distraire [ distrɛr ] v. tr. <conjug. : 50>
• 1377; lat. distrahere « tirer en sens divers »; cf. a. fr. detraire (1285)
I ♦
1 ♦ Littér. Séparer d'un ensemble. ⇒ 1. détacher, séparer. Distraire d'un total. ⇒ prélever, retrancher, soustraire. Distraire une somme d'argent d'un dépôt. ⇒ détourner.
2 ♦ Vx Détourner (qqn) d'un projet, d'une résolution. ⇒ dissuader. « Les Dieux de ce dessein puissent-ils le distraire ! » (Racine).
II ♦
1 ♦ (1588 ) Détourner (qqn) de l'objet auquel il s'applique, de ce dont il est occupé. Distraire qqn de ses travaux, de ses occupations. ⇒ déconcentrer, déranger. « Le plaisir d'être distrait un instant de ma douleur » (Stendhal). Valéry « ne s'est jamais laissé distraire de soi par autrui » (A. Gide). — Cet élève distrait sans cesse ses camarades. ⇒ dissiper.
♢ Par ext. Distraire l'attention, la détourner de son objet.
2 ♦ (XVIIIe) Cour. Faire passer le temps agréablement à (qqn). ⇒ amuser, désennuyer, divertir, égayer, récréer. Comment distraire nos hôtes ? « Je ne sais s'il est vrai que les hommes de lettres se soient contentés jadis de distraire d'honnêtes gens » (Paulhan).
♢ Pronom. Il a besoin de se distraire. ⇒ s'amuser, se détendre. Il faut vous distraire (cf. fam. Se changer les idées). Se distraire pour oublier. ⇒ s'étourdir. « il fit son livre tout au contraire pour se distraire et s'amuser » (France).
⊗ CONTR. Ennuyer.
● distraire verbe transitif (latin distrahere, tirer en divers sens, avec l'influence de traire) Littéraire. Prélever une partie d'un tout ; retrancher : Distraire de son compte le paiement du loyer. Littéraire. Enlever frauduleusement quelque chose d'un endroit, le détourner à son profit : Distraire furtivement un article lorsque la vendeuse a le dos tourné. Interrompre, déranger quelqu'un, le faire s'intéresser à autre chose qu'à l'objet de son occupation : Travailler sans se laisser distraire (de son travail). Faire passer le temps agréablement à quelqu'un, l'amuser, le divertir : Distraire un enfant malade en lui racontant des histoires. ● distraire (difficultés) verbe transitif (latin distrahere, tirer en divers sens, avec l'influence de traire) Conjugaison Comme traire (verbe sans passé simple ni imparfait du subjonctif). ● distraire (synonymes) verbe transitif (latin distrahere, tirer en divers sens, avec l'influence de traire) Littéraire. Prélever une partie d'un tout ; retrancher
Synonymes :
Faire passer le temps agréablement à quelqu'un, l'amuser, le divertir
Synonymes :
- amuser
- délasser
- désennuyer
- égayer
- récréer
Contraires :
- embêter (familier)
- ennuyer
- lasser
- raser (familier)
distraire
v. tr.
d1./d Litt. Séparer (une partie) d'un tout. Distraire une somme d'argent d'un héritage.
|| Par ext. Détourner à son profit (qqch). Distraire une grosse somme d'argent.
d2./d Déranger (qqn) dans son occupation. Distraire un élève en plein travail.
|| Distraire l'attention de qqn, l'éloigner de son objet.
d3./d Divertir, amuser. Il distrait l'assemblée par ses plaisanteries.
|| v. Pron. S'amuser, se détendre. On va au cinéma pour se distraire.
I.
⇒DISTRAIRE1, verbe trans.
A.— Vieilli ou littér. [Le suj. désigne une pers., le compl. un inanimé concr.] Séparer, retrancher une partie d'un tout. Synon. prélever, soustraire. La France a quarante-neuf millions d'hectares (...) il faut en distraire les chemins, les routes, les dunes, les canaux (BALZAC, Curé vill., 1839, p. 219). Spéc., péj. Détourner à son profit. Des trafiquants trop nombreux distrayaient en route un quart des vivres les meilleurs (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 332) :
• 1. Le prince vous accorderait, comme récompense nationale, une jolie terre valant six cent mille francs qu'il distrairait de son domaine, ou une gratification de trois cent mille francs écus...
