dédain [ dedɛ̃ ] n. m.
• 1160 desdaing; de dédaigner
1 ♦ Le fait de dédaigner; mépris exprimé. ⇒ arrogance, hauteur, mépris. Un dédain hautain, ironique, narquois, railleur. Moue de dédain. Répondre avec dédain. Regarder avec dédain, du haut de sa grandeur. ⇒ toiser. Sourire de dédain. ⇒ dérision. — Avoir le plus complet dédain, n'avoir que du dédain pour qqn, qqch. « Son dédain pour la philosophie perçait à chaque mot; c'était un perpétuel sarcasme » (Renan). « ce Yann, avec son dédain des filles, son dédain de l'argent, son dédain de tout » (Loti).
2 ♦ Vx ou littér. Les dédains : les manifestations de dédain. Il a supporté ses dédains.
⊗ CONTR. Admiration, considération, déférence, estime, respect.
● dédain nom masculin (de dédaigner) Mépris orgueilleux, exprimé par l'attitude, le ton, les manières : Regarder quelqu'un avec dédain. ● dédain (citations) nom masculin (de dédaigner) Remy de Gourmont Bazoches-au-Houlme, Orne, 1858-Paris 1915 L'indulgence, c'est la forme aristocratique du dédain. Les Chevaux de Diomède Mercure de France Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 Les injustes dédains nous poussent à briguer d'indignes estimes. Pensées d'un biologiste Stock ● dédain (synonymes) nom masculin (de dédaigner) Mépris orgueilleux, exprimé par l'attitude, le ton, les manières
Synonymes :
- fierté
- hauteur
Contraires :
- amour
- considération
- déférence
- estime
- respect
- vénération
dédain
n. m. Mépris, vrai ou affecté, manifesté par le ton, l'allure, les manières. Le dédain des honneurs.
⇒DÉDAIN, subst. masc.
Au sing. Action, fait de dédaigner (cf. ce mot I A); au sing. et au plur. résultat de cette action, sentiment ou attitude d'indifférence méprisante. Avoir, témoigner du dédain pour qqc., qqn; se venger des dédains de qqn. Synon. mépris, indifférence, hauteur, morgue; anton. appréciation, considération, respect.
A.— [Avec un compl. prép. nom.]
1. [Le compl., construit avec pour, plus rarement contre, envers, exprime l'objet du dédain] Dédain pour les choses, pour l'agriculture; avoir, ressentir un profond dédain pour qqc.
a) [Le compl. est un n. de pers.] Il n'a que dédain pour qui ne flatte pas son travers (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 549) :
• 1. Le dédain profond que Modeste conçut alors pour tous les hommes ordinaires imprima bientôt à sa figure je ne sais quoi de fier, de sauvage...
BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 47.
b) [Le compl. est un n. de chose] Elle semblait avoir un dédain irrité contre les débris de l'autre fortune (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 905). Les araignées paraissent avoir un profond dédain pour l'eau (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 380) :
• 2. Costals eût compris qu'un célibataire voué à une grande tâche s'accommodât d'un tel logis, par indifférence aux choses extérieures, et dédain pour elles.
MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, p. 1170.
2.— [Le compl. est construit avec de]
a) [Le compl. exprime l'objet du dédain, gén. un inanimé] Le dédain de l'entourage. Le dédain de l'argent est fréquent surtout chez ceux qui n'en ont pas (COURTELINE, Boubouroche, 1893, p. 121). Pour montrer quelque courage, ou quelque dédain de la mort, ou quelque cynisme (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 746).
b) [Le compl. exprime la pers. (suj.) qui montre du dédain; un second compl. prép. peut exprimer l'obj. du dédain] Il ignorait (...) les dédains du colonel Augustin Héricourt envers les petits (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 247). Ce n'est point la pauvreté qui valait aux émigrants ce léger dédain du personnel (SAINT-EXUP., Lettre otage, 1943, p. 393) :
• 3. — Comment, vous n'êtes pas nègre?
— Fi donc! murmura Venture, imprimant à sa physionomie tout le dédain d'un planteur pour un Noir.
