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dehors

dehors [ dəɔr ] prép., adv. et n. m.
XIIe; defors Xe; lat. pop. deforis, de foris fors, hors
I
1 Prép. Vx À l'extérieur de. hors (de). « Dieu n'est ni dedans, ni dehors le monde » (Fénelon).
2 Adv. Mod. À l'extérieur; hors du lieu, de la chose dont il s'agit. extérieurement; ailleurs; loin. Aller dehors : sortir. Rester, coucher dehors, à l'extérieur, en plein air, à la belle étoile. Un nom à coucher dehors. Je serai dehors toute la journée, hors de chez moi. — Fig. Mettre, jeter (et fam. ficher, flanquer, foutre) qqn dehors, le chasser, congédier, renvoyer.
Ellipt Dehors ! va-t'en, allez-vous en. Allez, ouste, dehors ! (cf. Hors d'ici, à la porte).
II N. m. (XVIe)
1La partie extérieure, l'aspect extérieur. 2. extérieur. Le dehors de cette boîte, de ce récipient. « Ce fond [de verre] astucieusement grossi pour le dehors, rétréci pour le dedans » (Romains).
L'extérieur, par rapport à un lieu (ville, pays). Les affaires, « les combats » (Bossuet) du dehors. Les ennemis du dehors et du dedans.
2Par ext. LE DEHORS, et plus souvent LES DEHORS : l'apparence extérieure (de qqn). ⇒ 2. air, apparence, aspect. Un dehors aimable, gracieux. « Montcornet a les dehors d'un héros de l'antiquité » (Balzac). « Assez pervers pour affecter les dehors d'une tendresse qu'il n'éprouvait pas » (France).
3Danse, patinage Mouvement en dehors, mouvement semi-circulaire vers l'extérieur.
III Adv. et prép. (dans des loc.) (1169 au dehors)
1De dehors, par-dehors : de, par l'extérieur.
EN DEHORS :vers l'extérieur. « Les jambes molles; les pieds en dehors » (Romains). Danse En dehors : principe de la danse classique qui exige que les jambes soient tournées vers l'extérieur; angle formé par les pieds tournés vers l'extérieur. Un en dehors à 90°. Loc. prép. EN DEHORS DE : hors de, à l'extérieur de. Fig. C'est en dehors de la question (cf. À côté de). Se tenir en dehors d'un débat, à l'écart.
2Loc. adv. AU-DEHORS ou AU DEHORS : à l'extérieur. ⇒ extérieurement, loin. « Le tuyau destiné à conduire la fumée au-dehors » (Jules Verne). Dans l'apparence extérieure. « Homme auguste au dedans, ferme au dehors, ayant En lui toute la gloire » (Hugo). Loc. prép. AU DEHORS DE : à l'extérieur de. Au dehors de ce pays.
⊗ CONTR. Dans, dedans, intérieurement. — Fond, intérieur.

dehors adverbe (bas latin deforis) Hors du lieu dont il s'agit, à l'extérieur du domicile : Ne restez pas dehors : entrez.dehors (difficultés) adverbe (bas latin deforis) Prononciation [&ph88;əɔʀ], bien prononcer de-hors (comme debout). Ne pas prononcer dé-hors. Orthographe 1. En dehors, en dehors de : jamais de trait d'union. 2. Au-dehors (de), par-dehors : toujours avec trait d'union. ● dehors (expressions) adverbe (bas latin deforis) Avoir, marcher les pieds en dehors, les pointes des pieds nettement tournées vers l'extérieur. En dehors (d'un lieu), à l'extérieur, vers l'extérieur (de). En dehors de quelque chose, hors du domaine, en en sortant. En dehors de quelqu'un, à l'exception de, hormis : En dehors de toi, personne n'est au courant. Être en dehors, pour un danseur, avoir les genoux et les pieds naturellement ouverts. (Cette disposition est indispensable à l'étude de la danse classique.) Mettre, jeter, foutre, fiche, flanquer quelqu'un dehors, le chasser, lui donner congé, le mettre à la porte. ● dehors nom masculin Partie extérieure d'une chose : Le dedans et le dehors d'une maison. Littéraire. Aspect extérieur de quelqu'un : Un dehors agréable. L'extérieur, le milieu environnant : Les bruits du dehors. Pays étrangers : Travailleurs venus du dehors. Côté opposé à celui sur lequel le cheval tourne. ● dehors nom masculin pluriel Apparences de quelque chose, de quelqu'un : Sous des dehors rudes, il est très sensible. Ouvrages situés en avant du corps de la place (XVIIe au XIXe s.), telles les demi-lunes, tenailles, lunettes, etc. ● dehors (synonymes) nom masculin pluriel Apparences de quelque chose, de quelqu'un
Synonymes :
- air
- extérieur
- façade
- façons
- manières

dehors
adv., Prép. et n. m.
