épouser [ epuze ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Prendre pour époux, épouse; se marier avec. « les films où le milliardaire épouse la cousette ne dominent pas plus le cinéma que les contes où le prince épouse la bergère ne dominent la légende » (Malraux). Épouser qqn par amour, pour sa fortune. Épouser qqn en premières, en secondes noces. Se faire épouser. Pronom. Littér. Ils se sont épousés. ⇒ se marier. Absolt Se lier par mariage. « Vous sentez bien que nous n'épousons pas, nous autres » (Sade). — Par ext. Se dit de ce qu'on reçoit en épousant qqn. Épouser une grosse dot, un beau parti.
2 ♦ (1548) Fig. S'attacher de propos délibéré et avec ardeur à (qqch.). Épouser les idées, les opinions de qqn. ⇒ partager. Il épouse vos intérêts. ⇒ embrasser, soutenir. Il « n'épousait jamais une opinion qu'avec toutes sortes de réserves » (France) .
3 ♦ S'adapter exactement à (une forme, un mouvement). Robe qui épouse les formes du corps. ⇒ mouler. Route qui épouse les découpures de la côte. ⇒ suivre. « J'aime les vieux villages provençaux qui épousent la pointe de leurs collines » (Colette). — Loc. fig. Épouser le terrain : s'adapter aux circonstances, être opportuniste.
⊗ CONTR. Divorcer, répudier.
● épouser verbe transitif (bas latin sponsare, de spondere, promettre) Prendre quelqu'un pour conjoint, se marier avec : Il a épousé une étrangère. S'adapter exactement à une forme, un tracé : Une housse qui épouse le galbe du fauteuil. S'attacher vivement, se rallier à quelque chose ; embrasser, partager : Épouser les intérêts de ses amis. ● épouser (synonymes) verbe transitif (bas latin sponsare, de spondere, promettre) Prendre quelqu'un pour conjoint, se marier avec
Synonymes :
- se marier avec
Contraires :
- divorcer
S'attacher vivement, se rallier à quelque chose ; embrasser, partager
Synonymes :
- partager
- suivre
épouser
v. tr.
d1./d Prendre en mariage. Elle a épousé son cousin. Syn. (Afr. subsah., Belgique, France rég., Maghreb, Québec, Suisse) marier.
|| Par ext. épouser une grosse fortune, qqn qui possède une grosse fortune.
d2./d Fig. S'attacher à (qqch), embrasser (une cause). épouser le parti, les intérêts, les idées d'un camarade.
— épouser la querelle de qqn, prendre parti pour lui dans une querelle.
d3./d Se modeler sur. Cette robe épouse parfaitement la forme du corps.
⇒ÉPOUSER, verbe trans.
A.— 1. Prendre pour époux, pour épouse (cf. époux I A). Épouser une jeune fille, une veuve. Il vit Mlle Fontanelle et en devint amoureux (...). Il fit sa cour, la demanda en mariage et l'épousa (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mme Baptiste, 1882, p. 357). Bientôt vous épouserez l'homme qui vous aime et que vous aimez (CLAUDEL, Violaine, 1892, I, p. 573) :
• 1. Fanny, c'est la femme de Marius. Il ne l'a pas épousée devant M. le Maire, mais ça, ce n'est qu'une formalité et nous la ferons quand il reviendra.
PAGNOL, Fanny, 1932, II, 7, p. 144.
SYNT. a) Épouser le fils, la fille de (qqn); épouser une jeunesse; épouser sa maîtresse; épouser un garçon d'avenir, une fille de bonne maison, une fille sans dot, sans fortune; épouser un beau, un gros parti; épouser une héritière. b) Épouser (qqn) bourgeoisement, civilement, légitimement, publiquement, secrètement, solennellement. c) Épouser (qqn) à l'église, à la mairie; épouser (qqn) avec (sans) le consentement de; épouser (qqn) en premières, en secondes noces; épouser (qqn) par amour, par calcul, par devoir, par intérêt, par pitié; épouser (qqn) par procuration; épouser (qqn) pour son argent, pour sa fortune. d) Consentir, s'engager à épouser (qqn); promettre, refuser d'épouser (qqn); être contraint, forcé, obligé d'épouser (qqn); finir par épouser (qqn); faire épouser (qqn) à (qqn), par (qqn); se faire épouser.
