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croquer

croquer [ krɔke ] v. <conjug. : 1>
XIIIe crokier « frapper »; du rad. onomat. krokk-, exprimant un bruit sec
I V. intr. Faire un bruit sec, en parlant des choses que l'on broie avec les dents. craquer. Carotte, fruit vert qui croque. 2. croquant. « J'aimerais mieux mordre le fer d'une pioche que de manger un haricot qui croque sous la dent » (Renard). II V. tr.
1(XVe) Broyer (qqch.) sous la dent, en produisant un bruit sec. Croquer une dragée, une pomme. Pastille à laisser fondre dans la bouche sans la croquer. Intrans. ou absolt Chocolat à croquer (opposé à chocolat à cuire) . Croquer dans une pomme, mordre.
2Vieilli Manger à belles dents, dévorer. Chat qui croque une souris.
Mod. Fig. et fam. Croquer de l'argent : dépenser beaucoup. ⇒ dilapider, dissiper, gaspiller. Croquer un héritage. Il croque un argent fou. claquer. Arg. En croquer : obtenir des avantages illégaux (indicateur, policier). « Comme certains hommes politiques. Ils en croquent pour se faire une place au soleil » (Izzo).
3(p.-ê. de croquer « frapper ») Loc. Croquer le marmot .
4(1650) Prendre rapidement sur le vif (un site, un personnage) en quelques coups de crayon, de pinceau. crayonner, dessiner, ébaucher; esquisser; croquis. Croquer une silhouette. Loc. fig. Personne jolie, mignonne à croquer, très jolie. Ellipt Elle est à croquer avec ce manteau-là.
Par anal. Décrire (qqch., qqn) à grands traits. Croquer un personnage dans un livre. brosser, camper.
⊗ CONTR. Fondre. Sucer.

croquer verbe transitif (radical onomatopéique krokk-) Broyer un aliment entre ses dents avec un bruit sec : Croquer des pralines. Dépenser de l'argent sans compter, gaspiller, dilapider : Il a croqué tout l'héritage. Au croquet, chasser une boule hors du jeu. ● croquer (expressions) verbe transitif (radical onomatopéique krokk-) Familier. Que le (grand) cric me croque (si)…, que le diable m'emporte (si). Chocolat à croquer, chocolat contenant de 38 à 57 g de pâte de cacao, dont 26 g au moins de beurre de cacao pour 100 g. ● croquer (homonymes) verbe transitif (radical onomatopéique krokk-) croquet nom masculincroquer (synonymes) verbe transitif (radical onomatopéique krokk-) Dépenser de l'argent sans compter, gaspiller, dilapider
Synonymes :
- claquer (familier)
- dévorer
- dilapider
- engloutir
- gaspiller
- manger (familier)
Contraires :
- économiser
croquer verbe transitif indirect Enfoncer ses dents d'un coup sec dans quelque chose : Croquer dans une pomme.croquer verbe intransitif Faire un bruit sec sous la dent ; être croquant : Une pomme qui croque.croquer verbe transitif (de croquer) Dessiner quelqu'un, quelque chose en quelques traits de crayon : Croquer un geste. Littéraire. Décrire rapidement et à grands traits ; esquisser, camper : Un conteur qui excelle à croquer des scènes familières.croquer (homonymes) verbe transitif indirect croquet nom masculincroquer (synonymes) verbe transitif indirect Enfoncer ses dents d'un coup sec dans quelque chose
Synonymes :
- mordre
croquer (homonymes) verbe intransitif croquet nom masculincroquer (expressions) verbe transitif (de croquer) (Joli) à croquer, joli à donner envie d'en esquisser l'image. ● croquer (homonymes) verbe transitif (de croquer) croquet nom masculincroquer (synonymes) verbe transitif (de croquer) Dessiner quelqu'un, quelque chose en quelques traits de crayon
Synonymes :
- crayonner
- ébaucher
- esquisser

croquer
v.
rI./r v. intr. Faire un bruit sec sous la dent. Chocolat qui croque.
rII./r v. tr.
d1./d Manger (qqch qui produit un bruit sec) en broyant avec les dents. Croquer une pomme.
|| (Afr. subsah.) Croquer la cola: mastiquer une noix de cola pour en absorber le suc aux vertus stimulantes.
|| (Belgique) être croqué (en parlant d'une plante): être pris par la gelée; fig. (en parlant d'une personne) être victime d'une attaque (sens 5).
|| v. intr. Croquer dans un fruit.
d2./d Fig. Faire disparaître rapidement. Croquer un héritage, le dilapider.
|| MUS Croquer des notes, ne pas les jouer.
d3./d PEINT Esquisser rapidement, sur le vif, les traits essentiels de. Croquer un paysage, un visage.
|| Personne jolie à croquer, très jolie.
|| Par anal. Décrire, présenter les caractères essentiels de. Il a croqué en quelques phrases le portrait de sa fiancée.
d4./d (Belgique) Plier un objet rigide, qui garde la marque du pli. Croquer la couverture d'un livre.

