chier [ ʃje ] v. intr. <conjug. : 7>
• XIIIe; lat. cacare, esp. cagar; cf. chiader, chialer
♦ Fam. et vulg.
1 ♦ Se décharger le ventre des excréments, déféquer. ⇒ 1. faire; caca.
2 ♦ Fig. FAIRE CHIER QQN, l'embêter. ⇒ ennuyer (cf. Faire suer). Par ext. Lui causer des ennuis, le faire souffrir. Tu nous fais chier. (Sans compl.) Fais pas chier ! Ça me fait chier : ça m'ennuie, ça m'est désagréable. On se fait chier ici, on s'ennuie. ⇒ s'emmerder. « j'aime mieux me faire chier tout seul que d'être heureux avec les autres » (Desproges).
♢ Loc. Envoyer chier qqn, le rembarrer. Chier dans son froc (de peur). Chier dans la colle. — En chier : être dans une situation pénible. Y a pas à chier : c'est évident, c'est inévitable. À chier : très laid, très mauvais. Elle est à chier. Ce film est à chier. Un goût à chier. Il est nul à chier.
♢ Impers. Ça va chier (des bulles) : les choses vont se gâter, ça va barder. Ça chie pas : cela n'a pas d'importance.
● chier verbe intransitif (latin cacare) Populaire Évacuer des excréments. ● chier (expressions) verbe intransitif (latin cacare) Populaire Ça chie, ça va chier (des bulles), ça fait, ça va faire du bruit, du scandale, des dégâts. Chier dans les bottes de quelqu'un, l'ennuyer à l'excès, lui jouer continuellement de vilains tours. Chier dans la colle, exagérer dans sa manière d'agir, dans ses propos. En chier (des bulles, des ronds de chapeau), avoir de grosses difficultés, des désagréments pénibles. Envoyer chier quelqu'un, l'éconduire, l'envoyer promener. Être à chier, être très laid, très mauvais. Faire chier quelqu'un, l'ennuyer à l'extrême. Se faire chier, s'ennuyer. (Il n')y a pas à chier, ce n'est pas la peine d'hésiter, c'est inévitable.
chier
v. intr.
d1./d Vulg. Déféquer.
d2./d Fig., Fam. Faire chier qqn, l'ennuyer, lui causer des désagréments. Syn. emmerder.
— Se faire chier: s'ennuyer.
⇒CHIER, verbe intrans.
Trivial
A.— [Le suj. désigne une pers. ou un animal] Évacuer les excréments solides. Aller chier; avoir envie de chier. Synon. aller à la selle, faire caca (fam.). Il n'y avait pas pour eux [les Anciens] de choses que l'on ne puisse dire. Dans Aristophane, on chie sur la scène (FLAUBERT, Correspondance, 1853, p. 137). Des cartes postales représentant (...) tel (...) Allemand chiant de peur à la vue d'une baïonnette (GIDE, Journal, 1914, p. 476).
— Emploi trans. Du pigeon partout, perché, au nid (...), bouffant son petit maïs ou chiant son petit guano (H. BAZIN, Lève-toi et marche, 1952, p. 258). Chier des cordes. ,,Aller péniblement à la selle`` (LITTRÉ).
B.— Au fig., expr. et loc. [Le suj. désigne une pers.]
1. Emplois péj., gén. à valeur hyperbolique.
a) [Avec l'idée de dédain, parfois d'offense ou d'outrage] J'emmerde la moitié du monde et je chie sur l'autre moitié (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 69).
— [Verbe + subst. introd. par la prép. dans]
♦ [P. réf. à une manifestation physiol. de la peur] Chier dans sa culotte, dans son froc. Avoir peur :
• 1. — (...). Tu veux jouer au petit soldat.
— Ça vaut mieux que de chier dans son froc, comme toi.
— Vous l'entendez : Je chie dans mon froc parce que je dis que l'armée française a pris la dérouillée.
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949 p. 48.
♦ Chier dans les bottes de qqn. Offenser quelqu'un en lui jouant un tour impardonnable.
Rem. Attesté ds BESCH. 1845, Lar. 19e, Lar. encyclop., QUILLET 1965 et Lar. Lang. fr.
♦ Chier dans la colle. Outrepasser les bornes de la bienséance, exagérer.
Rem. Attesté ds Lar. Lang. fr.
♦ Chier dans la main de qqn. Faire preuve d'une profonde ingratitude. Comment qu'on les remercie [les Allemands]? En leur chiant dans la main (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 273).
b) [Avec l'idée d'ennui, de contrariété]
— [Verbe + verbe]
♦ Envoyer chier (qqn). Rembarrer (quelqu'un), se débarrasser (de quelqu'un). Synon. envoyer au diable, envoyer paître. Il t'donne un bon conseil et tu l'envoies ch... t'as tout d'la vache (DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 73).
