelle (...) elle exhalait la senteur des laitues arrosées, car la fraîche senteur se levait sur ses pas, au bruit perlé de la pluie d'arrosage.
COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 189.
— Au fig. L'une, la Toilette, représentant une femme décolletée, avançant sur la sortie de sa poitraille, un sommet de chignon et un bout de pif, tandis qu'elle attache une jarretière sur un bas bleu, fleure à plein nez la prostituée qui nous est chère (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 176).
— Expressions
♦ Fam. Cela fleure comme baume. [En matière d'intérêt] Cela paraît être une affaire offrant des garanties et lucrative. (Ds Ac. 1798-1878).
♦ Sa réputation fleure comme baume, ne fleure pas comme baume. Il a une excellente, une mauvaise réputation. (Ds Ac. 1798-1878).
B.— Respirer (une chose odorante), sentir, flairer. Il parla de cette persistante odeur de cannelle expirant très au loin, dans les odeurs moins définies qu'exhalaient ses gants (...) et il fleura ses doigts (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 244).
— Au fig. On y fleurait [dans cette demeure], connaissant l'homme, dès le corridor d'entrée, une sorte d'affirmation politique ou plus exactement sociale qui me pénétrait de respect, presque d'enthousiasme (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 42).
REM. 1. Fleurance, subst. fém., hapax. Synon. de odeur, exhalaison. Ça vient sur moi, ça me couvre de couleur, de fleurance et de fruits et ça fond dans la nuit sur ma droite (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 152). 2. Fleurant, ante, part. prés. employé comme adj. Des champs et des verts pourpris La Fleurante nouveauté, Las, demain aura été. N'es-tu pas fleurante pomme, O Francine de renom, Et tant frétillarde, comme Tourterelle en sa saison! (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p. 97).
Prononc. et Orth. :[], [flø-]. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. XIVe s. [ms.] (Ysopet I ds Fables inédites des XIIe, XIIIe et XIVe s. et fables de La Fontaine, éd. A. C. M. Robert, t. 1, p. 77; cf. éd. J. Bastin, t. 2, p. 257 : flairoit). Dér. avec dés. -er de fleur « odeur » (ca 1175 flaör, Horn, éd. M. K. Pope, 2711, encore vivant dans les dial., cf. FEW t. 3, p. 610b) du lat. pop. flator, corruption du class. flatus, flatus « souffle, haleine, respiration » peut-être sous l'infl. de fœtor « mauvaise odeur ». Fréq. abs. littér. :66.
1. fleurer [flœʀe] v. tr.
ÉTYM. XIVe; de l'anc. franç. fleiur, fin XIIe ou fleur « odeur », mil. XIIIe; lat. pop. flator, de flatare « souffler », p.-ê. sous l'infl. de fœtor « mauvaise odeur ».
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♦ Littéraire.
1 a Répandre une odeur agréable de… ⇒ Exhaler, sentir. || Brise qui fleure l'herbe coupée (→ Essence, cit. 21).
1 (…) au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym (…)
Verlaine, Jadis et Naguère, « Art poétique ».
2 Ajoutez à cela une nourriture alliacée et la chaleur solaire, qui développe les parfums naturels de la femme, dans ce pays de Mireille où elle fleure la lavande et le thym de la montagnette.
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, I.
3 Échauffée, l'étrangère fleurait le bois mordu par la flamme, le bouleau, la violette, tout un bouquet de douces odeurs sombres et tenaces, qui demeuraient longtemps attachées aux paumes.
Colette, la Chatte, p. 103.
♦ Absolt. || Fleurer bon. ⇒ Embaumer. ☑ Loc., vx. Cela fleure comme baume : cela sent bon. — Fig. || Fleurer comme baume : paraître excellent.
4 J'ai même cru démêler d'obscures intentions qui ne m'ont pas paru fleurer la plus fine bergamote.
Léon Bloy, la Femme pauvre, IX.
5 Justin Weill aimait tout ce qui fleurait l'intrigue et le théâtre.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, X.
2 (Sujet n. de personne). Rare. Respirer et sentir (une chose qui dégage un parfum).
♦ Fig. || « On y fleurait (dans cette demeure) une sorte d'affirmation politique… » (Duhamel, in T. L. F.).
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HOM. Fleuré, fleurée, 2. fleurer.
DÉR. Fleurant.
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2. fleurer [flœʀe] v. tr.
ÉTYM. 1832; de fleur.
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♦ Techn. Saupoudrer (de son fin) le pain.
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DÉR. 2. Fleurage.
HOM. Fleuré, fleurée, 1. fleurer.
Encyclopédie Universelle. 2012.