délier [ delje ] v. tr. <conjug. : 7>
• v. 1160; de dé- et lier
1 ♦ Dégager de ce qui lie. ⇒ 1. détacher. Délier un fagot, une gerbe. Délier les mains d'un prisonnier. ⇒ libérer.
2 ♦ Défaire le nœud de. ⇒ dénouer. Délier une corde, des rubans. Loc. N'être pas digne de délier le cordon des souliers de qqn.
♢ Loc. (1690) Sans bourse délier : sans rien payer. ⇒ gratis. — Loc. fig. (1656) Délier la langue de qqn, le faire parler. Le vin lui a délié la langue. Pronom. « Les langues se délient étrangement » (Proust).
3 ♦ Fig. Libérer d'un engagement, d'une obligation. ⇒ affranchir, dégager, délivrer, libérer, relever. Délier qqn d'une promesse. — Pronom. Se délier d'un serment, reprendre sa parole.
♢ Relig. Délier un fidèle d'un péché. ⇒ absoudre.
⊗ CONTR. Lier; attacher.
● délier verbe transitif (bas latin disligare, de ligare, lier) Défaire un lien, le détacher, le dénouer : Délier ses lacets. Dégager quelque chose, quelqu'un de son lien en le défaisant : Délier un bouquet, un prisonnier. Libérer quelqu'un de ce qui le lie à quelque chose, l'en dégager, l'en relever : Délier quelqu'un de ses obligations. Absoudre quelqu'un en vertu du pouvoir remis par le Christ à saint Pierre et, par son intermédiaire, aux apôtres et à leurs successeurs, les évêques. ● délier (expressions) verbe transitif (bas latin disligare, de ligare, lier) Délier les doigts, les jambes, leur donner une plus grande agilité. Familier. Délier la langue à quelqu'un, lui permettre de parler, le faire parler. ● délier (homonymes) verbe transitif (bas latin disligare, de ligare, lier) ● délier (synonymes) verbe transitif (bas latin disligare, de ligare, lier) Défaire un lien, le détacher, le dénouer
Synonymes :
- défaire
- dénouer
- détacher
Contraires :
- attacher
- enchaîner
- lier
Libérer quelqu'un de ce qui le lie à quelque chose, l'en...
Synonymes :
- décharger
- dégager
- délivrer
- émanciper
- libérer
- relever
Contraires :
- ligoter
- river
délier
v. tr.
d1./d Défaire ce qui lie ou ce qui est lié. Délier un lacet, une gerbe.
— Loc. Sans bourse délier: sans payer.
|| Fig. Délier la langue à qqn, le faire parler. Le vin lui déliera la langue.
d2./d Fig. Dégager (d'une obligation, d'un engagement).
d3./d THEOL Absoudre.
⇒DÉLIER, verbe trans.
A.— Dégager de ses liens.
1. [L'obj. désigne une pers. ou une partie du corps hum., un animal ou une chose] Délier un bœuf, une gerbe, un fagot. Les valets délièrent la meute (HUGO, Rhin, 1842, p. 209). Tous disparurent (...), me laissant libre de délier (...) mon compagnon (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 138).
♦ Emploi pronom. réfl. dir. J'entendis (...) une chute molle de corps liés sur la terre (...). Mais ils [les garçons] se délièrent aussitôt avec une hâte sage (COLETTE, Sido, 1929, p. 159).
♦ Constr. pronom. réfl. indir. fig. Se délier les jambes. Se détendre par un exercice physique. Il danse comme pour se délier les membres (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 103).
♦ Au fig. Délier la langue de qqn. Le faire parler. Comme tous les gens dont le vin délie la langue, il avait le verbe haut (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 144).
Emploi pronom. à sens passif. Le capitaine dont la langue se déliait en parlant à une fille des rues (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 285).
2. [L'obj. désigne le lien lui-même] Dénouer. On m'enleva du brancard; on délia les cordes (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 232). Catherine délia le cordon [de la boîte] et ouvrit (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p. 19).
— Loc. fig.
♦ Sans bourse délier (par brachylogie); délier les cordons de sa bourse.
♦ Je ne suis pas digne de délier les cordons de ses souliers.
B.— Au fig. Libérer quelqu'un d'un lien moral ou affectif, en particulier des liens du mariage sacramentel. Ne sommes-nous pas plus que frère et sœur? Ne déliez jamais ce que le ciel a réuni (BALZAC, Lys, 1836, p. 91).
♦ Emploi pronom. à sens passif. C'est effrayant comme les familles se délient! À ces rendez-vous de la mort (...), on voit un tas de gens qu'on ne connaît pas, qui se trouvent vos cousins (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1322).
— P. ext. Libérer quelqu'un d'un engagement, d'une obligation. La reine de Courtelande vous délie du serment prêté (AUDIBERTI, Mal court, 1947, III, p. 197).
♦ Emploi pronom. réfl. Naturellement, par nonchalance, il en vint à se délier de toutes les résolutions qu'il s'était faites (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 9).
— Spéc., RELIG., absol. :
• 1. Il [Jésus] confie à l'Église le droit de lier et de délier (c'est-à-dire de rendre certaines choses licites ou illicites) ...
RENAN, Hist. des orig. du Christianisme, Vie de Jésus, 1863, p. 308.
♦ En partic., THÉOL. CATH. [Le suj. désigne un membre du clergé ayant pouvoir de confesser] Libérer quelqu'un de ses péchés; absoudre :
• 2. ... mon fils, voulez-vous que je [le prêtre] sois seul avec vous, afin que je vous délie de vos péchés, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit?
DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, p. 228.
Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé empl. comme adj. délié, ée. Qui est dégagé d'un lien. Fagot délié (HUGO, Alpes et Pyr., 1885, p. 121). Fig. et fam. a) Avoir la langue déliée. Avoir la langue bien pendue, la parole facile. Il [Jeuselou] savait cinquante-trois bourrées à chanter et avait la langue si déliée qu'on ne pouvait le suivre (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 199). b) Sans bourse déliée.
Prononc. et Orth. :[delje], (je) délie [deli]. FÉR. Crit. t. 1 1787 souligne : ,,Au futur et au conditionnel : je délierai(s), l'e est tellement muet, qu'on ne le fait pas sentir : on prononce [] en trois syllabes``. Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1re moitié XIIe s. « délivrer, détacher » (Psautier Oxford, CXLV, 6, éd. Fr. Michel, p. 226); b) 1160-85 « desserrer le cordon de, ouvrir » borse (...) deslier (v. bourse1 étymol.); c) XIIIe s. deslier ma langue (Dit des Planètes ds JUBINAL, Nouveau Recueil de Contes, Dits, Fabliaux, I, 378); 2. 1174-76 « absoudre, pardonner (les péchés) » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 5283); 3. 1er quart XIIIe s. de le loi de Dieu desloiié (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, 237, 4 ds T.-L.); 1470 plus spéc. « libérer (d'un serment, d'une promesse) » absous et delié de ses foy et promesses (Document ds BARTZSCH, p. 18). Dér. de formation anc. (cf. les correspondants romans du mot : REW3, n° 2672) issu d'un b. lat. disligare (de ligare, v. lier) attesté ds le glossaire de Reichenau (éd. Klein-Labhardt, I, p. 145, 3142 : solvit ... disligavit). Fréq. abs. littér. :409 (déliant :26). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 593, b) 571; XXe s. : a) 530, b) 608.
délier [delje] v. tr.
ÉTYM. V. 1160; de 1. dé-, et lier.
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1 Dégager (qqch., qqn) de ce qui lie; défaire (ce qui est lié). ⇒ Défaire, détacher. || Délier un fagot, une gerbe. || Délier les mains d'un prisonnier. ⇒ Libérer. — Par ext. || Délier qqn; un animal. || Délier un chien. ⇒ Désenchaîner (→ Chien, cit. 19). || Délier des bœufs. || Délier un prisonnier ligoté. ⇒ Déligoter.
0.1 M. de Corville répondit de la prisonnière, on la délia (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 19.
1 C'était l'heure de délier les bœufs, parce qu'ils avaient fait leur demi-journée; et Landry, en les reconduisant au pacage, regardait toujours courir la petite Fadette, (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XXI, p. 146.
♦ Par ext. Pron. || Se délier d'une étreinte. — Au p. p. || Âme déliée du corps (→ Attacher, cit. 18).
2 Déliées de toute adhérence humaine, deux âmes s'élèvent sans effort jusqu'à la dernière cime de l'amour, s'étreignent subtilement en Dieu.
Martin du Gard, Jean Barois, V, p. 37.
2 Défaire le nœud de; défaire (un lien). ⇒ Dénouer. || Délier une corde, des rubans. — ☑ Fig. N'être pas digne de délier le cordon des souliers de qqn.
3 Je vois ce que c'est : le maraud voudrait me payer mes cent écus sans bourse délier (…)
Beaumarchais, le Barbier de Séville, II, 7.
3 ☑ (1656). Loc. fig. Délier la langue de qqn, le faire parler (→ Calomniateur, cit. 2). || Le vin, la promenade lui a délié la langue (→ Avouer, cit. 21). — Pron. || Les langues se délient.
4 Mais les langues se délient étrangement et racontent facilement une faute quand on n'a plus à craindre la rancune de la coupable.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 94.
♦ ☑ Fam. (Au p. p.). Avoir la langue bien déliée, la langue bien pendue, la parole facile. — Par anal. :
5 La partie graduellement s'échauffe, à mesure que les bras et les jarrets se délient, dans une ivresse de mouvement et de vitesse.
Loti, Ramuntcho, I, IV, p. 57.
♦ Fig. et littér. Rendre plus fin, plus subtil. ⇒ Affiner, aiguiser (cit. 12). || Délier l'intelligence, l'esprit.
4 Libérer (qqn) d'un engagement, d'une obligation. ⇒ Affranchir, dégager, délivrer, libérer, relever. || Délier qqn d'une promesse. ⇒ Rendre (sa parole) → Abri, cit. 12. — Pron. || Se délier d'un contrat. ⇒ Annuler, casser, renoncer, résoudre. || Se délier d'un serment. ⇒ Reprendre (sa parole). — Se délier de qqn. ⇒ Détacher (se).
6 Mais, à mesure que se serrait davantage l'intimité de leur vie, un détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui.
Flaubert, Mme Bovary, I, VII, p. 31.
♦ Théol. ⇒ Absoudre. || Délier un fidèle d'un péché. — Absolt. || Le pouvoir de délier. ⇒ Clef (cit. 8 et supra).
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se délier v. pron.
♦ Voir à l'article.
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délié, ée p. p. adj.
♦ Voir à l'article.
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DÉR. Déliage, 2. délié, déliement.
HOM. 1. et 2. Délié.
Encyclopédie Universelle. 2012.