demoiselle [ d(ə)mwazɛl ] n. f. I ♦ Anciennt Jusqu'au XVIIIe s., Jeune fille noble ou femme mariée de petite noblesse. ⇒ 1. dame. « Ah ! qu'une femme Demoiselle est une étrange affaire » (Molière). II ♦ (1690) Mod.
1 ♦ Femme célibataire (⇒ mademoiselle). Rester demoiselle. ⇒ fille. La pension est dirigée par deux demoiselles (cf. Vieille fille).
♢ Courtois ou iron. Jeune fille. Quand ces demoiselles voudront bien m'écouter. Ces demoiselles se croient tout permis.
♢ Région. Votre demoiselle : votre fille.
2 ♦ (XIXe) DEMOISELLE D'HONNEUR : jeune fille attachée à la personne d'une souveraine. Par anal. Jeune fille ou petite fille qui accompagne la mariée. Les demoiselles d'honneur et les garçons d'honneur ouvrent le cortège derrière les mariés.
♢ Demoiselle de compagnie.
3 ♦ Vieilli Personne (mariée ou non) attachée à un établissement. Mme Folantin « devint demoiselle de magasin, puis caissière » (Huysmans). « les servantes toujours irritées du Mystère, les ombrageuses prêtresses de l'Invisible, les Demoiselles du téléphone ! » (Proust).
III ♦ Fig.
1 ♦ (1665) Libellule. « La verte demoiselle aux ailes bigarrées » (Hugo).
♢ Insecte apparenté à la libellule (odonates) mais dont les ailes, au repos, sont repliées sur le dos.
2 ♦ Zool. Demoiselle de Numidie. ⇒ grue.
3 ♦ Techn. Outil de paveur. ⇒ 2. dame, hie.
4 ♦ Pièce de bois tourné qui sert à ouvrir les doigts des gants neufs.
● Demoiselle synonyme de cheminée des fées.
demoiselle
n. f.
rI./r
d1./d Jeune fille, femme non mariée.
d2./d Demoiselle d'honneur: jeune fille qui accompagne la mariée.
|| Jeune fille attachée à la cour d'une reine, d'une princesse.
rII./r
d1./d ZOOL Demoiselle de Numidie: oiseau gruiforme (Anthropoides virgo) du nord de l'Afrique et du Proche-Orient.
d2./d Nom cour. de diverses petites libellules à l'abdomen long et fin.
d4./d TECH Outil de paveur qui sert à compacter. Syn. dame.
I.
⇒DEMOISELLE1, subst. fém.
A.— [Correspond à dame1 I A 1 a; avec une idée de rang social ou de distinction]
1. Vx (jusqu'à la fin du XVIIIe s.). Jeune fille née de parents nobles ou femme (mariée) de la petite noblesse ou de la bonne bourgeoisie. Cf. MICHELET, Insecte, 1857, p. 395, s.v. dame1 I A 1 a . Mlle Molière, la femme du poète, mit au monde un garçon (...) Le prince (...) fit (...) envoyer aux demoiselles Molière et de Brie deux riches mantes (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p. 128).
2. [Avec un déterminant] Personne du sexe féminin qui, sans être de haute naissance, a une fonction ou exerce une profession d'un certain niveau.
a) [Attachée individuellement à qqn]
— Demoiselle d'honneur. Jeune fille attachée à la personne d'une souveraine. Allons, vite, mesdemoiselles les demoiselles d'honneur, dépêchez-vous!... La Grande-Duchesse vous attend! (MEILHAC, HALÉVY, Gde-duch. Gérolstein, 1867, II, 2, p. 236).
♦ P. anal.
[Dans un concours de beauté] Il y avait eu une fête enfantine avec élection parmi les petites filles d'une reine de beauté et de ses demoiselles d'honneur (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 288).
Jeune fille (ou femme) qui accompagne la mariée. Une noce où la demoiselle d'honneur était une femme qui fait tirer des lotos dans les gargotes (GONCOURT, Journal, 1859, p. 575). Adrienne [qui va se marier] m'a demandé la petite comme demoiselle d'honneur (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 105).
