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dépenser

dépenser [ depɑ̃se ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIIe; de dépense
1Employer de l'argent. Dépenser une somme. Dépenser tant par mois. Ne pas dépenser un sou. débourser. Dépenser beaucoup, sans compter (cf. Vivre sur un grand pied, comme un prince, faire le grand seigneur, mener grand train). Dépenser inconsidérément, trop. dilapider, dissiper, flamber, gaspiller (cf. Brûler la chandelle par les deux bouts, jeter l'argent par les fenêtres). « Le père dépense au cabaret tout son avoir » (Loti). Dépenser son argent à des futilités. fam. claquer. Absolt « Les uns dépensaient, les autres gagnaient » (Baudelaire). Pronom. (pass.) L'argent se dépense facilement.
2(1907) Consommer (une certaine quantité d'énergie) pour un moteur, un appareil, un véhicule. consommer, user. Cette voiture dépense peu d'essence. « il dépensait un stère de bois, et lésinait sur une allumette » (R. Rolland).
3Fig. Employer (son temps, ses efforts). « Il ne dépensait plus maladroitement ses forces » (Zola). Dépenser des trésors d'ingéniosité pour parvenir à ses fins. déployer, prodiguer. « La faute des hommes supérieurs est de dépenser leurs jeunes années à se rendre dignes de la faveur » (Balzac). Loc. Dépenser sa salive.
4 ♦ SE DÉPENSER v. pron. réfl. Faire des efforts. se démener; fam. se décarcasser. Se dépenser physiquement : se donner beaucoup de mouvement. Il se dépense sans compter : il ne ménage pas sa peine, il se donne beaucoup de mal. ⇒ se fatiguer. « ils se dépensent en bravades grossières, par orgueil désespéré » (F. Mauriac).
⊗ CONTR. Amasser, économiser, épargner. 1. Ménager.

dépenser verbe transitif Employer de l'argent pour un achat, pour payer un service, etc. : Dépenser tout son salaire. Employer quelque chose à faire quelque chose ; déployer, prodiguer : Dépenser toute son énergie à critiquer les autres. Utiliser quelque chose pour confectionner, produire quelque chose, pour faire fonctionner un appareil, un véhicule ; consommer : Chaudière qui dépense beaucoup de mazout.dépenser (citations) verbe transitif Rémi Belleau Nogent-le-Rotrou 1528-Paris 1577 Qui veut gagner, il faut dépendre. La Reconnue, comédie, IV, 2 dépenser Édouard Bourdet Saint-Germain-en-Laye 1887-Paris 1945 Il faut choisir dans la vie entre gagner de l'argent et le dépenser : on n'a pas le temps de faire les deux. Les Temps difficiles Stockdépenser (synonymes) verbe transitif Employer de l'argent pour un achat, pour payer un service...
Synonymes :
- croquer (familier)
- engloutir
- manger (familier)
Contraires :
- amasser
- entasser
- gagner
Employer quelque chose à faire quelque chose ; déployer, prodiguer
Synonymes :
- déployer
- prodiguer
Contraires :
- économiser
- épargner
Utiliser quelque chose pour confectionner, produire quelque chose, pour faire fonctionner un...
Synonymes :
- consommer

dépenser
v.
rI./r v. tr.
d1./d Employer (de l'argent). Dépenser une fortune, un héritage.
Absol. Dépenser beaucoup, sans compter.
d2./d Fig. Employer, puiser dans (des ressources). Dépenser son temps, ses forces, son énergie, sa salive.
d3./d Consommer. Ces machines dépensent beaucoup d'électricité.
rII./r v. Pron.
d1./d (Passif) être dépensé. Il se dépense des sommes énormes dans les casinos.
d2./d Déployer une grande activité. Se dépenser sans compter.

