AGGLOMÉRATION
Le terme général d’agglomération, qui désignait sans plus de précision un groupe d’habitations, a vu son sens se préciser et s’élargir en fonction même de l’extension du phénomène. L’agglomération, dans son acception actuelle, est la conséquence de l’accélération de l’urbanisation provoquée par l’augmentation considérable de la population des villes. Or l’afflux incessant des nouveaux venus ainsi que l’explosion démographique ont contraint les nouvelles couches de citadins à se fixer de plus en plus loin du centre urbain primitif. Actuellement, en raison des forces d’inertie des traditions administratives, la plupart des grandes villes et bon nombre de villes moyennes débordent largement de leur circonscription initiale; on ne peut alors plus parler de villes, mais d’agglomérations.
1. Formation des agglomérations
Le développement des agglomérations peut se faire dans différentes conditions: une ville centrale se développe au sein d’un espace quasi vierge et pousse des tentacules de plus en plus lointains en rapport avec les voies de communication. C’est le cas des villes qui ont grandi au centre des campagnes, englobant des villages peu importants: il y a alors une opposition très marquée entre le centre urbain et sa périphérie, qui revêt l’aspect d’une banlieue presque indifférenciée, si ce n’est une décroissance centrifuge à peu près régulière des phénomènes urbains.
Au contraire, si la ville principale grandit au cœur d’un milieu très différencié où existent déjà des petites villes secondaires antérieures, celles-ci réussissent à conserver une certaine personnalité et forment des éléments originaux parmi la banlieue: ainsi, Saint-Germain-en-Laye, Sceaux, Saint-Denis, autour de Paris.
Enfin, plusieurs agglomérations voisines peuvent se développer simultanément. Dans ce cas, si elles sont assez rapprochées, leurs banlieues respectives finissent par se juxtaposer et l’on a une agglomération à plusieurs noyaux sensiblement égaux: en France, Lille-Roubaix-Tourcoing donnent un excellent exemple de ce phénomène; Leeds et Bradford, au Royaume-Uni, en fournissent un autre tout aussi classique. Les Français réservent à une telle forme le nom de conurbation , terme que les auteurs anglo-saxons ont tendance à étendre à toute forme d’agglomération.
Les agglomérations sont surtout développées dans les pays où l’urbanisation est déjà ancienne et envahissante, car les espaces administratifs urbains proprement dits sont depuis longtemps saturés et toute expansion ultérieure se fait maintenant aux dépens des circonscriptions administratives périphériques, classées encore souvent comme rurales. Certains pays comme l’ex-U.R.S.S. ou l’Inde réajustent périodiquement les limites urbaines. D’autres, au contraire, comme en France, les laissent fixes depuis longtemps: Paris n’a pas connu de changement de limites depuis les annexions de 1860 qui ont donné les dix arrondissements périphériques. Aussi les comparaisons doivent-elles être menées avec précaution. En général, on a tendance à publier surtout le chiffre de la population des agglomérations, qui est beaucoup plus significatif que celui des villes mais difficile à discerner avec précision. Paris, par exemple, compte 2 150 000 habitants dans la ville elle-même et plus de 9 300 000 dans l’agglomération, d’après le recensement de 1990.
Les chiffres sur les principales agglomérations montrent à la fois leur rapide croissance et la diversification entre les différents pays du monde. En 1900, on comptait dix-sept agglomérations de plus de 1 million d’habitants dans le monde avec, classées en tête, Londres, New York et Paris. En 1950, le nombre des plus de 1 million est passé à 35; en 1975, à plus de 50. Viennent en tête, à cette date, New York, T 拏ky 拏, Shanghai, Mexico, Los Angeles, São Paulo... Londres n’est plus qu’au huitième rang et Paris au onzième. Les projections pour l’an 2000 sont encore plus significatives: dans les dix premières villes de cette époque, seule New York continuera à représenter les grands pays anciennement industrialisés. Paris sera repoussé à la vingt-quatrième place. En tête viendront Mexico avec 31 millions d’habitants et São Paulo avec 25,8.
2. Principes de délimitation
Il est difficile, dans la mesure même où la ville envahit progressivement la campagne, de déterminer le point de rupture, c’est-à-dire la limite de l’agglomération. Selon l’Annuaire démographique international de l’O.N.U., «l’agglomération urbaine comprend, par définition, la proche banlieue, c’est-à-dire la zone fortement peuplée qui est extérieure mais contiguë aux limites de la ville». Cette définition peut faire illusion et sembler très précise; en réalité, elle est extrêmement vague: comment apprécier «une zone fortement peuplée», si ce n’est relativement, et où en tracer les limites? On a donc cherché des critères plus précis et beaucoup ont été proposés. Certains sont de nature spatiale, d’autres de nature fonctionnelle.
