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dissipation

dissipation [ disipasjɔ̃ ] n. f.
• 1419 « dispersion »; de dissiper
1Fait de disparaître en se dissipant. Dissipation des brumes matinales.
2Action de dissiper en dépensant avec prodigalité. Dissipation d'un patrimoine. dilapidation . « Inconcevable dissipation par la main gauche des trésors péniblement gagnés par la main droite » (Duhamel). Par ext. Folle dépense. Sc. Dissipation d'énergie : perte de l'énergie d'un système dégradée en agitation thermique ( dissipatif) . Dissipation de l'énergie cinétique d'une voiture par freinage, avec échauffement des freins et des pneus.
3Le fait de porter son attention sur d'autres choses que celle sur laquelle il faut se concentrer. distraction, éparpillement. Par ext. Mauvaise conduite d'un écolier qui s'amuse pendant les cours. indiscipline, turbulence. « Toutes les marques qui dénoncent sur un enfant laissé seul la désobéissance et la dissipation » (Giraudoux).
4Littér. Débauche. Vivre dans la dissipation. « Sa période de dissipation n'a jamais été une période d'impiété » (Giraudoux).
⊗ CONTR. Économie. Application, attention, concentration. Discipline. Sagesse.

dissipation nom féminin (latin dissipatio, -onis) Action de se dissiper, de disparaître : La dissipation du brouillard, d'un malentendu. Littéraire. Action de dépenser follement ; dilapidation. Manque d'attention, indiscipline, turbulence chez un élève : Sa dissipation lui vaut de nombreuses punitions. Littéraire. Vie de désordre, de libertinage, de débauche : Vivre dans la dissipation. Perte d'énergie mécanique, électrique, etc., par transformation en énergie thermique. ● dissipation (citations) nom féminin (latin dissipatio, -onis) Jean de Meung Meung-sur-Loire vers 1240-Paris 1305 La Jeunesse entraîne l'homme à toutes les dissipations ; il suit les mauvaises compagnies, les façons de vivre déréglées et change souvent de résolution. Par Jonece s'en va li hons En toutes dissolucions Et suit les males conpaignies Et les desordenées vies Et mue son propos souvent. Roman de la Rose dissipation (synonymes) nom féminin (latin dissipatio, -onis) Action de se dissiper , de disparaître
Synonymes :
- disparition
- dispersion
Littéraire. Action de dépenser follement ; dilapidation.
Synonymes :
- dilapidation
- gaspillage
Contraires :
- économie
- épargne
- parcimonie
Manque d'attention, indiscipline, turbulence chez un élève
Synonymes :
- dispersion
- distraction
- inattention
- indiscipline
- turbulence
Littéraire. Vie de désordre, de libertinage, de débauche
Synonymes :
- débauche
- licence
Contraires :
- application
- attention
- concentration
- discipline
- sagesse
- sérieux

dissipation
n. f.
d1./d Action de dissiper; son résultat. La dissipation d'un malentendu.
Fait de se dissiper. La dissipation du brouillard.
d2./d Action de dissiper (des biens). Dissipation d'un patrimoine.
d3./d Manque d'attention, de sérieux. Dissipation d'un élève, d'une classe.
d4./d Litt. Conduite débauchée.

