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émouvoir

émouvoir [ emuvwar ] v. tr. <conjug. : 27, sauf p. p. ému>
esmoveir 1080; lat. pop. °exmovere, du lat. class. emovere « mettre en mouvement »
1Vx ou littér. Mettre en mouvement. agiter, ébranler, mouvoir. « Aucun souffle n'émouvait le maigre platane » (F. Mauriac).
Vx ou littér. Agiter, troubler (les humeurs, les esprits). Des sensations « dont il semble que le corps seul soit ému » (Caillois). Pronom. « Plus d'une fois ma chair s'était émue » (Hugo).
2(XIIe émouvoir le cœur) Cour. Agiter (qqn) par une émotion plus ou moins vive. 3. affecter, bouleverser, émotionner, remuer, saisir, 1. toucher, troubler. « Pour émouvoir l'homme il faut bien quelque chose : désir, plaisir, ou besoin » (A. Gide). « Le docteur O'Grady peut risquer les pires blasphèmes sans émouvoir le général » (Maurois). Cette lettre, cette nouvelle m'a ému. Pronom. Sans s'émouvoir le moins du monde : sans s'inquiéter, sans se frapper. ⇒ s'alarmer, sourciller.
Spécialt Toucher en éveillant une sympathie profonde, un intérêt puissant. « Si l'auteur m'émeut, s'il m'intéresse » (Voltaire). Absolt « L'art émeut » (Hugo). Pronom. « Il s'émouvait au souvenir d'une phrase de Beethoven » (Romains).
⊗ CONTR. Calmer, 1. froid (laisser froid).

émouvoir verbe transitif (latin populaire exmovere, du latin classique emovere, remuer) Produire une forte impression sur la sensibilité, faire naître chez quelqu'un de l'émotion, du trouble : Émouvoir l'assistance.émouvoir (citations) verbe transitif (latin populaire exmovere, du latin classique emovere, remuer) William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 L'homme qui n'a pas de musique en soi et que n'émeut pas un concert de doux accords est capable de trahisons, de complots et de rapines. The man that hath no music in himself, Nor is not moved with concord of sweet sounds, Is fit for treasons, stratagems and spoils. Le Marchand de Venise, V, 1, Lorenzo émouvoir (difficultés) verbe transitif (latin populaire exmovere, du latin classique emovere, remuer) Conjugaison Émouvoir.1. Attention à l'indicatif imparfait (j'émouvais, tu émouvais, etc.), à l'indicatif futur (j'émouvrai, tu émouvras, etc.) et au conditionnel présent (j'émouvrais, tu émouvrais, etc.). Sens et registre 1. Émouvoir :agir sur la sensibilité de ; toucher, impressionner profondément et durablement. Registres courant et soutenu. 2. Émotionner :troubler, agiter par une émotion passagère. Registre familier. Recommandation Ce verbe, bien que correctement formé sur émotion, a fait l'objet de nombreuses critiques. Dans l'expression soignée, il est préférable de le remplacer par ses équivalents (bouleverser, émouvoir, impressionner, toucher, troubler), en fonction du contexte. ● émouvoir (homonymes) verbe transitif (latin populaire exmovere, du latin classique emovere, remuer)émouvoir (synonymes) verbe transitif (latin populaire exmovere, du latin classique emovere, remuer) Produire une forte impression sur la sensibilité, faire naître chez...
Synonymes :
- bouleverser
- ébranler
- impressionner
- remuer
- retourner
- secouer
- toucher
- troubler
Contraires :
- glacer
- refroidir

émouvoir
v. tr.
d1./d Susciter l'émotion de. émouvoir qqn aux larmes.
|| v. Pron. Une personne lente à s'émouvoir.
d2./d Susciter l'intérêt ou la sympathie de; troubler, inquiéter. Sa détresse nous a émus.
|| v. Pron. Les pouvoirs publics se sont émus de cette situation.