La première idée qui se présente est celle de l’espace urbanisé continu . On peut l’apprécier sur les photographies aériennes et ultérieurement sur les cartes où sont reportées les emprises des constructions. Cela n’est simple qu’en apparence car beaucoup de banlieues sont faites de pavillons entourés de jardins, notamment dans les pays anglo-saxons, et l’espace urbanisé se dissout ainsi progressivement dans la campagne. On a donc proposé de calculer des densités d’immeubles tenant compte à la fois du type d’immeuble et de l’étendue des espaces verts intercalaires. Ce pouvait être une solution pour un pays donné; s’il s’agit d’un critère international, il est bien difficile de comparer par exemple la banlieue de Moscou, où l’on a volontairement construit à peu près exclusivement des immeubles collectifs de résidence, et celle de n’importe quelle ville des États-Unis indéfiniment étalée. En outre, il ne s’agit pas de tracer une limite linéaire mais généralement de déterminer si telle ou telle commune ou circonscription administrative périphérique appartient, compte tenu du pourcentage de surface construite, à l’agglomération ou non.
Les critères démographiques ne manquent pas non plus. On a proposé de considérer les densités de population: en effet, même dans les pays fortement peuplés, les densités urbaines sont toujours plus élevées que les densités rurales et permettent la délimitation de zones de concentration relative. Parallèlement, le taux d’accroissement est aussi plein d’intérêt: les communes appartenant à l’agglomération connaissent généralement une croissance beaucoup plus importante que les communes rurales voisines.
Aussi certains auteurs allemands ont-ils proposé, lorsqu’on dispose de données statistiques suffisantes pour calculer le pourcentage de population vivant de l’agriculture, de distinguer la zone urbanisée qui a plus de 200 habitants au kilomètre carré et renferme moins de 30 p. 100 d’agriculteurs dans sa population active, la banlieue qui en renferme moins de 50 p. 100 et la zone de transition périphérique qui en a de 50 à 65 p. 100. Cela a le mérite de traduire une des caractéristiques fondamentales de la croissance de l’agglomération, qui est la conquête progressive des espaces ruraux périphériques avec une phase de transition plus ou moins étendue dans l’espace et plus ou moins longue dans le temps, suivant la résistance de la vie rurale et la puissance du développement urbain.
Enfin, la partie centrale de l’agglomération, et notamment le noyau urbain, possède un certain nombre d’activités qui nécessitent l’appel à une main-d’œuvre beaucoup plus nombreuse que celle qui réside sur place: cela détermine de vastes mouvements de migrations pendulaires quotidiennes. Certains pensent que la région où vivent ces migrants appartient également à l’agglomération. Il est incontestable que beaucoup de petites villes de la banlieue ne sont, selon l’expression consacrée, que des «villes-dortoirs», mais l’étude des migrations quotidiennes montre aussi qu’elles viennent parfois de fort loin, et il est difficile d’étendre l’agglomération parisienne, par exemple, jusqu’à Chartres, Beauvais, Orléans... ou celle de Lille jusqu’à Dunkerque, Arras, Boulogne... Il faut donc fixer une proportion minimale de la population active du lieu considéré se rendant chaque jour pour son travail au centre de l’agglomération.
La diversité de ces principes de délimitation permet d’identifier deux types d’agglomérations. Les premières correspondent à une occupation de l’espace assez stricte, et elles répondent à un critère physique bien déterminé (continuité de l’espace bâti); elles sont limitées par des zones rurales, des forêts; ce sont généralement des agglomérations moyennes, grandies parmi les campagnes. Les secondes se caractérisent avant tout par des liens fonctionnels résultant de rapports historiques, du développement d’activités communes, etc. Elles présentent une cohésion économique, sont animées par des échanges préférentiels mais peuvent, à la faveur du réseau de transport, présenter certaines discontinuités dans l’espace bâti.
3. Les différentes parties de l’agglomération
Quelle que soit la nature de l’agglomération, on peut y distinguer plusieurs parties; une opposition fondamentale existe entre le noyau central et la zone périphérique , mais il est tout aussi difficile de tracer la limite de ce noyau central que les frontières extérieures de l’agglomération. Il faut, encore une fois, faire appel à des critères multiples et variés. La nature des constructions qui sont souvent plus homogènes, plus serrées, où le nombre d’étages est plus élevé, s’impose tout d’abord. Il s’y joint une densité particulière de l’occupation du sol. La densité de la population de l’ensemble du noyau urbain est particulièrement forte. Enfin, la complexité des fonctions atteint son maximum: affaires, commerce, administration, artisanat et même certaines industries se mêlent en proportion variable à la résidence.