Rem. On rencontre, dans certaines régions, demoiselle de noces (cf. SAND, Villemer, 1861, p. 159).
— Demoiselle de compagnie. Jeune fille (ou femme) attachée au service d'un particulier. Quinteuses demoiselles de compagnie, composez-vous de gais visages; endurez les vapeurs de votre prétendue bienfaitrice; portez ses chiens (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 265). Une jeune fille lui sert de demoiselle de compagnie et lui fait la lecture (RENARD, Journal, 1899, p. 530).
b) P. ext. [Avec nuance méliorative] Personne du sexe féminin (mariée ou non) employée (dans un établissement, une administration, etc.). Demoiselle de boutique, de magasin, du téléphone. La demoiselle du comptoir avait remarqué la charmante figure de ce jeune bourgeois de campagne (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 162) :
• 1. Il demanda : c'est la postière, ta petite?
— C'est la demoiselle des postes, oui.
— Je croyais que tu ne voulais pas d'histoires de femme?
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 90.
♦ Demoiselle de modes. Vendeuse dans un magasin de confections. Sa fille Julie, naguère demoiselle de modes rue Honoré (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 19).
♦ Première demoiselle. Vendeuse responsable d'un rayon. Constance Pillerault était la première demoiselle d'un magasin de nouveautés (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 37).
— [Suivi du nom de métier en appos.] Demoiselle institutrice, téléphoniste. La demoiselle vendeuse qui s'avançait pour lui demander d'exprimer ses désirs (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 21). Au secrétariat, pièce austère dans laquelle une demoiselle dactylographe qui gouvernait aussi le standard téléphonique, s'évertuait tout le jour (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 230).
c) P. euphém., fam. ou arg. Jeune fille ou femme de mœurs légères, prostituée. L'argent de poche, pour le club, le jeu, les demoiselles (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 254) :
• 2. Il voulait entraîner la demoiselle en dépit du véto du souteneur. Elle résista. La foule se mit à gronder. Pierrot insista, peina, vainquit : la putain dut le suivre.
QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 16.
♦ Demoiselle du/de bitume, trottoir (BRUANT 1901, p. 373). Demoiselle du Pont-Neuf (DELVAU 1866, p. 112).
B.— [P. oppos. à dame1 I A 2] Personne célibataire du sexe féminin.
1. [Pour désigner une personne jeune]
a) Jeune personne pubère du sexe féminin, qui n'est pas mariée. Une demoiselle charmante; une belle, jeune demoiselle; devenir demoiselle. Synon. jeune fille. Des demoiselles qui ressemblaient à des jeunes gens, et des jeunes gens qui ressemblaient à des demoiselles (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 416). Le beau sous-maître galant et barytonneur qui flirte avec les demoiselles du brevet (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 102). Son visage était d'une demoiselle, bien que ses cheveux fussent gris (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 150) :
• 3. En parlant de sa future, il [le fat de province] ne sait s'il doit dire : « C'est une fort jolie fille, ou c'est une jolie demoiselle, ou c'est une jeune personne fort jolie ».
STENDHAL, Racine et Shakspeare, Paris, Champion, t. 2, 1842, p. 250.
♦ Avoir une taille, des mains, une peau, un teint de demoiselle. Il enflait sa petite voix de la façon la plus comique, et disait, en montrant ses poings de demoiselle, qu'Hadgi-Stavros aurait affaire à lui (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 279).
♦ Vx. Temps de demoiselle. Et l'on est parti joyeusement sous un ciel d'un bleu tendre traversé de quelques petits nuages, par un temps de demoiselle, comme on dit (COPPÉE, Prose, t. 2, Critique en vac., 1892, p. 322).
♦ En emploi adj. Féminin, efféminé. La pensée de le savoir [Frédéric] mort, lui si délicat, si blanc, plus demoiselle qu'elle [Naïs] lui était insupportable (ZOLA, N. Micoulin, 1884, p. 53).
