bénéfice [ benefis ] n. m. I ♦
1 ♦ Avantage. Le bénéfice de l'âge. ⇒ privilège. Laissons-lui le bénéfice du doute. Quel bénéfice avez-vous à mentir ? AU BÉNÉFICE DE : au profit de. Gala donné au bénéfice d'une œuvre.
2 ♦ Dr. Droit, faveur, privilège que la loi accorde à qqn. Le bénéfice des circonstances atténuantes. — Bénéfice d'inventaire : dans une succession, droit de l'héritier de ne payer les dettes que jusqu'à concurrence des biens qu'il a recueillis. Accepter une succession sous bénéfice d'inventaire. — Loc. fig. Sous bénéfice d'inventaire : sous réserve de vérification.
3 ♦ Au Moyen Âge, Concession de terres faite à ses fidèles par le roi ou le seigneur féodal.
4 ♦ Bénéfice ecclésiastique : patrimoine attaché à une fonction, une dignité ecclésiastique. Bénéfices majeurs ou consistoriaux. ⇒ abbaye, évêché. Bénéfices mineurs. ⇒ canonicat, chapellenie, 2. cure, prébende, prieuré. Jouissance, revenu d'un bénéfice. ⇒ récréance. Registre des bénéfices. ⇒ pouillé. — Par ext. Lieu de résidence du titulaire (bénéficiern. m.) d'un bénéfice.
II ♦ Par ext. (XVIIe) Gain financier réalisé dans une opération ou une entreprise. ⇒ boni, excédent, gain, profit, rapport, revenu, superbénéfice; fam. bénef. Bénéfice net, tous frais déduits. Faire, réaliser, dégager des bénéfices. — Différence entre le prix de vente et le prix de revient. Faire un bénéfice de cinq cents francs, cinq cents francs de bénéfice. — Comptab. Résultat final de l'exercice. Chiffre d'affaires et bénéfice. Impôt sur les bénéfices. Participation aux bénéfices.
⊗ CONTR. Désavantage, inconvénient, préjudice. Déficit, perte.
● bénéfice nom masculin (latin beneficium, bienfait, de bene, bien, et facere, faire) Tout avantage produit par quelque chose (état ou action) : Perdre le bénéfice de son intervention. Profit réalisé dans une opération financière, commerciale, dans une activité à but lucratif. Droit Privilège, faculté, avantage, droit considéré par rapport à la source d'où il émane, à l'auteur dont on le tient. Féodalité Terre concédée par un seigneur à son vassal après la prestation de l'hommage et en échange de certains devoirs. (À ce terme se substitua au XIe s. celui de « fief ».) Psychanalyse Conception selon laquelle la formation de symptômes permet au sujet une diminution des tensions engendrées par une situation conflictuelle, conformément au principe de plaisir. ● bénéfice (citations) nom masculin (latin beneficium, bienfait, de bene, bien, et facere, faire) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Plus un bénéfice est illégal, plus l'homme y tient. César Birotteau ● bénéfice (expressions) nom masculin (latin beneficium, bienfait, de bene, bien, et facere, faire) Au bénéfice de quelque chose, grâce à : Être acquitté au bénéfice du doute. Au bénéfice de quelqu'un, au profit de : Séance au bénéfice des handicapés. C'est tout bénéfice, les frais de l'affaire sont nuls ou minimes ; c'est un avantage sans inconvénient. Sous bénéfice d'inventaire, sous réserve de vérification. Bénéfice de cession d'actions ou de subrogation, possibilité à la caution qui a payé la dette du débiteur d'être subrogée dans les droits du créancier. Bénéfice de discussion, droit accordé à une caution poursuivie (sauf la caution solidaire) d'exiger que le créancier procède, par priorité, à la vente des biens du débiteur principal. Bénéfice de division, possibilité pour les diverses cautions d'une même dette (sauf pour la caution solidaire) d'exiger que le créancier limite sa poursuite auprès de chacune d'elles à concurrence de sa part dans la dette. Bénéfice d'émolument, possibilité pour un époux marié sous le régime de la communauté légale de n'être tenu des dettes communes nées du chef de son conjoint que dans la limite de la part de la communauté qui lui est attribuée. Bénéfices