♦ Interj. Va chier! À la moindre remarque de travers il se foutait en crosse, (...) — Va chier! qu'il répondait, brûle-pourpoint (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 201).
— Emploi factitif. Faire chier (qqn).
♦ [Le suj. désigne une pers.] Embêter, ennuyer, contrarier (quelqu'un). Synon. pop. emmerder, faire suer. Tu ne vas pas me faire chier toi aussi avec la politique (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 159). Pourquoi que tu veux l'être, institutrice? — Pour faire chier les mômes, répondit Zazie (QUENEAU, Zazie dans le métro, 1959, p. 29).
♦ [Le suj. désigne une chose] Ça me fait chier (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 78).
♦ Emploi pronom. Se faire chier. Éprouver un ennui plus ou moins profond. Synon. pop. s'emmerder, se faire suer. Ce qu'on peut se faire chier dans cette putain d'existence (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 357).
— Emplois trans.
♦ Chier des lames de rasoir. Être soumis à de mauvais traitements. S'il [Krabbe] vous fout dans sa section, vous n'avez pas fini de chier des lames de rasoir (M. FOMBEURE, Soldat, 1935, p. 31).
♦ Chier du poivre à qqn. S'éclipser furtivement. Et brusquement il s'aperçut que Chaval avait filé au milieu du tumulte (...) — Ah! Bougre de salaud, tu as peur de te compromettre hurlait Étienne (...) Tu cherches maintenant à nous chier du poivre (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1424).
2. Emplois intensifs, gén. sans valeur péj., quoique toujours vulg.
— Emplois impers.
♦ Ça chie, ça va chier! Ca barde, ça va barder (cj. chauffer, se gâter). Ça chie dur à Épinal? — Ça chiait. À présent ça doit être très calme (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 100).
♦ Ça ne chie pas. Cela n'a pas d'importance. Rouler de la caillasse... Des fois on a les pognes en sang, ça chie pas, faut rouler tout de même (ESN. 1966).
Rem. Attesté ds Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr.
— [Introd. par le présentatif il y a] Y a pas à chier. Il n'y a rien à redire; c'est exact, évident :
• 2. Ils sont ravis que les Allemands soient si forts. Ils se sentent d'autant moins coupables : « Imbattables, y a pas à chier, imbattables. »
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 204.
— Emploi trans. En chier (dur). Synon. de en baver, en roter. Le cureton, tu as vu? Il a dit qu'on allait en chier dur (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949 p. 239).
— Loc. adj. À chier partout. Synon. du tonnerre.
♦ [En parlant d'un repas] Un gueuleton à c... partout (D. POULOT, Le Sublime, 1872, p. 202).
Rem. gén. 1. Dans un souci de bienséance le mot est souvent écrit ch... (cf. supra DORGELÈS, loc. cit.), plus rarement c... (cf. supra D. POULOT, loc. cit.). 2. On rencontre ds la docum. a) Chiant, ante, part. prés. et adj., vulg. Embêtant, ennuyeux, pénible. On a commencé à se rendre compte que c'était chiant d'être travailleurs (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 198). b) Chiée, subst. fém., trivial. Grande quantité. C'est embêtant (...) d'avoir à ses trousses des chiées d'enfants (MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 168). C'est vous qui allez attaquer? Les sidis sont déjà là... et il y a la chiée de canons, vous savez (DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 173). c) Chierie, subst. fém., trivial. Chose ennuyeuse, désagréable. Quelle chierie! (Nouv. Lar. ill. et ROB. Suppl. 1970). La Vache! Tu mens! Tu mens! c'est des chieries! (CLAUDEL, La Ville, 1re version, 1893, II, p. 354). d) Chieur, euse, subst., trivial. Personne qui va (souvent) à la selle. (Attesté ds la plupart des dict. du XIXe s. ainsi que ds Lar. 20e et Lar. Lang. fr.). Loc. fig., péj. Chieur d'encre. Personne dont la profession consiste essentiellement à écrire : employé de bureau, instituteur, homme de lettres, etc. Et les ouvriers (...) se moquent des « déjetés », des « blaichards », des chieurs d'encre, des « Assis » (J. RICHEPIN, Le Pavé, 1883, p. 289). 3. En fr. région. et en Suisse romande on rencontre le verbe caquer de même orig. que chier, et dans la plupart des emplois de celui-ci, mais avec une moindre connotation de trivialité.
Prononc. et Orth. :[], (je) chie []. Ds Ac. 1694-1932. Prend 2 i à la 1re et à la 2e pers. du plur. de l'imp. de l'ind. et du prés. du subj. (que) nous chiions. Étymol. et Hist. Ca 1202 (Renart, éd. M. Roques, branche 18, vers 16622); 1534 fig. c'est bien chié « c'est bien dit, bien fait » (RABELAIS, I, 5 ds HUG.). Du lat. class. cacare « évacuer des excréments ». Fréq. abs. littér. :126. Bbg. SAIN. Lang. par. 1920, p. 7, 414.
chier [ʃje] v.