⇒ÉMOUVOIR, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Vieilli, domaine phys. Mouvoir, mettre en mouvement, bouger. Émouvoir une porte. Un léger souffle émouvait les peupliers; je les entendais frémir (MAURIAC, Journal occup., 1944, p. 333) :
1. ... une pierre, jetée dans un gouffre obscur rencontre une nappe souterraine. Elle y émeut un clapotis...
BOURGET, Némésis, 1918, p. 269.
B.— Au fig. Remuer, toucher, éveiller. Une chose manquait à l'art égyptien : la vie (...) Il était réservé à la Grèce de réveiller cette majestueuse momie, de l'assouplir, de l'émouvoir (Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 443) :
2. Arrivera-t-il jusqu'à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l'instant ancien que l'attraction d'un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi?
PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 46.
1. [En parlant d'une émotion qui s'extériorise le plus souvent avec violence] Agiter, bouleverser, ébranler (cf. émotion B 1). Être ému de colère, d'indignation. Ce geste, qui me bouleversa, ne parut point émouvoir extrêmement Rouletabille (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 105). Il ne livrait rien qui parût spontané. Pas moyen de l'émouvoir, de le faire rire, de l'irriter (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 197) :
3. Les émotions fondamentales (...) ont un pouvoir d'ébranler l'action, d'émouvoir l'être, qui ne consiste pas d'abord à le jeter hors de soi, mais à le tirer de l'inertie par une spontanéité toujours périlleuse pour la maîtrise de soi; ...
RICŒUR, Philosophie de la volonté, 1949, p. 237.
Emploi abs. Un affreux accident comme celui-là émeut, bouleverse, effare (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horrible, 1884, p. 240).
2. [En parlant d'une émotion plus diffuse, vécue au niveau des sensations] Attendrir, troubler. Émouvoir les sens; émouvoir les entrailles. Au printemps la campagne émeut la chair (MAUPASS., Contes et nouv., En voyage, 1883, p. 325). L'être que je pressens ne pouvoir émouvoir charnellement cesse aussitôt de m'émouvoir moi-même (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1241) :
4. ... cet ami dont un éclat d'obus a détruit le visage, qui a ainsi renoncé pour la vie à jamais émouvoir une femme, frustré d'un droit fondamental aussi bien qu'on en est frustré derrière les murs d'une prison...
SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, p. 334.
3. [En parlant d'une émotion vécue sur le mode affectif, sentimental] Plaire, toucher. Émouvoir le cœur de qqn, les juges; être ému de compassion, par le spectacle de la misère. Tout cela, qui vous émeut et vous charme et vous prend le cœur (MIRBEAU, Journal femme ch. 1900, p. 345). Cette merveilleuse découverte que je faisais : être capable d'intéresser, de plaire, d'émouvoir (MAURIAC Nœud vip., 1932 p. 46).
Emploi abs. Rien n'émeut comme une lettre de vous et je vous demande à genoux de me les prodiguer (STAËL Lettres L. de Narbonne, 1792 p. 19).
4. [En parlant d'une émotion vécue au niveau esthétique, spirituel] Émouvoir l'âme, l'esprit. Nous avons été charmés, émus, éblouis, touchés, transportés, heureux, en un mot (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 6). La musique [de Michel Hayden] module, émeut (GHÉON, Prom. Mozart, 1932, p. 93).
Emploi abs. Le désert est plus beau que tout. Lui seul émeut comme la mer (COLETTE, Pays connu, 1949, p. 145).
Expr. Émouvoir les frelons : Il ne faut pas émouvoir les frelons, pour dire il ne faut pas se faire d'ennemis, quelque petits qu'ils soient (J.-F. ROLLAND, Dict. mauv. lang., 1813, p. 57). Émouvoir les pierres. [P. allus. à Orphée, en parlant de qqn qui a le pouvoir de toucher ce qui est réputé insensible] L'illustre lyre antique émeut les pierres (Ch. GUÉRIN Cœur solit., 1904, p. 168). Fam. Être ému. Avoir bu, être gris. Percy Larousselle, déjà ému de divers spiritueux (MAURIAC, Préséance, 1921, p. 244).