agricoles, cédule de l'impôt sur le revenu perçue sur les résultats de l'exploitation des biens ruraux procurés aux fermiers, métayers et propriétaires exploitants. Bénéfice ecclésiastique, revenu attaché à un office ecclésiastique permettant au titulaire (bénéficier) d'accomplir correctement une fonction d'Église. Bénéfice brut, excédent global des ventes sur les achats ; différence entre le prix de vente d'un bien ou d'un service et son coût direct. Bénéfices industriels et commerciaux, catégorie de l'impôt sur le revenu constituée par les revenus des professions commerciales, industrielles ou artisanales ainsi que ceux des activités de marchands de biens et assimilés. Bénéfice mondial, profit calculé, dans le cadre d'un système d'imposition, qui permet à une société de faire masse, pour la détermination de ses résultats imposables, de l'ensemble des résultats, positifs et négatifs, des établissements qu'elle possède à l'étranger. Bénéfice net d'exploitation, excédent des produits sur les charges, une fois déduits tous les frais afférents à l'exploitation. Bénéfices non commerciaux, catégorie de l'impôt sur le revenu constituée par les revenus des professions libérales ainsi que de toute activité lucrative qui ne peut se rattacher à aucune autre catégorie de revenu. ● bénéfice (synonymes) nom masculin (latin beneficium, bienfait, de bene, bien, et facere, faire) Tout avantage produit par quelque chose (état ou action)
Synonymes :
- avantage
- bienfait
- fruit
Contraires :
- désavantage
- détriment
- dommage
- inconvénient
- préjudice
Profit réalisé dans une opération financière, commerciale, dans une activité...
Synonymes :
- boni (familier)
- gain
- rapport
- revenu
Contraires :
- perte
Économie. Bénéfice brut
Synonymes :
- marge brute
bénéfice
n. m.
rI./r
d1./d Avantage, privilège, faveur. Gracié au bénéfice du doute.
d2./d DR Bienfait particulier accordé par la loi, en général subordonné à une décision de justice (par ex. bénéfice d'un délai de grâce pour un débiteur, de la légitimation pour un enfant naturel).
|| Bénéfice d'inventaire: mode d'acceptation d'une succession permettant à l'héritier de n'être tenu des dettes héréditaires que sur les biens de la succession.
— Fig. Sous bénéfice d'inventaire: provisoirement, sous toutes réserves.
rII./r Différence entre le prix de vente et le prix de revient. Bénéfice brut, calculé sans déduction des charges. Bénéfice net, charges déduites. Bénéfices industriels et commerciaux. Bénéfices non commerciaux. Syn. gain, profit. Ant. déficit, perte.
⇒BÉNÉFICE, subst. masc.
I.— A.— Usuel
1. Avantage que procure une personne ou une chose. Au bénéfice de; c'est tout bénéfice :
• 1. Les raisons qui président au développement des villes sont (...) soumises à des changements continuels. Croissance ou décroissance d'une population (...), bénéfices ou méfaits d'une politique choisie ou subie, (...) tout n'est que mouvement.
LE CORBUSIER, La Charte d'Athènes, 1957, p. 8.
SYNT. Bénéfice de temps; pour le bénéfice de; il y a, avoir (tout) bénéfice à; recueillir le bénéfice de (sa peine).
— P. antiphrase. Désagrément :
• 2. On le [un procès] risquera volontiers lorsque l'emprisonnement devra être le bénéfice d'un secrétaire de rédaction chargé de famille.
L. VEUILLOT, Les Odeurs de Paris, 1866, p. 28.
— Au fig. :
• 3. ... l'on devrait écrire pour soi, (...) quitte si l'on veut, à offrir, (...) les choses que l'on écrit, à ceux qui peuvent en retirer un bénéfice intellectuel, artistique ou moral...
DU BOS, Journal, 1922, p. 115.
2. Gain réalisé par une personne ou une collectivité. Gros bénéfices; marge de bénéfice; être source de bénéfices :
• 4. Tout élément capitaliste aura disparu; aucun homme ne pourra se servir d'autres hommes pour se créer des dividendes, des bénéfices, des rentes, des loyers, des fermages.
