docteur [ dɔktɶr ] n. m.
• 1160; lat. doctor « celui qui enseigne »
I ♦ (Souvent avec un compl., pour distinguer du sens II)
1 ♦ Hist. relig. Les docteurs de la loi, qui interprétaient et enseignaient la loi juive. ⇒ rabbin. — Les docteurs de l'Église : les théologiens qui ont enseigné les dogmes du christianisme, et spécialt les Pères. Saint Ambroise, saint Augustin, docteurs de l'Église latine. Le docteur séraphique.
2 ♦ Vx Homme docte. ⇒ érudit, savant. — Péj. « Que m'importent les controverses, et les arguties des docteurs ? » (A. Gide).
3 ♦ Personne promue au plus haut grade universitaire d'une faculté. ⇒ doctorat. Docteur d'État, de troisième cycle. Docteur ès lettres. Docteur en droit, en pharmacie, en médecine (cf. sens II). Docteur honoris causa. — Titre de docteur. Il a fini sa thèse mais il n'est pas encore docteur. ⇒ doctorant. Elle est docteur ès sciences.
II ♦ (1775, répandu XIXe) Personne qui possède le titre de docteur (I, 3o) en médecine et qui est habilitée à exercer la médecine ou la chirurgie. ⇒ médecin, fam. toubib. Il, elle est docteur. Appeler, faire venir le docteur. ⇒ consulter. Aller chez le docteur. « Le docteur Knock, successeur du docteur Parpalaid » (Romains). Abrév. graphique Dr Dupont. — (D'une femme) Le docteur Marie Dupont. ⇒ doctoresse. — (Appellatif) Bonjour, docteur.
● Docteur titre officiellement donné par la Tradition ou par décision du Saint-Siège à des théologiens remarquables.
docteur
n. m.
d1./d Vieilli ou péjor. Savant, pédant. Il use d'un langage de docteur.
d2./d Personne qui, après soutenance d'une thèse, est promue, dans une université, au plus haut grade. Docteur ès lettres, docteur ès sciences. Elle est docteur en droit.
d3./d Personne qui a le titre de docteur en médecine et qui exerce sa spécialité. Consulter le docteur. Docteur Joséphine Aguessy.
d4./d (Liban) Titre donné à une personne que l'on veut honorer. Docteur Georges.
d5./d RELIG CATHOL Docteur de l'église: titre donné par le Saint-Siège aux plus éminents théologiens et apologistes du catholicisme. Saint Jean Chrysostome, saint Augustin, saint Thomas d'Aquin, sainte Thérèse d'ávila comptent parmi les docteurs de l'église.
|| RELIG Docteur de la Loi, qui interprétait et enseignait la Loi judaïque.
d6./d (Afr. subsah.) Cour. Chirurgien (sens 2, poisson).
⇒DOCTEUR, subst. masc.
I.— [Docteur n'implique pas obligatoirement une idée de titre universitaire]
A.— En gén. Celui qui est savant en une matière quelconque et qui cherche à transmettre son savoir, sa sagesse. On écrit aujourd'hui assez ordinairement sur les choses qu'on entend le moins. Il n'y a si petit écolier qui ne s'érige en docteur (COURIER, Lettres M. Renouard, 1810, p. 254). Rien n'est plus doux ni plus rare qu'un docteur aimable. C'est une chose divine que d'enseigner avec grâce (FRANCE, Vie littér., t. 1, 1888, p. 340). Le docteur, celui qui enseigne ce qu'il sait, est solennellement comparé dans l'écriture au Père de famille parmi les siens qui leur partage la nourriture (CLAUDEL, Feuilles Saints, 1925, p. 595).
B.— Domaine moral, théol.