Rem. Demoiselle remplaçait souvent, au XIXe s. et dans une lang. soutenue, fille ou jeune fille, termes que l'on considérait comme fam. ou vulg. Selon ROB. ,,demoiselle ne s'emploie plus guère que par politesse en leur présence (...) ou par ironie, en leur présence ou non``.
— Vieilli. [P. oppos. à l'état de femme mariée] La signature que j'ai adoptée — celle de ma mère!... j'ai pris chastement son nom de demoiselle (VALLÈS, J. Vingtras, Bachel., 1881, p. 294). Demoiselle, elle s'appelait Juliane, (...) aujourd'hui, Mme Petersen (VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 170).
♦ [Suivi d'un nom propre, introduit le nom de jeune fille d'une femme mariée] Une dame Pons, née demoiselle Lempoumas (ROMAINS, Knock, 1923, II, 5, p. 12). Mme Galuchon était une demoiselle Cudenot, de l'épicerie en gros Cudenot (AYMÉ, Cléramb., 1950, p. 30).
b) En partic.
) Jeune fille de la bourgeoisie, de bonne famille. Airs, façons de demoiselle; être une demoiselle; élever, habiller, traiter en demoiselle. Avoir une demoiselle visiblement demoiselle, qui, comprenant tout dans les choses d'idées, ne comprenait rien dans celles des sens (MICHELET, Journal, 1860, p. 578). Leur piété de demoiselles « comme il faut » (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 117) :
• 4. Elle [Christine] a une fièvre cérébrale. (...) Vous savez qu'elle en était venue à oublier jusqu'à son orthographe. Une déchéance, un écrasement, une demoiselle ravalée à une bassesse de servante!
ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 388.
♦ Faire la demoiselle. Elle serait mieux à tremper la soupe qu'à faire la demoiselle (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 18).
♦ Demoiselle de campagne. Jeune fille peu fortunée appartenant à la bourgeoisie rurale. « N'y a-t-il pas une fille? Ce sera quelque demoiselle de campagne? » (STENDHAL, H. Brulard, t. 2, 1836, p. 299).
) Jeune fille ou (jeune) femme vierge. Ce n'est plus une demoiselle — on dit comme ça ici pour la fille qui est fille (GIONO, Solit. pitié, 1932; p. 163). C'est quelque chose que rendre femme une demoiselle, eût-elle trente ans (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1014).
) Vieilli ou pop. [Avec un adj. poss. ou un compl. désignant le père] Fille de quelqu'un. Le conservateur des Eaux et Forêts accompagné de ses trois demoiselles (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 255). Des mères avec leur demoiselle (ROMAINS, Copains, 1913, p. 229). Elle regardait de loin les demoiselles Rabier (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 13).
2. [Pour désigner une personne adulte, souvent d'un certain âge; souvent avec un adj. ou un compl. de nom exprimant l'âge] Une demoiselle d'âge mûr. Deux d'entre elles étaient des demoiselles de cinquante ans, timides comme à quinze, mais beaucoup moins gaies qu'à cet âge (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 368). Demoiselle, 40 ans, aristocratie, f. unique, légèrement intellectuelle (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 924) :
• 5. Juliette s'assit sur une chaise près du poêle. Une femme vêtue de lainages superposés, une vieille demoiselle, fit son entrée, suivie d'un chien. (...) La demoiselle tendit ses mains déformées au-dessus du poêle, le chien grimpa sur une chaise et se mit à éternuer.
— Il est enrhumé, dit la demoiselle en souriant à Juliette, ...
TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 28.
Rem. Demoiselle est souvent employé, de nos jours, pour les femmes célibataires d'un certain âge afin d'éviter le terme désobligeant de vieille fille.
♦ DR. Titre donné à une femme célibataire. Synon. mademoiselle. L'acquéresse, demoiselle L'Huillier (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 186). J'ai l'honneur de vous informer que la demoiselle Heninghem, garde-barrière à Hondezeele, se plaint des faits suivants (MAUROIS, Silences Bramble, 1918, p. 178).