JAURÈS, Ét. socialistes, 1901, p. 159.
SYNT. Bénéfice annuel, fiscal, illicite, usuraire; bénéfice de l'exercice; impôts sur les bénéfices industriels et commerciaux; calculer les bénéfices; être intéressé aux bénéfices; faire, réaliser des bénéfices, un bénéfice de tant.
B.— Emplois spéc.
1. COMM. et COMPTAB. Bénéfice brut. Profit égal à la différence entre les recettes et les dépenses, sans en déduire les charges (frais d'administration, d'amortissement, intérêts à payer, impôts, etc.). Bénéfice net. Profit réalisé, toutes charges déduites. Bénéfice réel. Profit calculé de la façon la plus juste possible, parce que soumis à l'impôt (cf. Lar. comm. 1930). Participation aux bénéfices. Action visant à intéresser les ouvriers au rendement d'une entreprise en leur attribuant une part des gains réalisés, en espèces ou sous forme d'épargne (attesté dans Lar. 19e Suppl. 1890, ROB., QUILLET 1965).
— Spéc., THÉÂTRE. Représentation à bénéfice ou bénéfice. Spectacle dont la recette est attribuée à une personne, en particulier à un comédien, à un auteur, à une œuvre sociale.
2. MÉD., vx. Bénéfice de nature. Évacuation extraordinaire, spontanée, qui soulage le corps. Bénéfice (de ventre). Diarrhée spontanée sans gravité.
Rem. Attestés dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle.
3. PSYCHOL. Bénéfice primaire et secondaire de la maladie (ou de la névrose). Satisfaction d'ordre affectif, émotif ou même matériel qu'un malade trouve dans sa névrose.
Rem. Attesté dans LAPL.-PONT. 1967 et MARCH. 1970.
II.— HIST. et DR.
A.— HIST. du MOY. ÂGE et HIST. MOD.
1. Terre concédée par les chefs francs, puis par les rois à leurs fidèles, en échange d'un service militaire, et qui prit par la suite le nom de fief. Bénéfice militaire. On rencontre à la même époque des bénéfices à temps, à vie, héréditaires (GUIZOT, Hist. gén. de la civilisation en Europe, 1828, p. 13).
2. Titre, revenu accordé à une personne, généralement un ecclésiastique, en échange d'un service spirituel. Bénéfice vacant; collation des bénéfices; conférer, posséder, poursuivre, résigner, tenir un bénéfice; présenter à un bénéfice; pourvoir qqn d'un bénéfice :
• 5. Un conflit avait déjà éclaté au sujet du Concordat que le Parlement trouvait (...) trop propre à renforcer l'autorité du roi en lui donnant la nomination aux bénéfices ecclésiastiques.
BAINVILLE, Histoire de France, t. 1, 1924, p. 149.
SYNT. Bénéfice consistorial ou majeur. Grand bénéfice (évêché, abbaye) dont la nomination appartenait au roi, sur proposition du consistoire de Rome. Bénéfice incompatible. Bénéfice qui interdit à son possesseur d'avoir un autre bénéfice. Bénéfice régulier. Bénéfice qui ne pouvait être tenu que par un membre d'un ordre religieux. Bénéfice sécularisé. Bénéfice régulier qui peut être attribué à un membre du clergé séculier, à la suite d'une dispense du pape. Bénéfice à charge d'âmes, avec charge d'âmes, ayant charge d'âmes. Bénéfice dont le titulaire devait s'occuper des fidèles, leur donner une instruction religieuse et administrer les sacrements. Au fig. Avantage qui comporte des responsabilités, des obligations. La célébrité est un bénéfice à charge d'âmes (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 24). Bénéfice en commande. Bénéfice dont l'administration est confiée temporairement à un prêtre séculier. (Attestés dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s.). Bénéfice mineur. Bénéfice de moindre importance, tel que cure, canonicat, prieuré, chapellenie (attesté dans ROB.). Bénéfice manuel. Bénéfice dépendant d'une abbaye, dont le titulaire est nommé et révocable par le supérieur (cf. CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 367). Bénéfice séculier. Bénéfice tenu par un prêtre n'appartenant pas à un ordre religieux, ou même parfois par un laïc (cf. ID., ibid.). Bénéfice simple ou à simple tonsure. Bénéfice possédé par un clerc qui devait avoir la tonsure mais qui pouvait ne pas être ordonné, ne pas résider dans son bénéfice et qui n'avait donc pas charge d'âmes (cf. ID., ibid.). Cumul, pluralité des bénéfices. Abus selon lequel une même personne possédait plusieurs bénéfices. ... la pluralité des bénéfices n'est pas inconnue en France (SIEYÈS, Qu'est-ce que le Tiers-état?, 1789, p. 45). Feuille des bénéfices. Liste indiquant les bénéfices vacants, attribués par le roi. ... son propre neveu tenait la feuille des bénéfices (A. FRANCE, Les Opinions de Monsieur Jérôme Coignard, 1893, p. 183).
