évaporer [ evapɔre ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1314; lat. evaporare → 1. vapeur
1 ♦ Vx Faire passer (un liquide) à l'état de vapeur. Évaporer lentement un liquide.
2 ♦ V. pron. Se transformer en vapeur (⇒ se vaporiser), et spécialt Se résoudre lentement en vapeur par sa surface libre. Brume, rosée qui s'évapore à la chaleur du soleil. Le contenu du flacon s'est évaporé. « C'était un soir de juillet, à cette heure après chien et loup où la sueur s'évapore sur la peau » (Nizan). — (Avec ellipse du pron. pers.) Faire évaporer de l'eau de mer pour obtenir du sel.
♢ Fig. Littér. Disparaître, cesser d'exister. Ses derniers scrupules s'étaient évaporés. ⇒ s'évanouir. — Fam. En parlant de personnes ou d'objets, Disparaître brusquement. À peine arrivé, il s'évapore. ⇒ s'éclipser. Ce livre ne s'est tout de même pas évaporé ! ⇒ s'envoler, se volatiliser.
● évaporer verbe transitif (bas latin evaporare) Transformer un liquide en vapeur, le faire passer à l'état gazeux.
évaporer
v.
d1./d v. tr. TECH Soumettre (un liquide) à l'évaporation.
d2./d v. Pron. Se transformer en vapeur. L'éther s'évapore facilement.
|| Fig., Fam. Disparaître, s'éclipser. Il s'est évaporé au début de la soirée.
⇒ÉVAPORER, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— Emploi concr.
1. [Le suj. désigne un liquide ou un solide, le compl. le liquide (gén. de l'eau) qui subit l'évaporation] Transformer en vapeur (par sa surface libre) sous l'action du soleil et par contact avec l'air. Une terre en jachère évapore moins d'eau qu'une terre en culture (SAILLARD, Betterave, 1923, p. 159) :
• 1. ... les terres évaporent (...) moins d'eau qu'elles n'en reçoivent. Inversement, les mers évaporent plus d'eau qu'elles n'en reçoivent sous forme de pluie, puisqu'elles évaporent aussi l'eau des pluies terrestres qui leur vient par ruissellement.
MAURAIN, Météor., 1950, p. 41.
Rem. On rencontre ds la docum. un emploi anal. en phys. nucl., l'évaporation s'effectuant sous l'action d'agents externes. Ce noyau composé se désexcite en évaporant un certain nombre de nucléons (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 367).
— Littér. Le sureau de l'angle des communs évaporait sa liqueur organique et mielleuse (ARNOUX, Calendrier Fl., 1946, p. 114).
Rem. On rencontre ds la docum. une attest. où le compl. désigne la vapeur résultant de l'évaporation. L'astre ramasse, vers la fin de la journée, le peu de nues qu'évapore la mer chaude (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 25).
2. [Suj. gén. pronom indéf. on; le compl. désigne un liquide] Faire passer à l'état gazeux. Évaporer de l'eau, un liquide dans le vide, une solution jusqu'à siccité. Pour le préparer [l'extrait de quinquina] on met la poudre de quinquina dans l'eau froide (...) on filtre et on évapore la liqueur claire jusqu'à la consistance requise (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 606).
B.— P. anal. [Fréq. au part. passé; le compl. désigne une sensation phys., un parfum, plus rarement un son; l'élément évaporé conserve son individualité, sa force] Répandre au dehors, diffuser à l'extérieur. Synon. dégager, exhaler. La Brindille évaporait un peu de fraîcheur sous l'immense toiture de branches (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1038). Le vieil amphithéâtre (...) évaporait par ses trous noirs tous ces rugissements de bêtes et d'hommes (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 166) :
• 2. ... ses placards de chêne noir (...) où les épices depuis un siècle, évaporaient leur âme : la cannelle sucrée, le singulier gingembre, le poivre...
TOULET, Notes art, 1920, p. 60.