3. En appellatif. [Désignant, selon les contextes, une pers. jeune ou une pers. d'un certain âge; gén. avec un adj. et avec une valeur d'affection ou de condescendance ironique] Ma bonne, chère, pauvre demoiselle. À vous, demoiselle! (GIRAUDOUX, Ondine, 1939, I, 8, p. 66). Allez, ma petite demoiselle, dit-elle, je vais vous servir un bon café bien chaud (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 69) :
• 6. Je songe à tout ce que la France a fait, à tout ce qu'elle pourrait faire, et je m'interroge sur l'avenir. Pensez-y quelquefois, chères demoiselles, qui vivez dans cette demeure dont on ne voit pas la pareille à l'étranger pensez aux grandes œuvres de la France.
VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 156.
— Région. ou pop. Cherchez-vous quelqu'un, la demoiselle? (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 177).
Rem. 1. La docum. atteste demoiselle de la Vierge et demoiselle du Rosaire désignant un membre d'une congrégation religieuse vouée au culte de la Vierge et groupant des personnes célibataires de sexe féminin. Se mettre dans les demoiselles de la Vierge (FLAUB., Trois contes, Cœur simple, 1877, p. 63). Confectionner avec les demoiselles du Rosaire les fleurs destinées à la fête de l'Assomption (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 33). 2. La docum. atteste a) Demoisellerie, subst. fém. État de femme non mariée. Rappelle-toi les derniers jours de ta demoisellerie (BALZAC, Corresp., 1821, p. 108) (1610 « celles qui ont la qualité de femmes nobles ») (BEROALDE DE VERVILLE, Le Moyen de parvenir, question 1 [I, 6] ds HUG.), ex. isolé; 1821 (BALZAC, loc. cit.). b) Demoisellette, subst. fém. Petite fille. Ils ont deux demoisellettes de trois et cinq ans (GIONO, Colline, 1929, p. 12) (Fin XIIIe s. « jeune demoiselle ») (Dit du Mercier, B.N. 19152, f° 42d v° a : J'ai beax gants a demoiselettes); 1929 « petite fille » (GIONO, loc. cit.).
C.— [P. anal. d'aspect gén.]
1. [Animaux]
a) Libellule. L'étang luit sous le vol des vertes demoiselles (HUGO, Contempl., t. 1, 1856, p. 168). La maison s'abandonne (...) à la demoiselle bleue dont les ailes fatiguées grésillent encore sur la pierre chaude (GENEVOIX, Rroû, 1931, p. 81).
b) Grue. Demoiselle de Numidie (cf. CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 4, 1805, p. 43). Demoiselle de Nubie (cf. BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 243) :
• 7. Le docteur comparait chaque jour devant la Sainte-Face Véronique à un « ibis » à qui manquerait le Nil, pour qui le Nil, retiré dans ses cataractes, ne serait jamais revenu et il l'appelait par plaisir et avec le plus grand sérieux « la demoiselle de Numidie » qui est le nom vulgaire que l'on donne à cet oiseau sacré de la vieille Égypte.
JOUHANDEAU, M. Godeau intime, 1926, p. 196.
2. Région. Bouteille ou demi-bouteille de vin. Il existe (...) une certaine eau-de-vie de cidre de la même localité [Domfront], dont le prix varie selon la grandeur des petits verres (...) Le monsieur 4 sous. La demoiselle 2 sous. Le misérable 1 sou (NERVAL, Bohême gal., 1855, p. 149).
3. GÉOL. Pilier formé par l'érosion dans certains terrains (d'apr. BAULIG 1956, p. 21 § 68).
♦ Spéc. Demoiselle coiffée. Pilier surmonté d'un bloc de pierre. On rencontre des demoiselles coiffées partout où le matériel morainique est abondant et le ruissellement actif (Gde encyclop. de la Montagne, Paris, éd. Atlas, 1977).
Prononc. et Orth. :[d()]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Cf. demoiselle2.
