ligoter [ ligɔte ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1837 arg.; ligoter la vigne 1600; de ligote « corde », repris de l'a. fr. (1180); provenç. ligot « lien », lat. ligare → lier
♦ Attacher, lier (qqn) solidement avec une corde, en privant de l'usage des bras et des jambes. ⇒ ficeler. Ligoter et bâillonner un prisonnier. On l'a retrouvé ligoté sur, à une chaise. — Par métaph. ⇒ enchaîner, garrotter. « près de se laisser séduire et ligoter au mariage » (Henriot).
● ligoter verbe transitif (ancien français ligote, corde, de l'ancien occitan liga, lier) Attacher étroitement quelqu'un (à quelque chose) ou lier ses membres de sorte qu'il n'ait plus sa liberté de mouvement : Les bandits avaient ligoté le caissier à une chaise. Faire perdre à quelqu'un de sa liberté d'action, d'expression : Son serment l'avait ligoté. ● ligoter (difficultés) verbe transitif (ancien français ligote, corde, de l'ancien occitan liga, lier) Orthographe Avec un seul t. ● ligoter (synonymes) verbe transitif (ancien français ligote, corde, de l'ancien occitan liga, lier) Attacher étroitement quelqu'un (à quelque chose) ou lier ses membres de...
Synonymes :
- ficeler
Faire perdre à quelqu'un de sa liberté d'action, d'expression
Synonymes :
- enchaîner
- lier
- museler
ligoter
v. tr. Lier, attacher solidement. Ligoter qqn sur une chaise.
|| Fig. La censure ligotait la presse.
⇒LIGOTER, LIGOTTER, verbe trans.
A. — Lier étroitement. Puis, quand je vis qu'il allait passer, je le bâillonne, je le ligote, je le déshabille (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Champ d'oliv., 1890, p. 95). Krogold se jette sur le tout, renverse l'homme, le ligote, c'est un soldat, il l'égorge de sa propre courte lame comme un porc (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 33) :
• 1. ... alors ils attachaient une corde au bras, tiraient dessus de toutes leurs forces, disloquaient l'épaule (...). Et la même scène se reproduisait pour arrêter les pieds. Eux aussi n'atteignaient pas la place que les exécuteurs avaient marquée. Il fallut lier le torse, ligotter les bras pour ne pas arracher les mains du bois...
HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 270.
— Argot
♦ Lier avec une corde ou une ficelle du nom de ligot. Il est urgent de le ligotter, c'est-à-dire de lui attacher une ou deux mains (LARCHEY, Dict. hist. arg., 1878, p. 221). Il semble résulter des débats [du procès intenté à La Lanterne] que certains agents ligotent leurs prisonniers (La Petite lune, 1878-79, n° 34, p. 2).
B. — Au fig.
1. Péj. Priver de liberté d'action, enchaîner avec des liens moraux. On ligotte la femme avec des préjugés (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 71). Cette charité n'humiliait pas le bénéficiaire, ni ne le ligotait par les chaînes de la gratitude (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 375) :
• 2. Cet amour était pour lui, et surtout pour sa femme, une chaîne volontaire qui pesait sur leur vie, ligotait leurs mouvements; on eût dit que, du moment qu'on avait des enfants, la vie personnelle fût finie et qu'on dût renoncer pour toujours à son propre développement...
ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p. 1042.
— Emploi pronom. Se ligoter par des vœux est horrible (GREEN, Journal, 1937, p. 98).
2. Rare et fam. Captiver. Synon. embobiner. Une si petite fille s'est arrangée pour si bien ligoter un si grand monsieur (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1909, p. 86).
REM. Ligoté, subst. masc. Celui qui est ligoté, moralement enchaîné ou considéré comme tel. Corrompre pour dominer, telle est la devise de l'affreuse Boîte [la Sûreté générale] qui n'accepte au Ministère de l'Intérieur qu'un complice comme Schrameck (...) qu'un ligoté comme Marraud ou Tardieu, ou qu'un crétin comme Maunoury (L. DAUDET, Police pol., 1934, p. 96).