C.— Au fig. [Le compl. désigne un sentiment]
1. Répandre, donner libre cours, laisser échapper. Évaporer son chagrin (Ac.). Tu verras néanmoins que nous aurons quelques désagréments de ce côté-là. Ayant ainsi évaporé sa bile, madame de Montauron parut accepter avec résignation les leçons d'aquarelle (FEUILLET, Honn. d'artiste, 1890, pp. 82-83).
2. (Faire) disparaître, cesser d'être perceptible. Le poète éprouve seulement le besoin d'aller évaporer au dehors l'agitation que lui cause cette grande nouvelle (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 132). Ma première indignation évaporée, j'avais cessé de penser à l'histoire du petit homme aux lèvres minces (ESTAUNIÉ, Solitudes, 1917, p. 25).
II.— Emploi pronom.
A.— Emploi concr. [Correspond à I A]
1. [Le suj. désigne un liquide; le produit qui s'évapore se diffuse, sans laisser de trace, dans l'atmosphère] Se transformer en vapeur sous l'action d'une source de chaleur ou (lentement par sa surface libre) sous l'action du soleil et au contact de l'air. (Goutte d')eau, rosée qui s'évapore. Synon. se vaporiser. L'esprit de vin s'évapore aisément (Ac.). La jeune fille, recueillant dans sa main quelques gouttes du robinet, les éparpillait (...) sur la plaque chaude du fourneau, où elles s'évaporaient avec un bruissement de robe de soie (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1125). C'était un soir de juillet, à cette heure après chien et loup où la sueur s'évapore sur la peau (NIZAN, Conspir., 1938, p. 9) :
• 3. ... on a reconnu au pétrole (...) de nombreux avantages. Il s'évapore sans laisser aucun résidu, de plus (...) on peut l'obtenir à tous les degrés de volatilité voulus. On obtient des pétroles qui s'évaporent aussi vite que l'éther jusqu'à des huiles lourdes qui mettent plusieurs mois à s'évaporer complètement.
MEYER, Art émail Limoges, 1895, p. 26.
— [Avec ell. du pron. pers.] Faire évaporer une solution. Si l'on fait chauffer les cristaux [des sels], ils laissent évaporer leur eau (METZGER, Genèse sc. cristaux, 1918, p. 164). Réduisez en cendre une fougère; dissolvez ces cendres dans une eau pure, faites évaporer la dissolution (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 116).
2. [Le suj. désigne un solide] Le filament [en tungstène thorié d'une lampe radioélectrique] se trouve recouvert d'une couche monoatomique de thorium qui s'évapore (J. MERCIER, Radio-électr., t. 1, 1937, p. 131).
B.— P. anal.
1. [Le suj. désigne un parfum, un son, plus rarement une fumée et gén. qqc. de volatil]
a) [L'élément qui s'évapore garde sa force, reste présent]
— Se diffuser, se répandre. La chambre où s'évaporait, alourdissant l'atmosphère, un grand flacon de parfum que la princesse venait de renverser (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 116). L'un des cierges expirait et sa fusée de fumée bleue s'évaporait (...) dans le pourtour ajouré des arches (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 252). Que demandons-nous à la Timbale? Une vibration, un son s'évaporant comme celui d'une corde de Harpe (WIDOR, Techn. orch. mod., 1904, p. 127). Rive où s'évapore sous les pas l'odeur des menthes d'eau (TOULET, Comme une fantaisie, 1918, p. 194).
— Rare. S'exhaler de quelque chose et se répandre au dehors. Hymne [des cloches] qui le matin s'évapore des eaux (HUGO, Chants crépusc., 1835, p. 158). Une vague odeur d'oranger s'évapore, avec la rosée, des grappes blanches des acacias (FEUILLET, Journal femme, 1878, p. 84). Il [Pierrot] entendait les chants religieux s'évaporer lentement du couvent (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 209).
♦ Au fig. Les yeux où de la terreur s'évaporait (NOAILLES, Nouv. espér., 1903, p. 271). Le parler était assez plaisant à entendre malgré l'afféterie qui s'en évaporait (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 132).
b) [L'élément qui s'évapore disparaît] Cesser d'être visible, perceptible. Brumes qui s'évaporent. Le lointain (...) Où la molle vapeur bleuit et s'évapore (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 18). Le ciel, tout à l'heure plombé, semblait monter de minute en minute, s'alléger, s'évaporer (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 185).