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 278.
— Plus rarement. [Le compl. désigne une pers.] Je vous distrairai de vos études un an ou deux (L. DAUDET, Fant. et viv., 1914, p. 123) :
• 2. Dira-t-on que vouloir distraire du Tiers état, non seulement les privilégiés héréditaires, mais encore ceux qui ne jouissent que des privilèges à terme, c'est vouloir, de gaieté de cœur, affaiblir cet ordre en le privant de ses membres les plus éclairés, les plus courageux et les plus estimés?
SIEYÈS, Qu'est-ce que le Tiers état? 1789, p. 34.
— Spéc., DR. Distraire un bien d'une saisie, distraire des dépens (cf. distraction1 B).
B.— Domaine mor. [Le compl. désigne un mal, phys. ou mor.] Distraire sa douleur, son chagrin. Y faire diversion, en s'absorbant dans d'autres activités ou d'autres pensées. Je veux distraire mon malheur du souvenir de mes félicités (CAMUS, Dév. croix, 1953, p. 561).
— Emploi pronom. réfl. Se distraire de qqc. Détourner, chasser de son esprit l'idée de, en faire abstraction. Je savais bien m'occuper et me distraire du vacarme extérieur (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 52) :
• 3. ... Topal me revenoit à l'esprit, je repoussois en vain l'importun souvenir de ce vieillard, il m'étoit impossible de m'en distraire.
Mme DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, t. 1, 1795, p. 217.
Prononc. et Orth. :[], (je) distrais []. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. a) -strai- : ind. prés. 1re, 2e, 3e pers. sing., 3e pers. plur. je distrais, tu distrais, il(s) distrai(en)t; fut. je distrairai, tu distrairas, ...; cond. prés. je distrairais, ...; subj. prés. 1re, 2e, 3e pers. sing., 3e pers. plur. que je distraie, que tu distraies, qu'il(s) distrai(en)t; impér. prés. sing. distrais; part. passé distrait, distraite. b) -stray- [-] : ind. prés. 1re, 2e pers. plur. nous distrayons, vous distrayez; imp. je distrayais, ...; subj. prés. 1re, 2e pers. plur. que nous distrayions, que vous distrayiez; impér. prés. plur. distrayons, distrayez; part. prés. distrayant. N'existe ni au passé simple ni au subj. imp. d'apr. BESCH. Conjug. 1961. Mais on employait autrefois d'apr. LITTRÉ les formes distrayis, que je distrayisse qu'il propose de reprendre. D'apr. DUPRÉ 1972, p. 718, il faudrait dire je distraïs ou je distraisis, mais il considère que les formes ne conviendraient guère au système actuel de la lang. et qu'il vaut mieux se résigner à ne pas employer le passé simple ,,ce qui ne gênera sans doute personne sauf peut-être les journalistes qui s'astreignent ridiculement à traduire au passé simple les propos qu'ils ont entendus au passé composé``. Il signale qu'on retrouve, parfois, fautivement, il distraya, sur il raya. LITTRÉ et BRUNOT-BRUNEAU 1969 cité par DUPRÉ 1972 rappellent que Rousseau usait de distraisent, distraisant comme plaisent, plaisant et que ,,ces formes régulières (...) n'attendent, pour s'implanter, qu'une défaillance de la mémoire ou de l'usage``. Étymol. et Hist. Cf. distraire2.
II.
⇒DISTRAIRE2, verbe trans.
A.— Gén. péj. [Le compl. désigne gén. une pers. ou l'un de ses attributs] Détourner de son objet, de son occupation actuelle en reportant l'attention sur un autre objet, sur une autre activité (sentie généralement comme plus agréable). Distraire l'attention, la pensée, le regard. Mon attention est faible, facile à distraire (MICHELET, Journal, 1846, p. 910) :
• 1. Il y a quelque chose de convulsif dans les passions, aussi bien que dans les maladies de l'enfant. Les objets de ses besoins et de ses plaisirs sont simples, immédiats : il n'est point distrait de leur étude, par des pensées qui ne peuvent exister que plus tard dans son cerveau, par des passions qui lui sont encore absolument étrangères.