rI./r
d1./d adv. de lieu. à l'extérieur, hors du lieu ou de la chose en question. Rester dehors.
Interj. Dehors!: sortez!
|| Fig. Mettre, flanquer, jeter qqn dehors, le chasser.
d2./d Loc. Mettre toutes voiles dehors: V. voile 2.
|| Fig. Toutes voiles dehors: en déployant toutes ses ressources; le plus vite possible.
rII./r Loc. adv. et Prép.
d1./d En dehors: à, vers l'extérieur. La porte ouvre en dehors.
Marcher avec les pieds en dehors.
|| En dehors de: à l'extérieur de. Habiter en dehors de la ville.
Fig. Je n'ai rien à vous dire en dehors de cela, mis à part cela.
d2./d Au-dehors: extérieurement, hors d'un lieu clos. Il faisait au-dehors un temps affreux.
|| Au-dehors de: à l'extérieur de. Au-dehors des fortifications.
d3./d De dehors: de l'extérieur.
|| Par-dehors: par l'extérieur. Il est passé par-dehors.
rIII/r n. m.
d1./d Partie extérieure d'une chose. Le dehors et le dedans.
d2./d Plur. Fig. Extérieur, apparence d'un individu. Sous des dehors modestes, il est fort orgueilleux.

⇒DEHORS, prép., adv., interj. et subst. masc.
I.— Emploi prép. et adv.
A.— Vx, prép. À l'extérieur de. (Cf. dedans, ex. 1). Suis-je dehors ou dedans ce corps? (CLAUDEL, Soulier, 1944, 3e journ., 8, p. 802) :
1. La noce devoit se faire dans le local du restaurateur qui se trouvoit dehors la ville, et sous le berceau de tilleul où l'on avoit prononcé le nom d'Annette.
BALZAC, Annette et le criminel, t. 1, 1824, p. 210.
Rem. La plupart des dict. gén. attestent cet emploi en précisant cependant qu'il est rare ou arch. ,,Il passa par dehors la ville. En ce sens, il n'est guère d'usage qu'en cette phrase et quelques autres semblables`` (Ac. 1798-1878).
B.— Usuel, adv. À l'extérieur; hors du lieu dont il est question :
2. GARCIN. — Parbleu. C'est ça votre jour. Et dehors?
LE GARÇON, ahuri.Dehors?
GARCIN. — Dehors! De l'autre côté de ces murs?
LE GARÇON. — Il y a un couloir.
SARTRE, Huis clos, 1944, 1, p. 119.
Expr. et loc.
1. [Souvent employé dans une phrase à tournure négative pour suggérer l'impossibilité de sortir] Impossible de mettre le pied dehors pour aller se promener (DELÉCLUZE, Journal, 1828, p. 498). Par un temps à ne pas mettre un chien dehors (GONCOURT, Journal, 1890, p. 1263).
2. Manger, souper dehors. Prendre un repas hors de chez soi et spécialement, en ville, au restaurant (cf. J. HUMBERT, Nouv. gloss. genev., 1852, p. 143). J'aime mieux faire un bon repas dehors qu'un mauvais chez moi (BECQUE, Parisienne, 1885, I, 2, p. 262).