1. Celui qui est savant en matière religieuse, métaphysique, qui étudie et explique les textes sacrés, philosophiques, etc., qui peut servir de guide à autrui sur le plan moral, spirituel. Célèbre, fameux, grand, saint, savant docteur; docteurs chrétiens. L'air grave et le ton reposé d'un docteur ecclésiastique instruisant des catéchumènes (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 318). L'institution des synagogues avait donné à l'interprète de la Loi, au docteur, une grande supériorité sur le prêtre (RENAN, Vie Jésus, 1863, p. 224). Depuis dix-neuf siècles que la science des docteurs s'applique à pénétrer les divins préceptes, ils nous sont devenus familiers par la lettre, sans que nous soyons en droit de dire qu'ils ne nous demeurent pas étrangers par l'esprit (ROMAINS, Copains, 1913, p. 222) :
• 1. Ce que saint Jean l'Évangéliste a été pour la prédication et la mise en lumière de la divinité du Verbe, saint Augustin l'est pour l'explication et la mise en lumière de la grâce. Ce n'est pas seulement le père des pères, le docteur des docteurs, mais un cinquième évangéliste, ou du moins un sixième après saint Paul. À qui convenait-il mieux en effet qu'à saint Paul et à saint Augustin, ces deux grandes lumières de la grâce, d'en rendre le sens dans la plénitude, ...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 129.
Rem. Docteur ne s'emploie qu'exceptionnellement à propos d'une femme dans cette catégorie (ainsi que dans toutes les autres catégories de 1). Avide et curieuse de tous les mirages de la réflexion morale et des mille explications ingénieuses à la saint Bernard et à la saint Augustin, elle [Mme Swetchine] est devenue une femme docteur en matière de sentiment et de spiritualité (ID., Nouv. lundis, t. 1, 1863-69, p. 222).
2. Spécialement
a) Docteur scolastique, etc. Maître de la scolastique médiévale. On apprend qu'elle [la philosophie de Dante] naquit à l'ombre de la chaire des docteurs scholastiques, qu'elle se donne pour leur interprète (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 13).
— En partic. (gén. avec un adj. qualificatif) Docteur angélique. Saint Thomas d'Aquin. Au dessus de tous par la sainteté comme par la science, ce grand saint Thomas d'Aquin, le « docteur angélique », penseur gigantesque, en qui semble se résumer toute la science des siècles de foi, (...) et mérite d'être choisi par saint Louis pour conseiller intime (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. LII). Docteur séraphique. Saint Bonaventure (cf. angélique, ex. 5). Docteur subtil. Duns Scot (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 397). Docteur très chrétien ou Docteur évangélique. Jean Gerson. Le fameux maître Jean Gerson, curé de Saint-Jean et chancelier de Notre-Dame, qui a été surnommé le docteur évangélique, et à qui l'on a attribué l'Imitation de Jésus-Christ (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 393).
b) Docteur de l'Église. Théologien, Père de l'Église faisant autorité par ses connaissances, l'orthodoxie de ses écrits, la sainteté de sa vie. Ces paroles d'un illustre docteur de l'Église. « Il y a, dit l'ecclésiaste, un temps de se taire, et un temps de parler » (LAMENNAIS, Religion, 1825, préf., p. 12) :
• 2. Les Pères de l'Église. L'éloquence des Docteurs de l'Église a quelque chose d'imposant, de fort, de royal (...) et dont l'autorité vous confond et vous subjugue. On sent que leur mission vient d'en haut, et qu'ils enseignent par l'ordre exprès du Tout-Puissant. (...). Saint Ambroise est le Fénelon des Pères de l'église latine.
CHATEAUBRIAND, Génie du christianisme, t. 2, 1803, p. 109.