3. P. méton. Lieu même où se trouve cette terre, où réside le titulaire d'un bénéfice :
• 6. ... [le vieillard] il est fou de musique, ce bon chanoine, et c'est un grand honneur pour nous que de le voir à notre autel, lui qui ne sort guère de son bénéfice et qui ne se dérange pas pour peu.
G. SAND, Consuelo, t. 3, 1842-43, p. 22.
4. Expr. fig. Ce n'est pas un bénéfice simple; ce n'est pas un bénéfice sans charge. C'est un avantage qui n'exclut pas toute peine, tout désagrément. Il faut prendre le bénéfice avec les charges. Il faut accepter les inconvénients d'une chose qui apporte, par ailleurs, bien des avantages. Il n'a ni office ni bénéfice. Il ne peut vivre que grâce à son travail. Les chevaux courent les bénéfices et les ânes les attrapent. Ce ne sont pas toujours les personnes méritantes qui obtiennent les meilleures places. (Attestés dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s.).
B.— DR. Privilège, faveur accordée par une loi, un souverain. Le bénéfice de l'immunité royale (GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 244).
— En partic. Privilège, faculté accordée par la loi à quelqu'un, d'être soustrait à l'application des règles juridiques normales. Bénéfice de la loi; bénéfice des circonstances atténuantes (DG.).
1. Bénéfice d'âge. Privilège qui soustrait certaines personnes aux clauses d'une loi, en raison de leur âge ou leur permet d'assumer certaines fonctions, malgré leur âge.
Rem. Attesté dans Nouv. Lar. ill. et DG.
a) En partic., DR. ANC. Sous l'Ancien Régime, droit accordé à un mineur de gérer lui-même ses biens ou de posséder un office. Lettres de bénéfice d'âge. Lettres de chancellerie accordées au mineur pour lui conférer ce droit.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle.
b) Usuel. Être élu au bénéfice de l'âge. Être élu parce qu'on est plus âgé que l'autre candidat ex aequo.
Rem. Attesté dans Lar. encyclop., QUILLET 1965 et Lar. Lang. fr.
2. Bénéfice de cession (de biens). Faveur accordée au débiteur de bonne foi, par laquelle celui-ci pouvait échapper à la contrainte par corps en faisant abandon de tous ses biens à ses créanciers. Je profite de cet intervalle pour tâcher de me faire admettre au bénéfice de la cession de biens (LAMENNAIS, Lettres inédites ... à la baronne Cottu, 1832, p. 233).
3. Bénéfice de discussion. DR. ROMAIN et DR. CIVIL. Droit dont dispose la caution (non solidaire), le cédant d'une créance ou le tiers détenteur d'un immeuble hypothéqué de faire surseoir aux poursuites en exigeant du créancier qu'il discute en premier lieu la vente des biens du débiteur principal (attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s.).
4. Bénéfice de division. Droit accordé aux cautions non solidaires d'une dette d'exiger que le créancier divise ses poursuites et les limite à la part de chacune dans la dette (cf. Code civil, 1804, p. 216).