Rem. On rencontre ds la docum. a) L'adj. émouvable. Qui s'émeut facilement, émotionnable. Je me sens devenir de jour en jour plus sensible et plus émouvable (FLAUB., Corresp., 1850, p. 237). b) Le subst. masc. émouveur. Agitateur. Que personne n'eût à recueillir ces conspirateurs et émouveurs du peuple (BARANTE, Hist. ducs de Bourg., t. 3, 1821-14, p. 112).
II.— Emploi pronom. réfl.
A.— Vieilli
1. Domaine phys. Se mettre en mouvement, bouger, s'agiter, se soulever. La mer s'émeut, le plancher qui s'émeut. Tout à coup voilà que la terre s'émeut; les tombes s'ouvrent, les morts se lèvent (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p. 234). Il n'y a point d'écorce si rude qui ne s'émeuve, point de brin d'herbe si fragile qui ne frémisse (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 31) :
5. ... le feuillage noir à son tour s'émeut; il ondule; il monte; il se tord comme la flamme qui danse; ...
HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 91.
2. [En parlant de querelles, de conflits de pers.] Être soulevé, s'élever, naître. Il va s'émouvoir entre M. de Florac et Cavalier une haine qui engendre la guerre des Cévennes (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1836-48, p. 288). Une grande discussion s'est émue à ce sujet entre les érudits (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 3, 1863-69, p. 379).
3. [En parlant d'un groupe de pers.] Se mettre en branle, réagir, passer à l'action, au travail. Le parlement s'émeut. Le scandale fut tel, que le parquet s'émut et saisit son livre (ZOLA, Doc. littér., Les Poëtes contemp., 1881, p. 147). L'opinion s'émeut et demande des comptes à nos simili-potentats, qui s'effarent (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 70).
B.— 1. Se troubler. S'émouvoir de frayeur. Tout s'agite, tout s'ébranle, tout s'émeut en elle; elle vit trois fois plus qu'auparavant (BALZAC, Physiol. mar., 1826, p. 101). Celle-ci [Mme de Staël] sait peu plaisanter, elle s'émeut trop vite (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t. 1, 1860, p. 186).
Expr. S'émouvoir à propos de tout et de rien. À la forme négative. Sans s'émouvoir de rien.
2. S'attendrir, s'émerveiller. S'émouvoir à la vue, à la beauté de qqn, de qqc. Un merveilleux ami vivant, qui souffre de nos peines, s'émeut de nos joies (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1051). Quand il naît par mutation dans les jardins une rose nouvelle, voilà tous les jardiniers qui s'émeuvent (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 260).
SYNT. S'émouvoir de qqc., à qqc.; s'émouvoir à la pensée de qqc., de qqn; s'émouvoir d'admiration, de compassion, de pitié.
S'émouvoir sur qqc. Se pencher avec émotion sur quelque chose. Je m'émus sur mon enfance, sur ma vie, sur ma mort (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 264). S'émouvoir en faveur de qqn. Parler pour lui, faire quelque chose pour lui. Une chance insigne dut s'émouvoir en ma faveur, afin que je puisse dire en rentrant, à votre Assemblée, non pas « j'arrive » mais bien « je reviens » (COLETTE, Belles saisons, Discours de réception, 1936, p. 214).