— Emploi pronom. réciproque. Georges achevait son service militaire à Épinal. Dès qu'il serait démobilisé, il entrerait dans une banque, et les fiancés s'épouseraient (ARLAND, Ordre, 1929, p. 345).
— Emploi abs. Contracter mariage. Je lui dis : — Restez, achetez, épousez parmi nous. Nulle part, vous ne serez mieux (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 209) :
• 2. J'épousai (...) un homme fort riche. Je l'épousai par ignorance, par crainte, par obéissance, par nonchalance, comme épousent les jeunes filles.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Attente, 1883, p. 407.
— P. métaph. Le frappement sauvage martèle le chœur virginal. Et le grave épouse l'aigu et ils sont un comme dans une couche (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 334). Loin au-dessus de la foule et des harangues, les branches de chênes échangeaient des signes et leurs murmures épousaient le silence (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 238).
♦ Emploi pronom. réciproque. Sons, parfums, couleurs, profusément en moi s'épousaient (GIDE, Si le grain, 1924, p. 570).
— P. anal. (cf. époux, épouse I B). Épouser Dieu, l'Église. Se consacrer à Dieu, entrer dans les ordres. Elle, la fille [Marguerite, en religion Sœur Eulalie], toute pénétrée de la vertu qui l'avait baignée en cette famille austère, avait épousé Dieu, par dégoût des hommes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Veillée, 1882, p. 795).
2. P. méton. de l'obj. Recevoir en partage par le mariage. Elle épousait la fortune, la beauté, la puissance, au delà de tout espoir (ZOLA, Rêve, 1888, p. 203). Pour que le bénéfice du mariage de Charles VIII ne fût pas perdu, Louis XII se hâta d'épouser à son tour la Bretagne avec la veuve de son cousin (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 139).
B.— Au fig.
1. [Le suj. et l'obj. désignent des choses concr.] S'adapter parfaitement à. Épouser une courbe, un contour, un modelé. Un traversin mou qui épousait sa nuque (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 463).
— Emploi pronom. réciproque. Tandis que les tons se juxtaposent, les lignes s'épousent (CLAUDEL, Connaissance Est, 1907, p. 87).
2. [Le suj. désigne une pers., l'obj. désigne une chose abstr.] Adopter (cf. ce mot II B 1), faire sien(ne) (cf. embrasser II A 1 a). Épouser une cause; épouser les idées, les intérêts de qqn. Il revêtait ses idées de mille nuances fines et n'épousait jamais une opinion qu'avec toutes sortes de réserves (FRANCE, Bonnard, 1881, p. 394). Je consens à épouser ton point de vue (CAMUS, Caligula, 1944, I, 8, p. 23). Grandeur et misère de la politique. De Gaulle ne consent à en épouser que la grandeur. C'est ce qui assure le règne des Commis (MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 27) :
• 3. Elle était femme. Elle était une onde sans forme. Toutes les âmes qu'elle rencontrait lui étaient comme des vases, dont, par curiosité, par besoin, sur-le-champ, elle épousait les formes.
ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 733.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. passé adj. épousé, ée. Toute fleur en avril devient une cellule Où la vie épousée et féconde pullule (HUGO, Âne, 1880, p. 324). C'est par toi que je vis Elsa de ma jeunesse Ô saisons de mon cœur ô lueurs épousées Elsa ma soif et ma rosée (ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 236). b) L'adj. épousable. Susceptible d'être épousé(e) (supra A 1). Une fille qui (...) danserait avec un ou plusieurs garçons traditionnellement non épousables serait perdue de réputation (MENON, LECOTTE, Vill. Fr., t. 2, 1954, p. 18). c) Le subst. masc. épousage, rare. Le fait, l'action d'épouser (supra A 1). L'intrigue, admirablement menée, non ébruitée, allait aboutir à l'épousage de la femme par le roi (GONCOURT, Journal, 1861, p. 930). d) Le subst. masc. épousement, rare. Le fait de s'identifier avec quelqu'un, de faire sien le comportement de quelqu'un (supra B 2). Cette compassion qui, dans le cœur de tant de nobles femmes, de tant d'éducateurs et de tant de missionnaires, est devenue une passion, ce besoin d'ordre, de sens, de pureté et de réponse autour de nous, cette espèce d'épousement étroit du pécheur pour le transformer, ce désir de connaissance et de lumière (...) tout cela fait partie de cette soif sacrée du Sauveur qu'Il a communiquée à Son église (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 126).
