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AGNOSTICISME
AGNOSTICISME

AGNOSTICISME

Terme créé en 1869 par un disciple de Darwin, T. H. Huxley (1825-1895). Il devrait signifier le contraire de gnosticisme , c’est-à-dire le refus d’une connaissance de type supérieur (procédés d’explication suprarationnels). En fait, «agnosticisme» a eu à l’origine un sens précis: exclusion de toute métaphysique, de toute ontologie. Son usage actuel ne laisse pas d’être ambigu; il désigne soit les doctrines qui, sans récuser un ordre de réalité inaccessible aux sens et à la raison, estiment qu’aucun moyen de le connaître ne nous est offert (ce sens était celui de Littré), soit les doctrines qui tiennent que l’inconnaissable, échappant à tout jugement, échappe au jugement d’existence: il n’y a pas lieu de réserver l’existence de ce qui ne peut être objet de science (telle était la position de Le Dantec, qui concluait à l’athéisme, tout en se déclarant agnostique et «plein d’admiration» pour ce qu’il ne pouvait savoir). Dans la pratique, agnosticisme est synonyme de scepticisme en matière philosophique ou religieuse. Terme vague mais commode, équivoque mais caractéristique, il résume l’effort du XIXe siècle pour délimiter les domaines où opère la connaissance positive et pour discréditer ceux où elle n’opère pas.

agnosticisme [ agnɔstisism ] n. m.
• 1884; angl. agnosticism agnostique
Doctrine d'après laquelle tout ce qui est au-delà du donné expérimental (tout ce qui est métaphysique) est inconnaissable.

agnosticisme nom masculin (anglais agnosticism, du grec agnostôs, inconnu) Doctrine qui considère que l'absolu est inaccessible à l'esprit humain et qui préconise le refus de toute solution aux problèmes métaphysiques.

agnosticisme
n. m. Doctrine ou attitude tenant a priori pour vaine toute métaphysique et déclarant que l'absolu est inconnaissable pour l'esprit humain.