Prononc. et Orth. : [ligote], (il) ligote []. Att. ds Ac. 1935. -otter (supra) par infl. de garrotter. Étymol. et Hist. 1. 1605 ligotter la vigne « émonder, nettoyer, tailler la vigne [à l'origine prob. : la lier] » (O. DE SERRES, Théâtre d'Agric., III, 4 ds HUG.), sens noté par COTGR. 1611; 2. 1800 part. prés. fém. substantivé ligotandes « cordages » Hist. des brigands chauffeurs ds SAIN. (Sources arg. t. 2, p. 91); 1815 « lier, garotter » (Chanson du malfaiteur Winter ds ESN.); 1837 (VIDOCQ, Mém., Suppl., I, 61 ds SAIN., op. cit., t. 2, p. 139). Dér., avec dés. -er, de ligote, attesté dès l'a. fr. au sens de « courroie intérieure du bouclier » 3e quart XIIIe s. [ms] (A. DE PARIS, Alexandre, éd. Elliott Monographs, Br. II, 10, 172, leçon ms N), puis en arg. mod. au sens de « corde mince pour attacher le poignet de la main droite des détenus » (1837 VIDOCQ, Voleurs; vocab. ds SAIN., op. cit., t. 2, p. 139), prob. d'origine mérid. (cf. ligot et l'utilisation de ligoter par O. de Serres), mais non attesté dans les dict. d'occitan. Fréq. abs. littér. : 123.
DÉR. Ligotage, subst. masc. Action de ligoter, résultat de cette action. (Dict. XIXe et XXe s.). Arg. Action de lier avec une ligote (corde, ficelle). Au fig. Action d'enchaîner moralement. L'affaire avait dû se conclure sous Constans, l'épouvantable ministre de l'intérieur qui, gouverneur d'Indochine, fit assassiner le malheureux haut fonctionnaire Richard, lequel apportait en France la preuve de ses concussions et de ses crimes, le ligotage fut repris sous Waldeck-Rousseau, un des hommes, avec Briand, les plus funestes que la démocratie ait enfantés (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 41). — []. — 1res attest. 1879 (Procès de la Lanterne, 27 janv., plaidoierie de M. Delattre ds RIGAUD, Dict. arg. mod., 1881 : le ligotage enchaîne les mains au moyen d'une ficelle que l'on serre savamment jusqu'à ce que le sang jaillisse), 1883 fig. (HUYSMANS, Art mod., p. 89 : le ligotage officiel des écoles); de ligoter, suff. -age.
BBG. — QUEM. DDL t. 2 (s.v. ligotage).
ligoter [ligɔte] v. tr.
ÉTYM. 1600, ligoter la vigne; ligoter qqn, en argot, 1837, Vidocq; de l'argot ligote « corde », repris de l'anc. franç. (1180), p.-ê. par le gascon ou le provençal ligot « lien » (→ Ligot), du lat. ligare « lier ». → Lier.
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1 Attacher (qqn) avec une corde, de sorte qu'il ne puisse pas bouger, en privant de l'usage des bras et des jambes. ⇒ Ficeler, lier. || Ligoter un prisonnier. || On l'avait ligoté sur, à une chaise. — Au p. p. || Ligoté et bâillonné.
1 (…) les vrilles de la vigne poussèrent si dru, cette nuit-là, que le rossignol s'éveilla ligoté, les pattes empêtrées de liens fourchus, les ailes impuissantes (…)
Colette, les Vrilles de la vigne, p. 10.
♦ (Sujet n. du lien). || La corde qui le ligotait n'était pas très serrée, il a pu se dégager.
♦ Par ext. (Sujet n. de chose). Serrer étroitement dans des liens. ⇒ Enserrer. || Plantes, lianes qui ligotent les branches d'un arbre (→ Envelopper, cit. 19).
2 Par métaphore ou fig. Priver (qqn) de sa liberté, de son indépendance. ⇒ Enchaîner, garrotter (→ Étiquette, cit. 9). — Par ext. || Ligoter les mouvements, les sentiments de qqn. || Se faire ligoter par des contraintes. || Se sentir ligoté par des obligations.
2 Nietzsche, près de se laisser séduire et ligoter au mariage par la belle Lou Salomé, s'étant cabré et retiré devant le péril, parle dans une lettre de l' « égoïsme sacré » qui selon lui doit protéger l'artiste à la personnalité menacée dans son indispensable indépendance.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 192.
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ligoté, ée p. p. adj.
♦ Voir à l'article, ci-dessus.
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DÉR. Ligotage.
HOM. Il existe un hom. argotique signifiant « lire ».
Encyclopédie Universelle. 2012.