Rem. La docum. atteste des ex. où le suj. désigne un parfum, l'arôme d'un vin; l'élément qui s'évapore perd tout ou partie de sa force, de ses qualités en gén. par un contact prolongé avec l'air. Synon. s'éventer. Dans le cas des vins mousseux il y a inconvénient à ce que les bouteilles restent ouvertes en attendant le bouchage (...) le bouquet peut s'évaporer (BRUNET, Matér. vinic., 1925, p. 484). [Avec ell. du pron. pers.] Quand tu décantes pour le déjeuner un Château Larose 75, quel parfum! S'il en reste le soir dans la carafe, le domestique te dira que c'est du Bordeaux. Non, c'est très mauvais, le parfum est évaporé (CHARDONNE, Romanesques, 1937, p. 88). Au fig. Souvenirs qui s'évaporent. Il semble que le sentiment de l'humanité s'évapore et s'affaiblisse en s'étendant sur toute la terre (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 99).
2. [Le suj. désigne un obj., un élément, une chose qui disparaît subitement, qu'il est impossible de retrouver, qui n'est pas là où l'on s'attendait à la trouver ou qui disparaît sans qu'on puisse expliquer la cause de la disparition] Synon. disparaître. Je serrerais mon sucre et mon eau-de-vie (...) ces choses-là s'évaporent facilement (LABICHE, Pts oiseaux, 1862, II, 4, p. 240). Aucune collection ne nous montre de type de contrebasse à quatre cordes. Se sont-elles donc toutes évaporées (WIDOR, Techn. orch. mod., 1904, p. 240). Son beau-père avait machiné plusieurs sociétés dont il était l'administrateur et d'où l'argent s'était évaporé (LACRETELLE, Silbermann, Paris, Gallimard, 1946, [1922], p. 160).
C.— Au fig.
1. [Le suj. désigne un sentiment, sa manifestation, une qualité intellectuelle, etc.]
a) Vx. [Compl. prép. en qui indique le type de manifestation] Se répandre au dehors, se faire jour, se faire entendre (généralement en prenant une autre forme). Sa colère s'évaporait en menaces (Ac.). Leur enthousiasme s'évaporait en phrases (TAINE, Voy. Ital., t. 2, 1866, p. 32) :
• 4. ... ce nid de turbulente bohême [la Pie-Borgne] d'où chaque nuit, jusqu'à deux et trois heures du matin s'évaporait en rires énormes (...) la joie immense des jeunes hommes...
COURTELINE, Linottes, 1912, VII, p. 99.
b) Disparaître. Amour, bon sens, scrupules qui s'évapore(nt). Du drame... de la colère de femme qui s'évaporera au bout de quelques jours (GONCOURT, Journal, 1886, p. 608). On m'envoyait passer une partie des vacances, [chez le curé doyen de Clarescombes] de crainte de voir s'évaporer (...) le latin et le grec dont les dix autres mois m'avaient empli (ARÈNE, Veine Argile, 1896, p. 57) :
• 5. ... ce qu'il y a de plus triste, c'est que la tristesse elle-même, elle n'est pas assez fidèle. Certains jours, elle s'évapore. On ne peut pas compter sur elle.
DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 234.
2. [Le suj. désigne une pers.] Disparaître brusquement. Personne qui s'évapore sans laisser de trace, qui s'évapore complètement. Synon. se volatiliser. Quand la petite [Nana] se sentait un peu requinquée, elle s'évaporait un matin. Ni vu ni connu! L'oiseau était parti (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 743).
♦ Fam. S'évaporer dans la nature. [Menacé de la police], son terrible gang, à cette heure, devait (...) s'être un peu évaporé dans la nature (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 93).