3. Histoire, nom à coucher dehors. Extraordinaire, extravagant; à dormir debout (cf. CARABELLI, [Lang. pop.]).
4. Être tous ongles, toutes griffes dehors. Être sur le qui-vive, prêt à la riposte. Inès, toutes griffes dehors (MONTHERL., Reine morte, 1942, II, 2e tabl., 5, p. 191).
5. Mettre, jeter, flanquer, ... qqn dehors (fam.). Chasser, éconduire quelqu'un sans ménagement. Quand elle va rentrer, nous allons la jeter dehors (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Serre, 1883, p. 678). Ce que je vais te le faire flanquer dehors! (ZOLA, Terre, 1887, p. 442). Spéc. Licencier. Il tenait si mal son emploi que son patron l'a mis dehors (Lar. Lang. fr.). Marie Coquelière (...) se trouvait en couches au moment où le jardinier fut mis dehors (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 28) :
3. Des jeunes gens, mis au courant par Lecouvreur, la reluquèrent. — Jeanne, dit une voix. — Le premier qui lui fait des propositions, cria Louise, je le fous dehors!
DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, p. 180.
6. NAV. Toutes (les) voiles dehors
a) L'ensemble de la voilure du navire déployée pour lui donner sa vitesse la plus grande. Mettre toutes (les) voiles dehors. Ils fileront toutes voiles dehors, toujours droit devant (SALACROU, Terre ronde, 1938, I, 4, p. 162) :
4. C'est alors que le bateau fit son apparition à l'extrémité de la crique, toutes voiles dehors. Mon père le vit le premier : — Ce cher Cyril n'y tenait plus, dit-il en riant.
SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 111.
b) Au fig., fam. Avec rapidité, vivacité. Il mit toute voile dehors et l'aborda (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 84).
♦ Avec tous les atouts, toutes les ressources dont on dispose pour parvenir à ses fins. Un important auxiliaire à gagner, ce bonhomme! Allons, toutes voiles dehors! (AUGIER, Contagion, 1866, V, p. 478).
♦ Avec orgueil, ostentation. Toutes particularités que la situation de reine de Mme de Guermantes lui avait permis d'exhiber plus facilement, de faire sortir toutes voiles dehors (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 494).
c) P. iron. et antiphrase :
5. La famille estimait inutiles et mêmes immorales les trempettes mondaines en eau salée, toute viande dehors. L'horreur du nu est tenace en Craonnais.
H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 159.
C.— Loc. diverses
1. Loc. adv.
a) De dehors. De l'extérieur :
6. Le curé d'Azai, à Pâques dernier, voulant quatre hommes pour porter le dais, qui eussent communié, ne les put trouver dans le village; il en fallut prendre de dehors, tant est rare chez nous et petite la dévotion.
COURIER, Pamphlets pol., Pétition pour des villageois que l'on empêche de danser. 1822, p. 142.
b) En dehors
À l'extérieur. Saveria l'avait fermée en dehors à double tour (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 115). Le colonel en dehors et au centre, les officiers à leur place (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 35) :
7. Tu connais ces demeures si souvent décrites. Elles ne possèdent point de fenêtres en dehors; mais une cour intérieure les éclaire du haut en bas.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Marroca, 1882, p. 787.
Vers l'extérieur. Car la feuille du lys est courbée en dehors (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 842).
En partic.
♦ [Souvent dans des indications d'interprétation, de mise en scène] Voix en dehors, chanter, parler en dehors. Les chanteurs jouèrent tout « en dehors » afin de ne pas perdre le contact avec le public (POURTALÈS, Wagner, 1932, p. 142) :
8. DUFOUR, en dehors. — Tiennette! Tiennette!
TIENNETTE. — Je l'entends qui m'appelle.
GUILBERT DE PIXERÉCOURT, Coelina, 1801, I, 1, p. 4.
Personne en dehors. Extravertie, spontanée. C'était [Villars] une nature de guerrier, tout en dehors, tout d'une venue, donnant sa mesure de pied en cap et se dessinant de toute sa hauteur (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 13, 1851-62, p. 41). C'était, comme je vous l'ai dit déjà, une agitée, toute en dehors, d'une élégance un peu tapageuse (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Porte, 1887, p. 1075).
