écaille [ ekaj ] n. f.
1 ♦ Chacune des petites plaques juxtaposées ou imbriquées qui recouvrent la peau de certains poissons, de certains reptiles et les pattes de certains oiseaux (⇒ squamé, squamifère). Écailles des poissons, des reptiles. ⇒ squame. Écailles doublées de plaques osseuses des crocodiles, des tortues, des tatous (⇒ carapace) . « Cet être brillant [le poisson], glissant, dans ses écailles d'argent » (Michelet).
♢ Chacune des plaquettes microscopiques dont est faite la poussière des ailes des papillons. ⇒ lépido-.
♢ (1762) Bot. Chacune des petites lames coriaces imbriquées enveloppant certains organes (bourgeons, bulbes) de végétaux. Écailles des bourgeons, du bulbe des lis, des cônes du sapin.
♢ (1606; par anal.) Chacune des lamelles métalliques dont se composaient certaines armures.
♢ Motif ornemental en forme d'écaille de poisson. Chapiteau à écailles.
2 ♦ Parcelle se détachant d'une chose qui s'exfolie, se desquame. « Le crépi, tombé par écailles comme les squames d'une peau malade » (Gautier). ⇒ écaillure. — Littér. (par allus. à saint Paul recouvrant la vue) Les écailles lui sont tombées des yeux : ses yeux se sont dessillés, il s'est rendu compte de son erreur.
3 ♦ Vx Chacune des valves d'un mollusque bivalve. ⇒ coquille. Écailles de moules, d'huîtres. ⇒ 2. écailler.
4 ♦ De l'écaille : matière qui recouvre la carapace des grandes tortues de mer (tortue franche, caret), utilisée dans la tabletterie et la confection d'objets divers. « un peigne en écaille blonde d'une transparence rare » (Loti). Lunettes à monture d'écaille. Par ext. Résine synthétique imitant cette matière. ⇒ bakélite. — Reliure Veau écaille : veau traité de manière à avoir l'aspect de l'écaille.
♢ Couleur noire mêlée de roux, chez les animaux. Chat écaille et blanc.
● écaille nom féminin (francique skalja) Chacune des pièces externes, dures et plates dont l'assemblage protège un animal, un organe végétal, etc. Matière première provenant de la carapace de certaines tortues (notamment le caret), utilisée en tabletterie, en marqueterie, etc. : Peigne en écaille. Parcelle d'une chose qui se détache en petites plaques : Des écailles de peinture sèche. Armement Chacune des petites lames de métal, imitant des écailles de poisson, dont se composaient certaines armures. Bâtiment Élément de couverture, ardoise, bardeau ou tuile, dont le recouvrement est arrondi ou en dent de scie. Géologie Unité tectonique chevauchante en forme de coin ou de lame et faiblement déplacée par rapport à un ensemble autochtone ou allochtone. Zoologie Chacune des deux valves d'un mollusque bivalve (écaille de moule, d'huître, etc.). ● écaille (citations) nom féminin (francique skalja) Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge, Les écailles pour les plaideurs. Fables, le Frelon et les Mouches ● écaille (difficultés) nom féminin (francique skalja) Emploi Écaille d'huître / coquille d'huître → coquille ● écaille (expressions) nom féminin (francique skalja) Littéraire. Les écailles lui sont tombées des yeux, il s'est enfin aperçu de son erreur. Écaille de l'occipital, partie de l'occipital en arrière du trou occipital. Écaille du temporal, portion écailleuse de cet os. Paraffine écaille, paraffine incomplètement déshuilée provenant d'un gatsch. ● écaille nom féminin (de écaille) Beau papillon nocturne aux ailes jaunes, rouges et noires, aux chenilles velues et très colorées, les unes du genre callimorpha, les autres du genre arctia. (L'espèce la plus connue est l'écaille chinée.) ● écaille (expressions) nom féminin (de écaille) Écaille martre, papillon du genre arctia dont la chenille, usuellement nommée oursonne à cause de ses longs poils, est nuisible à la vigne.
écaille
n. f.
d1./d Chacune des plaques minces, imbriquées ou non, recouvrant tout ou partie du corps de certains animaux.
d2./d Matière cornée tirée de la carapace de certaines tortues de mer et utilisée dans la marqueterie et la confection d'objets de luxe (peignes, bracelets, etc.).
d3./d Petite plaque, fine lamelle qui se détache d'une surface qui s'effrite. Des écailles de peinture.