Prononc. et Orth. :[], (j') [emø]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. cf. mouvoir mais le part. passé ému ne porte pas d'accent circonflexe. Comparer avec mû. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « mettre en mouvement » (Roland, éd. J. Bédier, 2813 : Li amirals, ki trestuz les esmut); 2. a) ca 1170 « troubler, porter à certains sentiments » (Rois, éd. E.-R. Curtius, III, 3, 26, p. 118); b) 1834 adj. émouvant (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, p. 122). Du lat. pop. exmovere, lat. class. emovere « remuer, ébranler » au propre et au fig., formé de ex et movere « mouvoir, remuer ». Fréq. abs. littér. :1 847. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 157, b) 2 071; XXe s. : a) 3 512, b) 2 790. Bbg. DUCHÁCEK (O.). L'Interdépendance et l'interaction du contenu et de l'expr. Orbis. 1972, t. 21, p. 476. — THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, p. 259.

émouvoir [emuvwaʀ] v. tr. [CONJUG. mouvoir, mais le p. p. ému ne prend pas l'accent circonflexe.]
ÉTYM. XVIe; 1080, esmoveir; esmouvoir, XIIIe; du lat. pop. exmovere, du lat. class. emovere « mettre en mouvement », de ex-, et movere. → Mouvoir.
A
1 Vx. ou littér. Mettre en mouvement. || Émouvoir une porte, l'ébranler. Agiter, ébranler, mouvoir (→ Durée, cit. 5).
1 Six chevaux attelés à ce fardeau pesant
Ont peine à l'émouvoir sur le pavé glissant.
Boileau, Satires, VI.
2 J'erre; un vent tiède émeut les bois (…)
Hugo, la Légende des siècles, XXXIX, « L'amour ».
3 Aucun souffle n'émouvait le maigre platane.
F. Mauriac, la Pharisienne, I, p. 10.
4 Trois ou quatre images, s'ébranlant l'une l'autre, comme le pendule émeut le pendule synchrone (…)
Montherlant, la Relève du matin, VII, p. 118.
2 (1196). Vx. Faire naître, susciter (une querelle, un débat). Provoquer, soulever.Émouvoir une question, la soulever.
3 (XIIIe). Vieilli. Faire sortir du calme (une collectivité); pousser au soulèvement. Exciter. || Ces bruits de guerre ont ému les esprits.
5 M. de Beaufort ne savait pas que qui assemble le peuple l'émeut toujours.
Retz, Mémoires, IV, 169.
4 (1673). Vieilli. Agiter, troubler (en parlant des fonctions organiques d'un individu). Déranger, dérégler, ébranler; sang (tourner le sang). || Émouvoir les humeurs. || Émouvoir le pouls. || Émouvoir la bile, la colère de quelqu'un.
6 Et je vais lui dicter une lettre d'un style
Qui de madame Argante émouvra bien la bile.
J.-F. Regnard, le Légataire universel, II, 6.
7 — Un coup d'épée dans le cœur, ajouta-t-elle, m'aurait moins ému le sang.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, I, p. 47.
B
1 (Fin XIIe, émouvoir le cœur). Cour. Agiter par une émotion, ébranler les fonctions psychiques ou les sensations de (qqn). Affecter, émotionner, troubler; alarmer, apitoyer, attendrir, atteindre, attrister, blesser, bouleverser, consterner, déchirer, empoigner, enflammer, exciter, fléchir, froisser, impressionner, inquiéter, intéresser, piquer (au vif), remuer, retourner, révolutionner, saisir, suffoquer, surexciter, toucher, troubler, vibrer (faire); cœur (aller au cœur; allumer le cœur; parler au cœur, trouver le chemin du cœur). || Émouvoir le cœur, l'âme, la sensibilité de qqn (→ Commun, cit. 21).Spécialt. Éveiller l'érotisme, la sensibilité amoureuse de. || Émouvoir les sens. || Émouvoir charnellement quelqu'un.
8 Ces yeux que n'ont émus ni soupirs ni terreur (…)
Racine, Britannicus, V, 1.
9 Combien peu de chose il faut pour émouvoir le cœur d'un homme, d'un homme vieillissant, chez qui le souvenir se fait regret (…)
Maupassant, Fort comme la mort, p. 128.
