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déguerpir

déguerpir [ degɛrpir ] v. <conjug. : 2>
• déb. XIIe; de dé- et a. fr. guerpir, frq. °werpon « jeter »
1 V. tr. Dr. anc. Abandonner la propriété, la possession de (un immeuble) pour se soustraire à une servitude. délaisser. Déguerpir un héritage.
2 V. intr. Cour. S'en aller précipitamment. décamper, s'enfuir, filer, fuir, se sauver. L'ennemi a déguerpi. « L'ordre a été reçu [...] de déguerpir; de partir sans rien emporter » (A. Gide). Faites-les déguerpir ( chasser) .
⊗ CONTR. Demeurer, installer (s'), rester.

déguerpir verbe intransitif (ancien français guerpir, du francique werpjan, jeter) Se retirer précipitamment par crainte ; s'enfuir, décamper. ● déguerpir (synonymes) verbe intransitif (ancien français guerpir, du francique werpjan, jeter) Se retirer précipitamment par crainte ; s'enfuir, décamper.
Synonymes :
- décamper (familier)
- décaniller (populaire)
- déloger
- détaler
- filer (familier)
- se barrer (populaire)
- se carapater (populaire)
- se débiner (populaire)
- se sauver
- se tailler (populaire)
- se tirer (populaire)
- s'esquiver
Contraires :
- arriver
- s'installer

déguerpir
v.
rI./r v. intr.
d1./d DR Sommation à déguerpir: injonction légale à quitter les lieux.
d2./d Cour. Se sauver, partir précipitamment. Je vous dis de déguerpir, et vite!
rII./r v. tr. (Afr. subsah.) Expulser par décision administrative (les habitants d'un quartier, d'un immeuble; des commerçants installés sur la voie publique).

⇒DÉGUERPIR, verbe.
A.— Emploi trans., vx. DR. ANC. ,,Abandonner la possession d'un bien`` (Ac. 1798-1878). Déguerpir un héritage, une maison (Ac. 1798-1878).
B.— Emploi intrans., cour. Abandonner un lieu en se sauvant (souvent par crainte). Synon. décamper. Un ouvrier qu'elle logeait a déguerpi sans la payer (AMIEL, Journal, 1866, p. 149) :
1. Il [le duc] n'y put tenir, il déguerpit, abandonna cette maison maudite, et, escorté d'Arcangeli, alla se loger d'emprunt, dans le paisible hôtel Windsor...
BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 89.
Emploi factitif. On l'a fait déguerpir de sa place (Ac. 1798-1932). Faire déguerpir ces chenapans-là! (VERNE, Île myst., 1874, p. 267).
P. métaph. Mieux vaut déguerpir de la vie quand on est jeune, que d'en être chassé par le temps (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 359) :
2. Rendez-lui grâce [à Dieu] en déguerpissant le plus tôt possible de votre nature, en lui laissant le logis de votre conscience vide.
HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 275.
Prononc. et Orth. :[], (je) déguerpis []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1re moitié XIIe s. deguerpir « abandonner » [dereliquit] (Psautier de Cambridge, éd. F. Michel, XXXVII, 10); 1507 spéc. jur. deswerpir [un héritage] (PRÉV. DE FOUILLOY, Cout. loc. du baill. d'Amiens, t. I, p. 299, Bouthors ds GDF.); av. 1617 jur. emploi abs. (LOYSEL, 522 ds LITTRÉ); 1599 p. ext. « abandonner la place » (H. HORNKENS, Recueil de dict. français, espagnols et latins d'apr. FEW t. 17, p. 566 a). Dér. de l'a. fr. guerpir « abandonner (la possession d'un objet) » (mil. XIe s., Alexis, éd. Chr. Storey, 351) — 1660, OUDIN Fr.-Esp., cf. aussi gurpir « abandonner (quelqu'un, quelque chose) » (fin Xe s., Passion, éd. D. S. Avalle, 116, 267) — fin XIIIe s.-début XIVe s., MACÉ DE LA CHARITÉ, Bible ds GDF. Guerpir est empr. à l'a. b. frq. werpjan « jeter, lancer », cf. a. h. all. werfan, all. werfen « id. ». Les formes d'a. fr. en -u-, qui se retrouvent en fr.-prov. et en a. prov., viennent prob. du burgonde ou du got. waurpjan, cf. FEW t. 17, p. 566 b. Fréq. abs. littér. :96.
DÉR. Déguerpissement, subst. masc. ,,Abandon de la propriété ou de la possession d'un immeuble pour se soustraire aux charges foncières qui le grèvent`` (CAP. 1936). []. Ds Ac. 1694-1878. 1re attest. 1308 degarpissement (A.N. S 90 pièce 30 ds GDF. Compl.); du rad. du part. prés. de déguerpir, suff. -(e)ment1.
BBG. — BROSMAN (P. W.). Romance guerpire. Rom. Philol. 1964, t. 18, n° 1, pp. 31-33; A belated reference concerning guerpire. Rom. Philol. 1965, t. 18, n° 4, p. 526. — ROBERT (I.). La Tentation de l'arg. Déf. Lang. fr. 1969, n° 49, p. 10.

déguerpir [degɛʀpiʀ] v.
ÉTYM. XIIe; de 2. dé-, et anc. franç. guerpir, du francique werpjan « jeter ».
A V. tr. (Anciennt). Dr. Abandonner la propriété, la possession de (un bien immeuble) pour se soustraire à une charge, à une servitude. Délaisser. || Déguerpir un héritage.
B V. intr.
1 Dr. (vx). Abandonner la propriété ou la possession de qqch., de ses biens. || Faire déguerpir un locataire. || L'occupant a déguerpi.
1 Il ne manquerait pas de me faire querelle;
Ce serait tous les jours procédure nouvelle,
Et je serais encor contraint de déguerpir.
J.-F. Regnard, le Légataire universel, IV, 6.
2 Mod. et cour. Abandonner précipitamment la place, s'en aller en fuyant. Décamper, enfuir (s'), filer, fuir, quitter (la place), retirer (se), sauver (se); camp (ficher le camp; lever le camp), escampette (prendre la poudre d'escampette), pied (lever le pied). || Faire déguerpir quelqu'un. Chasser. || L'ennemi a déguerpi à la nuit tombante. Échapper (s'). || Recevoir l'ordre de déguerpir au plus vite.
2 Les septembriseurs, ayant changé de nom et de quartier, s'étaient faits marchands de pommes cuites au coin des bornes; mais ils étaient souvent obligés de déguerpir, parce que le peuple, qui les reconnaissait, renversait leur échoppe et les voulait assommer.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 175.
3 L'ordre a été reçu tout à coup, fort inopinément, de déguerpir; de partir sans rien emporter que le plus strict nécessaire (…)
Gide, Journal, 10 mai 1943.
CONTR. Demeurer, installer (s'), rester.
DÉR. Déguerpissement.

Encyclopédie Universelle. 2012.