— Fig. Les écailles lui sont tombées des yeux: la vérité lui est enfin apparue.
d4./d BOT Nom de divers organes protecteurs coriaces. Les écailles d'un bourgeon. écailles d'un lis: feuilles gorgées de réserves qui constituent le bulbe.
d5./d ANAT Partie de l'os temporal.
⇒ÉCAILLE, subst. fém.
A.— Gén. au plur. [L'écaille est considérée comme faisant partie d'un ensemble]
1. Domaine des sc. nat.
a) Chacune des petites lames minces et plates, juxtaposées ou imbriquées, qui recouvrent, tout ou partie, la peau de certains poissons ou reptiles et de quelques oiseaux ou mammifères. Écailles de poisson, de serpent; couvert, revêtu d'écailles; écailles rondes, transparentes. Des écailles de sardine dans un panier vide (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 30). Une peau de vipère, c'est rugueux, sec d'écailles, privé de la viscosité défensive de l'anguille (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 8) :
• Une nuit qu'il faisait très chaud et qu'il lunait doucement, j'entraînai, sans le vouloir, Geneviève à la source. Elle ne parut pas tout d'abord s'émouvoir de ce voisinage; et déjà elle me montrait avec ravissement les écailles luisantes des carpes qui passaient dans l'eau illuminée de lune.
BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 47.
— P. métaph. Staline devait dévorer Trotsky. Le vrai requin, le requin authentique a eu raison de celui qui gardait quelque chose d'humain sous ses écailles (MAURIAC, Mém. intér., 1959, p. 137).
b) Spécialement
— BOT. Chacun des organes appendiculaires coriaces et imbriqués formant ou protégeant une partie d'un végétal. Les bulbes du lis, les cônes du sapin sont formés d'écailles; les boutons du marronnier d'Inde, la tige de l'orobanche sont garnis d'écailles (Ac. 1835-1932). Les écailles (...) accompagnent les boutons des arbres (...) et leur servent de couverture (BAUDRILLART, Nouv. manuel forest., t. 1, 1808, p. 45).
— ENTOMOL. Petite plaquette fixée dans le tégument des ailes des lépidoptères par une pointe très fine et qui produit un effet de poussière brillante. Des écailles de papillon (J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 91).
2. [P. anal. de forme]
a) Élément qui fait saillie. Sur chacun des murs droits, taillés à coups de pic, grossièrement rabotés, les entailles laissées par le pic se hérissent en écailles éblouissantes (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1581).
— Spécialement
♦ Domaine de la décoration. Motif ornemental en forme d'écaille de poisson, utilisé en architecture, en broderie, en tapisserie. Les quatre tours aux angles [du château] avaient des toits pointus recouverts d'écailles de plomb (FLAUB., Trois contes, St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 77).
♦ Domaine militaire. Chacune des lamelles de métal qui recouvre ou forme une armure. Un croisé vêtu de ses écailles (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 252).
b) Petite parcelle qui se détache d'une surface qui s'exfolie. S'en aller en écailles, se détacher par écailles. (Quasi)-synon. croûte, plaque. Le cœur lui battit avec force [à Granville] quand son père (...) frappa rudement à une porte cochère dont la peinture verte tombait par écailles (BALZAC, Double fam., 1830, p. 64).
— En partic. Éclat qui se détache d'un bloc de pierre que l'on travaille. Le piqueur procède (...) en abattant de petits fragments suivant deux lignes verticales rapprochées, en faisant éclater leur intervalle par écailles (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 286). [On] vit Michel-Ange, à soixante ans, abattre en un quart d'heure plus d'écailles d'un marbre très dur que n'eussent fait trois jeunes tailleurs (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 181).
— MÉD. Plaque croûteuse qui se forme sur la peau, dans certaines maladies. Quand il vit (...) un homme dont le visage livide et comme muet était couvert d'écailles, il reconnut un lépreux (FRANCE, Puits ste Claire, 1895, p. 155).