Pour Paris, par exemple, on a distingué successivement, d’après les critères établis par l’I.N.S.E.E.:
– une agglomération restreinte , qui comprend Paris et les communes de banlieue contiguës, où la continuité des constructions est absolue, la densité de population supérieure à 3 000 habitants au kilomètre carré et où les actifs sont fortement polarisés vers le centre;
– une agglomération étendue , où la continuité de l’espace bâti est moindre, où les maisons individuelles se multiplient, où les densités peuvent descendre jusqu’à 100 habitants au kilomètre carré, et où un tiers au moins des migrants travaillent sur place;
– une zone d’attraction , qui se prolonge surtout le long des voies ferrées et des vallées par des communes à caractéristiques urbaines, parfois séparées les unes des autres par des espaces verts, conservant encore une population rurale mais envoyant de nombreux migrants travailler vers le centre.
On assiste à la naissance de ce que l’on pourrait appeler une «région urbaine». Les phénomènes de contact entre la pénétration des urbains et le maintien de la vie rurale entraînent des rivalités et des conflits pour l’occupation du sol. Cette zone du «péri-urbain» tend à se développer rapidement autour des agglomérations, facilitée par le développement des transports qui vont vers toujours plus d’efficacité. La dimension des agglomérations croît en proportion.
4. Modalités de développement
Le rôle des moyens de transport apparaît prépondérant. La forme même du développement spatial le prouve: des tentacules accompagnent les grandes voies de communication, puis les espaces intermédiaires sont occupés avant que ne se développent de nouveaux tentacules. Ce procédé conduit à un développement naturel radio-concentrique. Pierre Merlin, dans son livre Les Transports parisiens , montre que, pour les communes situées entre 10 et 20 kilomètres de Paris, les densités sont deux à trois fois plus élevées dans les centres desservis par le chemin de fer que dans les autres; ce rapport de densités entre les deux types de communes monte à cinq dans la zone comprise entre 20 et 30 kilomètres de rayon.
La possession d’un moyen de transport individuel se répercute directement sur la croissance des agglomérations: les États-Unis, qui disposent en moyenne d’une voiture automobile pour deux habitants, ont également les agglomérations les plus gigantesques: à Los Angeles, 95 p. 100 de la population utilisent une voiture privée, à San Francisco 64 p. 100, à Washington 57 p. 100, etc.
Certains faits peuvent intervenir pour modifier ce schéma de développement radio-concentrique. Bien entendu, les éléments naturels jouent un rôle de premier plan: rivages, cours d’eau, vallées... Certains sont assez contraignants pour provoquer un développement linéaire comme à Saint-Étienne, ou morcelé comme à New York. Mais la volonté de planification peut également intervenir: le développement de l’agglomération moscovite a été volontairement resserré; le schéma directeur de la région parisienne a prévu une rupture de l’étalement radio-concentrique au profit d’une bande accompagnant les vallées de la Seine et de la Marne.
Le phénomène a aussi ses modalités démographiques: le centre même, saturé de fonctions diverses et congestionné par un trafic d’autant plus important que l’agglomération est plus vaste, a tendance à perdre une partie de sa fonction résidentielle. Au contraire, la croissance périphérique atteint des régions de plus en plus lointaines. On assiste à un véritable redéversement urbain , et les campagnes autour des villes sont envahies par des habitants qui sont en réalité des urbains; c’est la raison pour laquelle les statistiques des États-Unis distinguent soigneusement les urbains, les ruraux non agriculteurs et les véritables ruraux.
Les banlieues s’accroissent à la fois par l’apport des migrants venus des campagnes ou d’autres villes et des urbains qui quittent le centre pour des raisons diverses (pénurie de logements, prix trop élevés, etc.). On assiste actuellement dans les pays les plus avancés à une évolution qui peut paraître inquiétante. Les densités de population résidente diminuent fortement dans le centre, tandis que les banlieues périphériques les plus lointaines connaissent un accroissement très rapide. Ce phénomène a été remarqué comme caractéristique dans les pays qui ont fait des recensements depuis 1980. Les différents pouvoirs urbains tentent donc actuellement de régénérer les centres, d’attirer à nouveau les habitants et d’éviter les ségrégations sociales. On peut se demander si le renchérissement des prix du pétrole renforcera cette nouvelle orientation et si des solutions seront trouvées pour lutter contre la difficulté accompagnant le développement démesuré des grandes agglomérations.