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 3, 1859, p. 522.
— [La pers. (suj.) qui montre du dédain est exprimée par un poss.; le compl. prép. exprime l'obj. du dédain] Quand la première eut répondu qu'elle se présentait comme vendeuse, Bourdoncle, avec son dédain de la femme, fut suffoqué de cette prétention (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 439). Ils l'appellent « la gonzesse » et lui disent des saletés. Ses chefs ne cachent pas leur dédain du piètre soldat qu'il fait (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 155).
c) En partic., dans le lang. de l'amour. Il habite aujourd'hui dans les Champs-Élysées, (...) Marinant dans les fards une antique beauté, Pleine encore de dédains et de hautes visées (LORRAIN, Modern., 1885, p. 102). Madame Aubin. — (...) Ne peut-on donc s'aimer sans ça? (geste de mépris), sans tout ça? (geste de dédain) (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclerc, 1886, p. 166). Elle [Odette] devait avoir le dédain de l'amour, le mépris de la passion (LA VARENDE, Saint-Simon, 1955, p. 327).
Rem. Dans l'ex. suiv. Les rois faisaient dédain de ce fils belliqueux (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 513), faire dédain est un substitut de dédaigner; le compl. est donc l'obj. du dédain. Autre syntagme de même sens : prendre en dédain (vieilli). Demandez à Dieu que cet amour dure, et, tant qu'il durera, prenez en dédain les hommes, prenez en dédain le monde (DUMAS père, Villefort, 1851, I, 1er tabl., 2, p. 127). Les poètes depuis longtemps ont pris la musique en dédain, en haine même, et il n'y a pas là matière à plaisanteries (SAINT-SAËNS, Harm. et mélod., 1885, p. 257).
B.— [Avec de + inf.] Littér. Action de dédaigner; résultat de cette action. J'y vois surtout un certain dédain de plaire (GREEN, Journal, 1944, p. 160) :
• 4. ... car il avait trouvé, de même qu'une coiffure appropriée à son teint, une voix à sa prononciation, où le nasonnement d'autrefois prenait un air de dédain d'articuler qui allait avec les ailes enflammées de son nez.
PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 953.
Rem. L'absence du subst. dédaignement explique la rel. fréq. de ce tour.
C.— [Sans compl.] Au sing. ou au plur. Attitude, état psychologique d'une personne qui refuse avec mépris d'accorder de l'importance à quelque chose. Le dédain protège et écrase. C'est une cuirasse et une massue (HUGO, Choses vues, 1885, p. 72). J'avais été si loin dans l'indifférence, et même dans le dédain que ce retour de passion m'étonne (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 261) :
• 5. Je me rappelle le soir où, place de l'Opéra, vers neuf heures, tous deux en frac de soirée, nous nous trouvâmes : je m'aperçus, avec un frisson de joie contenue, que nous avions en commun des préjugés, un vocabulaire et des dédains.
BARRÈS, Un Homme libre, 1889, p. 3.
SYNT. Accabler, envelopper, remplir de dédain; avoir, exprimer du dédain; s'armer de dédain; afflecter, afficher, professer un grand dédain; subir le dédain; se réfugier dans le dédain; être en proie aux dédains; incliner au dédain; par dédain; objet des dédains; air, expression, geste, grimace, moue, pointe, rire, soupçon, sourire de dédain; dédain cruel, écrasant, furieux, humble, injuste, jaloux; amer, léger, beau dédain.
— Avec dédain. Dédaigneusement. Dire, rire, regarder, traiter, rejeter, répudier avec dédain. La mer, en grande artiste, tue pour tuer, et rejette aux rochers ses débris, avec dédain (RENARD, Journal, 1887, p. 4). Anton. sans dédain. [Boucher] ce peintre des Grâces était sans morgue, sans dédain et sans orgueil (NOLHAC, Boucher, 1907, p. 187).