2 Toucher en éveillant une sympathie profonde, un intérêt puissant. || Émouvoir qqn (→ Ardeur, cit. 21; chagriner, cit. 1). || Émouvoir la femme que l'on aime (→ Croire, cit. 44). || Écrivain qui réussit à émouvoir ses lecteurs. || Rien ne peut l'émouvoir. || Facile à émouvoir. Émotif (→ 1. Aimant, cit. 1).
10 Mademoiselle Ida représente le calme. Elle a, du reste, si peu à faire pour émouvoir une salle ! Il lui suffit presque de la regarder; sa beauté est le plus grand moyen d'action à la scène comme à la ville.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Ida Ferrier, p. 406.
11 Les anciens vers que vous m'envoyez m'ont tellement ému que j'en ai pleuré comme un veau.
Flaubert, Correspondance, IV, p. 343.
12 Car enfin, pour émouvoir l'homme, il faut bien quelque chose : désir, ou plaisir, ou besoin.
Gide, Journal, 25 févr. 1943.
13 Il ne faut jamais avoir peur de la banalité d'un sujet s'il vous émeut réellement.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXII, p. 146.
Loc. Émouvoir les pierres, en parlant d'une personne capable de toucher ce qui est réputé insensible. || Récit à émouvoir les pierres. || Il serait capable d'émouvoir un caillou.
Émouvoir de (suivi d'un complément désignant un sentiment) : porter à un sentiment. || Cette injustice l'avait ému d'indignation. || Le spectacle l'émut de compassion.
Absolt. || L'art d'émouvoir (→ Briser, cit. 14; civilisateur, cit. 1). || Ce livre émeut agréablement (→ Charmer, cit. 8). || On n'émeut pas sans être ému.
14 Au lieu d'une horreur sérieuse et profonde, il (Lamartine) n'a produit par ses descriptions (de la Révolution), comme dans un roman, qu'un genre d'impression presque nerveuse (…) Je ne dirai pas que cet ouvrage des Girondins émeut, mais il émotionne : mauvais mot, mauvaise chose.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 4 août 1851, t. IV, p. 392.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
s'émouvoir v. pron.
1 Vx. Être agité, se mettre en mouvement; accélérer le mouvement.
15 Puis, obéissant à la mesure qui devient plus vive, elle (la danseuse) s'émeut, son pas s'anime, son geste s'enhardit.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, I, p. 33.
16 La mer s'émeut. Je l'entends qui gronde au large, sous une nuit sans lune, sans étoiles, écrasée de nuages, et rendue plus épaisse encore par les flots de la pluie.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 104.
2 Vx. (Choses). Être soulevé, naître. Élever (s').
17 Entre deux bourgeois d'une ville
S'émut jadis un différend.
La Fontaine, Fables, VIII, 19.
3 Vieilli ou littér. Sortir de son calme; être poussé à la révolte. Agiter (s'), insurger (s').
18 À ce spectacle, le peuple s'émut : les statues de l'empereur furent renversées en divers endroits (…)
Bossuet, Disc. sur l'hist. universelle, I, 11.
4 Vx. Se troubler, se dérégler (en parlant des fonctions organiques). || Sa bile s'est émue.
5 Mod. Se troubler (le sujet désigne les sentiments, l'équilibre psycho-physiologique); être ému. || Les sentiments s'émeuvent. || Sa colère, sa rage, son désir (→ Chair, cit. 54) s'émeut.
19 Sans doute à cet objet sa rage s'est émue.
Racine, Andromaque, V, 5.
20 (…) que de sentiments s'émouvaient en lui !
Paul Bourget, Un divorce, X, p. 364.
Vx. || S'émouvoir contre… Emporter (s'), exciter (s'), irriter (s').
Absolt :
21 — Le Comte. Jeune présomptueux !
— D. Rodrigue. Parle sans t'émouvoir.
Corneille, le Cid, II, 2.