II.
⇒DEMOISELLE2, subst. fém.
A.— TECHNOL. Synon. de dame2 A. Ils [les ouvriers] (...) frappent un coup sur leur bâtisse pour durcir leur pisé, avec un de ces lourds pilons de bois qu'on appelle des « demoiselles » (LOTI, Maroc, 1889, p. 176). Nous fîmes quelques pas vers un point où se dressait une sorte d'instrument de pavage, rappelant par sa structure les demoiselles — ou hies — qu'on emploie au nivellement des chaussées (R. ROUSSEL, Locus Solus, Lausanne, éd. Rencontre, 1914, p. 61).
Rem. L'emploi du mot en ce sens est vraisemblablement vx ou région. (cf. LECLÈRE 1960, s.v. dame :,,en Bretagne les pêcheurs disent encore quelquefois « demoiselle » pour dame``).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 881 « jeune fille noble » (Eulalie ds HENRY Chrestomathie, p. 3, v. 23); ca 1100 damisele (Chanson de Roland, éd. J. Bédier, 3708); b) 1690 p. ext. « femme célibataire mais d'une certaine distinction » (FUR.); 2. a) 1re moitié XIIIe s. « femme mariée de la petite noblesse ou de la bourgeoisie » (Hervis de Metz, éd. Stengel, 249-256); b) 1825 « femme mariée ou non attachée à une maison ou à un emploi » (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, p. 221 : Une demoiselle de boutique); 3. a) 1630 techn. « outil du paveur » (Invent. Arch. Spa. ds GDF. Compl.); b) 1680 zool. « libellule » (RICH.); « sorte de grue » (ibid.). Du lat. vulg. domnicella, dimin. de domina.
STAT. — Demoiselle1 et 2. Fréq. abs. littér. :2 442. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 995, b) 5 088; XXe s. : a) 4 106, b) 2 633.
BBG. — ARVEILLER (R.). Fr. mod. 1968, t. 36, p. 342. — CAPELOVICI (J.). Monsieur, madame, mademoiselle. Vie Lang. 1961, p. 604. — DARM. 1877, pp. 126-127. — DARM. Vie 1932, p. 43, 94. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 402. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 94, 117, 183. — POHL (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Arch. St. n. Spr. 1969, t. 205, n° 5, p. 363. — QUEM. 2e s. t. 2 1971; Fichier. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 272; Sources t. 1 1972 [1925], p. 13, 50, 176, 178. — SAINT-JACQUES (B.). Sex, dependency and language. Linguistique. Paris. 1973, t. 9, pp. 89-96.
demoiselle [d(ə)mwazɛl] n. f.
ÉTYM. V. 1100, damisele; domnizelle, Eulalie, IXe; du lat. pop. domnicella, de domina « dame ».
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———
I (Déb. XIIIe). Anciennt. Jusqu'au XVIIIe siècle, Jeune fille noble ou femme mariée de petite noblesse. ⇒ Dame.
1 (…) Philippe qui demeurait avec sa demoiselle de mère.
2 Ah ! qu'une femme Demoiselle est une étrange affaire (…)
Molière, George Dandin, I, 1.
3 (…) dire de celui-ci qu'il n'est pas homme de qualité; de celle-là qu'elle n'est pas demoiselle (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 20.
4 (…) toi qui as tant gémi d'être née demoiselle (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, lettre 13.
5 Il avait fait à l'École une autre connaissance, celle de M. de Cisy, enfant de grande famille et qui semblait une demoiselle, à la gentillesse de ses manières.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, I, III.
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II (1690). Mod.
1 Femme célibataire. || Rester demoiselle. ⇒ Fille.
REM. On emploie couramment demoiselle pour les femmes célibataires d'un certain âge afin d'éviter le terme désobligeant de vieille fille d'ailleurs de moins en moins employé. La pension est dirigée par deux demoiselles (→ Vieille fille).