♦ [En parlant des membres du corps hum]. En pliant ses pouces en dehors, pour apaiser les mauvais esprits de la mine (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1563) :
9. À peine fumait-il l'opium; souvent, à l'heure de la sieste, on voyait déambuler sa silhouette blanche : casque plat, torse étroit, vaste pantalon de zouave, et les pieds en dehors de Charlot; car il aimait à sortir accompagné d'un vélo qu'il tirait plus qu'il ne l'employait, un vélo ancien, mais toujours soigneusement graissé.
MALRAUX, Les Conquérants, 1928, p. 24.
CHORÉGR., SP. Danser, tourner en dehors. Un tour à l'arabesque sera exécuté en dehors si l'on tourne du côté de la jambe qui sert de pivot, l'autre étant soulevée en arabesque (MEUNIER, Danse class., 1931, p. 133).
Emploi subst. Je suis si exaspéré par les en-dehors de « Bouvard et Pécuchet » que je vais dépasser Cro-Magnon, je deviens Néanderthal! (FLAUB., Corresp., 1880, p. 376).
Par dehors. Par l'extérieur. Ces animaux trouvaient le moyen de pénétrer la nuit par dehors (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 246).
2. Loc. prép. En dehors de
a) À l'extérieur de :
10. Comme la cuisine se trouvait en dehors de la maison, dans un bâtiment annexé, et que Marguerite ne pouvait entendre la voix de son curé, il la prévenait de ses besoins par quelques coups donnés sur un gong chinois suspendu près du mur, derrière lui.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Le Champ d'oliviers, 1890, p. 88.
NAV. [En parlant d'un navire qui se trouve au-delà d'un point donné] Je ne fus en dehors de toutes les îles qu'à l'entrée de la nuit (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 40).
b) Au fig.
[L'espace considéré est une pers.] Elle acceptait que les siens fussent heureux en dehors d'elle (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 1031).
[L'espace considéré est un inanimé abstr.] Le théâtre, étant en dehors de la littérature, n'est pas même mentionné (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 329). Tu as parlé en dehors de la question (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 211).
c) P. ext.
À l'exclusion, à l'exception de :
11. Le monde se bornait habituellement à M. Swann, qui, en dehors de quelques étrangers de passage, était à peu près la seule personne qui vînt chez nous à Combray, quelquefois pour dîner en voisin (...), quelquefois après le dîner, à l'improviste.
PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 13.
En plus, en sus de :
12. Je savais bien qu'en dehors des grosses planètes comme la terre, Jupiter, Mars, Vénus, auxquelles on a donné des noms, il y en a des centaines d'autres qui sont quelquefois si petites qu'on a beaucoup de mal à les apercevoir au téléscope.
SAINT-EXUPÉRY, Le Petit Prince, 1943, p. 420.
À l'insu, sans le consentement de. Cette décision, pensait Bernis, cette décision a été prise en dehors de nous (SAINT-EXUPÉRY, Courr. Sud, 1928, p. 42).
Rem. 1. On rencontre ds la docum. l'emploi de la loc. prép. dehors de signifiant « hors de, sorti de »; cet usage ,,class.`` est attesté ds Lar. Lang. fr. Il y avait à peu près quinze mois que j'étais dehors de l'hôtel Bazancourt (JOIGNEAUX, Prisons Paris, 1841, p. 26). Au fig. Telle est ma situation depuis six semaines. J'en suis à peu près dehors, mais non tout à fait cependant (LAMART., Corresp., 1831, p. 115). 2. Dehors et dedans sont souvent en relation l'un avec l'autre pour suggérer l'oppos. et le mouvement qui s'établit entre ces 2 contraires : de dedans en dehors « de l'intérieur vers l'extérieur ». Cette pression de dehors en dedans sur tout le crâne, que l'on éprouve quand on fait un grand effort pour se rappeler quelque chose (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 33). Cf. aussi dedans.