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♦ Familier et vulgaire.
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I V. intr.
1 Se décharger le ventre des excréments. ⇒ Faire. || Aller chier. || Avoir envie de chier.
1 Guy déjà a l'émouvante attitude d'un chien qui chie. Il pousse, son regard est fixe, ses quatre pattes sont rapprochées sous son corps arc-bouté; et il tremble, de la tête à l'étron fumant.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 238.
2 (…) ce qui me fait penser que chier ne convient pas pour quelqu'un comme le cheval qui a la défécation sèche, poudreuse, filandreuse, parce que chier, qu'on le veuille ou non, ça suppose du glissant, du giclant, du liquide, enfin moi je trouve (…)
Jacques Laurent, les Bêtises, p. 269.
REM. En franç. d'Afrique, le verbe peut s'employer sans connotation vulgaire (I. F. A.).
2 ☑ Fam. Faire chier (qqn), l'embêter, le contrarier. ⇒ Emmerder, suer (faire suer); tartir (argot). || Tu nous fais chier ! || Il commence à me faire chier, ce type ! || Viens pas me faire chier !
3 Il n'était pas rentré parce qu'il ne savait pas l'adresse ! (…)
— Je vais te le faire tatouer sur la poitrine ! répète : 44, avenue de Saxe.
— Merde, me dit-il. Me fais pas trop chier tout de même.
Je plongeai dans le silence. Oui. Il ne fallait pas exagérer, n'est-ce pas.
Christiane Rochefort, le Repos du guerrier, I, IV, p. 92.
4 Pourquoi que tu veux l'être, institutrice ?
— Pour faire chier les mômes, répondit Zazie.
R. Queneau, Zazie dans le métro, p. 29.
♦ Ça me fait chier : ça m'ennuie, ça m'est désagréable. — Fait chier ! (même sens). — On se fait chier, ici : on s'ennuie. ⇒ Emmerder (s'). — Se faire chier à faire qqch., se donner du mal pour le faire.
5 On peut même lui dire qu'on s'est fait chier, qu'on a même fini par faire nos devoirs tellement c'était le sombre dimanche.
Joseph Joffo, Baby-foot, p. 20.
3 ☑ Loc. fam. (métaphore du sens 1.). Chier dans sa culotte, dans son froc : avoir peur. — ☑ Chier dans les bottes de quelqu'un, lui jouer un tour impardonnable. — ☑ Chier dans la colle : exagérer, dépasser la mesure. — ☑ Chier dans la main de quelqu'un, manifester une ingratitude profonde à son égard.
♦ ☑ Chier sur (qqn, qqch.) : mépriser, témoigner du mépris pour. → Pisser (sur), et ci-dessous, II., 3.
6 N'oublie pas de chier sur la Renaissance, journal littéraire et artistique, si tu le rencontres.
Rimbaud, Lettre à Ernest Delahaye, juin 1872, Pl., p. 269.
♦ ☑ À chier (en fonction d'adj.). Déplaisant, désagréable. || Il a un goût à chier. — Il est vraiment à chier, ce type ! → Chiant. ☑ Envoyer chier (qqn) : le rembarrer. ⇒ Paître, promener (envoyer). — Va chier !
♦ ☑ En chier : être dans une situation difficile, pénible, désagréable. || T'as signé, c'est pour en chier ! (apostrophe traditionnelle aux engagés, dans l'armée; employé souvent par plais. à l'adresse de qqn qui ne peut pas se dérober à une obligation, à une contrainte pénible). ☑ Y a pas à chier : c'est inévitable; c'est évident.
7 Parfaitement, elle ne vous a pas dénoncé, il n'y a pas à chier. Elle vous savait pendant quatre ans dans cette cave aux Champs-Élysées comme Juif, elle ne vous a pas dénoncé par amour.
É. Ajar (R. Gary), l'Angoisse du roi Salomon, p. 282.
4 Impers. ☑ Ça chie, ça va chier : les choses se gâtent, vont se gâter. — ☑ Ça (ne) chie pas : cela n'a pas d'importance.
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II V. tr.
1 Expulser (des excréments). ☑ Loc. Chier des cordes : évacuer péniblement des excréments durcis.
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chié, ée p. p. adj.
♦ Réussi. || C'était chié ! — (Personnes). Étonnant, drôle. || Une chiée nana. || Il est chié, ce mec !
♦ ☑ Loc. Tout chié : absolument ressemblant. ⇒ Craché. || C'est le portrait de son père, tout chié ! → Tout craché.
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DÉR. et COMP. Chiant, chiard, chiée, chienlit, chierie, chieur, chiotte, chiure. (Du p. p.) Chiément.
Encyclopédie Universelle. 2012.