⇒DÉPENSER, verbe trans.
A.— Employer une certaine somme d'argent. Dépenser ses revenus. Il [M. de Trailles] dépense toujours environ cent mille francs par an sans qu'on lui connaisse une seule propriété (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 406) :
1. Le docteur avait jadis gagné beaucoup d'argent, et le dépensait en libéralités toujours très originales, un peu folles, qui ne restaient pas toujours secrètes et l'avaient fait soupçonner d'ambitions politiques.
BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1119.
Emploi pronom. passif. Cependant, l'argent se dépensait, et Angélique dit à La Corbinière :« Mais, que ferons-nous? Il n'y a tantôt plus d'argent! » (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 550).
P. méton. [L'obj. désigne ce qu'on peut acheter contre une certaine somme d'argent] Il [Denoisel] allait se mettre au vert dans une auberge, à la campagne, à trois francs par jour, auprès d'une rivière, et ne dépensait que son tabac (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p. 217) :
2. ... Carthage commençait une guerre comme une spéculation mercantile. Elle entreprenait des conquêtes, soit dans l'espoir de trouver de nouvelles mines à exploiter, soit pour ouvrir des débouchés à ses marchandises. Elle pouvait dépenser cinquante mille mercenaires dans telle entreprise, davantage dans telle autre. Si les rentrées étaient bonnes, on ne regrettait point la mise de fonds; on rachetait des hommes, et tout allait bien.
MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 189.
Absol. Faire une dépense. La fonction de dépenser sans gagner est pis qu'immorale; elle est absurde. L'argent y perd toute signification (ALAIN, Propos, 1930, p. 963) :
3. Elles [les femmes] trouvent légitime que nous dépensions sans compter pour d'absurdes fantaisies. Les plus exigeantes sont toujours celles qui avant le mariage crevaient de faim.
MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 362.
B.— Au fig.
1. Employer avec prodigalité.
a) [L'obj. est un inanimé concr.] Dépenser les munitions.
Fam. Dépenser sa salive. Parler d'abondance.
b) [L'obj. est un inanimé abstr.] Dépenser ses jeunes années. Je continuais à dépenser mon bonheur avec prodigalité et je ne voyais pas le fond de ma bourse (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 61) :
4. Elle [Mme Cornu] n'aimait que les humbles et se plaisait à protéger les canailles. Aimable personne du reste, mais qui a gaspillé sa vie sottement dans un tas de tripotages et dépensé en pure perte des qualités intellectuelles précieuses.
FLAUBERT, Corresp., 1875, p. 254.
5. Il [Christophe] n'y tint plus, il eut un besoin furieux de sortir, de marcher, de dépenser sa force, de s'exténuer de fatigue, afin de ne plus penser.
ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, p. 607.
Emploi pronom. à sens passif :
6. ... le feu, c'est-à-dire la chaleur solaire, principe de l'énergie qui se dépensera en transformations de toutes sortes.
LAPPARENT, Abr. de géol., 1886, p. 12.
c) Usuel, emploi pronom. réfl. Déployer une grande activité. Mais c'est la gloire de l'homme que de pouvoir se dépenser dans le vide (VALÉRY, Variété I, 1924, p. 137) :
7. Cependant, autour de la nappe, Marie-Ange se dépensait, se distribuait les rôles, faisait le suisse, faisait le prêtre, faisait la veuve, faisait tout.
DRUON, Les Grandes familles, t. 2, 1948, p. 94.
2. P. ext. [Le suj. désigne un appareil, une machine; l'obj. désigne une matière, une quantité d'énergie] Consommer. Un radiateur dépense de l'électricité.
P. méton. :
8. David avait adossé au mur mitoyen de cette espèce de cuisine un fourneau à bassine en cuivre, sous prétexte de dépenser moins de charbon pour refondre ses rouleaux...
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 553.
Rem. On rencontre ds la docum. le part. prés. adj. dépensant, ante. Qui dépense. Les Saint-Chouette et les Trucmuche du Machin sont gens vivants et dépensants, mais ils sont d'un Paris aussi factice que les images cinématographiques (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 175). P. plaisant. [P. réf. à la formule de Pascal roseau pensant servant à définir l'homme] La femme est un roseau dépensant (RENARD, Journal, 1904, p. 943).
Prononc. et Orth. :[], (je) dépense []. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. despenser; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. 1er quart XIIIe s. « utiliser, user de » ici de biens (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, 55, 2 ds T.-L.); en partic. 1611 « utiliser de l'argent pour avoir quelque chose » (COTGR.); 2. av. 1613 fig. « employer avec prodigalité » ici du temps (RÉGNIER, Stances relig. ds LITTRÉ); en partic. 1832, 25 nov. pronom. « déployer une grande activité » (BALZAC, Œuvres div., t. 2, [1850], p. 569); 1836 trans. dépenser de l'énergie (GOZLAN, Notaire, p. 195); 3. 1907 « utiliser pour son fonctionnement une certaine quantité d'énergie » (ici en parlant de l'organisme) (BERGSON, Évol. créatr., p. 117). Dér. de dépense; dés. -er. Fréq. abs. littér. : Dépenser :1 380. Dépensé :554. Dépensant :66. Fréq. rel. littér. : Dépenser :XIXe s. : a) 1 913, b) 2 222; XXe s. : a) 2 318, b) 1 650. Dépensé :XIXe s. : a) 892, b) 857; XXe s. : a) 932, b) 574. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 321. — LINDSTRÖM (A.). Dispensare-distornare. In :[Mél. Wahlund (K.)]. Mâcon, 1896, pp. 282-286. — QUEM. 2e s. t. 1 1970.