♦ [P. allus. aux écailles qui tombèrent des yeux de St Paul quand il recouvra la vue (Actes des apôtres 9, 18)] Il [Paul] se crut guéri (...) De petites croûtes ou écailles tombèrent, dit-on, de ses yeux (RENAN, Apôtres, 1866, p. 185). Au fig. Les écailles lui sont tombées des yeux. Il s'est rendu compte de son erreur, il découvre la vérité (cf. Ac. 1835-1932). Quelle révélation! Les écailles me sont tombées des yeux. Tout cela est aveuglant (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1185).
B.— Gén. au plur. [L'écaille est un demi-ensemble] Chacune des deux valves d'un mollusque bivalve, formée d'une enveloppe dure et calcaire. Écailles de moule. Des bancs d'écailles d'huîtres larges comme des écuelles, que l'on appellerait portugaises (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 187).
— P. métaph. L'abbé insistait, rabaissant l'écaille des paupières sur ses yeux trop expressifs (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 10).
— Au fig., vx et fam. [P. allus. à la fable de La Fontaine, L'Huître et les plaideurs] Manger l'huître et laisser les écailles. Se réserver la meilleure part d'une affaire.
Rem. Attesté notamment ds LITTRÉ, ROB. et Lar. Lang. fr.
— P. anal. Enveloppe recouvrant la coque d'une noix. Les portes des forteresses seront plus vite brisées que des écailles de noix (FLAUB., Trois contes, Hérodias, 1877, p. 172).
C.— Gén. au sing. [L'écaille est considérée comme un ensemble] Plaque cornée qui constitue la carapace des tortues marines. Il y adhérait en quelque sorte comme la tortue en son écaille. La rugueuse cathédrale était sa carapace (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 92).
— P. méton. Fragment de cette carapace utilisé dans la confection de certains objets. Lunettes, monture, peigne, tabatière d'/en écaille; incrusté d'écaille, monté en écaille; fausse écaille. Ce lorgnon d'écaille que je me souviens d'avoir trouvé sur son bureau (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 814). C'était un manteau en léger lainage bouclé, drapé sur les hanches et avec un gros anneau d'écaille à la ceinture (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 402).
— P. anal., RELIURE. Veau écaille. ,,Veau utilisé en reliure dont la surface a été veinée de taches rouges et rendue brillante par l'application d'un produit approprié`` (BRUN 1968).
Prononc. et Orth. :[ekaj]. Également []. PASSY 1914 propose []. Voir aussi KAMM. 1964, p. 91 : ,,a fermé et plutôt bref``. FÉR. Crit. t. 2 1787 écrit écâille. Enq. :/ekaj/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1200 escailhes de dragon (Dialogues Grégoire, 251, 15 ds T.-L.); ca 1256 poissons a escailles (A. DE SIENNE, Régime du corps, 77, 23, ibid.); b) 1762 bot. « lame en forme d'écaille de poisson enveloppant certains organes de végétaux » (Ac., s.v. écaillé); 2. a) 1230 « armure » (Gaydon, 183 ds T.-L.) — 1606, NICOT; b) 1606 « chacune des lamelles de métal recouvrant certaines armures » (ibid.); 3. ca 1270 « lamelle de peau se détachant dans certaines maladies cutanées » (HUON DE CAMBRAI, St Quentin, éd. A. Långfors et W. Söderhjelm, 1271), attest. isolée; de nouveau 1530 (LEFÈVRE D'ETAPLES, Bible, Job ds GDF. Compl.); 4. 1611 « parcelle qui se détache d'une surface qui s'exfolie » (COTGR.); 5. 1676 « motif décoratif en forme d'écaille de poisson » (FÉLIBIEN, p. 39); 6. 1716 « poussière qui recouvre les ailes des papillons » (Réaumur ds BRUNOT t. 6, 1, p. 575, note 2). B. 1. a) 1416 « matière qu'on tire de la carapace des tortues » (Inv. du duc de Berry ds GAY), attest. isolée; de nouveau 1615 (Inventaire du château de Turenne ds HAVARD); b) 1539 « carapace de tortue » (EST.); 2. 1474 « valve de coquillage » (Inventaire de la Comtesse de Montpensier, éd. A.-M. de Boislisle, p. 14). De l'a. b. frq. skalja, dont le type est répandu dans tous les parlers germ. : got. skalja (FEIST), ags. sciel « écaille » (ODEE, s.v. shell), angl. shell « coquillage », m. néerl. schelle « écaille »; coquillage; carapace (de tortue) (VERDAM), néerl. schil, m. b. all. schelle « écale; coquille, coquillage; écaille » (LASCH-BORCHL.). En a. fr., la distinction des représentants de skalja et de skala (v. écale) est difficile à établir, en raison notamment de l'ambiguïté des graphies -ail- et -all-. Fréq. abs. littér. :701. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 275, b) 1 151; XXe s. : a) 742, b) 829.