I.
⇒CROQUER1, verbe.
I.— Emploi intrans. [En parlant de qqc. que l'on broie avec les dents] Faire un bruit sec et cassant. Fruit vert, bonbon qui croque sous la dent; salade qui croque (parce qu'elle est mal lavée, ou naturellement dure). Synon. craquer :
1. Au Luxembourg, j'ai voulu manger des pousses d'arbre, comme à Montigny, mais ici elles croquent sous la dent, poudrées de charbon.
COLETTE, Claudine à Paris, 1901, p. 105.
II.— Emploi trans.
A.— [En parlant d'aliments]
1. Broyer sous la dent avec un bruit sec et cassant. Croquer des amandes, des gâteaux secs; noisettes qui se croquent facilement. Le chat a sauté vers un taon. Il tient la bête entre ses griffes. Il tend ses crocs. Il croque le corselet de dur charbon (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 226). Il alla s'asseoir sur le rebord de la fenêtre et commença de croquer un oignon (AYMÉ, Jument, 1933, p. 43) :
2. Déjà quand j'étais garçon de café (...) j'épatais les clients (...) en croquant des pattes de homard...
QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, pp. 200-201.
SYNT. Croquer des biscottes, des biscuits, des bonbons, un croûton, des dragées, des gaufrettes, un morceau de sucre, une poire verte, une pomme, des radis.
2. P. ext., fam. Croquer (à belles dents). Manger et en partic. manger avec appétit, dévorer. Un fermier [accuse] le renard de lui avoir croqué une oie (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 20). Chérie, tu devrais profiter du répit pour croquer deux ou trois babioles; sinon tu vas mourir de aim (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 62) :
3. Il [Gros-Louis] marchait, pas un sou, rien à croquer et la tête qui bat comme un cœur, il marchait et ses semelles tapaient dans sa tête...
SARTRE, Le Sursis, 1945, p. 156.
Loc. Que le crique (la crique) me croque. Formule familière d'imprécation. Synon. que le diable m'emporte. Cf. crique2. Loc. fig. N'en croquer que d'une dent. Ne pas avoir ce qu'on désire (cf. Ac. 1798-1878).
Rem. 1. La docum. atteste croqueter, verbe trans. Croquer ou manger avec délicatesse. Il ne dîne qu'à huit heures. Autour de lui, son fils et ses deux filles, les bras un peu nus, croquetant avec de jolis gestes, les écrevisses d'un grand plat (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1300). 2. On rencontre ds la docum. (SÉGUR, Auberge ange gard., 1863, p. 350) le composé croquembouche, subst. masc. ,,Sorte de pièce montée, faite d'articles sucrés, au choix du pâtissier : quartiers d'orange, profiterolles, marrons, etc., mais toujours glacés de sucre cuit au dernier degré (grand cassé), ce qui les rend effectivement croquants en bouche`` (MONT. 1967).
B.— Au fig.
1. Usuel
a) [En parlant d'argent, de biens matériels] Dépenser, dilapider, gaspiller. Croquer la dot, ses économies, un héritage, son patrimoine. Synon. manger. Quatre millions qu'elle a mangés de son air calme, tranquillement, qu'elle a croqués avec un sourire doux (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Épingle, 1885, p. 1026). Elle a dû te croquer déjà pas mal de sous. — J'ai l'habitude de payer pour les femmes avec qui je sors (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 128) :
4. ... on jouait sur les quartiers à bâtir comme on joue sur un titre de rente. Certaines dames, de jolies filles (...) étaient de la partie; une d'elles, dont les dents blanches sont célèbres, a croqué, à plusieurs reprises, des rues entières.
ZOLA, La Curée, 1872, p. 416.
