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détour

détour [ detur ] n. m.
destor « lieu écarté » XIIe; de détourner
1(XIIIe) Tracé qui s'écarte du chemin direct (voie, cours d'eau). angle, boucle, coude, courbe, 2. tournant; zigzag. La rivière fait un large détour. méandre, sinuosité. Le chemin fait plusieurs détours avant d'arriver au village. lacet. Au détour du chemin, du sentier, à l'endroit où il tourne. ⇒ 2. tournant, virage. « Tous deux sont embusqués au détour du chemin » (Hugo). Fig. Au détour d'une phrase, d'une conversation. « Ce qu'elle m'avait avoué un jour, par mégarde, au détour d'une histoire » (Barrès).
2Action de parcourir un chemin plus long que le chemin direct qui mène au même point; ce chemin. Coupez par ici, cela vous évitera un détour. Le site vaut le détour. Fig. Ça vaut le détour : c'est intéressant. J'ai fait un détour pour vous dire bonjour. crochet. Détour obligatoire, dans la circulation. déviation.
3(destour « subterfuge » 1226) Fig. Moyen indirect de faire ou d'éluder qqch. biais, faux-fuyant, ruse, subterfuge. Les femmes « usent de longs détours pour venir à leur but » (Fénelon) . « il se lança dans un long développement avec toutes sortes de distinguos et de détours » (Romains). circonlocution, périphrase. Pas tant de détours, au fait ! histoire, phrase.
Sans détour : simplement, sans ambages, tout net. Je vous le dis sans détour.
⊗ CONTR. Raccourci.

détour nom masculin (de détourner) Trajet, tracé sinueux d'une voie, d'un cours d'eau ; coude, courbe, virage qu'il comporte : Une route qui fait des détours. Itinéraire, parcours qui s'écarte de la voie directe ; distance supplémentaire qui en résulte : Faire un détour pour éviter un embouteillage. Au Canada, déviation de la circulation obligeant les usagers à quitter l'itinéraire direct et à emprunter une ou plusieurs autres routes. Moyen indirect de faire, de dire, ou d'éluder quelque chose ; biais, faux-fuyant : Que de détours pour expliquer une chose aussi simple !détour (expressions) nom masculin (de détourner) Au détour de, à l'endroit où il y a un coude, un virage : Au détour du sentier, on aperçoit le château ; à un moment apparemment anodin d'une conversation, d'une recherche, etc. Sans détour, franchement, simplement, etc. Valoir le détour, mériter que l'on s'écarte de son chemin pour y aller. ● détour (homonymes) nom masculin (de détourner) détoure forme conjuguée du verbe détourer détourent forme conjuguée du verbe détourer détoures forme conjuguée du verbe détourerdétour (synonymes) nom masculin (de détourner) Trajet, tracé sinueux d'une voie, d'un cours d'eau ; coude, courbe...
Synonymes :
- coude
- lacet
- méandre
- sinuosité
- tournant
- virage
Itinéraire, parcours qui s'écarte de la voie directe ; distance supplémentaire...
Synonymes :
- crochet
Contraires :
- raccourci
Moyen indirect de faire, de dire, ou d'éluder quelque chose ; biais...
Synonymes :
- ambages
- biais
- circonlocution
- faux-fuyant
- périphrase

détour
n. m.
d1./d Changement de direction par rapport à la ligne directe. Les détours d'une rivière, d'un chemin.
d2./d Trajet qui s'écarte du plus court chemin. Faire un détour.
d3./d Fig. Moyen indirect, subterfuge. User de détours pour atteindre son but.
|| Circonlocution. Avouer sans détour.