⇒AGNOSTICISME, subst. masc.
PHILOS., THÉOL. Doctrine ou attitude philosophique qui considère l'absolu inacessible à l'intelligence humaine :
1. Sais-tu ce qui me choque le plus en toi? Ce n'est pas ta perversité ... ce n'est pas ton agnosticisme ... ce n'est pas ton scepticisme...
A. FRANCE, La Révolte des anges, 1914, p. 381.
2. Le fait d'être connu ne change pas la nature d'une chose, mais il transforme sa valeur; il lui confère une signification renouvelée et par là même une efficacité supérieure. Il peut en être de même à un autre plan pour le mystère... Il y a certains rapports supérieurs qui ne se définissent et s'élucident que par la communion dans le mystère. Rien là qui ressemble à l'agnosticisme banal, d'après lequel au contraire le fait d'être connu ou non ne change rien à l'objet. C'est là justement la différence entre le mystérieux et l'ignoré. N'est mystérieux que ce qui a intérêt à ne pas se révéler. Passage de l'idée de mystère à celle de révélation.
G. MARCEL, Journal métaphysique, 1919, pp. 159-160.
3. Nous avions eu ensemble, la veille de ce mariage, une conversation où je lui avais dit mon agnosticisme irréductible et mon impossibilité de me confesser.
P. BOURGET, Nos actes nous suivent, 1926, p. 28.
4. Saint Paul dit que l'on peut s'élever à la connaissance de Dieu en partant des créatures, il est donc clair qu'une épistémologie qui s'astreint à passer par le sensible trouvera toujours ouverte devant elle au moins une voie vers Dieu : celle qui prend son point de départ dans le spectacle de la création. L'empirisme sensible n'entraîne donc pas d'agnosticisme en matière de théologie naturelle, mais, s'il nous permet d'atteindre Dieu, quelle connaissance nous en donne-t-il?
É. GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, t. 2, 1932, pp. 53-54.
5. L'agnosticisme est la seule solution de problèmes où manquent les données. Largilier touche Dieu du doigt et sa métaphysique se fait en conséquence. Mais moi, je perdrai peu à peu tout sentiment de Dieu, et mon édifice philosophique s'en passera.
J. MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, t. 1, 1933, p. 344.
6. Après les premiers principes une bonne partie des six cents souscripteurs, qu'il [Spencer] avait péniblement recrutés l'abandonnèrent. C'est que le malheureux philosophe restait étranger au théisme. Spencer avait pourtant pris ses précautions, exposé sa puérile théorie de l'inconnaissable uniquement pour ne point être réputé athée et obtenir au moins la neutralité de l'Église établie. Peine perdue : l'agnosticisme suffit pour précipiter sur le nouveau système ce nuage épais du cant, frère jumeau du fog londonien, et qui le cacha longtemps aux regards.
A. THIBAUDET, Réflexions sur la littérature, 1936, p. 98.
7. Écoutez cette profession d'agnosticisme du prince André Bolkonsi, à son lit de mort, dans Guerre et Paix : « Rien, il n'y a rien de certain outre le néant de tout ce qui m'est compréhensible et la majesté de quelque chose, incompréhensible, mais encore plus important. » Cette lourdeur d'expérience dans un aveu aussi total d'ignorance pèse cent fois plus que les affirmations les plus péremptoires des joueurs d'idées.
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 669.
Rem. À cause de la variété des formes de l'agnosticisme, l'usage connaît de nombreuses expr. (quasi-) synon. ou équivalentes : scepticisme, sophisme (des Anciens), idéalisme absolu (Berkeley), empirisme (Hume), criticisme (Kant), relativisme (Hamilton), positivisme (A. Comte), évolutionnisme (H. Spencer).
P. ext. Synon. de dogmatisme, libre-pensée, matérialisme, relativisme, scepticisme, etc.
Prononc. :[].
Étymol. ET HIST. — 1884 « doctrine qui déclare l'absolu inaccessible à l'esprit humain » (J. CLARETIE, La Vie à Paris, 64 [1er février] ds QUEM. t. 1 1959 : M. Caro cite jusqu'à des femmes de pasteurs qui proclament l'agnosticisme).
Empr. à l'angl. agnosticism, dér. de agnostic, suff. ism. Terme forgé par Thomas Huxley [1825-1895] voir ses comptes rendus sur Agnosticism et Agnosticism and Christianity ds Collected Essays, V, 239, 309, d'apr. ODEE 1967. — MACK. t. 1 1939, p. 242.
STAT. — Fréq. abs. litt. :39.
BBG. — BÉL. 1957. — BOUYER 1963. — FOULQ.-ST-JEAN 1962 (s.v. gnosticisme). — GOBLOT 1920. — JULIA 1964. — LAL. 1968. — MIQ. 1967. — ROS.-IOUD. 1955. — Théol. cath. t. 1, 1 1909.

agnosticisme [agnɔstisism] n. m.
ÉTYM. 1884; angl. agnosticism, dér. de agnostic. → Agnostique.
Didact. Doctrine qui considère que l'absolu est inaccessible à notre connaissance, ou écarte les spéculations métaphysiques comme inutiles. Positivisme.
1 Mon surplus de science sur la vie (sur la vie moins unie, moins simple que je ne l'avais cru d'abord) aboutissait provisoirement à l'agnosticisme.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VII, p. 229.
2 « Le sens métaphysique, a-t-il avoué un jour, est chez moi comme aboli. » Et ce n'était pas assez dire. Un petit nombre de ceux qui lui ressemblent ont su s'arracher aux douceurs d'un spiritualisme nuancé pour atteindre aux rivages plus amers de l'agnosticisme.
Bernanos, l'Imposture, in Œ. roman., Pl., p. 443.
3 (…) il fallait, naturellement, que l'on en vienne à évoquer Dieu, non pas même irrespectueusement : avec une familiarité gênante, sur un ton de désinvolture encore moins plaisant lorsque, en réponse à l'agnosticisme honnêtement déclaré de Roland, une Mrs Osborn ou un Gilles Bellecroix, font comme en se jouant leurs professions de foi.
Claude Mauriac, le Dîner en ville, p. 271.
REM. Le terme est souvent employé, par ext., comme synonyme de relativisme, scepticisme, libre-pensée.

Encyclopédie Universelle. 2012.