P. ext. [Sujet non animé] J'ai mis un peu de fric à gauche, mais pas assez pour vivre de mes rentes. D'ailleurs tous les six mois une dévaluation m'en croque la moitié (H. BAZIN, Lève-toi, 1952, p. 103).
b) Croquer une note. L'escamoter, la sauter, ne pas la jouer. Elle leur prescrit de (...) bien « prononcer tous les mots et syllabes », sans croquer ou sans traîner démesurément quelque note (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 51). Cf. croque-note.
2. Argot
a) [Le compl. désigne un être humain]
Prendre le dessus sur (quelqu'un); battre (quelqu'un). Le Limard fut un peu plus difficile à croquer mais au septième round Jacques lui estomaqua le plexus solaire d'une gauche infaillible (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 62).
Croquer une femme, une fille. Avoir des relations intimes avec elle. Synon. s'envoyer, se taper. Ô ma petite Elsa, (...) bébé succulent, nubile à croquer (LAFORGUE, Moral., 1887, p. 135).
Rem. On rencontre ds la docum. croquer utilisé dans ce sens avec un sujet fém. et un compl. d'objet masc. Monte-Carlo, paradis de vieilles dames, peuplé de monstres qui ne peuvent s'assouvir qu'à table : jeux et petits gâteaux. De temps en temps elles croquent le lift ou le garçon d'étage (MAURIAC, Du côté Proust, 1947, p. 185).
b) En croquer
Profiter de quelque chose, parfois dans des circonstances inavouables. [N. et Q.] montent une flanche du tonnerre : c'est si gros qu'ils veulent en faire croquer à personne (SIMONIN, Pt Simonin ill., 1957, p. 136).
,,Être indicateur de police`` (SIMONIN, Pt Simonin ill., 1957, p. 77 : ESN. 1966). [Ce vieux chauffeur profitait] de l'esprit de jalousie et de délation qui régnait en compagnie :« il en croquait de toutes les façons » (SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! 1935, p. 34).
Femme qui en croque. ,,Prostituée`` (LACASSAGNE, DEVAUX, Arg. « milieu », 1948).
Prononc. et Orth. Cf. croquer2. Enq. : (il) croque//. Étymol. et Hist. Cf. croquer2.
II.
⇒CROQUER2, verbe trans.
A.— Dessiner rapidement, prendre sur le vif (un paysage, une scène, un personnage) en quelques coups de crayon ou de pinceau qui reproduisent les traits essentiels, l'aspect général. Croquer un détail d'architecture, un profil grotesque, une silhouette; croquer des postures au vol. On consomme dans le monde entier une quantité fabuleuse de crayons, surtout les examinateurs qui croquent des portraits de candidates sur leur calepin (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 233). Il se donnait le projet de croquer un détail, un arbre, une maison de guingois, un profil saisi au passage (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1646) :
Ses moustaches, poissées d'un cosmétique grossier, ressemblaient à une brochette dont on lui eût traversé la lèvre supérieure, et sa royale se retroussait comme une virgule mise à l'envers. Tout cela lui composait une physionomie la plus hétéroclite du monde, de celles que Jacques Calot aime à croquer de sa pointe originale et vive.
GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 348.
Rem. La docum. atteste le dér. croquade, subst. fém. Dessin fait rapidement. Des croquades à l'encre d'artistes japonais (GONCOURT, Journal, 1861, p. 962).
Loc. Personne jolie, mignonne à croquer. Dont on aurait envie de prendre un croquis. Alicette était charmante à croquer et jolie comme un amour (AMIEL, Journal, 1866, p. 463). Tu es à croquer en gamin boudeur. Tu es positivement adorable (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 87). J'étendais le bras droit, j'inclinais la tête et je murmurais, cachant ma joue de prélat dans le creux de mon épaule : « Adieu, adieu, notre chère Alsace ». On disait aux répétitions que j'étais à croquer (SARTRE, Mots, 1964, p. 86).
Rem. À croquer s'applique gén. à des personnes, mais se rencontre également appliqué à des choses. Des collines, des sites de chromo retouchés de donjons romantiques et de cottages à croquer (LAFORGUE, Moral. légend., 1887, p. 77).
B.— P. anal. Décrire rapidement en retenant quelques traits caractéristiques. Il l'a si bien croqué dans son livre que tout le monde l'a reconnu (Ac. 1932). La « Haine des détails » est ce qui perd notre littérature; tout le monde veut croquer comme M. Scribe (STENDHAL, Corresp., t. 2, 1800-02, p. 521).