⇒DÉTOUR, subst. masc.
A.— Tracé sinueux d'une voie, d'un cours d'eau. Synon. lacet, méandre. La rue du Serpent (...) mérite bien son nom par les détours qu'elle fait (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 33) :
1. Tôt levé, chaque matin, j'allais contempler au cœur d'un bois de pins le détour mystérieux de la route dont jamais ne s'ouvriraient pour moi les bouleversants méandres.
GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 103.
P. ext.
1. Endroit précis où une voie forme un coude. Le détour d'un chemin. Synon. coude, virage, tournant. À un détour de la Seine, un coin comme un vieux pastel effacé, où les blancs ont seuls survécu (GONCOURT, Journal, 1858, p. 543) :
2. À deux pas de ma porte, il y a un détour, puis un second, puis un troisième; arrivés au bout du zigzag nous avions, — à droite, la rue qui conduit au Dar-Sfah; et, devant nous, un couloir profond, plein d'eau, menant directement vers le sud entre les jardins...
FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, p. 211.
Au fig.
Au détour d'une phrase, d'une conversation. Ce qu'elle m'avait avoué un jour, par mégarde, au détour d'une histoire (BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 132). Pourquoi, à chaque détour de la conversation, un heurt se produisait-il? (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 66).
Attendre qqn au détour. S'apprêter à profiter des difficultés que peut rencontrer un adversaire :
3. On l'attendait au détour, dans le quartier sa femme avec tous les cancans accumulés de l'affaire précédente qui restaient sur le carreau.
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 461.
2. Au plur. Ensemble de voies sinueuses et d'une complexité telle qu'on peut s'y égarer. Les détours d'un labyrinthe, d'une ville. Je connois les détours de la forêt, notre fuite est facile (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 163). De loin je les suivais dans les sombres détours de ce vaste palais (CONSTANT, Wallstein, 1809, V, 13, p. 171) :
4. Il lui semblait qu'elle montait depuis des heures, au milieu d'un tel dédale, parmi une telle complication d'étages et de détours, que jamais elle ne redescendrait.
ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 11.
Au fig., littér. Les détours du cœur, de l'âme :
5. Les détours du cœur sont si bizarres (...) qu'il y a des femmes qui craignent plus de paraître maltraiter un prétendant que de le maltraiter en réalité.
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 134.
B.— Action de s'écarter du chemin direct pour se rendre en un endroit donné et, p. ext., itinéraire qui s'écarte du chemin direct. Faire un détour; un grand, un petit détour. Ces messieurs firent un détour de six lieues pour aller voir les ruines de la célèbre abbaye de N. (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 97). Il fut justement obligé de faire un détour pour éviter sa belle-mère (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 1120) :
6. ... je passe par le village de Bussières, mon cheval, habitué à ce détour, quitte le grand chemin vers une petite croix, monte un sentier rocailleux qui passe derrière l'église...
LAMARTINE, Les Confidences, 1849, p. 344.
Au fig. Moyen indirect de dire, de faire ou d'éluder quelque chose. Ses sentiments sont toujours réfléchis, ses volontés semblent n'aller au but que par des détours (STENDHAL, Hist. peint., t. 2, 1817, p. 61) :
7. C'est seulement par un détour, par un biais, que l'éloquence parlée est élevée à une valeur littéraire et durable.
THIBAUDET, Réflexions sur la litt., 1936, p. 53.
Parler, être sans détour. Parler d'une manière directe, être franc. Et quand le jour viendra où je ne te serai plus rien, écris-le, comme tu le dis, sans détour (FLAUB., Corresp., 1847, p. 66). Élisabeth préférait (...) la jovialité sans détour de ses cousines (GREEN, Journal, 1928-34, p. 279).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. destour; ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 [en un] destor « endroit écarté » (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 5487); début XIIIe s. en destour « en cachette » (RECLUS DE MOLLIENS, Carité, 123, 8 ds T.-L.); 2. 1re moitié XIIIe s. destour « prétexte, faux-fuyant » (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, éd. A. G. van Hamel, 4, 5) et « subterfuge, ruse » (ID., ibid., LXXVI, 11); 3. 1538 destours et entortillements :volumina sortis humanae, au fig. « sinuosité » (EST.); 1548 le grand destour du chemin (F. RABELAIS, Le Quart Livre, éd. R. Marichal, XXIX, 11). Déverbal de détourner. Fréq. abs. littér. :1 757. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 187, b) 2 349; XXe s. : a) 2 226, b) 3 007. Bbg. GUIRAUD (P.). Le Champ morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, n° 1, pp. 96-109. — WAGNER (R.-L.). Direction = détour chez J.-J. Rousseau. Fr. mod. 1943, pp. 61-62.