Rem. L'art. paraît dès que le dédain doit être déterminé. Ceux qui (...) auront souri avec le plus de dédain à la naïveté du sauvage animant spontanément la montre dont il admire le jeu (...) pourraient, à leur tour, se surprendre eux-mêmes et plus d'une fois dans une disposition mentale bien peu supérieure (COMTE, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 32).
— Spéc., ANAT., vx. Le muscle du dédain. Le muscle dédaigneux. Immédiatement sous la peau se trouvent une série de petits faisceaux musculaires (...) la houppe du menton, muscle du dédain (MELCHISSÉDEC, Pour chanter, 1913, p. 147).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme desdain; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. 1155 desdein « attitude méprisable » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 8905); 2. 1172 « mépris » por desdeing (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 5699). Déverbal de dédaigner. Fréq. abs. littér. :1 546. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 327, b) 2 707; XXe s. : a) 2 565, b) 1 595.
dédain [dedɛ̃] n. m.
ÉTYM. 1172; desdein « attitude méprisable », 1155; de dédaigner.
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1 Fait de dédaigner; mépris exprimé. ⇒ Arrogance (→ Arrogant, cit. 1), hauteur, mépris, mésestime, orgueil, 1. superbe (n. f.). || Un dédain hautain, ironique, narquois, railleur. || Expression de dédain. || Paroles de dédain. — Anciennes exclamations exprimant le dédain : baste ! fi ! foin ! || Marque de dédain. || Moue de dédain. || Relever la lèvre avec dédain. || Répondre avec dédain (→ Du bout des lèvres, du bout du cœur). || Éclabousser, écraser qqn de son dédain. || Considérer avec dédain. ⇒ Toiser (→ Regarder du haut de sa grandeur, de haut en bas, de travers). || Sourire de dédain. ⇒ Dérision; protection. || Se contenter de sourire avec dédain. || Témoigner du dédain à qqn. || N'avoir que du dédain pour qqn, pour qqch. || Affecter le dédain. || Moquerie pleine de dédain.
1 Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Ronsard, Sonnets pour Hélène, II, XXIV.
1.1 (…) nous qu'on ne voit qu'avec dédain, parce que nous sommes faibles; nous, dont les lèvres ne sont abreuvées que de fiel, et dont les pas ne pressent que des ronces (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 37.
2 Quant aux injures, aux calomnies, aux colères extérieures, on peut les multiplier, les entasser tant qu'on voudra, on ne les élèvera jamais au-dessus de mon dédain.
F. Guizot, Disc. à la Chambre des députés, 26 janv. 1844.
3 (…) de toutes les blessures, celles que font la langue et l'œil, la moquerie et le dédain sont incurables.
Balzac, le Cabinet des antiques, Pl., t. IV, p. 349.
4 Le juste opposera le dédain à l'absence
Et ne répondra plus que par un froid silence
Au silence éternel de la Divinité.
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « Le mont des Oliviers », III.
♦ Dédain pour, de : mépris ou indifférence à l'égard de.
5 Son dédain pour la philosophie perçait à chaque mot; c'était un perpétuel sarcasme, où il développait une sorte de talent âpre.
Renan, Souvenirs d'enfance…, IV, p. 173.
6 Quel garçon était-il donc, ce Yann, avec son dédain des filles, son dédain de l'argent, son dédain de tout (…)
Loti, Pêcheur d'Islande, I, XI, p. 123.
♦ Action de dédaigner (→ ci-dessus, cit. 3). || Répondre au dédain par l'indifférence.
7 (…) subir l'épreuve des comparaisons, affronter la critique, la jalousie, la concurrence, la raillerie, et le dédain.
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 152.
8 Et que ferai-je, Arbate, en déclarant ma peine,
Qu'attirer les dédains de cette âme hautaine ?
Molière, la Princesse d'Élide, I, 1.
9 Leurs airs insolents, leur puérile vanité, ne leur attirent que mortifications, dédains, railleries; ils boivent les affronts comme l'eau (…)
Rousseau, Émile, II.
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CONTR. Admiration, appréciation, considération, convoitise, déférence, désir, estime, respect, souci, vénération.
Encyclopédie Universelle. 2012.