— [En parlant d'une femme] ,,Le fait que Thérèse d'Avila (1515-1582), qui par là se trouve être la première bénéficiaire de ce titre magistral, ait été récemment proclamée « docteur de l'Église » souligne la valeur exceptionnelle et toujours actuelle de la spiritualité de cette moniale castillane du XVIe s.`` (P. SEROUET ds Encyclop. univ., t. 16, 1973, p. 17, s.v. Thérèse d'Avila).
c) Docteur de la Loi (parfois avec une nuance péj.). Interprète officiel de la Loi judaïque, de l'Ancien Testament. Les Pharisiens parlent plus haut que jamais. Mettez-vous cent mille en cortège et demandez aux docteurs de la loi d'établir enfin la vraie paix entre les nations (ALAIN, Propos, 1924, p. 572) :
• 3. Que leur métier fût d'expliquer les écritures ou de vendre du drap, ces hommes avaient quelque chose de royal dans le front et les yeux. C'étaient pourtant ces mêmes Juifs, peut-être, ces docteurs de la Loi et ces marchands d'Amsterdam qui maltraitaient Uriel d'Acosta...
GREEN, Journal, 1936, p. 74.
— En partic. Jésus assis au milieu des docteurs (notamment p. réf. à l'Évangile selon saint Luc, 2.46). :
• 4. ... ils l'avaient retrouvé dans le temple au milieu des docteurs.
Assis au milieu des docteurs.
Les docteurs l'écoutaient religieusement.
Il enseignait, à douze ans il enseignait au milieu des docteurs. (...).
Il était trop grand parmi les docteurs. (...).
Il avait trop manifesté qu'il était Dieu.
Les docteurs n'aiment pas ça. Il aurait dû se méfier. Ces gens-là ont de la mémoire.
C'est même pour cela qu'ils sont docteurs.
PÉGUY, Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc, 1910, p. 112.
3. Péj. Exégète qui se perd en discussions oiseuses, pédantes; moraliste prétentieux et intolérant. Quant à tous ces docteurs, à ces essaims de sages Qui vont l'un maudissant ce que l'autre a béni (...) Ce n'est qu'une confuse et perverse mêlée (HUGO, Religions et religion, 1880, p. 217). Aux docteurs les discussions infinies, aux religieuses, le silence, la paix, l'effort continu vers la perfection (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 233).
C.— P. ext.
1. Personne qui a une grande expérience en matière intellectuelle, idéologique, artistique, etc., et qui peut en faire bénéficier autrui. (Quasi-)synon. chef d'école, maître à penser, etc. L'interprète du socialisme hors des milieux où il prospère, le docteur des gentils, le délégué sur qui les possédants se rueront d'abord (BARRÈS, Déracinés, 1897, p. 97). [Le comte d'Haussonville] (...) le consultant attitré de bien des cas d'incertitude littéraire (...) le docteur écouté, sagace, aimable, un peu vétilleux, un peu alarmiste peut-être, à force d'être consciencieux (PROUST, Chroniques, 1922, p. 54) :
• 5. ... vous caressez votre douleur comme un petit enfant chéri (...). J'ai passé par là et j'ai manqué en mourir. Je suis un grand docteur en mélancolie. (...). Mais je me secoue comme un homme mouillé et je m'approche de mon art qui me réchauffe. Faites comme moi, lisez, écrivez et surtout ne pensez pas à votre guenille.
FLAUBERT, Correspondance, 1858, p. 271.
— P. anal. Les oiseaux aquatiques, êtres de grande expérience, la plupart réfléchis et docteurs en deux éléments (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 63).
2. Péj. Personne qui se mêle abusivement de régenter autrui, d'inculquer des valeurs contestables. Chez l'Allemand, la férocité est savante et elle a, depuis près d'un demi-siècle, son docteur qui est Nietzsche (L. DAUDET, Ciel de feu, 1934, p. 141). Tel est le ravage que peuvent produire dans des âmes simples quelques sots de lettres, dévorés de la rage de paraître et de vaticiner. (...). Devant les âneries monstrueuses des docteurs de la complaisance, beaucoup de prisonniers se contentaient de hausser les épaules (AMBRIÈRE Gdes vac., 1946, p. 143) :
• 6. Ordonnez à ceux qui se font vos instituteurs, et qui vous imposent leur croyance, d'en débattre devant vous les raisons. Puisqu'ils invoquent vos intérêts, connaissez comment ils les traitent. Et vous, chefs et docteurs des peuples, avant de les entraîner dans la lutte de vos opinions, discutez-en contradictoirement les preuves! Etablissons une controverse solemnelle, une recherche publique de la vérité, ...
VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 143.
II.— [Docteur implique une idée de titre universitaire]
A.— Personne ayant obtenu le plus haut grade universitaire (généralement après soutenance d'une thèse d'État). Grade de docteur.
— En partic. Docteur en droit. Je reçus le titre de docteur en droit de l'université de Pensylvanie (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 460); cf. aussi doctorat A en partic.). Docteur en droit canon. Docteurs en droit canon, qui appuyâtes les prétentions du saint siège sur un tas de sacrées décrétales que vous aviez vous-mêmes composées (FRANCE, Bergeret, 1901, p. 291). Docteur en pharmacie (Encyclop. pratique de l'éduc. en France, 1960, p. 222). Docteur en/de Sorbonne. Le jeune clerc eût pu tenir tête (...) en théologie scolastique à un docteur de Sorbonne (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 171). Docteur en théologie. Jansénius a failli être chargé par les chefs de l'Université, où il est devenu docteur en théologie, de réfuter « Les Quatre Livres » de Dominis (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 298). Docteur ès lettres. Soutenance de thèses : M. Bourret vient d'être reçu docteur ès-lettres avec mention honorable (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 495). Docteur ès sciences. L'oiseau n'est pas un docteur ès sciences qui puisse expliquer pour ses confrères le secret du vol. Mais, sans autres explications, l'hirondelle s'envole devant les docteurs ébahis (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 262).
— P. ext. Docteur de 3e Cycle. Docteur d'université, ingénieur-docteur. Diplômes d'ingénieur docteur et de docteur d'université. (...). L'accès au diplôme d'ingénieur-docteur est ouvert aux titulaires d'une licence libre ou d'un diplôme d'ingénieur créé ou reconnu par l'État. En sciences et en lettres, les doctorats d'université comportent des travaux de recherches qui peuvent être de même ampleur que ceux d'un doctorat d'État, mais les exigences sont moindres en ce qui concerne les titres que doivent posséder les postulants. Ces divers doctorats se situent en quelque sorte « en marge » des études supérieures normales (Encyclop. éduc., 1960, p. 264). Docteur honoris causa. Personnage important qui a reçu d'une Université une distinction spéciale, à titre honorifique. En 1853 il est allé à Oxford pour y être reçu docteur honoris causa. Il n'y est pas arrivé sans inquiétude, sachant les étudiants moqueurs et que parfois de grands personnages ont été accueillis par des huées (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 219).
Rem. 1. Pour la spécialité méd., v. infra II B. 2. On rencontre ds la docum. doctorerie, subst. fém. aux sens vieillis de « ensemble des travaux nécessaires pour être reçu docteur (notamment en théologie); grade de docteur ». Il parcourut également tous les degrés de licence, maîtrise et doctorerie des arts (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 172); attesté aussi ds Ac. 1798-1878, BESCH. 1845, Lar. 19-20e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, QUILLET 1965.
B.— Spéc., MÉD.
1. Absol. Personne habilitée à exercer la médecine après avoir été admise à différents examens sanctionnant plusieurs années d'études médicales (universitaires et hospitalières) et après avoir soutenu une thèse de doctorat. Dans certaines écoles, on rappelait aux docteurs qui sortaient de l'école pour aller exercer la médecine, les devoirs de moralité que cette profession leur impose (BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 34). Le médecin qui l'auscultait diagnostiqua une péricardite, ou une péripneumonie; et le grand docteur spécialiste, que l'on consulta ensuite, confirma ces appréhensions (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 882) :
• 7. Ses clients les plus riches (...) attribuaient leur guérison à la nature, pour pouvoir payer les visites du docteur à quarante sous, en le voyant venir à pied. En médecine, le cabriolet est plus nécessaire que le savoir. (...). Aussi, le docteur Poulain après dix ans de pratique, continuait-il à faire son métier de Sisyphe, sans les désespoirs qui rendirent ses premiers jours amers. Néanmoins, il caressait un rêve, (...). Le docteur Poulain espérait être appelé près d'un malade riche et influent; puis obtenir, par le crédit de ce malade qu'il guérissait infailliblement, une place de médecin en chef à un hôpital, de médecin des prisons, ...