Rem. 1. La docum. atteste a) Des ex. où le suj. désigne (les qualités intellectuelles d')une personne. Je sens que le parnassien qui a d'abord été Moi se dissout et s'évapore (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 40). Je m'amenuise et m'évapore en m'accomplissant (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p. 240). b) Un ex. au sens vieilli de « se laisser aller, avoir une conduite, des mœurs relâché(e)s dans le domaine sexuel ». Synon. se débaucher, se dévergonder, se dissiper. — Et il fait le dévôt? — Je crois bien, quand il le faut (...) Mais une fois qu'il a fait sa parade, il s'évapore dans les bals cancans (...) où les femmes l'ont surnommé Nini-Moulin (SUE, Juif errant, 1844-45, p. 62). 2. La docum. et les dict. enregistrent les dér. a) Évaporable, adj. Qui est susceptible de s'évaporer ou d'être évaporé. Liquide évaporable. Les fluides les plus évaporables peuvent résister (...) à une chaleur très-forte (LAVOISIER, Traité chim., t. 1, 1789, p. 29). b) Évaporatif, ive, adj. ,,Qui est propre à provoquer l'évaporation`` (VILLEN. 1974). Attesté ds tous les dict. à partir de Ac. Compl. 1842 jusqu'à GUÉRIN 1892. c) Évaporimètre, évaporomètre, subst. masc., météor. Appareil destiné à mesurer l'évaporation dans l'atmosphère. Les évaporomètres (...) n'évaporent pas dans les mêmes conditions que le sol au-dessus duquel on les place (MAURAIN, Météor., 1950, p. 217). 3. La docum. atteste a) Évaporatrice, adj. fém. La centrale (...) est à même de fournir des sous-produits dus à sa puissance évaporatrice (ROMANOVSKY, Mer, source én., 1950, p. 63). b) Évaporement, subst. masc. Où l'évaporement laisse de gras feuillets (RICHEPIN, Mer, 1886, p. 293).
Prononc. et Orth. :[], évapore []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1314 « dissiper » (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, 151 ds T.-L. : pour ce que les fumees ... puissent estre evaporees); spéc. 1607 « dissiper un liquide, ici les larmes » trans. (Anc. Poésies Françaises, VIII, 144 ds HUG.). Empr. au b. lat. evaporare « disperser en vapeur ». Fréq. abs. littér. : 343. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 587, b) 579; XXe s. : a) 494, b) 348. Bbg. SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 126.
évaporer [evapɔʀe] v. tr.
ÉTYM. 1314; lat. evaporare, de e- (ex-), et vaporare, de vapor. → Vapeur.
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I V. tr. (Vx).
1 Mettre (un liquide) à l'état de vapeur. || Évaporer lentement un liquide, l'évaporer à une douce chaleur (Littré).
2 Donner issue à, laisser échapper (une humeur). ⇒ Exhaler, répandre.
1 Je n'étais point fâché d'évaporer ma bile (…)
Molière, l'Étourdi, IV, 6.
♦ Par anal. Exhaler (un sentiment, l'âme…).
2 Le vrai contentement n'est ni gai ni folâtre; jaloux d'un sentiment si doux, en le goûtant on y pense, on le savoure, on craint de l'évaporer.
Rousseau, Émile, IV.
3 Nous avions beau dire, nous ne pouvions jamais leur faire comprendre que (si nous avions quitté notre pays) c'était pour regarder le ciel et la mer, pour évaporer notre âme au soleil, pour sentir fermenter en nous notre jeunesse (…)
Lamartine, Graziella, II, IX.
3 Fam. Prendre furtivement. || Évaporer quelque chose à quelqu'un.
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II V. pron. (Mod.).
1 (Liquides). Se transformer, se résoudre en vapeur (⇒ Vaporiser [se]), et, spécialt, se résoudre lentement en vapeur par sa surface libre à une température quelconque (⇒ Évaporation, cit. 1 et supra). || Eau qui s'évapore dans l'atmosphère. || S'évaporer complètement jusqu'à siccité. || Brume, rosée qui s'évapore à la chaleur du soleil. ⇒ Dissiper (cit. 17).
4 L'eau, sur son corps fumant, s'évaporait comme sur du métal chauffé.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 280.