6 (…) maintenant, ce qu'on me présentait, c'était une religion d'indienne et de calicot, une piété musquée enrubannée, une dévotion de petites bougies et de petits pots de fleurs, une théologie de demoiselle (…)
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, III, p. 133.
7 M. de Montech avait épousé, aux alentours de 1865, une demoiselle qui n'était pas très jolie, qui était roturière, et pour comble fille d'épicier.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 143.
♦ (Avec un démonstratif, pour former un appellatif). Courtois ou iron. Jeune fille (de la bourgeoisie). || Que boiront ces demoiselles ? || Quand ces demoiselles voudront bien m'écouter… || Ces demoiselles se croient tout permis. — Et que veut la petite demoiselle ? || Un teint de demoiselle.
♦ ☑ Loc. Vieilli. Nom de demoiselle, de jeune fille.
♦ Suivi d'un nom propre, introduit le nom de jeune fille. || « Une dame Pons, née demoiselle Lempoumas » (J. Romains, Knock, II, 5, p. 12, in T. L. F.).
♦ Dr. Titre donné à une femme célibataire. || « J'ai l'honneur de vous informer que la demoiselle Heninghem, garde-barrière à Hondezeele, se plaint des faits suivants » (Maurois, les Silences du colonel Bramble, 1918, p. 178, in T. L. F.).
♦ Régional. || Votre demoiselle : votre fille. ⇒ Mademoiselle.
♦ Spécialt (vieilli ou iron.). Jeune fille ayant des manières bourgeoises affectées. || Manières de demoiselle. || Faire la demoiselle.
2 (XIXe). || Demoiselle d'honneur : jeune fille attachée à la personne d'une souveraine. Par anal. Jeune fille, petite fille qui accompagne la mariée. || Les demoiselles d'honneur et les garçons d'honneur ouvrent le cortège derrière les mariés.
♦ Demoiselle de compagnie : jeune fille, femme célibataire attachée au service d'une dame.
8 Elle allait et venait, habituellement escortée par une bonne assez élégante, et dont le visage et la tournure accusaient plutôt la confidente et la demoiselle de compagnie que la domestique.
Baudelaire, la Fanfarlo, in Essais et Nouvelles.
3 (1825). Dans des syntagmes. Personne (mariée ou non) attachée à un établissement (→ Dame). || Demoiselle de magasin. || Demoiselle du comptoir. — (1905, in D. D. L.). || Les demoiselles du téléphone. || Première demoiselle : vendeuse responsable d'un rayon.
8.1 (…) Hortense, entrée comme demoiselle de comptoir, chez un confiseur de la rue des Martyrs (…)
Zola, Paris, t. I, p. 173.
8.2 Les Danaïdes de l'invisible qui sans cesse vident, remplissent, se transmettent les urnes des sons; les ironiques Furies qui, au moment que nous murmurions une confidence à une amie, avec l'espoir que personne ne nous entendait, nous crient cruellement : « J'écoute »; les servantes toujours irritées du Mystère, les ombrageuses prêtresses de l'Invisible, les Demoiselles du téléphone !
Proust, le Côté de Guermantes, éd. Folio, p. 160.
➪ tableau Noms de métiers.
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III Fig.
1 (1665). Libellule (ou insecte analogue). Var. : damoiselle.
9 La verte demoiselle aux ailes bigarrées (…)
Hugo, Odes, IV, 17.
10 Les lézards t'intéressent, les demoiselles aussi qui, plantées sur le cou l'une de l'autre, volent de brindilles en brindilles et se posent, l'une toute droite et raide, l'autre en ligne brisée, le bout de sa queue dans l'eau.
J. Renard, Journal, 31 juil. 1889.
3 (1630). Techn. Outil de paveur. ⇒ Dame, hie.
4 Techn. Pièce de bois tourné qui sert à ouvrir les doigts des gants neufs.
5 (1870). Régional. Bouteille de vin. ⇒ Fillette.
6 Géol. Pilier formé par l'érosion. || Demoiselle coiffée : pilier surmonté d'un bloc de pierre.
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Encyclopédie Universelle. 2012.