L’agglomération se comporte donc comme un organisme vivant qui se propage de plus en plus loin du centre et dont le noyau subit également des transformations.
5. Problèmes nés du développement des agglomérations
De pareilles modifications ne vont pas sans de grandes difficultés.
La croissance des grandes agglomérations modernes défie toute adaptation des limites administratives. En 1931, déjà, on a défini Londres «non comme une ville mais comme une région». En France, la commune qui sert de cadre administratif est une entité périmée. Les disproportions sont parfois énormes entre ville et agglomération: à Melbourne, la banlieue est vingt-six fois plus peuplée que la ville.
Il faut trouver des solutions. Les villes peuvent annexer leurs banlieues et constituer une administration unique: tel a été le cas de Moscou, dont la superficie est passée en 1960 de 33 434 à 88 650 hectares. On peut aussi créer des organismes dotés de pouvoir de coordination comme le district puis la préfecture régionale de la région parisienne, le London County Council de Londres, etc. Le morcellement administratif rend délicate la politique financière: les communes périphériques qui se développent ont besoin d’équipements massifs, alors qu’elles disposent de peu de ressources, les activités industrielles ou commerciales n’étant pas situées sur leur territoire; les taxes et les impôts doivent donc y être particulièrement élevés.
Le développement se traduit à tous les échelons par la congestion du centre qu’il faut rénover ou remodeler, par l’insuffisance des transports inadaptés à des migrations de plus en plus nombreuses et de plus en plus lointaines, par l’élévation du prix des terrains, par les dangers que représente pour la santé des foules la pollution de l’air et de l’eau, enfin par une insécurité croissante.
Toutes ces raisons ont déterminé le plus grand nombre des pays du monde à adopter une politique de planification visant, sinon à limiter, tout au moins à contrôler et à orienter la croissance des grandes agglomérations.
Certains, fortement urbanisés, ont choisi la solution des «villes nouvelles», destinées à améliorer la condition de vie des populations périphériques qui sont souvent les plus jeunes et les moins aisées. De toute manière, l’évolution des grandes agglomérations est un phénomène coûteux et périlleux.
agglomération [ aglɔmerasjɔ̃ ] n. f.
• 1762; du lat. agglomerare → agglomérer
1 ♦ Vx Fait de s'agglomérer naturellement. ⇒ accrétion. « L'agglomération des sables » ( ACADÉMIE 1795).
♢ Mod. Action d'agglomérer (diverses matières) à l'aide d'un liant. Agglomération à chaud, sous pression.
2 ♦ (déb. XIXe) Fig. Union, association intime. « La nation française est [...] une agglomération internationale de peuples » (Seignobos).
3 ♦ (1861) Concentration d'habitations, ville ou village. Agglomération rurale, urbaine. Ralentir en abordant une agglomération. « un de ces enclos, minuscule agglomération de quatre à six huttes » (A. Gide).
♢ Ensemble constitué par une ville et ses faubourgs ou sa banlieue. ⇒ conurbation, métropole. L'agglomération parisienne. Une agglomération de 50 000 habitants.
⊗ CONTR. Désagrégation.
● agglomération nom féminin (latin médiéval agglomeratio) Action d'agglomérer, de réunir en un tout ; masse, amas ainsi constitués ; agglomérat : Une agglomération de terre et de pierres. Groupe d'habitations constituant un village ou une ville indépendamment des limites administratives : Traverser une agglomération. (En France, la population habitant des constructions dont aucune n'est séparée de la plus proche de plus de 200 m, et comprenant au moins 50 personnes, constitue une agglomération ; une agglomération urbaine groupe plus de 2 000 habitants). Ensemble formé d'une ville-centre et de ses banlieues : L'agglomération parisienne. Procédé de préparation des minerais pour faciliter leur traitement dans les appareils d'élaboration. ● agglomération (synonymes) nom féminin (latin médiéval agglomeratio) Action d'agglomérer, de réunir en un tout ; masse, amas ainsi...
Synonymes :
- agglomérat
- agrégation
- amas
- tas
Contraires :
- désagrégation
- dissémination
- éparpillement
- séparation
Groupe d'habitations constituant un village ou une ville indépendamment des...
Synonymes :
- bourg
- bourgade
- cité
- ensemble
- hameau
- localité
- village
- ville
agglomération
n. f.
d1./d Didac. Action d'agglomérer, fait de s'agglomérer.
d2./d Ensemble d'habitations constituant un village, un bourg, une ville. La vitesse est limitée dans les agglomérations.
|| Ensemble urbain. L'agglomération kinoise: Kinshasa et sa banlieue.