S'émouvoir de (qqch.). Alarmer (s'), frapper (se), inquiéter (s'). || Il ne s'en émeut pas le moins du monde.
22 Tout ce qui concernait la sûreté civile gardait à ses yeux trop peu de mystère pour qu'il ne lui parût pas légèrement naïf de s'en émouvoir.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XIX, p. 205.
S'émouvoir à l'idée, au souvenir, à la pensée de, à la vue de… || S'émouvoir à propos de tout et de rien. || Ne s'émouvoir de rien.
23 Bien des cœurs s'émouvaient, en France, en Europe, à cette image tragique du royal Ecce homo, montré sous le bonnet rouge, ferme pourtant sous les outrages, disant : « Je suis votre roi ».
Michelet, Hist. de la révolution franç., I, p. 923.
24 Il s'émouvait au souvenir d'une phrase de Beethoven ou d'un vitrail de Notre-Dame.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXV, p. 240.
S'émouvoir sur qqch. : considérer quelque chose avec émotion. || Il s'émeut sur son enfance.S'émouvoir en faveur de qqn, parler, faire qqch. pour lui.Absolt. || Il s'émeut facilement. Exalter (s')…
25 Au lieu de ces sages réflexions, l'âme de Julien, exaltée par ces sons si mâles et si pleins, errait dans les espaces imaginaires. Jamais il ne fera ni un bon prêtre, ni un grand administrateur. Les âmes qui s'émeuvent ainsi sont bonnes tout au plus à produire un artiste.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXVIII.
——————
ému, ue p. p. et adj.
1 Vx ou littér. Mis en mouvement, agité.
26 (…) nos mers sont tout émues; il n'y a que votre Méditerranée qui soit tranquille.
Mme de Sévigné, Lettres, 1128, 26 janv. 1689.
27 (…) tu vois au moins que tout est ému et dérangé de sa place (…)
Claudel, l'Annonce faite à Marie, I, 1.
2 Vx. Troublé, agité (en parlant d'un peuple, d'une foule).
28 Tout est calme, Seigneur : un moment de ma vue
A soudain apaisé la populace émue.
Corneille, Nicomède, V, 9.
3 Vx. Dérangé, déréglé (en parlant des fonctions organiques).
29 Quelquefois on se représente si vivement un accident ou une maladie (…) que la machine en est tout émue, et qu'on a peine à l'apaiser.
Mme de Sévigné, Lettres, 941, 15 nov. 1684.
4 Mod. Touché par une émotion, une passion. || Être, paraître ému (→ Altéré, cit. 12). || Il se sentait ému : était-ce la joie, la tristesse, l'inquiétude (→ Anxieux, cit. 2), la compassion (cit. 1) ? || Âme émue, cœur ému (→ Allumer, cit. 20). || Il était plus ému qu'il n'en avait l'air. || Je n'étais pas seulement ému, j'étais bouleversé.Qui manifeste une émotion. || Parler d'une voix émue. || Regrets, remerciements émus. || Garder de qqch. (de qqn) un souvenir ému.
30 Quoique très ému lui-même, il affecta jusqu'au dernier moment la plus grande gaieté. Jusqu'au dernier moment aussi il me montra la générosité de son âme et l'ardeur admirable qu'il mettait à m'aimer (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, IX, p. 291.
31 Un moment Robespierre parut ému, presque troublé (…)
Jaurès, Hist. socialiste…, VI, p. 226.
Loc. Cuisse de nymphe émue, d'une couleur rose tendre.
Allus. plais. || « Je suis ému… Vive zému ! »… (parodie des allocutions ridicules).
CONTR. Apaiser, calmer, glacer, refroidir; laisser (laisser froid, indifférent; cf. aussi Ne faire ni chaud, ni froid); calme, froid, imperturbable, indifférent, insensible.
DÉR. Émouvant.

Encyclopédie Universelle. 2012.