Prononc. et Orth. :[], (je) croque []. Ds Ac. 1694-1932. DUPRÉ 1972, p. 570 souligne : ,,Dans certains composés de croque, le second terme prend, au pluriel un s, dans d'autres il reste invariable. Parmi les premiers : croque-lardons, croque-mitaines, croque-morts, croque-noisettes, croque-notes. Restent invariables : croque-abeille, croque-en-bouche``. Étymol. et Hist. A. 1. Fin XIIIe s. crokier « frapper » (Sone de Nansai, 18432 ds T.-L.) XVIe s. ds HUG.; 2. ca 1392 « briser, faire craquer quelque chose » (FROISSART, Chroniques, éd. L. Mirot, t. 12, p. 127), spéc. XVe s. « broyer sous la dent avec un bruit sec » (Evangile des quenouilles, éd. Bibl. Elzev., p. 72 : croquier noisettes); 1517 fig. les biens du peuple crocque (J. BOUCHET, Chapelet des princes, 46 v° ds R. Hist. litt. Fr. t. 8, p. 502); 3. 1re moitié XVIe s. [d'une chose dure] croquer sous les dents (DES PERIERS, Contes, LXXV ds LITTRÉ); 1716 part. prés. fém. subst. croquante pâtisserie (Cuis. roy. et bourg., t. 1, 40 d'apr. Fr. mod. t. 24, 221 ds QUEM.); 4. 1665 croquer (une femme) « obtenir ses faveurs » (LA FONTAINE, Contes, Mazet, éd. H. Régnier, t. IV, p. 494); 1739 fig. morceau à croquer [en parlant d'une femme] (MARIVAUX, Triomphe de Plutus, IV, 130 ds IGLF); 1798 jolie à croquer (Ac.). B. 1. Av. 1611 « avoir une connaissance superficielle de quelque chose » (L'ESTOILE, Mém., 2e part., p. 629 ds GDF. Compl.); 2. a) [1650 BL.-W.5] 1676 « ébaucher un tableau » (FÉLIBIEN Dict.); b) 1752 part. passé adj. croqué (dessein) « pris sur le vif » (J. LACOMBE, Dict. part. des beaux-arts ds Fr. mod. t. 17, p. 259); 3. 1680 « faire à la hâte, esquisser un ouvrage » (RICH.). D'une racine onomatopéique krokk-, exprimant un bruit sec (FEW t. 2, p. 1359), dés. -er. Il est difficile de dire si jolie à croquer se rattache à croquer1 ou à croquer2.
STAT. — Croquer1 et 2. Fréq. abs. littér. :287. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 168, b) 738; XXe s. : a) 501, b) 378.
BBG. — DUCHÁ (O.). L'Interdépendance et l'interaction du contenu et de l'expr. Orbis. 1972, t. 21, n° 2, p. 475. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 94, 106, 148, 218. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 153; Mots t. 3 1975, p. 200. — GUIRAUD (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, n° 16, p. 71. — HUGO (V.). Quiconque est amoureux. Vie Lang. 1952, pp. 200-201. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925] p. 237; t. 2 1972 [1925] p. 9. — TOURNEMILLE (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1959, pp. 237-241.

1. croquer [kʀɔke] v.
ÉTYM. Fin XIIIe, « frapper »; « briser, faire craquer », fin XIVe; du rad. onomat. krokk- exprimant un bruit sec. → 1. Croc.
———
I V. intr. (XVe). Faire un bruit sec (le sujet désigne une chose que l'on broie avec les dents). Craquer. || Salade, fruit vert qui croque. || Bonbons qui croquent sous la dent. Croquant. || Les biscottes, le pain frais, les croustades croquent. Croustillant, croustiller.
1 (…) un pain (…) relevé de croûte partout, croquant tendrement sous la dent (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, 1.
2 Je ne connais rien de meilleur (…) mais je les veux (les haricots verts) cuits en bouillie. J'aimerais mieux mordre le fer d'une pioche que de manger un haricot qui croque sous la dent.
J. Renard, Poil de carotte, p. 68.
Spécialt. || Légumes qui croquent, qui gardent des traces de terre parce qu'ils ont été mal lavés. || Soupe qui croque.
———
II V. tr.