BALZAC, Le Cousin Pons, 1848, p. 164.
• 8. Chaque ville d'eaux pour un observateur est une Californie de comique. Chaque docteur est un type délicieux, depuis le docteur correct, à l'anglaise, en cravate blanche, jusqu'au docteur sceptique, spirituel et malin, qui raconte aux amis ses procédés et ses trucs. Entre ces deux modèles, on rencontre le docteur paternel et bon enfant, le docteur scientifique, le docteur brutal, le docteur à femmes, le docteur à longs cheveux, le docteur élégant et bien d'autres. Chaque variété de médecins trouve infailliblement sa variété de malades, sa clientèle de naïfs. Et chaque jour, entre eux, dans chaque chambre d'hôtel, recommence l'admirable farce que Molière n'a pas dite tout entière. Oh! s'ils parlaient, ces médecins, quelles notes, quels documents merveilleux ils nous pourraient donner sur l'homme!
MAUPASSANT, Contes et Nouvelles, t. 2, Malades et médecins, 1884, p. 1296.
— En partic. (le docteur comme type littér., notamment comme personnage de théâtre). Il [Molière] monte le « Docteur amoureux, (...), les Trois docteurs Rivaux, le Docteur pédant, le Médecin volant » (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 352).
SYNT. Bon, jeune, pauvre, petit, vieux docteur; il/elle est bon docteur; consultation, ordonnance du docteur; le docteur examine, soigne; aller chercher, appeler le docteur.
♦ Aller chez le docteur ou fam. aller au docteur. Tu avais la migraine? (...) Alors, il va falloir te mener au docteur. — Non, je ne veux pas aller au docteur (PAGNOL, Marius, 1931, II, 3, p. 115).
— Spéc. Docteur médecin. Le parquet y alla avec un docteur médecin. On examina le cantonnier (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 279). Docteur vétérinaire (Encyclop. éduc., 1960, p. 234). Docteur en médecine :
• 9. Le régime des études et des examens en vue du diplôme de docteur en médecine a été fixé par le décret du 6 mars 1934, modifié par les décrets des 31 janvier 1947, (...) et 28 juillet 1960. Les études en vue du diplôme de docteur en médecine ont une durée de six années. (...). Les enseignements conduisant au diplôme de docteur en médecine sont obligatoires. Ils comprennent :
— un enseignement théorique;
— un enseignement pratique; ...
ibid, p. 219.
— P. métaph., domaine de la vie spirituelle. Cf. médecin des âmes :
• 10. De mon si lamentable cœur,
Certes, la blessure insensée
Jamais ne guérira, Seigneur,
A moins qu'elle ne soit pansée
Par vous, le plus doux des docteurs.
JAMMES, De tout temps à jamais, Philomèle, 1935, p. 160.
2. Appellation usuelle du médecin. (Monsieur) le Docteur + nom propre; (gén. en interj.) Monsieur le Docteur ou fam. Docteur! — Oh! M. le Docteur se tuera! (...) M. le Docteur est un vrai martyr (ARLAND, Ordre, 1929, p. 501). Couvrez-vous donc, Docteur, par ce froid vous prendriez mal. Mais le docteur se guérirait vite; hélas Madame, ce sont les médecins qui sont les plus mal soignés (SARTRE, Nausée, 1938, p. 65) :
• 11. Il a ramené mon mari des portes du tombeau quand toute la Faculté l'avait condamné. (...). Aussi Cottard pour moi (...) c'est sacré! Il pourrait demander tout ce qu'il voudrait. Du reste, je ne l'appelle pas le Docteur Cottard, je l'appelle le Docteur Dieu! Et encore en disant cela je le calomnie, car ce Dieu répare dans la mesure du possible une partie des malheurs dont l'autre est responsable.
PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 963.
Rem. La formule Docteur + nom propre n'est usitée que ds l'accept. II B. Elle s'emploie parfois pour désigner une femme médecin. Je suis la femme de Dubreuilh, ou le Docteur Anne Dubreuilh : ça n'inspire que le respect (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 72). Certains déconseillent la tournure Madame le Docteur + nom propre. « Madame le Docteur N. » est en effet choquant; mais « Madame N., docteur en médecine » ne choquera personne (Le temps, 6 oct. 1938). Cf. GREV. 1975, § 245, rem. 3 : ,,en s'adressant à une femme médecin, c'est toujours docteur qu'on emploie``. Cf. aussi doctoresse.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Mil. XIIe s. doctor « savant, érudit » (Alexandre [décasyllabique], éd. ds Elliott monographs, Ms Arsenal, 48); spéc. 1174-76 relig. doctur (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2906); ca 1350 désigne un grade universitaire (G. LE MUISIT, Poésies, 1, 327 ds T.-L. : docteurs en decrés); v. NAZ, s.v. col. 1327-1330; fin XVe s. docteur en médecine (Repues franches ds VILLON, Œuvres complètes, éd. P. L. Jacob, Paris, 1854, p. 271); 1775 (BEAUM., Let. s. la crit. du Barbier ds BRUNOT t. 6, p. 1358 : A merveille, docteur, dit la dame ... A ce mot de docteur, je commençai à soupçonner qu'elle parlait à son médecin); av. 1615 Docteur Medecin (PASQUIER, Recherches sur la France, éd. 1665, 827); 1832 docteur médecin (RAYMOND); 1834 docteur (BOISTE). Empr. au lat. class. doctor « celui qui enseigne », lat. chrét. « docteur de la loi; prêtre qui enseigne la religion » et « médecin » (v. Catholicisme et Théol. cath.). Fréq. abs. littér. : 7 859. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 9 737, b) 13 146; XXe s. : a) 11 414, b) 11 205. Bbg. ARRIVÉ (M.). Le mot docteur en fr. contemp. Fr. Monde. 1965, n° 33, pp. 40-42. — GEORGIN (R.), VERMOTTE (P.). Madame le Docteur. Déf. Lang. fr. 1961, n° 10, pp. 41-43.
docteur [dɔktœʀ] n. m.
ÉTYM. 1160; lat. doctor, de doctum, supin de docere « enseigner ».
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I (Le plus souvent avec un complément pour le distinguer du sens II).
1 Relig. Celui qui enseignait des points de doctrine. || Les docteurs de la loi, qui interprétaient et enseignaient la loi judaïque.
1 Sous la reine Alexandra Salomé (76-67) les Pharisiens, au contraire, triomphèrent; ils en profitèrent pour établir solidement leur influence dans le sanhédrin, l'assemblée des anciens, qui formait le conseil du Grand prêtre, et pour y introduire ces Docteurs de la Loi, férus de minutie, qui seront les pires ennemis de Jésus.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, IV, II, p. 339.
♦ Les docteurs de l'Église : les théologiens qui ont enseigné les vérités du christianisme, et, spécialt, les Pères dont la doctrine a fait autorité. || Saint Athanase, saint Basile, Grégoire de Naziance, saint Jean Chrysostome, docteurs de l'Église grecque. || Saint Ambroise, saint Augustin, saint Grégoire le Grand, saint Jérôme, docteurs de l'Église latine. || Docteurs d'un concile.