5. Bénéfice d'inventaire. DR. ROMAIN, ANC. DR. FR. et DR. CIVIL. Faculté accordée à l'héritier qui a fait dresser inventaire de la succession dans un délai fixé, de n'accepter celle-ci que dans la mesure où le passif est inférieur à l'actif recueilli. ... accepter la succession sous bénéfice d'inventaire (MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 746).
♦ Au fig. Restriction, réticence, réserve. Sous le bénéfice de ces observations :
• 7. ... la révélation est assez neuve pour que je ne l'aie acceptée que sous bénéfice d'inventaire et à charge d'examen.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 265.
Rem. 1. En arg., bénef, béné, subst. masc. Abrév. de bénéfice surtout au sens de « bénéfice en espèces ». On a partagé les bénefs (A. ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, p. 197). 2. On rencontre dans la docum. quelques mots de la même famille qui sont des emprunts au lat. a) Bénéficial, ale, aux, adj., hist. [En parlant d'un inanimé] Qui se rapporte aux bénéfices, plus particulièrement aux bénéfices ecclésiastiques. Matière bénéficiale, revenus bénéficiaux. ... cardinal-protecteur (...) agent pour les affaires ecclésiastiques et bénéficiales (STENDHAL, Rome, Naples et Florence, 1817, p. 356). 1re attest. 1369, juin (Reg. du Parlem., ms. Ste Gen. p. 78 dans GDF. Compl.); empr. au lat. médiév. beneficialis, ann. 1170 dans Mittellat. W. s.v., 1429, 52. b) Bénéficiel, elle, adj. [En parlant d'un inanimé] Qui procure des avantages matériels ou moraux. ... je m'y refusai tout à fait [à aller communier] : je n'y croyais pas assez, (...) pour que ce pût m'être bénéficiel (LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 747). 1re attest. 1838 (Ac. Compl. 1842); empr. au b. lat. beneficialis, synon. de beneficus (Cassiodore dans TLL s.v., 1878, 5). c) Bénéfic(i)ence, subst. fém., peu usité. Bonté, générosité, bienfaisance. Ange de Dieu et bien-aimé frère, je me confie en votre bénéficence (HUYSMANS, Sainte Lydwine de Schiedam, 1901, p. 162). 1re attest. 1541 (MAROT, Ps. de David, 3 dans Hug.), rare; Trév 1704 note ,,ce mot (...) n'est pas assez heureux pour plaire à tout le monde; au contraire le nombre de ceux à qui il déplaît, est bien plus grand, que le nombre de ceux à qui il plaît``; empr. au lat. beneficentia, de même sens (dep. Cicéron dans TLL s.v., 1877, 44); la forme beneficience est empr. au synon. beneficientia, attesté en lat. impérial (Valère Maxime, ibid.).
PRONONC. ET ORTH. :[benefis]. Enq. :/benefis/. Formes bénef (Lar. 19e, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop.) et béné (Lar. encyclop.), par abréviation.
ÉTYMOL. ET HIST.
A.— 1198 « service, bienfait » (EVRART, Genese, Bartsch, Lang. et litt. fr. 305, 19 dans GDF. Compl.); a) 1223 « bénéfice ecclésiastique; toute fonction cléricale à laquelle est attaché un ensemble de biens-fonds » (G. DE COINCY, Mir. Vierge, éd. Poquet, 34, 217 dans T.-L.); 1680 dr. « privilège que la loi accorde à qqn » (RICH. : Benefice d'inventaire); b) spéc. dr. médiév. 1re moitié XIVe s. « tenure concédée à un vassal » (G. LI MUISIS, éd. Kervyn de Lettenhove, I, 107 dans T.-L.).
B.— P. ext. 1690 (FUR. : Benefice, signifie aussi, gain, profit, avantage); 1842 abrév. pop. par apocope (DUPEUTY, CORMON, Les Petits mystères de Paris, II, xii dans QUEM. Fichier).
Empr. au lat. beneficium « bienfait » (PLAUTE, dans TLL s.v., 1880, 67); terme de dr. médiév. A a « bénéfice ecclésiastique », (ann. 1061-1073 dans NIERM.); A b « tenure concédée à un vassal » ann. 843 (ibid.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 561. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 461, b) 2 032; XXe s. : a) 1 979, b) 2 259.