II.— Interj. [P. ell. de verbe de mouvement tels que aller, partir, sortir] Ordre qui intime à quelqu'un de sortir avec accompagnement d'un geste :
13. Puis, soudain, il s'élança avec une rage de fou furieux, étreignit sa servante à la gorge et la jeta contre le mur. Il balbutiait : « Dehors!... Dehors!... Dehors!... Brute! »
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Le Petit, 1883, p. 391.
III.— Subst. masc.
A.— Emploi subst. proprement dit
1. La partie extérieure d'un objet :
14. Ils entrèrent tous dans une misérable cabane dont le dehors annonçoit une auberge, et là, Vernyct tint conseil avec Jeanneton et Milo; ...
BALZAC, Annette et le criminel, t. 4, 1824, p. 115.
La porte du dehors. Elle alla ouvrir la porte du dehors et elle tendit l'oreille dans la nuit (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Prisonniers, 1884, p. 283).
P. ext. L'espace extérieur (à un espace clos ou considéré comme tel). Nos élèves se confessent à des prêtres du dehors (MONTHERL., Ville dont prince, 1951, I, 3, p. 864) :
15. ... chambres d'hiver (...) où, par un temps glacial, le plaisir qu'on goûte de se sentir séparé du dehors (comme l'hirondelle de mer qui a son nid au fond d'un souterrain dans la chaleur de la terre) et où, le feu étant entretenu toute la nuit dans la cheminée, on dort dans un grand manteau d'air chaud et fumeux, traversé des lueurs des tisons qui se rallument, sorte d'impalpable alcôve, ...
PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, p. 7.
Au fig. Il travaillait sa prose, non par le dehors à la façon d'un mosaïste qui incruste ses pierres, mais par le dedans à la manière d'une branche qui développe ses feuilles (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 129).
En partic.
a) Au plur., vx. Abords, alentours d'une maison, fortifications d'un château, d'une place forte. Nous sommes allés avec de fortes escortes du gouvernement de Jérusalem visiter les dehors de la ville, le mont des Oliviers, la vallée de Josaphat (LAMART., Corresp., 1832, p. 316). Une seule petite fenêtre par laquelle les soldats voyaient les dehors (STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p. 191) :
16. Catinat devait se concerter avec M. de Quincy pour tout ce qui pourrait incommoder Mons, et pour empêcher qu'il n'y entrât rien; il dut démolir des moulins à eau qui étaient dans les dehors et qui servaient à alimenter la place de farines.
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 8, 1863-69, p. 399.
b) P. méton. Pays étrangers par rapport à l'intérieur du pays. La crainte des Guise était que les protestants de France n'eussent recours aux protestants du dehors (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 167).
2. La partie tangible, visible d'un individu (p. oppos. à sa vie intérieure). L'espèce de visage inouï (...) riait tout seul. Gwynplaine ne s'en mêlait pas. Le dehors ne dépendait pas du dedans (HUGO, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 59).
P. ext. Le monde extérieur à l'individu. J'ai l'horreur de tout ce qui veut du dehors me contraindre (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914-18, p. 90). Quand le je est blessé du dehors, il a d'abord la révolte la plus extrême, la plus amère, comme un animal qui se débat (WEIL, Pesanteur, 1943, p. 38).
3. Au fig., gén. au plur. [Souvent déterminé par la prép. sous et qualifié par des adj. dépréciatifs] L'apparence, le paraître, les faux semblants.
a) [En parlant d'une chose] Ne point se laisser éblouir par de faux dehors, par le clinquant des vanités mondaines (MARAT, Pamphlets, Dénonc. contre Necker, 1790, p. 76). Mais qui jamais a su, dans des vers séduisants, Sous des dehors plus vrais peindre l'esprit aux sens? (CHÉNIER, Invention, 1794, p. 17) :
17. Cet intérieur d'abord, me produisit une impression d'avarice. J'ai appris depuis que ces dehors parcimonieux cachaient au fond une vie très dure.