⇒DISSIPATION, subst. fém.
A.— Action de disparaître en se dispersant, en s'anéantissant.
1. [En parlant de phénomènes naturels] Dissipation de la brume, du brouillard. Pour le [l'onguent de linaire] préparer on fait chauffer de la linaire fraîche en fleurs dans de la graisse de porc, sur un feu doux, jusqu'à dissipation complète de toute humidité (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 561).
P. ext., ÉLECTRON. Puissance totale (utile et perdue) que consomme un dispositif (d'apr. Électron. 1963-64). Dissipation d'énergie. L'accélération des corps célestes a comme conséquence un rayonnement électromagnétique, donc une dissipation de l'énergie se faisant ressentir en retour par un amortissement de leur vitesse (POINCARÉ, Mécan. nouv., 1909, p. 15).
P. métaph.
♦ [Concernant un état de conscience ou un objet immatériel] Un homme imaginait des féeries, et quantité de merveilles qui s'offraient à leur propre dissipation successive, car la création de l'esprit est, en vérité, une destruction indéfinie du beau par le plus beau, du laid par le hideux (VALÉRY, Mauv. pensées, 1942, p. 168).
♦ [En parlant d'idées erronées] Aurait-il par hasard plus à redouter qu'à espérer de la dissipation des malentendus? (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 164).
2. P. anal. Action de dépenser follement ou avec prodigalité. Synon. dilapidation, gaspillage. La scandaleuse dissipation de sa fortune en des sottises (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1535) :
1. Petit à petit, les desseins prenaient de l'ampleur et de la fantaisie. Nous glissions à la dissipation, au gaspillage. De dépense imaginaire en dépense imaginaire, aux places de théâtre, aux folies.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 106.
Au plur. Il tenait (...) la plupart d'entre eux [les vices] pour de folles, de stupides dissipations : il avait un mépris d'avare pour ces prodigalités (BERNANOS, Imposture, 1928, p. 370).
P. métaph. D'immenses obstacles environnent les grands plaisirs de l'homme (...) en nécessitant une exorbitante, une prompte dissipation de ses forces (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 178).
B.— Au fig.
1. Vieilli
a) [Sans idée péj.] Action de se distraire, de se changer les idées. Vous avez encore plus besoin d'exercice et de dissipation que de consolation (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1563).
b) État, comportement d'une personne qui mène une vie insouciante, livrée aux plaisirs et aux amusements. Mener une vie de dissipation. La dissipation du monde contemporain, de la vie mondaine. Synon. divertissement. Mademoiselle de Châteaubriant, dès ses premiers pas dans le monde de Chantilly, y sentit se développer des instincts de dissipation, de bel-esprit et de coquetterie (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 9, 1851-62, p. 187). Épicurisme et dissipation (AMIEL, Journal, 1866, p. 479) :
2. Bernard s'en voulait un peu d'accepter ces sorties qui étaient à ses yeux les actes d'une dissipation mondaine du genre que ses amis et lui appelaient la complaisance : elles lui semblaient vraiment indignes de lui, il eût rougi de devoir les décrire à ses camarades dont il imaginait les railleries sans délicatesse.
NIZAN, La Conspiration, 1938, p. 126.
Au plur. Paris, surexcitant la vie, Centre des dissipations, Enivre l'homme et le convie À déchaîner ses passions (A. POMMIER, Paris, poème humoristique, 1866, p. 345). Les dissipations du cœur et des sens (BEAUVOIR, Mém., j. fille, 1958, p. 244).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. dissipationnel, elle. Qui est relatif à la vie de dissipation qu'apporte le jeu. — (...) Tu veux te lancer dans ce que je nomme le système dissipationnel, et tu as peur d'un tapis vert! — Écoute, lui répondis-je, j'ai promis à mon père de ne jamais mettre le pied dans une maison de jeu (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 173).
2. Dispersion inopportune (des facultés intellectuelles ou d'attention). Dissipation de l'esprit, dissipation d'esprit :
3. ... le seul bien ou la seule force à désirer dans la vie est la concentration, et presque le seul mal, la dissipation (...) je ressens douloureusement cette sorte de dispersion, d'émiettement que m'infligent les conditions de l'existence à Paris...
VALÉRY, Entretiens avec F. Lefèvre, 1926, p. 143.
Au plur. Je dois consigner ici mes « concentrations », non mes dissipations (GIDE, Journal, 1907, p. 237).
Spéc., usuel, dans le lang. scol. Comportement, état d'un élève agité, turbulent, inattentif. Puis il [Grand-père] reprend : Conduite :« Pourrait être mieux. Fréquentes dissipations ». Application :« Aucune ». Maintien :« Bon » (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 150) :
4. ... à la classe de M. Brard, j'informai, par gestes, Fontanet. (...) M. Brard observa mes gestes, les qualifia de dissipation et me donna une mauvaise note de conduite.
FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 290.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1419 « destruction, anéantissement » (Ord., XI, 6 ds GDF. Compl.); 2. av. 1654 « action de dépenser sans compter, gaspillage » (GUEZ DE BALZAC, 7e discours sur la cour ds LITTRÉ); 3. 1675 « relâchement de l'application, de la contrainte » (MAINTENON, Lett. abbé Gobelin, ibid.). Empr. au lat. class. dissipatio « dispersion; gaspillage ». Fréq. abs. littér. :207. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 553, b) 166; XXe s. : a) 134, b) 238.

dissipation [disipɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1419, « dispersion »; lat. dissipatio, du supin de dissipare. → Dissiper.
1 Vx. Action de dissiper en dispersant, en faisant disparaître. Disparition, dispersion. || La dissipation des nuages par l'évaporation.
Mod. Le fait de disparaître en se dissipant. || La dissipation du brouillard est complète.
Phys. Disparition (de l'énergie) par consommation de puissance. || La dissipation anodique d'une lampe.
2 Action de dissiper en dépensant avec prodigalité. || Dissipation d'un patrimoine. Dilapidation (→ Amasser, cit. 2).Par ext. || Ruiner sa famille en dissipations, en dépenses exagérées. Dépense, folie, gaspillage.
1 On craignait sa vigilance, et le gaspillage était moindre. Elle-même craignait sa censure, et se contenait davantage dans ses dissipations (…) elle redoutait le juste reproche qu'il osait quelquefois lui faire qu'elle prodiguait le bien d'autrui autant que le sien.
Rousseau, les Confessions, V.
2 Inconcevable dissipation par la main gauche des trésors péniblement gagnés par la main droite.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XV, p. 228.
3 Le fait de porter attention sur d'autres choses que celle sur laquelle il faut se concentrer. || Dissipation de l'esprit, de l'attention. Distraction, éparpillement.
3 Avec autant d'esprit, il eût pu réussir à tout; mais l'impossibilité de s'appliquer et le goût de la dissipation ne lui ont permis d'acquérir que des demi-talents en tout genre.
Rousseau, les Confessions, XI.
4 Je dois consigner ici mes « concentrations », non mes dissipations.
Gide, Journal, 1er févr. 1907.
Par ext. Mauvaise conduite, fait de s'amuser durant les cours. || Ces élèves sont enclins à la dissipation. Indiscipline, turbulence.
5 Je retrouvais ces quinquagénaires avec toutes les marques qui dénoncent sur un enfant laissé seul la désobéissance et la dissipation, une bosse au front du physicien, une déchirure à la culotte de l'ancien ministre.
Giraudoux, Bella, VII, p. 164.
4 Littér. Débauche. || Vivre dans la dissipation. Débauche, désordre.
6 Tout notre mal vient de ne pouvoir être seuls : de là le jeu, le luxe, la dissipation, le vin (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 99.
7 Sa période de dissipation n'a jamais été une période d'impiété.
Giraudoux, Littérature, p. 32.
CONTR. Accumulation, amoncellement. — Économie, épargne. — Application, assagissement, attention, concentration, contention; discipline. — Sagesse.

Encyclopédie Universelle. 2012.