débrouiller [ debruje ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1549 ; de dé- et brouiller
I ♦
1 ♦ Démêler (ce qui est embrouillé). ⇒ distinguer, séparer, trier. Débrouiller les fils d'un écheveau. ⇒ démêler.
2 ♦ Fig. Tirer de la confusion; tirer au clair. ⇒ débroussailler, éclaircir, élucider. Débrouiller un cas compliqué, les affaires de qqn. « J'aime passionnément le mystère, parce que j'ai toujours l'espoir de le débrouiller » (Baudelaire).
3 ♦ Fam. Débrouiller qqn, lui apprendre à se tirer d'affaire, à se débrouiller. Débrouiller un élève, lui apprendre les rudiments.
II ♦ SE DÉBROUILLERv. pron.(1822)
1 ♦ Se tirer d'une situation confuse ou compliquée en y mettant de l'ordre. Se débrouiller au milieu de difficultés.
2 ♦ Fam. Absolt Se comporter habilement, se tirer d'affaire, d'embarras. ⇒fam. se débarbouiller, se dépatouiller (cf. S'en sortir). Apprendre à se débrouiller tout seul. Débrouillez-vous : ne comptez pas sur une aide. ⇒fam. se démerder. Que chacun se débrouille avec ce qu'il a. ⇒ s'arranger. Il sait se débrouiller. ⇒ débrouillard. — Se débrouiller avec (qqn, qqch.) :trouver un accord, un compromis avec. ⇒ s'arranger. Se débrouiller avec sa conscience.
⊗ CONTR. Brouiller, confondre, embrouiller, emmêler, mêler.
● débrouiller verbe transitif (de brouiller) Démêler ce qui est embrouillé, emmêlé : Débrouiller du fil. Remettre des choses en ordre : Débrouiller des papiers. Rendre un problème intelligible, démêler ce qui était obscur ; éclaircir : Débrouiller une énigme. Dégrossir quelqu'un, lui enseigner les premiers rudiments de quelque chose : Débrouiller un élève en maths. ● débrouiller (synonymes) verbe transitif (de brouiller) Démêler ce qui est embrouillé , emmêlé
Contraires :
- emmêler
Rendre un problème intelligible, démêler ce qui était obscur ; éclaircir
Synonymes :
- débroussailler
- défricher
- dégrossir
- démêler
- éclaircir
- élucider
Contraires :
débrouiller
v.
rI./r v. tr.
d1./d Démêler, mettre, remettre en ordre (une chose qui est embrouillée). Débrouiller un écheveau.
d2./d Fig. éclaircir, dénouer. Débrouiller une affaire confuse, un mystère.
d3./d Fam. Débrouiller qqn, lui apprendre à se tirer d'embarras, lui donner les rudiments d'un savoir.
rII./r v. Pron. Fam.
d1./d Se tirer d'embarras. Il a su se débrouiller au milieu de toutes ces difficultés.
|| Spécial. Se tirer d'affaire, arriver à ses fins par son habileté. Il arrive toujours à se débrouiller.
d2./d (Maghreb) Se procurer qqch en dépit de difficultés (notam. financières). Il s'est débrouillé une voiture.
⇒DÉBROUILLER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose]
a) [concr.] Mettre en ordre ce qui est emmêlé. Débrouiller les fils d'un écheveau :
• 1. Il défit tranquillement la grande corde qu'il avait autour du corps et qui s'embrouilla deux fois; il lui fallut beaucoup de temps pour la débrouiller et l'étendre sur le parapet.
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 365.
b) [abstr.] Au fig. Rendre clair à l'esprit ce qui était complexe, confus, obscur. Débrouiller une intrigue. Expliquez-vous. J'étais dernier en Histoire Sainte, je n'ai jamais très bien su débrouiller les paraboles (ANOUILH, Répét., 1950, II, p. 40) :
• 2. ... à cette vue, il se jette à mes pieds et ajoute (...) que des dépêches importantes arrivées dans le jour exigent sa présence au village voisin où il est attendu par un courrier.
— Cette lettre au surplus pourra débrouiller l'énigme.
LA MARTELIÈRE, Robert, chef de brigands, 1793, IV, 4, p. 45.
• 3. ... quatre audiences par semaine, de onze heures à cinq heures; toujours les mêmes écheveaux de chicanes à débrouiller; ...
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 133.
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Fam. Débrouiller qqn. Apprendre à quelqu'un à surmonter ses difficultés, à le rendre plus habile. C'était une petite femme sèche et vive, d'allure paysanne, mais très débrouillée par ses continuels voyages à Paris (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 133).