DÉR. Écaillure, subst. fém. a) Ensemble des écailles recouvrant, tout ou partie, un animal. Le type de l'écaillure est en rapport avec le genre de vie de l'oiseau (PERRIER, Zool., t. 4, 1932, p. 2966). b) P. anal. Petite plaque mince et légère qui se détache d'une surface. Leur charpente se montrait sous les écaillures du plâtre (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 169). — [] ou []. — 1res attest. 1. a) 1539 escaillures « fragments d'un objet qui se détachent en écailles » (EST.) — 1611, COTGR.; b) 1823 « partie écaillée d'une surface » (BOISTE); 2. 1605 escailleure « ensemble des écailles » (DU PINET, Dioscoride, II, 60 ds GDF.), attest. isolée; de nouv. 1870 (Lar. 19e); de écaille, suff. -ure. — Fréq. abs. littér. : 6.
BBG. — ARICKX (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, n° 3, p. 126. — BRUNEAU (Ch.). Romania. 1927, t. 53, p. 243. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 126. — POHL (J.). La Maison ds les fr. marginaux. — RIGAUD (A.). La Vraie cour des Miracles, Vie Lang. 1969, p. 336. — STAES (D.). Le Lang. de la manutention, Vie Lang. 1972, p. 468. — WALT 1885, p. 66.
écaille [ekaj] n. f.
ÉTYM. V. 1200, escailhe; du francique skalja; cf. all. Schale, angl. shell.
❖
1 (V. 1256). Chacune des petites plaques juxtaposées ou imbriquées qui recouvrent la peau de certains poissons, de certains reptiles et les pattes de certains oiseaux. || Animal au tégument d'écailles. ⇒ Squamifère. || Dragons, monstres mythologiques au corps hérissé d'écailles (→ Cactus, cit. 1). || Poisson aux écailles chatoyantes, irisées. || Écailles gluantes (→ Poisson, cit. 10). || Les luisances aquatiques des écailles (→ Pagel, cit.). || Perles fausses (dites : essence d'orient) faites avec des écailles d'ablette. || En forme d'écailles. ⇒ Squameux, squamiforme. — Fourreau papelonné (cit. 1) d'écailles bleues.
1 Voici celles des bêtes qui naissent dans les eaux, dont il vous est permis de manger : Vous mangerez de tout ce qui a des nageoires et des écailles, tant dans la mer que dans les rivières et dans les étangs.
Bible (Sacy), Lévitique, XI, 9.
2 Tout son corps est couvert d'écailles jaunissantes.
Racine, Phèdre, V, 6.
3 On entendait mugir le semoun meurtrier,
Et sur les cailloux blancs les écailles crier
Sous le ventre des crocodiles.
Hugo, les Orientales, I, 4.
4 De sa splendide écaille éteignant les émaux,
Un grand poisson navigue à travers les rameaux.
Dans l'ombre transparente indolemment il rôde;
Et, brusquement, d'un coup de sa nageoire en feu
Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu,
Courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude.
J. M. de Heredia, les Trophées, « Le récif de corail ».
♦ (1716). Zool. Chacune des plaquettes microscopiques dont est faite la poussière (3.) des ailes des lépidoptères.
5 Dès 1716, Réaumur discutera pour savoir si on doit nommer plumes ou écailles les grains de cette fine poussière qui recouvre l'aile des papillons; il reviendra sur cette question en 1734 (…)
F. Brunot, Hist. de la langue franç., t. VI, I, II, p. 575.
♦ (1762). Bot. Chacune des petites lames coriaces imbriquées enveloppant certains organes (bourgeons, bulbes) de végétaux. || Les écailles d'un bourgeon, d'un bulbe de lis, des cônes du sapin.