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. 226.
B.— Non péj.
1. Divertir, récréer le corps ou l'esprit trop préoccupé, occuper agréablement le temps. Synon. amuser, désennuyer :
• 2. ... je n'ai pas su vous distraire. Je n'ai pas trouvé les amusements qu'il vous faut; je ne vous ai pas procuré le genre de plaisirs qui convient à une femme intelligente comme vous.
FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 347.
— Absol. Pas d'autres livres que des dictionnaires. Rien ne doit distraire ou charmer. Rien ne doit sauver de l'ennui, que le travail (GIDE, Feuillets, 1889-1939, p. 49).
— En partic. [Le suj. désigne gén. un enfant d'âge scol.] Détourner de l'étude, du travail par des facéties, des interventions bruyantes. Synon. dissiper. Je distrayais tout le monde en classe... Je claquais tout le temps mon pupitre... J'allais regarder à la fenêtre (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 287).
2. Emploi pronom. réfl. Se détendre, se délasser par une occupation agréable. N'imaginant rien pour se distraire, attendant on ne sait quoi dans la morne fuite des heures (GIDE, Journal, 1940, p. 33) :
• 3. — Je m'en vais vous chercher un livre intéressant, dit Gérard; vous ne pouvez pas rester ainsi à travailler toute une journée. Il faut vous distraire.
CHAMPFLEURY, Les Aventures de Mlle Mariette, 1853, p. 196.
Prononc. et Orth. Cf. distraire1. Étymol. et Hist. 1. 1377 « tirer en divers sens » (N. ORESME, Le Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 198 b); 2. XVe s. pronom. « se détourner, s'écarter de » (E. DESCHAMPS, Lay du Roi, éd. Queux St Hilaire, t. 2, p. 317, 576); spéc. 1549 « se détourner de quelque chose de pénible » (A. du Moulin, trad. de J. D'INDAGINE, Complexions des hommes, p. 281 ds HUG.); 1558 « détourner quelqu'un de l'objet auquel il s'applique » (DU BELLAY, Les Regrets, éd. Droz, XXV, p. 53); 1661 distrait « qui est détourné de l'application, absorbé par autre chose » (CORN., Sert., IV, 3, éd. A. Régnier, 1427); 1670 des yeux distraits (RACINE, Bérénice, I, 4, éd. A. Régnier, 5277); 1728 emploi abs. « détourner l'esprit d'une préoccupation, de l'inquiétude; y faire diversion » (MARIVAUX, Sec. surprise de l'amour, théâtre complet, éd. M. Arland, I, 1, p. 554); 3. 1807 pronom. « passer son temps agréablement » (STAËL, Corinne, t. 3, p. 163). Empr. avec attraction de traire au lat. class. distrahere « tirer en divers sens; séparer »; au sens 1 à rapprocher de l'a. fr. detraire (dep. le XIIe s. ds T.-L.). Fréq. abs. littér. :1 435. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 102, b) 2 302; XXe s. : a) 2 077, b) 1 825.