B.— Emploi pronom.
1. [Le suj. désigne une chose]
a) [En parlant de ce qui était brouillé] S'éclaircir Le jour ne se débrouillait pas, sale et triste, un de ces petits jours d'hiver lugubres (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 385) :
• 4. ... aussitôt que (...) les chants de ces pauvres larves eurent cessé, le ciel se débrouilla, laissa voir quelques morceaux de bleu.
A. DAUDET, Tartarin sur les Alpes, 1885, p. 74.
b) P. ext. Apparaître clairement :
• 5. ... la légende de Pierre, premier pape, est écrite d'avance; mais il faudra quatre ou cinq siècles pour que cela se débrouille.
RENAN, Hist. des orig. du Christianisme, Antéchrist, 1873, p. 35.
2. [Le suj. désigne une pers. ou un animal]
a) Se tirer habilement d'affaire. Débrouillez-vous! S'arranger avec. Ça va. Il est même là-dessus. Il était signalé. Que la police se débrouille avec lui! (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 295) :
• 6. Quand le chien a empaumé la voie, on le laisse se débrouiller et chacun court prendre un de ces postes que savent bien les chasseurs...
POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 88.
b) Subsister par des moyens astucieux mais privés de tous scrupules (cf. débrouillardise).
c) Être débrouillé et au part. passé en fonction adj. un garçon assez débrouillé. Être dégrossi :
• 7. Pourtant, il ne fallait pas se fier à l'air bêta de Lucien. Avant un an, lorsqu'il se serait un peu débrouillé, ce serait un gaillard.
ZOLA, Une Page d'amour, 1878, p. 836.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. débrouillamini. Action de débrouiller un embrouillamini. Le jour où je voudrai recommencer d'écrire dans ce cahier des notes vraiment sincères, il me faudra d'abord un tel travail de débrouillamini dans ma cervelle encombrée, que j'attends, pour remuer toute cette poussière, de vastes heures vides, un long rhume, une convalescence où se reposent un peu mes curiosités sans cesse ressoulevées (GIDE, Journal, 1890, p. 18).
Prononc. et Orth. :[], (je) débrouille []. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. desbrouiller; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. 1549 « rendre intelligible à l'esprit ce qui est embrouillé » (EST.); 2. 1611 sens concr. (COTGR.); 3. av. 1648 pronom. « s'éclaircir (du temps) » (VOITURE, Lett. 61 ds LITTRÉ); 4. 1822 au fig., pronom., « se tirer d'affaire, voir clair dans quelque chose » (MICHELET, Mémorial, p. 191). Dér. de brouiller; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :545 (débrouillé : 70). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 322, b) 356; XXe s. : a) 749, b) 1 399.
DÉR. Débrouilleur, euse, subst. Personne ou chose qui aide à débrouiller. Survient Cuvier au cerveau large, Puissant débrouilleur qui se charge D'écrire ses notes en marge De ce livre prodigieux, Qui fait un savant commentaire À ces chroniques de la terre (POMMIER, Océan., 1839, p. 173). Emploi adj. J'avais oublié de vous dire que c'est lui qui est mon père débrouilleur, mon arracheur et mon père à secrets, mon Amalric (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1832, p. 59). — [], fém. [-jø:z]. — 1re attest. 1648 (SCARRON, Virgile Travesti, 5, ds DG); de débrouiller, suff. -eur2. — Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 238. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 247. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 266.
débrouiller [debʀuje] v. tr.
ÉTYM. 1549; de 1. dé-, et brouiller.
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1 Démêler (ce qui est embrouillé). ⇒ Démêler, distinguer, ordonner, ranger; ordre (mettre, remettre en ordre), séparer, trier. || Débrouiller les fils d'un écheveau. ⇒ Dévider. || Débrouiller des papiers, des titres. || Débrouiller des comptes. || Débrouiller une signature. ⇒ Déchiffrer, lire.
2 (Abstrait). Tirer de la confusion. ⇒ Débarrasser, défricher, dégager, démêler, éclaircir, élucider, expliquer, tirer (une affaire au clair)… → Chaos, cit. 3. || Débrouiller un cas compliqué. || Débrouiller une intrigue. ⇒ Dénouer. || Débrouiller ses idées. || Débrouiller un sujet, une question, les abords d'un problème. || Débrouiller un argument (→ Argutie, cit. 1).
1 Villon sut le premier dans ces siècles grossiers,
Débrouiller l'art confus de nos vieux romanciers.