⇒AGGLOMÉRATION, subst. fém.
Action d'agglomérer, de s'agglomérer; résultat de cette action.
A.— [En parlant d'inanimés]
1. Emplois sc. et technol. [En parlant d'une substance] Accumulation en masse compacte :
• 1. L'archet [du violoncelle] sera également bien nettoyé, pour éviter l'agglomération de colophane sur la baguette et l'encrassement de la hausse par les doigts.
J. LALLEMENT, La Dynamique des instruments à archet, 1925, p. 13.
— Spécialement
♦ CHIM. ,,Possibilité qu'a une subst. de se souder à elle-même et de passer de la phase discontinue à la phase continue.`` (GRAND. 1962).
Rem. Déjà ds BESCH. 1845.
♦ TECHNOL. Technique qui consiste à traiter certains minerais, etc. (sous forme pulvérulente, résiduelle, etc.) pour les réduire en masse compacte :
• 2. ... la noria est souvent employée... sous le nom d'élévateur ou de convoyeur, dans les ateliers de préparation mécanique ou d'agglomération installés aux abords des puits...
J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 243.
• 3. Ces inconvénients ont conduit à chercher à agglomérer le charbon de bois en éléments résistants, de dimensions convenables. Par cette opération : 1 la densité de chargement est sensiblement triplée, les agglomérés sont résistants, non friables, non salissants; 2 l'agglomération permet l'utilisation des poussiers; 3 elle donne un charbon homogène, de composition bien définie (charbon standard) très « réactif » dont la gazéification pourra être parfaitement réglée; 4 l'agglomération après carbonisation est applicable à des matériaux qui seraient inutilisables sans cela; telles sont les sciures et particulièrement les tourbes (...) Pour la fabrication des agglomérés de charbon destinés aux gazogènes, on ne peut se contenter d'une simple compression de la poudre de charbon avec une matière agglomérante convenable, car celle-ci est généralement génératrice de goudrons ou de produits acides pendant la gazéification; (...) Il est donc nécessaire d'utiliser, pour l'agglomération, des produits uniquement organiques et de soumettre les boulets crus, obtenus par la compression, à une nouvelle distillation...
G. DUPONT, Le Bois carburant, 1941, pp. 40-41.
• 4. — Le grillage agglomérant des minerais de plomb : on utilise les appareils Dwight et Lloyd, notamment ceux à chaîne; on y traite les produits pulvérulents provenant de la flottaison, c'est-à-dire de la séparation par concassage, pulvérisation et mise en suspension dans un liquide approprié (il s'agit surtout de séparer le sulfure de zinc et le sulfure de plomb). Ici on opère en même temps l'agglomération et le grillage oxydant à mort, en ajoutant des matières — généralement de la chaux — pour faciliter l'agglomération et ultérieurement la fusion de la gangue (cas du plomb). La matière obtenue est d'ailleurs poreuse; ...
L. GUILLET, Les Techniques de la métallurgie, 1944, p. 12.
Rem. Attesté ds BADER-TH. 1962, Lar. encyclop. Suppl. 1968, ROB. Suppl. 1970.
2. P. ext.
• 5. On distinguait facilement la masse confuse de grands arbres, dont l'agglomération se prolongeait au delà des limites du regard.
J. VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, pp. 23-24.
• 6. L'effet concentrateur des chocs véritables produira quelques grosses agglomérations. Ces grosses agglomérations, en vertu de la loi de Maxwell (que les demi-chocs tendent toujours à maintenir), prendront une vitesse relative assez faible par rapport au centre de gravité de la région où chacune d'elles se trouve. Comme la nébuleuse entière, assimilée à une masse gazeuse, tend, par suite du frottement, à tourner d'un seul bloc comme le ferait un corps solide, les grosses agglomérations tendront finalement à prendre une vitesse peu différente de celle qui correspond à une rotation uniforme autour d'un axe.
H. POINCARÉ, Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, 1911, p. 113.
• 7. Tout au long, jusqu'à une barricade terreuse formant barrage, des cadavres allemands y sont enchevêtrés et noués comme des torrents de damnés, quelques-uns émergeant de grottes boueuses au milieu d'une incompréhensible agglomération de poutres, de cordages, de lianes de fer, de gabions, de claies et de boucliers; ...
H. BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 295.
b) Juxtaposition d'éléments divers :
• 8. Seulement, il veut y joindre l'amour de Dieu et l'amour du prochain. Mais joindre ainsi trois termes par addition et agglomération n'est pas les fondre et les unir.
P. LEROUX, De l'Humanité, t. 1, 1840, p. 210.
• 9. ... des exemples du XIIIe siècle... présentent encore des agglomérations de sons tout à fait inacceptables pour notre entendement moderne.
V. D'INDY, Cours de composition musicale, t. 1, 1897-1900, p. 92.
— Spéc., LING. Caractère d'une langue agglomérante :
• 10. ... le monosyllabisme, l'agglomération, et la transformation proprement dite seraient des degrés successivement parcourus dans le perfectionnement de la parole.
Ch. RENOUVIER, Essais de critique générale, 3e essai, 1864, p. 197.
B.— [En parlant de pers., d'aspects divers d'une pers., etc.]
1. Rassemblement plus ou moins compact d'individus, entassement, réunion :
• 11. ... la plupart des hommes (...) s'entassent dans des villes, dans des demeures souvent privées d'air et de lumière, ces deux agents indispensables de la vie. Ces agglomérations humaines deviennent parfois de véritables foyers d'infection.
J. VERNE, Les Cinq cents millions de la Bégum, 1879, p. 39.
• 12. ... la réduction du prolétariat constitue une menace pour la propriété foncière bourgeoise, comme l'accroissement et l'agglomération du prolétariat industriel constituent une menace pour la propriété capitaliste industrielle.
J. JAURÈS, Études socialistes, 1901, p. 8.
• 13. ... ma personnalité n'est qu'une agglomération de particules matérielles, dont la désagrégation entraînera la mort totale.
R. MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, p. 454.
• 14. Nos vingt-cinq millions d'habitants à la fin du XVIIIe siècle représentaient la plus forte agglomération politique du monde civilisé.
Ch. MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 200.
• 15. ... l'Inde est par excellence un pays de villages. Dans cette immense agglomération d'hommes les cités ne prennent que 2 pour 100 de la population; et l'habitat rural se présente surtout sous forme de villages.
P. VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, p. 193.
• 16. Boulevard Saint-Martin, boulevard Magenta, et aux abords de la C.G.T., l'agglomération était particulièrement dense. Un peuple d'hommes et de femmes descendait des hauteurs de Belleville. Des ouvriers de tous âges, en tenue de travail, jaillis de tous les coins de Paris et de la banlieue, se rassemblaient en groupes de plus en plus compacts.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 406.
— En partic. [En parlant de peuples, d'États] :
• 17. Et une cité ayant subjugué une cité, elle se l'asservit, et en composa une province; et deux provinces s'étant englouties, il s'en forma un royaume :enfin, deux royaumes s'étant conquis, l'on vit naître des empires d'une étendue gigantesque; et dans cette agglomération, loin que la force interne des états s'accrût en raison de leur masse, il arriva, au contraire, qu'elle fut diminuée; ...
C.-P DE VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 69.
• 18. ... je ne pense pas qu'après ma chute et la disparition de mon système, il y ait en Europe d'autre grand équilibre possible que l'agglomération et la confédération des grands peuples.
E.-D. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 307.
• 19. « Ces Slaves du Sud, ils cherchent, depuis un demi-siècle, à faire agglomération contre nous. Le noyau principal est serbe. Ils veulent se grouper autour de la Serbie pour faire un état autonomique, yougoslave. »
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 89.
2. [En parlant d'un groupe de pers. et de leurs habitations]
a) Rassemblement d'hommes ou de maisons n'ayant pas accédé au rang de ville ou de nation :
• 20. ... il ne s'agit point ici d'un assemblage de quelques cahutes, d'une agglomération de familles sauvages, mais bien de villes véritables, avec ports, cathédrales, banques, docks, jardins botaniques, muséums ...
J. VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 3, 1868, p. 81.
• 21. ... on ne saurait donner le nom de ville à ces agglomérations fortuites que la puissance d'un chef improvise et qui restent ensuite à l'état de termitière abandonnée.
P. VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921 p. 295.
b) ADMIN. ,,Groupement de maisons d'habitation contiguës ou très voisines, bordant une voie publique ou s'en approchant et possédant une vie propre. (...) Tout groupe d'au moins vingt bâtiments, à l'exclusion des constructions édifiées en vue de servir de support à la publicité, dont aucun n'est distant de plus de 100 mètres du bâtiment le plus voisin`` (BARR. 1967). — Agglomération urbaine (...) ,,Territoire de la ville intéressée et ensembles bâtis de sa périphérie. (...) Ville principale, à laquelle se trouvent éventuellement rattachées une ou plusieurs communes ou sections de communes, qui prolongent effectivement la ville principale et ont avec elle des liens économiques permanents.`` (BARR. 1967) :
• 22. Mais si l'on ne limite pas arbitrairement la ville, si l'on compte au nombre des habitants tous ceux qui peuplent les immenses faubourgs et villages qui se confondent à l'œil avec les maisons et jardins de cette grande agglomération d'hommes, je croirais que le territoire de Damas en nourrit un million.