dépenser [depɑ̃se] v. tr.
ÉTYM. Déb. XIIIe; de dépense.
1 (Déb. XIIIe). Donner, laisser à qqn (une somme d'argent) pour obtenir qqch. Payer. || Dépenser une somme, cent francs, mille dollars. || Il a dépensé tout ce qu'il avait, la moitié de ce qu'on lui a donné. || Dépenser tant par mois. || Avoir peu d'argent à dépenser. || Ne pas dépenser un sou ( Débourser). || Sans rien dépenser : gratuitement. → Sans bourse délier. || L'argent est fait pour être dépensé. || Dépenser beaucoup, ne pas regarder à la dépense. Dépense. → Mener la vie à grandes guides; vivre sur un grand pied; vivre comme un prince; faire le grand seigneur; mener grand train; mener grande vie; vivre bien, largement. || Dépenser trop; dépenser plus qu'on ne gagne. Consumer, dévorer, dilapider, dissiper, écorner (son avoir), engloutir, gaspiller, jeter, prodiguer, ruiner (se). → Manger son bien, son blé en herbe; semer son argent; verser l'or à pleines mains; (fam.) brûler la chandelle par les deux bouts. || Dépenser tous ses revenus en boisson. Boire (sa fortune, son héritage).Absolt. || Dépenser sans compter. || Dépenser à bon, à mauvais escient. || Il dépense trop. || Il ne sait que dépenser. || Dépenser pour ses vêtements, son logement.Dépenser pour qqn. Défrayer, entretenir, soutenir, subvenir (à). || Faire dépenser qqn pour soi (→ Vivre aux crochets, aux dépens de qqn).
1 Il ne faut point de bourse à qui veut dépenser.
Regnard, Vendanges, I, in Littré.
2 La République a bien affaire
De gens qui ne dépensent rien !
La Fontaine, Fables, VIII, 19.
3 Elle aime à dépenser, en habits, linges et nœuds (…)
Molière, l'École des maris, I, 2.
4 L'avare dépense plus mort en un seul jour, qu'il ne faisait vivant en dix années (…)
La Bruyère, les Caractères, VI, 65.
5 (…) celui-là sera toujours riche qui ne dépense pas son revenu.
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 229.
6 Ceux qui ne sont pas économes, de nature, perdent leur temps à vouloir l'être : dès qu'une nouvelle occasion de dépenser se présente, ils y cèdent (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, VI, p. 96.
6.1 Il s'émerveillait de comprendre du premier coup les inscriptions sur les boutiques, de pouvoir dépenser sans compter (avec le change).
A. Blondin, Monsieur Jadis, p. 110.
2 (1907). Consommer (une certaine quantité de carburant, d'électricité, d'énergie) pour un moteur, un appareil, un véhicule. Consommer, user. || Une voiture qui dépense peu d'essence. || Ce poêle dépense trop de mazout.Par ext. || Je dépense dix litres d'essence. || Il dépense trop d'électricité.
6.2 (…) il dépensait un stère de bois, et lésinait sur une allumette (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, Antoinette, I, p. 847.
3 (1832). Fig. Employer (ce qui est assimilé à un capital). Dilapider, user. || Dépenser sa jeunesse. || Dépenser ses forces, son énergie, sa vie. Consommer. || Dépenser en vain son éloquence. || Dépenser des trésors d'ingéniosité pour parvenir à ses fins. Déployer, prodiguer. — ☑ Loc. Dépenser sa salive : parler sans nécessité.
7 (…) on ne triomphe du temps qu'en créant des choses immortelles; par des travaux sans avenir, par des distractions frivoles, on ne le tue pas : on le dépense.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 302.
8 Ce temps qu'en folie on dépense,
Comme il nous échappe et nous fuit !
A. de Musset, Premières poésies, « À Juana ».
9 La faute des hommes supérieurs est de dépenser leurs jeunes années à se rendre dignes de la faveur.
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 88.
10 La discussion était finie; mais le boulanger, mis en train, avait besoin de dépenser le restant de sa verve (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « La diligence de Beaucaire ».
——————
se dépenser v. pron.
1 (Passif). Être dépensé. || Une telle somme se dépense aisément. || C'est fou ce qu'il se dépense dans cette maison.
2 (Passif). Être utilisé, consommé.
11 (…) la contrainte perpétuelle qu'il s'imposait et ses robustes forces accumulées, qui ne se dépensaient point, le rendaient enragé.
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, III, p. 597.
3 (Réfl.). Faire des efforts. Démener (se). || Se dépenser physiquement : se donner beaucoup de mouvement. || Il se dépense trop. Fatiguer (se); mal (se donner du mal). || Se dépenser pour aider les autres. Dévouer (se). || Se dépenser en esprit, en érudition, en belles paroles,…
12 (…) ils se dépensent en bravades grossières, par orgueil désespéré (…)
F. Mauriac, le Jeune Homme, p. 66.
CONTR. Accumuler, amasser, conserver, économiser, entasser, épargner, mettre (de côté). — Ménager, réserver.

Encyclopédie Universelle. 2012.