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cagot

cagot, ote [ kago, ɔt ] n.
• 1535; d'apr. bigot; béarnais cagot « lépreux », p.-ê. de cagar « chier »
Vieilli Faux dévot; bigot, hypocrite. cafard. « Cela nous met un peu loin des cagots et des dévotes » (Huysmans). Adj. « Il baissa les paupières d'un air cagot » (Sartre). hypocrite. N. f. CAGOTERIE vx . ⇒ bigoterie.

cagot, cagote nom (béarnais cagot, lépreux) Littéraire. Faux dévot ; hypocrite. Au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, personne mise à l'écart de la société. (Descendants présumés des lépreux, les cagots étaient placés sous la juridiction de l'Église et soumis à des mesures d'exception.) ● cagot, cagote (citations) nom (béarnais cagot, lépreux) Jean Anouilh Bordeaux 1910-Lausanne 1987 Je ne sais pas quelle conjuration de cagots et de vieilles filles a pu réussir, en deux siècles, à discréditer le mot plaisir. La Répétition ou l'Amour puni, II, le comte La Table Rondecagot, cagote (synonymes) nom (béarnais cagot, lépreux) Littéraire. Faux dévot ; hypocrite.
Synonymes :
- bigot
- cafard
- faux dévot
- tartufe
Contraires :
- dévot
- mystique
- pieux
- religieux

⇒CAGOT, OTE, subst. et adj.
I.— Subst., vx. Personne misérable appartenant à un groupe proscrit pour des raisons mal définies (lèpre, etc.), établie autrefois dans le Béarn et en Gascogne :
1. ... les cagots ou goîtreux, race infortunée dont M. Ramond a recherché l'origine jusque dans la nuit des temps les plus reculés.
DUSAULX, Voyage à Barège, t. 2, 1796, p. 11.
II.— Subst. et adj. (Personne, groupe de personnes ou collectivité) qui montre une dévotion outrée, généralement mal comprise ou hypocrite. Ce n'est qu'un cagot, un franc cagot (Ac. 1798-1835). (Quasi-)synon. bégueule, bigot, cafard, pharisien :
2. Je ne sais d'ailleurs pas quelle conjuration de cagots et de vieilles filles a pu réussir, en deux siècles à discréditer le mot plaisir.
ANOUILH, La Répétition, 1950, II, p. 38.
P. ext., rare. Personne intolérante, à l'esprit étroit :
3. Ce cagot de philosophie [Louis XVIII] sera tout aussi dangereux pour son cadet qu'il l'a été pour l'aîné : car je ne sais si son successeur pourra se tirer des embarras que se plaît à lui créer ce gros homme de petit esprit; ...
BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, p. 323.
Adj. [En parlant d'attributs hum., d'idées, etc.] Qui manifeste ou dénote du fanatisme religieux, de la bigoterie hypocrite. Air, esprit cagot :
4. Les Jésuites aussi criaient contre Pascal et l'eussent appelé pamphlétaire, mais le mot n'existait pas encore; ils l'appelaient tison d'enfer, la même chose en style cagot.
COURIER, Pamphlets pol., Pamphlet des Pamphlets, 1824, p. 215.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. cagotine. Petite cagote. Surpris de trouver chez une cagotine un si malicieux esprit de repartie (GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, p. 692).
Prononc. et Orth. :[kago], fém. [-]. Ds Ac. 1694-1932. Fém. cagotte ds Ac. 1694-1740; fém. cagote ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1535 cagot « hypocrite » (RABELAIS, Gargantua, chap. 52, éd. R. Calder, Genève-Paris, 1970, p. 289). Empr. au béarnais cagot « lépreux blanc », d'orig. obsc. (dér. de cacare? cf. cagou) (1488 anthropon., d'apr. V. LESPY, P. RAYMOND, Dict. béarnais anc. et mod., Montpellier, 1887, s.v.; 1551, Fors de Bearn ds Nouv. Coutumier gén., t. 4, 1072 et 1093); le mot qui désignait des populations reculées des vallées pyrénéennes (peut-être à l'orig. affectées de la lèpre ou d'une autre maladie) a été appliqué par dérision aux bigots (pour l'évolution sém. « lépreux » > « hypocrite », v. cafard). Fréq. abs. littér. :44. Bbg. RIGAUD (A.). La Vraie Cour des Miracles. Vie Lang. 1969, p. 100, 395. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 147, 208, 286; t. 2 1972 [1925], p. 95-320.

cagot, ote [kago, ɔt] n.
ÉTYM. 1535, Rabelais, « hypocrite »; d'après bigot; béarnais cagot « lépreux blanc », p.-ê. de cagar « chier », ou p.-ê. selon le même type d'évolution sémantique que cafard.
Vieilli ou littér. Personne qui affiche une dévotion excessive, outrée ou d'une sincérité douteuse. Bigot, bondieusard, cafard, calotin, dévot (faux dévot), pharisien.
1 Que son front doux et serein
Est à mon gré préférable
Au visage sec, chagrin
De ce cagot qui du diable
Craint partout l'esprit malin.
La Fare, Ode 6, in Littré.
2 Cela nous met un peu loin des cagots et des dévotes, aussi loin du reste, qu'est le catholicisme moderne de la mystique, car décidément cette religion est aussi terre à terre que la mystique est haute (…)
Huysmans, En route, p. 284.
Adj. || Avoir un ton, un air cagot. Hypocrite.
3 Il (Daniel) baissa les paupières d'un air cagot, s'approcha lentement (…)
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 118.
Qui est marqué d'une bigoterie excessive.
4 Pour savoir où s'établir, ils passèrent en revue toutes les provinces (…) La Bretagne leur aurait convenu, sans l'esprit cagot des habitants.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, Pl., t. II, p. 680.
REM. On trouve aussi le dér. féminin cagotine [kagɔtin]  : petite cagote.
5 Surpris de trouver chez une cagotine un si malicieux esprit de répartie, et sans doute tant de bon sens, l'oncle Anthime est momentanément désarçonné.
Gide, les Caves du Vatican, I, III.
CONTR. Convaincu, croyant, dévot, pieux, sincère. — Athée, incroyant.
DÉR. Cagoterie, cagotisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.