♦ Parfum qui s'évapore (poét., par métonymie. → Encensoir, cit. 2).
♦ Avec ellipse du pron. pers. || Faire évaporer de l'eau au soleil.
2 Fig., vieilli. Se répandre au dehors. ⇒ Exhaler (s'), exprimer (s'). || Sa colère s'évapore en menaces (Académie).
5 L'innocente joie aime à s'évaporer au grand jour, mais le vice est ami des ténèbres, et jamais l'innocence et le mystère n'habitèrent longtemps ensemble.
Rousseau, Lettre à d'Alembert.
3 Par ext. Disparaître. ⇒ Dissiper (se), volatiliser (se). || Vision qui semble s'évaporer (→ Cathédrale, cit. 3). || Pensée, idée qui s'évapore. || Sentiment, passion qui s'évapore; énergie qui s'évapore (→ Cri, cit. 9). || Son ardeur première s'est évaporée.
6 Ce n'est pas que ce cœur se soit jamais évaporé dans les chimères d'une fausse gloire (…)
Mascaron, Oraison funèbre de Turenne.
7 (La vie) Songe qui s'évapore, étincelle qui fuit.
Lamartine, Harmonies…, III, 9.
8 Notre mort physique n'est rien qu'un retour aux végétaux. Peu, très peu est chose solide dans cette mobile enveloppe; elle est fluide et s'évapore.
Michelet, la Femme, p. 436.
9 (…) la pensée (…) est sujette à s'évaporer en rêverie.
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, « Tas de pierres », I.
♦ ☑ Loc. fam. S'évaporer dans la nature : disparaître aux regards (plus ou moins brusquement).
9.1 Il le savait sûrement aussi bien que moi, Angelo, et son terrible gang, à cette heure, devait avoir, presto, changé de quartier général, s'être un peu évaporé dans la nature.
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 91.
♦ (Personnes). || Avoir l'impression de s'évaporer, de se dissoudre.
10 (…) vous vous sentirez vous évaporant, et vous attribuerez à votre pipe (…) l'étrange faculté de vous fumer.
Baudelaire, les Paradis artificiels, Poème du haschisch, III (→ Évaporation, cit. 3).
4 Spécialt et vieilli. Devenir évaporé (ci-dessous, 2.). ⇒ Dissiper (se). || Elle commence à s'évaporer.
——————
évaporé, ée p. p. adj. et n.
1 Qui s'est transformé en vapeur. || Liquide à demi évaporé. || Parfum évaporé. ⇒ Éventé.
2 (XVIIe; → cit. 11). Fig. (Personnes). Qui a un caractère étourdi, léger, qui se dissipe en choses vaines. ⇒ Dissipé, écervelé, étourdi, évaltonné, éventé, folâtre, léger; air (en l'air), cervelle (sans). || Une jeune fille évaporée. — Esprit, air évaporé.
11 Il veut être folâtre, évaporé, plaisant (…)
Boileau, Épîtres, IX.
12 On les découvre à leurs manières libres, à leurs airs évaporés, à leurs paroles peu mesurées et peu discrètes (…)
13 Trois Mauresques de mine évaporée babillaient sous leurs masques blancs (…)
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 36.
14 (…) les folles, évaporées et merveilleuses créatures que nous a laissées Watteau fils dans ses gravures de mode (…)
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Salon de 1846, V.
♦ N. || Un évaporé, une évaporée : personne étourdie, légère (→ Dégrafer, cit. 3).
15 Son fils, qui m'embarrasse, est un évaporé (…)
Molière, le Dépit amoureux, III, 1.
16 (…) je ne songeais plus que je n'étais au bout du compte qu'une petite évaporée qui s'était fait une épée de son aiguille, et une paire de culottes en coupant une de ses jupes (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, VII.
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CONTR. Condenser, liquéfier (se); continuer, durer, résister; renforcer (se). — Tenace (parfum). — Grave, posé, sérieux…
DÉR. et COMP. Évaporable, évaporateur, évaporatoire, évaporeuse, évaporimètre.
Encyclopédie Universelle. 2012.