carnage [ karnaʒ ] n. m.
• 1564; « viande » 1546; probablt forme normanno-picarde de charnage, dér. de l'a. fr. char « chair »
♦ Action de tuer des personnes ou certains animaux en grand nombre; massacre sanglant. ⇒ boucherie, hécatombe, tuerie. Un affreux, un monstrueux carnage. « Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port, Sont des champs de carnage où triomphe la mort » (P. Corneille). — Fam. ⇒ destruction, dévastation. Ils ont fait un vrai carnage dans l'appartement.
● carnage nom masculin (de l'ancien français char, chair) Massacre violent et sanglant de nombreuses personnes ; tuerie de nombreux animaux ; boucherie : Le responsable du carnage est en fuite. ● carnage (synonymes) nom masculin (de l'ancien français char, chair) Massacre violent et sanglant de nombreuses personnes ; tuerie de nombreux...
Synonymes :
- hécatombe
- tuerie
carnage
n. m. Tuerie, massacre.
⇒CARNAGE, subst. masc.
Action de tuer, de mettre en pièces (d'une manière violente et sanglante) une grande quantité d'animaux ou d'hommes; résultat de cette action. Horrible carnage; champ(s), scène(s) de carnage :
• 1. Ce serait lui [au roi] enlever ses prérogatives, que de le mettre dans l'heureuse impuissance de souiller son règne d'exactions, de rapines, de violences, de sang, de meurtres, de carnage; en un mot, de le mettre dans l'heureuse nécessité d'être sage, juste, bon...
MARAT, Les Pamphlets, Supplément de l'Offrande à la Patrie, 1789, p. 68.
• 2. Mais, boucher maladroit, n'ayant d'ailleurs que le petit couteau, il se perdit dans cette chair toute chaude, encore palpitante de vie. Et Lapoulle, impatient, s'étant mis à l'aider en ouvrant le ventre, sans nécessité aucune, le carnage devint abominable. Une hâte féroce dans le sang et les entrailles répandues, des loups qui fouillaient à pleins crocs la carcasse d'une proie.
ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 452.
PARAD. (Quasi-) synon. boucherie, hécatombe, massacre, tuerie.
— P. anal. :
• 3. ... « Que cette guerre t'ouvre au moins les yeux, imbécile, voir le monde tel qu'il est. L'univers : un ensemble de forces aveugles, qui s'équilibrent par la destruction des moins résistants. La nature : un champ de carnage où s'entre-dévorent les êtres, les races, opposés par leurs instincts. (...) »
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 958.
— P. métaph. Destruction brutale. Un carnage de toutes leurs pensées de ferveur et de paix (HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 231); devenir le théâtre de la bataille interminable des systèmes (...) se repaître du carnage des idées (M. BLONDEL, L'Action, 1893, p. 4).
PARAD. (Quasi-) synon. dévastation, extermination, gâchis, ravage, ruine, saccage.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 2e moitié XIIe s. prendre charnage « (du Christ) prendre chair » (Horn, 317 ds T.-L.); 1546 carnage « chair (que mangent les bêtes sauvages) » (RABELAIS, Tiers Livre, XXIV, éd. Marty-Laveaux, p. 74); 2. 1200-1226 pic. carnage « temps de l'année où il est permis de manger de la viande (par opposition au carême) » (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, 217, 8 ds T.-L.); ca 1223 charnage (G. DE COINCY, Miracles, 323, 12, ibid.); 3. mil. XIIIe s. [date du ms. Bibl. vaticane, Regina 1441] charnaige « massacre, tuerie » (Auberi le bourguignon, éd. Tobler, 85, 20, ibid.); 1564 carnage (J. THIERRY, Dict. fr.-lat., Paris). Carnage, prob. forme normanno-picarde de charnage, dér. de l'a. fr. char (chair), cf. norm. carnage « charogne » (DELBOUILLE), pic. id. « temps où l'on mange de la viande » (CORBLET); 3 a peut-être au XVIe s., été influencé par le prov. carnatge, attesté au même sens au XIIIe s. (Peire Cardinal ds RAYN.) et non par l'ital. carnaggio, attesté très tardivement (XVIIIe-XIXe s. ds BATT.) en ce sens. Fréq. abs. littér. :389. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 782, b) 674; XXe s. : a) 402, b) 382. Bbg. KOHLM. 1901, p. 16. — WIND 1928, p. 67, 133.
carnage [kaʀnaʒ] n. m.
ÉTYM. 1546, « chair », Rabelais; orig. incert.; probablt forme normanno-picarde de charnage (XIe), de l'anc. franç. char. → Chair.
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1 Vx. Chair d'animaux dont se nourrissent les bêtes sauvages. ⇒ Pâture, viande. || Avide de carnage (→ Affamer, cit. 7).
1 Une lionne vient, monstre inspirant la crainte;
D'un carnage récent sa gueule est toute teinte.
La Fontaine, Fables, Appendice, 5.
2 Les hommes alimentés de carnage et abreuvés de liqueurs fortes ont tous un sang aigri et aduste (…)
Voltaire, la Princesse de Babylone.
2 Mod. Action de tuer des personnes (ou certains animaux) en grand nombre; massacre sanglant. ⇒ Boucherie, hécatombe, tuerie. || Un affreux, un monstrueux carnage (→ Battre, cit. 79). — Lieu, champ de carnage.
3 De notre sang au leur font d'horribles mélanges;
Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port,
Sont des champs de carnage où triomphe la mort.
Corneille, le Cid, IV, 3.
4 Ces énormes batailles de Napoléon sont au delà de la gloire; l'œil ne peut embrasser ces champs de carnage qui, en définitive, n'amènent aucun résultat proportionné à leurs calamités.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, III, 1.
5 Ce que nous appelons la morale n'est qu'une entreprise désespérée de nos semblables contre l'ordre universel, qui est la lutte, le carnage et l'aveugle jeu de forces contraires.
France, Les dieux ont soif, VI, p. 63.
3 Fam. ⇒ Destruction, dévastation, ruine. || Quel carnage ! || Il a fait un vrai carnage dans l'appartement, tout est cassé.
6 Il s'abattait sur un bureau à la façon d'une nuée de sauterelles, et tout de suite c'était la fin, le carnage, la dévastation (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 1er tableau, III.
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CONTR. Paix. — Ordre.
Encyclopédie Universelle. 2012.