Boileau, l'Art poétique, I.
2 Il débrouillera tout ce mélange de passion et de raison, il séparera l'une d'avec l'autre.
Bourdaloue, le Jugement dernier, 1er avertissement, p. 80.
3 S'il veut débrouiller l'antiquité de sa noblesse qui remonte aux temps les plus reculés, il enverra chercher un bénédictin (…)
Voltaire, Jeannot et Colin.
4 Durant ce temps, j'ébauchai, je dévorai mon Traité de l'harmonie; mais il était si long, si diffus, si mal arrangé, que je sentis qu'il me fallait un temps considérable pour l'étudier et le débrouiller.
Rousseau, les Confessions, V.
5 Je m'en aperçus à merveille, et cet art de lire dans l'esprit des gens et de débrouiller leurs sentiments secrets est un talent que j'ai toujours eu et qui m'a quelquefois bien servi.
Marivaux, le Paysan parvenu, p. 94.
6 J'aime passionnément le mystère, parce que j'ai toujours l'espoir de le débrouiller.
Baudelaire, Spleen de Paris, XLVII.
7 (…) aider un homme à débrouiller l'écheveau de sa vie intérieure (…)
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 68.
♦ Fam. (Compl. n. de personne). || Débrouiller qqn, lui apprendre à se tirer d'affaire, l'aider à devenir plus habile dans les difficultés. — Débrouiller un élève, lui apprendre les rudiments.
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se débrouiller v. pron.
ÉTYM. (Déb. XVIIe, en parlant du temps.)
1 (Choses). S'éclaircir.
7.1 Le jour ne se débrouillait pas, sale et triste, un de ces petits jours d'hiver lugubres (…)
Zola, l'Œuvre, p. 475.
8 Insensiblement ce grand mouvement s'apaise, ce chaos se débrouille, chaque chose vient se mettre à sa place, mais lentement, et après une longue et confuse agitation.
Rousseau, les Confessions, III.
2 (Personnes). Se tirer (d'une situation confuse ou compliquée) en (y) mettant de l'ordre. || Se débrouiller au milieu de difficultés sans nombre. || Se débrouiller parmi les embûches.
9 (…) je sentais que je n'apprendrais jamais rien, qu'entre la multiplicité entremêlée des détails réels et des faits mensongers je n'arriverais jamais à me débrouiller.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 173.
10 (…) il avait eu plusieurs fois l'occasion de montrer qu'il se débrouillait assez bien parmi les dialectes slaves; mais il connaissait aussi les choses d'Asie Mineure et d'Espagne.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 31.
♦ Absolt et fam. Se comporter habilement, se tirer d'affaire, d'embarras. ⇒ Débarbouiller (se), démerder (se), sortir (s'en sortir). || Apprendre à se débrouiller tout seul (→ Cellule, cit. 11). || Il sait se débrouiller. ⇒ Défendre (se). → Affecter, cit. 2. || Il est arrivé à se débrouiller. || Débrouillez-vous. || Débrouille-toi tout seul. || Que chacun se débrouille avec ce qu'il a. ⇒ Arranger (s'). || Voilà ce qu'il y a à faire : à vous de vous débrouiller.
11 Je trouve beaucoup plus beau de se débrouiller tout seul.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Vue de la terre promise, III, p. 119.
11.1 (…) on nous renvoie parmi vous avec la seule consigne, comme on dit, de nous débrouiller, d'agir pour le mieux.
Bernanos, Monsieur Ouine, in Œ. roman, Pl., p. 1486.
♦ Se débrouiller avec (qqn, qqch.) : trouver un accord, un compromis avec. ⇒ Arranger (s'). || Se débrouiller avec l'administration, les autorités. ⇒ aussi Démêlé (avoir un).
12 Eh bien ! que l'homme se débrouille avec sa conscience, en ce qui touche certains problèmes.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, V, p. 86.
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débrouillé, ée p. p. adj.
♦ || C'est un garçon assez débrouillé. ⇒ Débrouillard, dégrossi.
13 Debout derrière l'instituteur, elle assistait au supplice (…) « Quels sont les quatre points cardinaux ? »
La petite fille ne connaissait que cela. Elle tenta de les souffler à l'enfant du bout des lèvres (…) C'était une petite fille débrouillée.
Giraudoux, les Aventures de Jérôme Bardini, p. 166.
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DÉR. Débrouillable, débrouillage, débrouillard, débrouille, débrouillement, débrouilleur.
Encyclopédie Universelle. 2012.