♦ (1606). Par anal. Chacune des lamelles métalliques dont se composaient certaines armures (→ Papelonné, cit. 2). ⇒ Cataphracte.
5.1 Il (Goliath) avait en tête un casque d'airain; il était revêtu d'une cuirasse à écailles, qui pesait environ cinq mille sicles d'airain.
Bible (Sacy), Rois, I, XVII, 5.
♦ (1676). Arts. Motif ornemental en forme d'écaille de poisson (en architecture, broderie, tapisserie…).
2 Parcelle se détachant d'une chose qui s'exfolie, se desquame. ⇒ Exfoliation. || Écailles du pain (⇒ Croûte), du mica (⇒ Lamelle), du fer surchauffé, du bronze qu'on met en œuvre, du marbre qu'on travaille. || Mur dont le crépi, tableau dont le vernis se détache par écailles. || Peinture qui s'en va en écailles. ⇒ Écaillage. — Peau tombant par écailles. ⇒ Desquamer (se); plaque, squame; et aussi pellicule.
6 (…) Jésus-Christ fit tomber en un instant des yeux de Saül converti cette espèce d'écaille dont ils étaient couverts.
Bossuet, Oraison funèbre d'Anne de Gonzague.
7 Entre ces fenêtres, le crépi, tombé par écailles comme les squames d'une peau malade, mettait à nu des briques disjointes, des moellons effrités aux pernicieuses influences de la lune (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, I, p. 2.
♦ Fig. Par allus. à saint Paul recouvrant la vue : || « Il lui tomba des yeux comme des écailles » (Actes des apôtres, IX, 18). → ci-dessus, cit. 6. ☑ Les écailles lui sont tombées des yeux : ses yeux se sont dessillés, il s'est rendu compte de son erreur. ⇒ Dessiller (→ Aveuglement, cit. 15; bévue, cit. 2).
8 Les écailles tombèrent des yeux de Fabrice; il comprit pour la première fois qu'il avait tort dans tout ce qui lui arrivait depuis deux mois.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, t. II, p. 75.
9 Quelle révélation ! Les écailles me sont tombées des yeux. Tout cela est aveuglant.
Montherlant, Pitié pour les femmes, Pl., p. 1185, in T. L. F.
3 (1474). Vx. Chacune des deux valves d'un mollusque bivalve. ⇒ Coquille. || Écailles de moules, d'huîtres. ⇒ 1. Écailler, 2. écailler (→ Approcher, cit. 24).
10 Et des milliers de petites flaques d'eau, laissées par le flot de la veille, reflétaient le jour naissant, brillaient sur l'étendue molle comme des écailles de nacre.
Loti, Ramuntcho, I, II, p. 26.
♦ Fig. || Manger l'huître et laisser les écailles : prendre tout le profit d'une affaire.
11 On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge,
Les écailles pour les plaideurs.
La Fontaine, Fables, I, 21.
12 Un tiers sans droit mangea l'huître et laissa les écailles aux prétendants.
B (1539). [L'écaille]. Matière qui constitue la carapace des grandes tortues de mer (tortue franche, caret), utilisée dans la tabletterie et la confection d'objets divers. → Lunettes, cit. 3.1. || L'écaille ressemble à la corne. || Peigne, monture d'éventail, lunettes en écaille. || Meuble Boulle incrusté de burgaudine et d'écaille. || Pièces de tabletterie en écaille. || Lunettes à monture d'écaille. || Écaille noire, rouge foncé, brune, blonde (→ Cristal, cit. 4), jaspée ou tigrée de jaune; écaille claire (→ Caler, cit. 4), transparente, luisante, polie. — Par ext. Résine synthétique imitant cette matière. ⇒ Bakélite.
13 Madame Prune, un jour, était allée nous chercher une relique de sa galante jeunesse, un peigne en écaille blonde d'une transparence rare (…)
Loti, Mme Chrysanthème, XLIV, p. 222.
14 Des taches de soleil tremblaient sur sa chair, faisaient briller ses dents, et donnaient, par place, à ses cheveux, des transparences d'écaille blonde.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 75.
❖
DÉR. Écaillé, 1. écailler, 2. écailler, écailleux.
HOM. Formes du v. 1. écailler.
Encyclopédie Universelle. 2012.