Prononc. et Orth. :[epuze], (j')épouse [epu:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1050 (Alexis, éd. C. Storey, 48); 1266 fig. le ventre ... ki gloutenie a espousee (Vers de la mort, 43, 12 ds T.-L.); 2. 1886 « s'adapter parfaitement à une forme » (LAPPARENT, Abr. géol., p. 9). II. 1130-40 part. passé fém. subst. espousee « fiancée du Christ » (WACE, Vie de Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 672); ca 1225 « celle qu'un homme va ou vient d'épouser » (Comte Poitiers ds FEW t. 12, p. 210b). Du b. lat. sponsare « promettre en mariage, fiancer », itér. de spondere, formé sur le part. passé sponsus, v. époux. Fréq. abs. littér. Épouser :4 421. Épousé :890. Fréq. rel. littér. Épouser : XIXe s. : a) 6 702, b) 7 000; XXe s. : a) 6 042, b) 5 696. Épousé : XIXe s. : a) 1 046, b) 1 301; XXe s. : a) 1 576, b) 1 246.
épouser [epuze] v. tr.
ÉTYM. V. 1050; du lat. pop. sposare, du lat. class. sponsare, de sponsus. → Époux.
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1 Prendre pour époux, pour épouse (⇒ Marier). || Épouser une jeune fille. ⇒ Autel (conduire, mener à l'); → Demoiselle, cit. 7. || Épouser celui, celle qu'on aime. || Épouser qqn par amour, par intérêt (→ Douaire, cit.), par nécessité. || Il l'a épousée pour sa beauté, sa fortune. || Promettre à qqn de l'épouser. || Il a divorcé pour épouser une étudiante. || Épouser qqn en premières, en secondes noces. || Louis XIV épousa secrètement Madame de Maintenon. || Elle essaie de se faire épouser par son amant. || On lui a fait épouser cet homme. || Au temps où les rois épousaient les bergères. — Épouser qqn à la mairie, civilement; à l'église, religieusement.
1 Tu me dis qu'il a épousé ta maîtresse : crois qu'il aurait plus fait pour sa passion, et qu'avec elle il aurait encore épousé toi, son chien et son chat (…) et si je te disais le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce serait un chapitre à durer jusques au soir.
Molière, Dom Juan, I, 1.
2 Vous m'aviez juré (…) — J'étais fou. Si pareils souvenirs engageaient, on serait tenu d'épouser tout le monde.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 16.
3 (…) les Allemandes, même les filles riches, croient qu'on ne peut épouser qu'un homme qu'on adore.
Stendhal, Mina de Vanghel.
4 C'est mon intention formelle, aussi bien que mon désir le plus vif, d'épouser mademoiselle votre nièce le plus tôt possible. Je crois savoir qu'elle partage mes sentiments et j'ai l'honneur de vous demander officiellement sa main.
Léon Bloy, la Femme pauvre, p. 201.
5 (…) pour un homme, dans notre société, épouser une femme, c'est déclarer à tous qu'il a foi en elle, qu'il ne permet pas qu'on doute d'elle.
Paul Bourget, Un divorce, V, p. 187.
6 Qu'on compare seulement : épouser une jeune fille et la marier.Dans le premier cas, on la prend pour femme, dans le second on lui donne un mari.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 302.
7 (…) les films où le milliardaire épouse la cousette ne dominent pas plus le cinéma que les contes où le prince épouse la bergère ne dominent la légende (…)
Malraux, les Voix du silence, p. 512.
♦ On lui avait refusé une femme, il avait épousé l'humanité. → Refoulement, cit. 1.
♦ Euphémisme littér. Avoir des rapports sexuels avec (quelqu'un).
7.1 Souvent nous nous couchions sous les larges ramures, parmi des fleurs où les essaims murmurants se frôlaient. Asia m'épousait, pleine de rires; puis doucement les bruissements d'essaims, de feuillages où celui des ruisseaux nombreux se fondait, nous invitaient au plus doux des sommeils.
Gide, le Prométhée mal enchaîné, in Rom., Pl., p. 323.
