évider [ evide ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1642; esvuidier « vider complètement » XIIe; de es-, é et vuidier, vider
♦ Creuser en enlevant une partie de la matière, à la surface ou à l'intérieur. Évider la pierre, une pièce de bois pour faire des moulures. Évider une tige de sureau. Il « gratte une boule de pain avec son canif, il la creuse et l'évide par endroits. Il la sculpte » (Sartre).
♢ (1757) Arbor. Évider un arbre, élaguer les branches du centre.
♢ cuis. Creuser pour retirer le centre. Évider des tomates, des pommes.
⊗ CONTR. 1. Boucher, combler, remplir.
● évider verbe transitif (de vider) Creuser quelque chose, un bloc de pierre, une pièce de bois, de métal, en enlever une partie à la surface pour l'échancrer, le canneler, le sculpter, etc. Creuser un légume ou un fruit pour le remplir d'une préparation ou d'une farce. ● évider (homonymes) verbe transitif (de vider)
évider
v. tr.
d1./d Creuser intérieurement. évider un tronc.
d2./d Pratiquer des vides dans (qqch); échancrer.
⇒ÉVIDER, verbe trans.
A.— Creuser l'intérieur d'un objet en laissant le pourtour intact. Évider une flûte, une clarinette (Ac. 1878-1932). Évider le tronc [d'arbre] qui deviendra une pirogue (LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 128). La radiographie révèle (...) de grandes bulles évidant tout l'intérieur d'une phalange et ne laissant à la périphérie qu'une mince pellicule osseuse (RAVAULT, VIGNON, Rhumatol., 1956, p. 569).
— Au fig. Le christianisme des romantiques est un christianisme sans la conscience du péché originel, c'est-à-dire un christianisme évidé de sa substance (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 322).
B.— Creuser, tailler la partie extérieure, le contour d'un objet. Vieil escalier de pierre, dont les marches sont évidées par les pas (MARTIN DU G., Vieille Fr. 1933, p. 1045).
C.— Spécialement
1. ARCHIT. Tailler les pierres, les matériaux, pour alléger le bâtiment ou le rendre plus élégant. [Le style flamboyant] ne fait que le pousser un peu au delà de ses conséquences raisonnables [le style rayonnant], évidant les masses, divisant les forces vives de la maçonnerie (HOURTICQ, Hist. art, 1914, p. 103) :
• Ces hommes-là étaient donc des géants; ils prenaient un bloc de grès, et, pour s'en faire une fenêtre, ils l'évidaient et le séparaient en bandes longitudinales, de façon à laisser le jour pénétrer par les longues fentes qui le divisaient...
DU CAMP, Nil, 1854, p. 227.
— Emploi pronom. Les parois s'évidaient (VERNE, Tour monde, 1873, p. 112).
2. ARTS MÉN. Ôter l'excès d'empois du linge. Ce col est trop dur, est trop ferme, il faut l'évider (Ac. 1835, 1878).
3. COUT. Synon. de échancrer. Le collet de cette robe, de ce manteau n'est pas assez évidé, est trop évidé (Ac. 1835-1932).
4. TECHNOL. Faire une cannelure, une tubulure par nécessité ou pour rendre l'objet plus léger ou plus agréable. L'une [de ces traverses] (...) est évidée en gouttière (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 54).
Rem. La plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s. dont Ac. 1835-1932 enregistrent évidoir, subst. masc. Outil dont se sert le facteur pour évider l'intérieur de certains instruments à vent (flûtes, clarinettes).
Prononc. et Orth. :[evide], (il)évide [evid]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. esvuider fig. « vider de, évacuer, anéantir; abandonner » (Psautier de Cambridge, 140-8 ds T.-L.); 2. 1642 evuider « creuser en enlevant une partie de la matière » (DUEZ, Dict. fr.-all.); spéc. 1680 evider une manche (RICH); 1694 archit. (Th. CORNEILLE). Dér. de vide; préf. é-; dés. -er; le verbe fr. a assumé les sens du lat. impérial evacuare (vacuus). Fréq. abs. littér. :89.
DÉR. Évidage, subst. masc. Action d'évider; spéc., opération au cours de laquelle on évide le poisson pour sa mise en conserve. Après étêtage et évidage du thon, celui-ci est tronçonné et rincé à l'eau de mer (BOYER Pêches mar., 1967, p. 109). — []. Ds Ac. 1932. — 1re attest. 1838 (Ac. Compl.); de évider, suff. -age.
évider [evide] v. tr.
ÉTYM. V. 1120, esvuider « vider complètement »; de es-, é-, et vuider, vider.
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♦ Pratiquer un espace vide dans (un objet).
♦ Imprim. Créner. || Évider un corps de lettre.
2 (1642). Cour. Creuser en enlevant une partie de la matière, soit en profondeur (→ Tubulure), soit superficiellement (→ Cannelure). || Évider une tige de sureau pour faire une sarbacane.
♦ P. p. adj. || Tige de bois évidée.
1 Sur le chambranle, une petite horloge (…) indiquait l'heure sur son cadran d'argent niellé, évidé au milieu et laissant voir la complication intérieure des rouages.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, V, p. 130.
2 (Il) gratte une boule de pain avec son canif, il la creuse et l'évide par endroits. Il la sculpte. Il explique sans lever les yeux : « C'est une boule de pain en rab, elle est moisie ».
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 235.
♦ (Avec un compl. second en de). || Évider une tige de sa moelle.
3 (…) on se souvient de la branche du sureau qu'on a coupée, un jour d'été, près d'un ruisseau, qu'on a évidée de sa moelle sucrée (…)
Pierre Gascar, les Bêtes, p. 79.
♦ (1757). Spécialt (arbor.). || Évider un arbre : élaguer les branches du centre. — (1890). Chir. || Évider un os, une cavité (⇒ Cureter). — Archit. Tailler à jour; sculpter des reliefs. || Évider une pierre. Au p. p. || Mur évidé (→ Contrefort, cit. 1; dentelle, cit. 5). — Techn. || Évider une pièce de bois. ⇒ Chantourner, découper, diminuer. — Évider la lame d'une épée (pour l'alléger), une platine de verrou. || Évider une aiguille, y faire la rainure où sera percé le trou. — Découper à jour, en broderie. Au p. p. || Toile évidée. — Cuis. Creuser pour farcir. || Évider des courgettes.
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CONTR. 1. Boucher, combler, fermer, remplir.
DÉR. Évidage, évidement, évidoir, évidure.
Encyclopédie Universelle. 2012.