DÉR. 1. Distracteur, subst. masc., néol. Chose ou élément capable de détourner la pensée sur un autre objet (cf. VALÉRY, Tel quel II, 1943, p. 237). Spéc. psychol. [Dans les tests à choix multiples] ,,Ensemble des réponses erronées mais vraisemblables destinées à détourner le sujet testé des réponses exactes et permettant au testeur d'interpréter ses choix`` (THINÈS-LEMP. 1975). — 1re attest. 1473 (ARNOUL GREBAN, Le Mystère de la Passion, éd. G. Pavas et G. Raynaud, 10 675 [ms B, éd. O. Jodogne, 10639 : detracteur]); de distraire2, d'apr. le rad. du part. prés. lat. distractus, suff. -eur2. 2. Distrayeur, euse, subst. Personne qui divertit par ses actes, son humour, son entrain. La sympathie de la grand'mère pour le distrayeur de sa petite fille (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 137). Spéc. [Avec une nuance péj.] Écrivain dont les ouvrages amusent plus qu'ils n'édifient (cf. amuseur ex. 5). Les amuseurs d'une génération, de tant de bourgeois pendant la pluie à la campagne, de tant de femmes pendant un ennui, ces imaginateurs qui nous ont fait vivre pendant des heures d'une vie hors de la nôtre, ces berceurs, ces distrayeurs, Méry, que j'ai lu là-bas, et Sue et Dumas, ne seront jamais estimés en France : ils seront toujours regardés comme des drôles plus ou moins gais (GONCOURT, Journal, 1856, p. 268). — 1re attest. 1856 id.; du rad. du part. prés. de distraire2, suff. -eur2. — Fréq. abs. littér. : 2. 3. Distractibilité, subst. fém., psychol. Tendance à la distraction. Un type psychopathique d'instable adulte caractérisé par (...) de la distractibilité et de la fatigabilité (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 433). Ce terme n'est attesté par aucun dict. En revanche les dict. spécialisés enregistrent la forme distractivité, dans le même sens (cf. MOOR 1966, LAFON 1969, MARCH. 1970). — 1re attest. 1946 id.; de distraire2, d'apr. le rad. du supin lat. distractum, suff. -ib(i)le et -ité. — Fréq. abs. littér. : 1.
distraire [distʀɛʀ] v. tr. [CONJUG. traire.]
ÉTYM. 1377; lat. distrahere « tirer en sens divers », de dis-, et trahere « tirer » (→ Traction; traire); cf. anc. franç. detraire, 1285.
❖
———
1 Littér. Séparer (qqch. d'un ensemble), détacher (qqch. de ce qui était naturellement en rapport). || Distraire une somme de l'emploi auquel elle était destinée. || Il a distrait telle somme du dépôt qui leur était confié. ⇒ Dérober, détourner. || Distraire une voiture d'un convoi, une pièce d'une collection. ⇒ Prélever. || Distraire une somme, une quantité d'un total. ⇒ Retrancher, soustraire.
1 (…) la France a quarante-neuf millions d'hectares qu'il serait convenable de réduire à quarante; il faut en distraire les chemins, les routes, les dunes, les canaux et les terrains infertiles, incultes ou désertés par les capitaux, comme la plaine de Montégnac.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 715.
♦ Dr. || Distraire un bien d'une saisie, distraire des dépens les avances de l'avoué (⇒ Distraction).
2 Vx. Détourner (qqn) d'un projet, d'une résolution. ⇒ Dissuader.
2 Les Dieux de ce dessein puissent-ils le distraire !
Racine, Britannicus, IV, 4.
———
II
1 (1558). Détourner l'esprit de (qqn) de l'objet auquel il s'applique, de ce dont il est occupé. || Distraire qqn de ses travaux, de ses occupations. || Ne le distrayez pas de son travail ! ⇒ Déranger. || Il faut le distraire de ses ennuis, de ses préoccupations, de son chagrin, de cette obsession, de son idée fixe. ⇒ Changer (changer les idées).
3 Pour me distraire d'une imagination importune, il n'est que de recourir aux livres; ils me détournent facilement à eux et me la dérobent.
Montaigne, Essais, III, III.
4 (…) la petite bientôt tomba dans une mélancolie dont on ne la put distraire.
P.-L. Courier, Pamphlets politiques, Pl., p. 6.
5 Tout ce qui est étranger au travail en distrait.
Flaubert, Correspondance, II, p. 170.
6 (…) rien ne pouvait me distraire de cette pensée que Jacques allait partir et que je resterais seul (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, IX, p. 290.
7 Ce que j'admire le plus, chez Valéry, c'est peut-être bien sa constance. Incapable de vraie sympathie, il n'a jamais laissé briser sa ligne, ne s'est jamais laissé distraire de soi par autrui.
Gide, Journal, 8 mai 1927.