8 L'hymen détruit la tendresse; Il rend l'amour sans attraits; Voulez-vous aimer sans cesse, Amants, n'épousez jamais (…)
9 Il va (…) faire espérer aux mères qu'il épousera.
La Bruyère, les Caractères, VII, 14.
9.1 Vous sentez bien que nous n'épousons pas, nous autres.
Sade, Justine…, t. I, p. 44.
♦ ☑ Loc. Argot anc. Épouser la prison : être emprisonné. ☑ Épouser la veuve : être pendu, guillotiné.
♦ (XVIe). Recevoir (qqch.) en épousant quelqu'un. || Qui épouse la femme épouse les dettes. || Épouser la fortune d'un laideron. || Épouser une grosse dot, un beau, un gros parti.
10 (…) c'est notre bien seul qu'ils épousent (…)
Molière, George Dandin, I, 1.
2 (XVIe). Fig. S'attacher de propos délibéré et avec ardeur à (qqch.). || Épouser les idées, les opinions d'un ami, la volonté de Dieu. ⇒ Partager. || Épouser les intérêts de qqn en le défendant, en l'aidant. ⇒ Embrasser, entrer (cit. 52 : entrer dans les intérêts de), parti (prendre parti pour), soutenir. || Épouser le parti (⇒ Partisan), la querelle de qqn. || Épouser une grande cause (cit. 59). — Épouser son temps, son époque, s'y adapter.
11 (Mon maître) me fait ici épouser ses inquiétudes (…)
Molière, le Sicilien, 1.
12 (…) il épouse la passion et les haines de ceux pour qui il parle (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV, 49.
13 Il revêtait ses idées de mille nuances fines et n'épousait jamais une opinion qu'avec toutes sortes de réserves.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 394.
14 Naturellement les tribus épousent leurs querelles, en sorte que, sous cette apparence d'organisation féodale, réapparaît partout et toujours l'éternelle anarchie berbère.
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, p. 165.
♦ Figuré :
15 La sonnette de l'entracte avait l'air d'épouser la rage du docteur.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 226.
3 (1887). S'adapter exactement à (une forme, un mouvement). || Cette robe épouse les formes du corps. ⇒ Mouler. || Dossier qui épouse la cambrure des reins. || La route épouse les découpures de la côte. ⇒ Suivre. — (Abstrait). || Le récit épouse les méandres de cette affaire.
16 Épousant les formes de la falaise, tour à tour elle (la route) montait, puis, resserrée entre des bouquets d'arbres épais, elle s'enfonçait en gorges sauvages.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 210.
17 (…) comme il se tenait tout près d'elle, son pas, tout son corps pour ainsi dire, épousait le rythme de la jeune femme (…)
P.-J. Toulet, la Jeune Fille verte, p. 137.
18 J'aime les vieux villages provençaux qui épousent la pointe de leurs collines.
Colette, la Naissance du jour, p. 223.
19 (Elle) épousait les moindres ondulations de son cavalier, semblait n'avoir jamais dansé qu'avec lui.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 119.
20 La beauté de la langue (celle de Benjamin Constant dans Lettre sur Julie) épouse étroitement celle même de la pensée et l'on ne saurait mieux écrire.
Gide, Journal, août 1923.
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s'épouser v. pron.
21 On s'épouse de tout temps, on s'épousera toujours; on n'a que cette honnête ressource quand on aime.
Marivaux, le Legs, 2.
♦ Fig. S'unir. → Dévotieusement, cit. 1.
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épousé, ée p. p. subst.
♦ Vx. Personne qu'on prend, qu'on vient de prendre pour époux, épouse. — ☑ Loc. Vieilli. (Au fém.). Mener l'épousée à l'église. ⇒ Marié (la mariée). ☑ Être parée comme une épousée de village, avec excès et mauvais goût. ☑ Marcher comme une épousée, lentement et avec gravité, réserve.
22 Sur mes deux bras ils ont la main posée, Et m'ont mené ainsi qu'une épousée, Non pas ainsi, mais plus roide un petit (un peu plus rudement).
Clément Marot, Épître au Roi, XIII.
23 Son épousé la faisait dame (…)
La Fontaine, Contes, « Nicaise ».
24 Le duc de Gramont et sa vilaine épousée encoffrèrent leur belle et magnifique vaisselle (…)
Saint-Simon, Mémoires, t. III, XI.
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CONTR. Divorcer, répudier.
DÉR. Épousable, épouseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.