A. DAUDET, Trente ans de Paris, 1888, p. 226.
b) [En parlant d'une pers.] Elle lui semblait agitée et nerveuse sous des dehors muets (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 153). Sauver les dehors. Sauver les apparences. Qu'importe au monde un secret qu'il ignore! Les dehors sont sauvés (...) vous l'avez dit (BAYARD, Ménage paris., 1844, IV, 3, p. 373) :
18. Madame Lefèvre était une dame de campagne, une veuve, une de ces demi-paysannes à rubans et à chapeaux falbalas, de ces personnes qui parlent avec des cuirs, prennent en public des airs grandioses, et cachent une âme de brute prétentieuse sous des dehors comiques et chamarrés, comme elles dissimulent leurs grosses mains rouges sous des gants de soie écrue.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Pierrot, 1882, p. 347.
B.— Locutions
1. Au dehors, loc. adv. À l'extérieur. Tu fermeras la porte au dehors, Mathurin, et tu glisseras la clef d'sous l'auvent comme t'as fait l'aut'nuit (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, Ivrogne, 1884, p. 931). Mais au dehors, il faisait encore plus doux que la veille (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 17).
En partic.
a) [En parlant des manifestations visibles du tempérament, de l'humeur d'une pers.] Mais il montroit au dehors un caractère inflexible (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 459). Cf. supra en dehors.
b) Au-delà des frontières d'un pays, d'une nation. « Avec les rois on a la guerre au dehors; avec la république on a la guerre au dedans » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Deux amis, 1883, p. 191).
2. Au dehors de, loc. prép. À l'extérieur de. Autour de la ville, au dehors des remparts (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 560).
Prononc. et Orth. :[]. h aspiré ds FÉR. 1768, GATTEL 1841, LITTRÉ et PASSY 1914 (cf. déhanché). LITTRÉ rejette la prononc. [] qu'on entend, d'apr. lui, souvent à Paris. Cf. aussi MART. Comment prononce 1913, p. 170, pour lequel cette prononc. a, à peu près disparu. Cf. encore NYROP Phonét. 1951, § 83, pour lequel il s'agit de parler négligé ou vulg. (cf. dé-, dés-). On ne fait pas la liaison entre dehors et un mot suiv. Cf. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 462. Cf. aussi LITTRÉ qui ajoute qu'on peut entendre au-dedans‿et au-dehors (avec liaison). Admis ds Ac. 1694-1932. Ac. écrit au-dehors, par-dehors avec trait d'union. LITTRÉ les écrit tous deux sans trait d'union. ROB. écrit le 2e sans et accepte les 2 façons d'écrire pour le 1er. Étymol. et Hist. A. 1. 2e moitié Xe s. defors adv. « à l'extérieur » (St Léger, éd. O. Linskill, 141); 2. ca 1100 prép. defors (Roland, éd. Bédier, 2247); XIIe s.-début XIIIe s. [ms] dehors [la citei] (Brut, ms Munich, 3307 ds GDF. Compl.). B. Subst. 1. ca 1268 au defors (Claris et Laris, 1338 ds T.-L.); 2. XVIe s. au plur. les dehors « apparence extérieure » (Mém. sur Du Guesclin, ch. 15 ds LITTRÉ). Du b. lat. deforis adv. « de dehors, au dehors » (de de prép. et foris adv. « au dehors ») la forme dehors, par chute du f intervocalique et apparition d'un h, à l'orig. dans l'exclamation emphatique, puis généralisé. Fréq. abs. littér. :10 638. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 12 014, b) 14 551; XXe s. : a) 19 394, b) 15 528. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 264, 332. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 158, 187. — LE SCAL (Y.). Lang. de la mar. à voile. Vie Lang. 1961, p. 189.

dehors [dəɔʀ] prép., adv. et n. m.
ÉTYM. XIIe; altér. de defors, Xe, du bas lat. deforis, de de-, et foris (→ Fors), d'après hors.
———
I
1 Prép. de lieu. Vx. À l'extérieur de, hors de… || Dehors la maison.Mod. || En dehors de… : à l'extérieur de… (Dehors est à la fois adverbe et préposition jusqu'au XVIIe s. → Dedans, I., 1., rem.).