♦ (1728). Absolt. || Que rien ne vous distraie (→ Acharnement, cit. 3).
8 Quant à la vie de Paris (…) je ne me faisais point d'illusions, et ne la considérais nullement comme un secours. J'y comptais un peu pour me distraire, mais pas du tout pour m'étourdir, et encore moins pour me consoler.
E. Fromentin, Dominique, IX, p. 133.
9 Et je n'ose parler de peur de distraire cette âme peut-être occupée de choses meilleures.
Gide, Journal, janv. 1890.
♦ Péj. ⇒ Dissiper. || Cet élève distrait sans cesse ses camarades.
♦ Par ext. Littér. || Distraire l'attention de qqn, la détourner de son objet (→ Autant, cit. 61). || Distraire le chagrin, l'inquiétude de qqn, y faire diversion.
10 Adieu. Puisse du moins ce peu que je te donne
De ta triste mémoire effacer tes malheurs,
Et, soigné par tes mains, distraire tes douleurs !
André Chénier, Bucoliques, V, « La Liberté ».
11 Il n'était pas venu à Bournemouth pour distraire son attention sur le splendide panorama de la baie, sur le bleu de la mer où dévalaient les jardins.
M. Barrès, Leurs figures, p. 242.
2 (XVIIIe). Cour. Faire passer le temps agréablement à (qqn). ⇒ Amuser, désennuyer, divertir, égayer, récréer. || Il faut le distraire pour le délasser de ses travaux. || Cette petite amusette le distraira. || Comment distraire nos hôtes ? || Les courtisans cherchent à distraire le roi.
12 Seule femme de cette famille, elle jouait auprès du vieux chef le rôle de la duchesse de Bourgogne à la cour de Louis XIV. Pour le distraire, elle faisait mille singeries, parfois avec succès.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XIV, p. 90.
13 Je ne sais s'il est vrai que les hommes de lettres se soient contentés jadis de distraire d'honnêtes gens. (Ils le disent du moins).
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 15
——————
se distraire v. pron.
1 (XVe). Littér. Se détourner de. || Se distraire d'un projet. || Se distraire de ses ennuis. ⇒ Arracher (s'). — Absolument :
14 Germain fut content qu'elle n'eût pas fait attention à ses dernières paroles; il reconnut qu'elles n'étaient point sages, et il lui tourna le dos pour se distraire et changer de pensée.
G. Sand, la Mare au diable, X, p. 85.
2 Réfl. (1807). Mod. S'amuser, se détendre. || Avoir besoin de se distraire. || Se distraire pour tromper son chagrin. ⇒ Étourdir (s').
15 (…) il fit son livre tout au contraire pour se distraire et s'amuser, pour se divertir et non pour s'avertir.
France, le Petit Pierre, XXXIII, p. 236.
16 (…) nous allions quitter Jérusalem et continuer notre route à travers la Galilée, vers Damas la ville sarrasine, pour au moins nous distraire et nous étourdir au charme de mort des choses orientales.
Loti, Jérusalem, XXIII, p. 261.
——————
distrait, aite (être) passif et p. p.
1 Séparé, ée (de…). || Wagon distrait d'un convoi. || Somme distraite (d'une somme plus grande). — Fig., rare. || « Heures dérobées à l'étude, distraites en apparence » (Valéry, in T. L. F.).
2 (Au sens II). Détourné (de l'objet auquel il s'appliquait).
17 Le plaisir d'être distrait un instant de ma douleur ou la répugnance à en être distrait dictaient toutes mes démarches.
Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 17.
18 (…) les regrets qu'éprouve toujours un esprit scrupuleux quand il est distrait de ses tâches majeures.
G. Duhamel, le Voyage de Patrice Périot, II, p. 36.
18.1 (…) se fâchant pour un rien, distraits dans leur colère par moins que rien (…)
Henri Michaux, Ailleurs, p. 145.
⇒ aussi Distrait, aite.
❖
CONTR. Rattacher. — Ennuyer.
DÉR. Distrait, distrayant.
Encyclopédie Universelle. 2012.