♦ S'est dit aussi des principaux maîtres de la scolastique médiévale. || Docteur scolastique. || Le docteur angélique : saint Thomas. || Le docteur subtil : Duns Scot.
2 (…) les docteurs les plus respectés du XIIIe siècle sont d'accord pour combattre l'averroïsme et les formes de leur polémique ne permettent pas de supposer que ce fût là pour eux une dispute oiseuse et sans adversaires.
Renan, Averroès et l'Averroïsme, Œ. compl., t. III, p. 204.
2 Vx. Homme docte. ⇒ Érudit, savant.
3 Oui, vous êtes sans doute un docteur qu'on révère;
Tout le savoir du monde est chez vous retiré (…)
Molière, Tartuffe, I, 5.
♦ Péjoratif :
4 Que m'importent les controverses, et les arguties des docteurs ?
Au nom de la science ils peuvent nier les miracles; au nom de la philosophie, la doctrine et au nom de l'histoire les faits.
Gide, Journal, Numquid et tu… (1916-1919), Pl., p. 587.
♦ Iron. || Prendre un ton de docteur (⇒ Doctoral).
5 (Il) Impose à tous silence, et d'un ton de docteur (…)
Boileau, Satires, III.
3 Personne (homme ou femme) qui est promue au plus haut grade universitaire dans une faculté. ⇒ Doctorat. || Docteur ès lettres, ès sciences : personne qui possède un doctorat d'État. || Docteur d'État, de 3e cycle, d'université. || Docteur en droit, en médecine (ci-dessous sens II). || Il faut le titre de docteur pour être nommé professeur dans une faculté des lettres ou des sciences; ou pour être admis au concours d'agrégation des facultés de droit et de médecine. || Docteur « honoris causa ». || Bonnet carré des anciens docteurs. || Elle est docteur ès sciences de la Faculté de Paris. — Une docteur ès lettres (emploi critiqué, mais peu évitable, doctoresse ayant d'autres emplois). || Mme X, docteur ès sciences.
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II (1775; répandu XIXe; docteur en médecine, XVe). Personne qui possède le titre de docteur (I., 3.) en médecine. ⇒ Médecin, toubib (fam.); doc. || Diplôme d'État de docteur en médecine. || Appeler, faire venir le docteur. ⇒ Consulter (cit. 4 et 13). || Aller chez le docteur, ou, pop., au docteur. || Docteur-vétérinaire.
6 Exerce illégalement la médecine : (…) 4o Tout docteur en médecine qui exerce la médecine sans être inscrit à un tableau d'ordre des médecins (…)
Ordonnance du 24 sept. 1945, art. 8.
➪ tableau Noms de métiers.
♦ (Appellatif). || Monsieur le docteur Dupont, ou, plus cour., le docteur Dupont. — (Appellatif). || Au revoir monsieur le docteur. Plus cour. : || Au revoir docteur. ⇒ Doc (fam.).
7 Le docteur Knock, successeur du docteur Parpalaid (…) a l'honneur de (…) faire connaître que, dans un esprit philanthropique, et pour enrayer le progrès inquiétant des maladies de toutes sortes (…) il donnera tous les lundis matin, de neuf heures trente à onze heures trente, une consultation entièrement gratuite, réservée aux habitants du canton.
J. Romains, Knock, II, 1.
REM. En parlant d'une femme, on emploie aussi le terme docteur (→ Doctoresse). Elle est bon docteur. Pour une présentation on utilise la forme le docteur + prénom + nom (le docteur Marie Dupont) alors que la formule neutre (le) Docteur Dupont pourra être utilisée lorsque le contexte n'engage pas à préciser qu'il s'agit d'une femme docteur (ou femme médecin). — L'appellation : Madame le docteur Dupont est déconseillée. → aussi Doctoresse. — En appellatif, on dit à une femme : docteur.
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DÉR. V. Doctoral, doctorat, doctoresse.
Encyclopédie Universelle. 2012.