Akademik

démordre

démordre [ demɔrdr ] v. tr. ind. <conjug. : 41>
XIVe « cesser de mordre »; de dé- et mordre
♦ DÉMORDRE DE (surtout nég.) :renoncer à. ⇒ abandonner, renoncer. Il va bien finir par en démordre. Ne pas démordre de son avis. Il prit « la résolution de s'enfuir la nuit suivante, et rien ne put l'en faire démordre » (Rousseau). Il ne voulait pas en démordre. Il n'en démordra pas : il est très entêté (cf. Lâcher prise).

démordre verbe transitif indirect Ne pas démordre de son idée, ne pas en démordre, s'entêter, s'obstiner dans son opinion. ● démordre (difficultés) verbe transitif indirect Conjugaison Comme mordre. ● démordre (expressions) verbe transitif indirect Ne pas démordre de son idée, ne pas en démordre, s'entêter, s'obstiner dans son opinion. ● démordre (synonymes) verbe transitif indirect Ne pas démordre de son idée, ne pas en démordre
Synonymes :
- abdiquer
- renier
- se dédire de
- se départir de

démordre
v. tr. indir. Démordre de (s'emploie surtout négativement): se départir de, renoncer à. Il s'entête dans son erreur, et il n'en démordra pas.

⇒DÉMORDRE, verbe.
A.— Emploi intrans., rare, vieilli. Desserrer les dents après avoir mordu. Le chien prit le sanglier à l'oreille et ne démordit point (Ac. 1798-1932).
B.— Emploi trans., fam.
1. Emploi trans. indir. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé abstr.] Démordre de qqc. Renoncer à, abandonner :
1. Les créanciers, ils se rendaient compte que papa respectait l'honneur... ils démordaient plus d'une semelle... ils quittaient plus notre boutique... nous qu'avions déjà du mal à bouffer... si on avait payé les dettes on aurait crevé tout à fait...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 131.
Ne pas en démordre. S'entêter, s'obstiner dans son opinion. Mais nous avions affaire à un artiste qui nous traitait du haut de sa barbe et n'en démordait pas d'un poil (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 240).
Rem. En ce sens le verbe est le plus souvent construit avec une négation. ,,Cependant rien n'empêcherait de dire : il démordra de ses prétentions`` (LITTRÉ, repris par DUPRÉ 1972). Vous avez beau faire, vous ne l'en ferez pas démordre (Ac. 1798-1932).
2. Emploi abs. :
2. Il [Bertrand] criait comme un fou que même Belzébuth,
Ne l'empêcherait pas d'arriver à son but,
Et qu'il n'a pas l'air d'un que l'on fait démordre.
ROSTAND, La Princesse lointaine, 1895, p. 61.
Prononc. :[], (je) démords []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1559 « lâcher ce qu'on mord » (AMYOT, Sylla et Lysandre, 9 ds LITTRÉ); XVIe s. au fig. A bon escient n'en demords (Traité d'Alchimie, anonyme, éd. Méon, Rose, t. IV, p. 214, 229); 1580 démordre une opinion (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, II, XXXII, p. 811). Dér. de mordre; préf. dé-; 1223 a. fr. demordre « mordre » (GAUTIER DE COINCI, Les Miracles de N. D., éd. F. Kœnig, I Pr. 144), dér. de mordre avec de- intensif. Fréq. abs. littér. :109. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 362.

démordre [demɔʀdʀ] v. intr. et tr. ind.
ÉTYM. 1559; de 1. dé-, et mordre.
1 V. intr. (1559). Vx. Lâcher prise après avoir mordu.
1 Au lieu de démordre, elle (la belette) suce le sang de l'endroit entamé (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, « Du rat », in Hatzfeld.
REM. Le verbe s'est employé au fig. comme transitif (« lâcher »). Démordre une opinion (→ Opiniâtreté, cit. 1, Montaigne).
2 V. tr. ind.(1580). Mod. Démordre de (surtout nég.) : se départir (d'une ligne de conduite), renoncer à (une opinion). Abandonner, dédire (se), démarrer, désister (se), renoncer. || Ne pas démordre de son avis. || Vous ne l'en ferez pas démordre. || Ne pas vouloir en démordre. || Démordre de ses principes. Déroger (à). || Il n'en démordra pas : il est très entêté.
2 (…) je ne suis point homme à démordre jamais d'une partie de mes prétentions.
Molière, George Dandin, I, 4.
3 (…) homme capable de faire une sottise plutôt que de démordre de son sentiment.
A. R. Lesage, Gil Blas, XII, IV.
4 (…) toute mon éloquence fut inutile. Il baissa la tête sur son estomac, et, gardant un morne silence, quelque chose que je pusse faire et dire, il me fit juger qu'il n'en démordrait point.
A. R. Lesage, Gil Blas, X, XI.
5 (…) il prit sur-le-champ la résolution de s'enfuir la nuit suivante, et rien ne put l'en faire démordre (…)
Rousseau, les Confessions, III.
6 Eussiez-vous avancé par hasard la plus grande sottise du monde, n'en démordez pas pour un diable, et faites-vous plutôt assommer.
A. de Musset, Barberine, I, 4.
7 Un rôle qui vous est échu par hasard, et qu'on joue jusqu'à la mort, par vanité, pour qu'il ne soit pas dit qu'on vous en a fait démordre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, p. 31.
8 Aussi un homme qui a pour profession de rechercher la vérité dans les écritures ou dans les intestins, est-il en quelque sorte impitoyable. Les généraux, les juges peuvent venir avec leurs belles robes. Il leur parle de ce qu'il sait et vous pouvez être sûr qu'il ne démordra pas.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 650.
CONTR. Mordre. — Entêter (s').

Encyclopédie Universelle. 2012.