A
1 (XVe). Broyer (qqch.) sous la dent en produisant un bruit sec. Gruger. || Croquer une biscotte. || Croquer un morceau de sucre. || Croquer un bonbon. || Pastille à laisser fondre dans la bouche sans la croquer. || Croquer une pomme. Mordre. || Croquer un morceau de chocolat. || Chocolat à croquer (opposé à chocolat à cuire).
3 Elle enfonça une cuillère dans la terrine de veau en croûte, remplit l'assiette de l'enfant, prit du bout des doigts un morceau de la pâte dorée qu'elle croqua (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, II, IV, p. 287.
Intrans. ou absolt. || Croquer dans une pomme, mordre.
2 Vieilli. Manger à belles dents. || Il croquerait facilement un poulet à lui tout seul. || Le chat a croqué une souris.
4 Le monarque des dieux leur envoie une grue,
Qui les croque, qui les tue,
Qui les gobe à son plaisir.
La Fontaine, Fables, III, 4.
Loc. Que la crique (le crique, le cric) me croque si… 3. Crique.
Fig. Mod. || Croquer de l'argent : dépenser beaucoup en peu de temps. Dilapider, dissiper, gaspiller. || Croquer un héritage. || Il croque un argent fou. Claquer. || Il a croqué tout son mois en deux jours.
3 (1665). Fam. et vx. || Croquer une femme, une fille, une poulette…, l'amener rapidement à se donner.
4 Vieilli. || Croquer une note en jouant un morceau de musique, la sauter, ne pas la jouer. Escamoter; aussi croque-note.
5 Loc. Croquer le marmot : attendre longtemps, en se morfondant. Marmot (cit. 5 et 6).
5 Monsieur le nouveau secrétaire, me disais-je pendant ce temps-là, prenez, s'il vous plaît, patience. Vous croquerez bien le marmot, avant que vous le fassiez croquer aux autres.
A. R. Lesage, Gil Blas, VIII, 3.
B (1650).
1 a Prendre rapidement sur le vif (un site, un personnage…) en quelques coups de crayon, de pinceau… qui caractérisent l'aspect général. Dessiner, peindre; croquis.Par ext. Faire la première ébauche de… Ébaucher, esquisser.
b Par anal. Décrire (qqch., qqn) en notant, en indiquant brièvement l'essentiel. || Croquer un personnage dans un livre. Camper, caricaturer.
6 (…) ce sont tous les plus beaux violents sentiments qu'on puisse imaginer; mais ils sont croqués comme les grosses peintures (…)
Mme de Sévigné, 281, 30 mai 1672.
2 Fig. et fam. (du sens précédent; le fig. de « manger à belles dents » a surmotivé la loc.). Personne jolie, mignonne à croquer, très jolie (au point de donner envie de prendre un croquis). Ellipt. || Elle est à croquer avec ce manteau-là. Par ext. || Des paysages à croquer.
7 On appelle, en termes d'atelier, croquer une tête, en prendre une esquisse, dit Mistigris d'un air insinuant, et nous ne demandons à croquer que les belles têtes. De là le mot : Elle est jolie à croquer.
Balzac, Un début dans la vie, Pl., t. I, p. 681.
8 « Il est à croquer là-dessous », disait Mme Eyssette.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, II, p. 25.
C Trans. ind. Argot fam. || En croquer : profiter d'avantages inavouables; toucher de l'argent (par la prostitution, la délation). → Poule, cit. 11. || Il, elle en croque.
9 Parce que moi, les donneuses j'ai jamais pu les encaisser. Tu te rends compte de ce que ça pouvait m'être comme coup de massue de douter de toi ? De croire que tu pouvais en croquer ?
Jean Genet, Journal du voleur, p. 245.
CONTR. Fondre. Sucer.
DÉR. Croquade, 1. croquant, 1. croque, croquement, 1. croquet, croquette, croqueur, croquis. — V. aussi 2. Croquant, 2. croquer, 2. croquet, croquignole.
COMP. Croque au sel (à la), croque-madame, croquembouche, croque-mitaine, croque-monsieur, croque-mort, croquenot, croque-note.
————————
2. croquer [kʀɔke] v. tr.
ÉTYM. 1869; d'après croquet, avec la valeur initiale de 1. croquer, I. « frapper ».
Au croquet, Chasser (une boule) en la plaçant contre sa propre boule que l'on frappe avec le maillet.(Aux boules) :
0 Le joueur qui croque présentement la boule cloutée de son adversaire (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 10.

Encyclopédie Universelle. 2012.