A. DE LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 2, 1835, p. 239.
• 23. ... la grande industrie (...) n'a pas nécessairement son siège dans une ville; elle peut même s'établir en dehors de toute agglomération rurale ou urbaine, préexistante; ...
É. DURKHEIM, De la Division du travail social, préf., 1893, p. XXVI.
• 24. KNOCK. — Bon. Saint-Maurice a combien d'habitants? LE DOCTEUR. — Trois mille cinq cents dans l'agglomération, je crois, et près de six mille dans la commune.
J. ROMAINS, Knock, 1923, I, p. 6.
• 25. ... la vie de la campagne battra son plein sur la terre même, au détriment peut-être des agglomérations : villages et hameaux, abandonnés à l'artisanat et au négoce indispensable.
J. DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, t. 3, 1932, p. 54.
• 26. De temps à autre, le soir, le « zeppelin » venait sur la capitale qui hurlait à son approche et puis s'obscurcissait. Des millions de vitres se calfeutraient. Le gros dirigeable allemand survolait lentement l'agglomération éteinte, larguait quelques bombes qui tombaient au hasard parmi la multitude des rues et des demeures, et repartait.
M. DRUON, Les Grandes familles, t. 1, prol., 1948, p. 16.
• 27. ... il est prévu qu'aucune communauté urbaine ne pourra être créée entre communes faisant partie de départements différents, ce qui implique la révision des frontières départementales d'agglomérations intercommunales. Il est précisé que la solution de ce problème, en ce qui concerne la ville de Lyon, est une question préalable à l'entrée en vigueur du régime communautaire. Malgré ses limites et les concessions faites, le régime institué est de nature à résoudre les trois grandes difficultés des agglomérations. Il leur donne d'abord une autorité unique pour concevoir au mieux et réaliser au moindre coût les grands équipements; il conduira à une atténuation sensible des disparités financières et fiscales entre communes et habitants de l'agglomération; il garantira le pouvoir des élus locaux sur les conditions du développement de leur circonscription. En effet, à l'heure actuelle, les problèmes des agglomérations sont largement étudiés et traités par les services de l'État, ...
G. BELORGEY, Le Gouvernement et l'administration de la France, 1967, pp. 289-290.
Rem. 1. Attesté également ds Ac. t. 1 1932, DG, ROMEUF t. 1 1956, ROB., Lar. encyclop., QUILLET 1965, DUB., Pt ROB., BAUDHUIN 1968, CHAM. 1969, PUJOL 1970. 2. Agglomérat et agglomération peuvent s'employer l'un pour l'autre, agglomération étant cependant attiré vers le système de l'animé. 3. Agglomération peut également porter la nuance dépréc. d'un entassement hasardeux.
• 28. L'hôtel de ville de Cologne, situé assez près du dôme, est un de ces ravissants édifices-arlequins faits de pièces de tous les temps et de morceaux de tous les styles qu'on rencontre dans les anciennes communes qui se sont elles-mêmes construites, lois, mœurs et coutumes, de la même manière. Le mode de formation de ces édifices et de ces communes est curieux à étudier. Il y a eu agglomération plutôt que construction, croissance successive, agrandissement capricieux, empiètement sur les voisinages; rien n'a été fait d'après un plan régulier et tracé d'avance; tout s'est produit au fur et à mesure, selon les besoins surgissants.
V. HUGO, Le Rhin, 1842, p. 91.
Rem. 4. Assoc. paradigm. a) Synon. accumulation, agglomérat, agglutination, agrégation, amas, amoncellement, assemblage, attroupement, concentration, entassement, groupe, groupement, rassemblement, réunion, tas. b) Anton. désagrégation, désunion, dispersion, dissémination, dissociation, division, éparpillement, morcellement, pulvérisation, séparation.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. : []. Harrap's 1963 transcrit : --. Enq. ://. 2. Forme graph. — Ac. 1798 écrit : agglomération ou aglomération. Ac. 1835, Ac. 1878 et Nouv. Lar. ill. réservent 2 vedettes distinctes à ces formes. Les dict. mod. ne retiennent que la graph. avec 2 g. Cf. agglomérer.