détour [detuʀ] n. m.
ÉTYM. 1165, destor « lieu écarté »; déverbal de détourner.
1 Tracé qui s'écarte du chemin direct (en parlant d'une voie, d'un cours d'eau). Angle, boucle, coude, courbe, tournant. || La rivière fait un large détour. || Les tours et détours d'une rivière. Contour, méandre, sinuosité. || Le chemin fait plusieurs détours avant d'arriver au village.Les détours d'une rue, d'une galerie, et, par ext., d'une ville, d'un palais, les voies compliquées, les accès où l'on se perd. Circonvolution, dédale, labyrinthe, lacet, zigzag.
1 Nourri dans le Serrail (sérail), j'en connais les détours (…)
Racine, Bajazet, IV, 7.
2 (…) les petites rues descendaient, montaient, s'enlaçaient comme pour égarer le passant attardé (…) mais André en savait par cœur les détours.
Loti, les Désenchantées, VII, p. 130.
Fig. et littér. || Les détours du cœur, de l'âme, ses replis secrets.
Par ext. Endroit où une voie tourne. Coude, tournant, virage. || Le détour du chemin, du sentier. — ☑ Loc. Au détour de…
3 Tous deux sont embusqués au détour du chemin.
Hugo, la Légende des siècles, VI, II.
4 Ils disparurent bientôt tous les trois au premier détour du chemin.
Maupassant, Contes, « L'auberge », Pl., t. II, p. 786.
Figuré :
5 Il trouva même que leur liaison (…) se parait de l'imprévu, de l'absurdité apparente que les artistes savent mettre à chaque détour de leur vie.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, IV, p. 27.
Attendre qqn au détour, être prêt à profiter des difficultés qu'il peut rencontrer (→ Attendre au tournant, au coin de la rue, du bois).
2 Action de parcourir un chemin plus long que le chemin direct qui mène au même point; résultat de cette action. || Faire un long détour, un détour inutile pour se rendre à un endroit ( Allonger). || Coupez par ici, cela vous évitera un détour de plus d'un kilomètre. || Faire de nombreux détours par ignorance du bon chemin. Dévier, égarer (s'). || Faire un détour pour éviter un obstacle. Contourner. || J'ai fait un détour pour vous dire bonjour. Crochet. || Détour obligatoire, dans la circulation, pour cause de travaux. Déviation.
6 Voilà les ennemis qui ont fait un grand détour pour éviter les passages gardés !
Fénelon, Télémaque, IX.
7 En faisant tant de détours, en m'égarant par de tels méandres, je n'arriverai jamais (…)
France, le Petit Pierre, VIII, p. 38.
Fig. || Revenir de ses erreurs après de longs détours. Égarement, errement.
3 (Abstrait). Moyen indirect de dire, de faire ou d'éluder qqch. Biais, faux-fuyant, manigance, obliquité (voie oblique), ruse, subterfuge. || User de détours pour parvenir à ses fins. Louvoyer, tournoyer.
Prendre, chercher des détours pour dire qqch. (par politesse, par politique, etc.). Tergiverser, tourner (tourner autour du pot); tortiller (sa pensée). || Détours dans le langage. Circonlocution, circonvolution, périphrase. || Langage plein de détours. Alambiqué, amphigourique, compliqué, confus, contourné, tortillonné, tortueux. || Pas tant de détours, au fait ! Complication, histoire, mystère, phrase. — ☑ Sans détour, sans détours. Droit (aller droit au but). || Il lui a tout raconté, sans détour. || Expliquez-vous sans détour, tout bonnement, clairement, crûment, franchement, nettement, simplement, sincèrement. Ambages (sans).
8 Soyez amant, vous serez inventif;
Tour ni détour, ruse ni stratagème,
Ne vous faudront (manqueront) (…)
La Fontaine, Contes, XIII.
9 Vous vous expliquez clairement (…) vous n'allez point chercher de détours (…)
Molière, Dom Juan, IV, 1.
10 Une autre chose contribue beaucoup aux longs discours des femmes, c'est qu'elles sont nées artificieuses et qu'elles usent de longs détours pour venir à leur but (…)
Fénelon, De l'éducation des filles, IX.
11 Avant de répondre, Michels tâta du regard l'assemblée. Puis il se lança dans un long développement, avec toutes sortes de distinguos et de détours, et une grande abondance de gestes.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XVI, p. 180.
12 (…) je commençai, non sans détours, non sans réticences et allusions mystérieuses, je commençai d'expliquer notre famille, nos secrets (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, III, p. 245.
Personne sans détour : personne simple, franche et directe. Malice (sans malice); nature (fam.).
CONTR. Raccourci. — Franchise, simplicité.

Encyclopédie Universelle. 2012.