1 À proprement parler, Dieu n'est ni dedans, ni dehors le monde,
Fénelon, Traité de l'existence de Dieu, II, 5.
2 Adv. de lieu. Mod. À l'extérieur; hors du lieu, de la chose dont il s'agit. Extérieurement; ailleurs, delà, loin, et les préf. ex-, extra-. || Aller dehors. Sortir. || Il fait meilleur chez soi que dehors. || Rester, coucher dehors, à l'extérieur, en plein air, à la belle étoile… || Je serai dehors toute la journée, hors de chez moi ( Absent). || Mettre quelqu'un dehors, le faire sortir. — ☑ Loc. Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors, un temps exécrable.Qui conduit dehors. Déférent. || Qui sort, qui avance dehors. Saillant.
2 L'honneur est comme une île escarpée et sans bords
On n'y peut plus rentrer dès qu'on en est dehors.
Boileau, Satires, X.
3 Ô Ciel ! que l'heure de manger
Pour être mis dehors est une maudite heure !
Molière, Amphitryon, III, 6.
4 Dehors il pleut, ici il ne pleut pas; dehors il fait froid, ici il n'y a pas une miette de vent; dehors il y a des tas de monde, ici il n'y a personne; dehors il n'y a même pas la lune, ici il y a ma chandelle (…)
Hugo, les Misérables, IV, VI, II.
Fig. || Mettre, jeter, ficher, flanquer, foutre qqn dehors. Chasser, congédier, renvoyer; porte (mettre à la porte). || On l'a mis dehors et il cherche un nouvel emploi. || Mettre dehors un employé indélicat.
5 Écoutez, Toinette, si vous fâchez jamais mon mari, je vous mettrai dehors.
Molière, le Malade imaginaire, I, 6.
Mar. Au large, en pleine mer. || La mer est grosse dehors (Académie). — ☑ Loc. Toutes voiles dehors.
3 Loc. adv. Là-dehors (vx) : à l'extérieur de ce lieu.
6 (…) voulez-vous vous en aller là-dehors, petit fripon ?… là-dehors, en termes de personnes de qualité, veut dire l'antichambre.
Molière, la Comtesse Escarbagnas, 2.
De dehors : de l'extérieur. || Il vient de dehors. || La fenêtre s'ouvre de dehors en dedans. || On l'appela de dehors.
7 Mais on peut être vu de quelqu'un de dehors.
Molière, l'École des maris, III, 2.
Par dehors : par l'extérieur. || Il est passé par dehors. || Faire le tour par-dehors (Académie), par dehors (Littré).
En dehors : vers l'extérieur; vers le côté extérieur. || Marcher les pieds en dehors. || Ne pas se pencher en dehors !
8 (…) il (le poète) se penche en dehors, pour voir au-dessous passer la foule.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », II, p. 83.
9 Il marchait en traînant un peu les semelles; les jambes molles, les pieds en dehors.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, IV, p. 30.
Fig. (Vx). Être en dehors, tout en dehors : être d'un caractère ouvert, n'avoir rien de caché ( Franc, ouvert).
10 Le comte Raimond mettait en dehors toute son âme.
Mme de Staël, Corinne, XII, 1.
Au dehors : à l'extérieur. (REM. Le trait d'union n'est employé que par Académie, huitième éd. L'usage reste libre). Extérieurement, loin… || Le récipient se brisa et le contenu se répandit au dehors.Capitaux placés au dehors, à l'étranger.
10.1 La maison du seigneur, seule un peu plus ornée,
Se présente au dehors de murs environnée.
Boileau, Épîtres, VI.
Fig. Dans l'apparence extérieure. || Il est grossier au dedans comme au dehors.
10.2 Homme auguste au dedans, ferme au dehors, ayant
En lui toute la gloire et toute la patrie.
Hugo, la Légende des siècles, XVIII, I, p. 120.