Étymol. ET HIST. — [1762 d'apr. BL.-W.5] 1. 1771 (Trév. : agglomération [...] Terme didactique qui désigne un assemblage par pelotons); 2. 1897 « groupement d'habitants » (P. MEURIOT, Paris-Berlin, 1897 ds J. BRUNHES, Géogr. hum., I, p. 212, Félix Alcan ds Fr. mod. t. 36, p. 323 : Des agglomérations urbaines dans l'Europe contemporaine).
Empr. au lat. médiév. agglomératio attesté ca 790 au sens de « accumulation » emploi fig. (Libri Karol., 2, 18, p. 77, 8 ds Mittellat. W. s.v. :in eadem nugarum adglomeratione).
BBG. — BADER-TH. 1962. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BARR. 1967. — BAUDHUIN 1968. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — CHAM. 1969. — DUP. 1961. — GRAND. 1962. — LACR. 1963. — PUJOL 1970. — ROMEUF t. 1 1956. — TIMM. 1892.
agglomération [aglɔmeʀɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1762; du lat. médiéval agglomeratio « accumulation ». → Agglomérer.
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1 L'agglomération, une agglomération de… a Vx. Fait de s'agglomérer naturellement. || Une agglomération de sables, de pierres, de terres. ⇒ Accrétion, agglomérat, agglutination, agrégation, amas, assemblage, entassement.
1 Toutefois, la verdure ne manquait pas à droite, en arrière du pan coupé. On distinguait facilement la masse confuse de grands arbres, dont l'agglomération se prolongeait au-delà des limites du regard. Cette verdure réjouissait l'œil, vivement attristé par les âpres lignes du parement de granit.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 34.
b Techn. Fabrication des agglomérés; préparation de minerais que l'on agglomère. || Agglomération sur grille.
2 L'agglomération. La première de ces opérations, l'agglomération, est déjà pratiquée depuis de longues années. Elle permet de donner une valeur marchande aux fines et au poussier transformés en briquettes employées pour la chauffe industrielle ou en boulets employés pour les usages domestiques.
Jean Romeuf, le Charbon, p. 78.
2 (Déb. XIXe). Didact. (Une, des agglomérations). Union, association intime; entassement (d'individus, d'animaux). ⇒ Groupement, réunion. || Des agglomérations d'animaux. ⇒ Banc, bande, colonie, compagnie, essaim, harde, harpaille, meute, peloton, ruche, troupe, troupeau, vol. || Une agglomération de peuplades, de peuples, d'hommes.
3 La nation française est plus hétérogène qu'aucune autre nation d'Europe; c'est en vérité une agglomération internationale de peuples.
Ch. Seignobos, Hist. sincère de la nation franç., p. 3.
♦ Amas, entassement hétérogène (de choses).
4 C'est le morceau le plus extraordinaire, le plus important de toute cette agglomération d'ouvrages défensifs. Les murs y sont plus épais que partout ailleurs et plus hauts.
G. Leroux, le Parfum de la dame en noir, p. 102.
3 (1861, in D. D. L.) Cour. Concentration (d'habitations), formant une unité. ⇒ Bourg, bourgade, ensemble, hameau, localité, village, ville. || Une petite agglomération de fermes, de maisons. || Agglomération rurale. || Agglomération d'habitations de fortune (⇒ Bidonville; favela). — (Sans adj. ni compl.). || Une grande agglomération. || La liste des agglomérations importantes.
5 Nous avons pénétré dans un de ces enclos, minuscule agglomération de quatre à six huttes, subdivision du grand village.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 783.
6 (…) les leçons de tant d'autres pays neufs, où ont surgi, au hasard, des agglomérations dont la hideur et l'inconfort sont aujourd'hui irréparables, ne doivent pas être perdues.
L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 116.
7 L'agglomération du XIXe siècle et les monstres urbains qui survivent encore sous l'effet de l'éclatement démographique correspondent à une crise dont le déclenchement est sans doute dû à une refonte complète des valeurs sociales et économiques, mais dont l'agent direct se situe au niveau des transports.
A. Leroi-Gourhan, Le Geste et la Parole, t. II, p. 181.
♦ Ensemble constitué par une ville et ses faubourgs ou sa banlieue. || L'agglomération lyonnaise. || Il s'est installé dans l'agglomération parisienne.
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CONTR. Désagrégation, dispersion, dissémination, dissociation, éparpillement, pulvérisation, séparation.
Encyclopédie Universelle. 2012.