4 Loc. prép. Au dehors de… (rare) : à l'extérieur de. || Au dehors de ce pays.En dehors de : hors de, à l'extérieur de. || En dehors de la ville. || Tout ce qui se trouve en dehors de cette limite ne fait pas partie de la commune.Fig. :
11 (…) à l'époque où j'aimais Gilberte, je croyais encore que l'Amour existait réellement en dehors de nous (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 246.
Fig. || En dehors de cela, on peut encore dire que… Outre (en outre).Tout ceci est en dehors de la question, en dehors du sujet. Côté (à côté de). || Cela s'est fait en dehors de moi, sans que j'en sois informé, sans que j'y participe. || Se tenir en dehors d'un débat. Écart (à l'écart). || Ceci est en dehors de notre compétence, de notre pouvoir, de notre action ( Dépasser).
———
II N. m. (XVIe).
1 Le dehors : la partie extérieure, l'aspect extérieur d'une personne ou d'une chose. Extérieur. || Le dehors de cette boîte, de ce récipient.
12 (…) ce fond (de verre) astucieusement grossi pour le dehors, rétréci pour le dedans (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XVIII, p. 197.
Par anal. L'extérieur, par rapport à un lieu (ville, pays). || Les ennemis du dehors. || Les affaires du dehors : les affaires extérieures.
13 Les combats du dehors coûtaient moins aux Juifs que ceux du dedans (…)
Bossuet, Hist. universelle, II, 21.
Du dehors : de l'extérieur. || Il vient du dehors ( Étranger). || Idée du dehors ( Adventice).
Manège. || La jambe, la rêne du dehors : la jambe, la rêne qui sont à l'extérieur par rapport au centre du manège.Patinage. Courbe décrite lorsque l'on patine sur la carre extérieure d'une lame.
2 Par ext. || Le dehors, et, plus souvent, Les dehors : l'apparence extérieure. Air, apparence, aspect, figure, forme (extérieure), surface. || Un dehors aimable, gracieux. || Un édifice aux dehors agréables. || Cacher quelque chose sous des dehors trompeurs. || Ses dehors rugueux, bourrus, cachent une grande sensibilité. || Sous un dehors de douceur… Masque. || Il ne faut pas juger quelqu'un sur ses dehors (→ L'habit ne fait pas le moine).
14 Et quoique le dehors soit sans émotion.
Le dedans n'est que trouble et que sédition.
Corneille, Polyeucte, II, 2.
15 Souvent ces dehors froids cachent des cœurs sensibles.
Collin d'Harleville, Optimiste, II, 10.
16 Montcornet a les dehors d'un héros de l'antiquité. Ses bras sont gros et nerveux, sa poitrine est large et sonore (…)
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 24.
17 (…) assez pervers pour affecter les dehors d'une tendresse qu'il n'éprouvait pas.
France, le Petit Pierre, XXXIV, p. 238.
18 Madame Brigitte « qui comme tous les êtres vraiment saints, dissimulait tant de bonté sous des dehors austères » (…)
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 34.
19 (…) force est aux gens de nous juger, non point tant sur nos véritables pensées et nos sentiments qui ne se voient pas, que sur notre dehors et nos actes (…)
J. Paulhan, Entretien sur des faits divers, p. 68.
(Vx). Garder, sauver les dehors : sauver les apparences, en parlant d'une personne.
20 Ils n'y vont que par nécessité, que par respect humain, que pour garder quelques dehors.
Bourdaloue, Dimanche oct. du Saint-Sacrement.
(Vx). Avoir du dehors, une apparence extérieure prometteuse. Vernis.
21 (…) celui-là (le peuple) a un bon fond, et n'a point de dehors; ceux-ci (les grands) n'ont que des dehors et qu'une simple superficie.
La Bruyère, les Caractères, IX, 25.
3 Fortif. || Les dehors d'une place : les fortifications extérieures.
4 Mouvement en dehors.Patinage. Mouvement semi-circulaire vers l'extérieur.
CONTR. Dans, dedans, intérieurement. — Fond, intérieur.
DÉR. et COMP. V. Bout-dehors, hors.

Encyclopédie Universelle. 2012.