DÉR. Bénéficieux, euse, adj., comm. et comptab. [En parlant d'un inanimé] Qui procure ou qui est susceptible de procurer du gain. Aussi songeait-il [Adolphe], (...) à chercher une place stable et bénéficieuse (BALZAC, Les Paysans, 1844, p. 127). — 1re attest. 1837 (ID., Les Employés, 19, 49 dans QUEM.); dér. de bénéfice, p. anal. avec délicieux, pernicieux (issus d'étymons en -iciosus).
BBG. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 9. — QUEM. 2e s. t. 2, 1971, p. 7 (s.v. benef).
bénéfice [benefis] n. m.
ÉTYM. 1198, « service, bienfait »; lat. beneficium « bienfait, service, récompense »; de bene « bien », et facere « faire ».
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1 Littér. (vx sauf dans quelques emplois). Avantage. ⇒ Faveur, grâce, privilège. || Le bénéfice des circonstances. || Le bénéfice de l'âge. ☑ Laissons-lui le bénéfice du doute. || Quel bénéfice avez-vous à mentir ? || Retirer un bénéfice intellectuel d'un travail. ⇒ Profit. || Conserver le bénéfice d'un avantage acquis. — Vx. Bienfait. → ci-dessous, cit. 2.
1 (Pour être sage) par aspiration divine et apte à recevoir bénéfice de divination.
Rabelais, le Tiers Livre, 37.
2 Nous recevons double grâce et bénéfice de notre Dieu au baptême (…)
3 Jugurtha, qui attendait tout du bénéfice du temps, ne songeait qu'à amuser le consul et à tirer les choses en longueur.
Vertot, Révolutions de la République romaine, IX, p. 385.
3.1 C'eût été pour abréger ma souffrance, et non plus dans l'espoir d'un bénéfice intellectuel et en cédant à l'attrait de la perfection, que je me serais laissé conduire (…)
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Pl., t. I, p. 444.
4 En face d'une crise nerveuse, d'une agonie, elle perdait le bénéfice de sa bravade (…)
Cocteau, les Enfants terribles, XIII.
♦ Au bénéfice de : au profit de. || Donner une représentation au bénéfice d'une œuvre, des malades.
♦ ☑ Être élu au bénéfice de l'âge, parce qu'on est le plus vieux de deux candidats ex-aequo.
♦ Psychan. || Bénéfice de la maladie : satisfaction directe ou indirecte que le sujet tire de sa maladie. || Bénéfice primaire : soulagement trouvé dans la constitution du symptôme (« fuite dans la maladie »); bénéfice secondaire : « avantages » tirés du symptôme constitué, notamment dans les relations avec l'entourage.
4.1 À côté du symptôme central (trouble sexuel), il y a souvent aussi d'autres symptômes parallèles, qui restent comme en réserve. Le patient les sait quand il a besoin d'un substitut lui garantissant un bénéfice secondaire. Il se produit un déplacement : le social prend la place du psychique.
Tahar Ben Jelloun, la Plus Haute des Solitudes, p. 51.
2 (1680). Dr. et cour. Faveur, privilège que la loi accorde à qqn. || Le bénéfice des circonstances atténuantes. — Bénéfice de discussion : droit accordé à la caution poursuivie de requérir du créancier que les biens du débiteur principal soient préalablement saisis et vendus. || Bénéfice de division. — Bénéfice de clergie. — Bénéfice d'inventaire : droit de l'héritier de n'être tenu au paiement des dettes de la succession que dans la limite des biens qu'il recueille (cf. Code civil, art. 802). || Accepter une succession sous bénéfice d'inventaire. ☑ Fig. N'accepter qqch. que sous (ou par) bénéfice d'inventaire : sous réserve de vérification. ⇒ Conditionnellement, réserve (sous), restriction (avec).
5 Un païen, qui sentait quelque peu le fagot,
Et qui croyait en Dieu, pour user de ce mot,
Par bénéfice d'inventaire (…)
La Fontaine, Fables, IV, 19.
5.1 Soyons plus sensés que Kant : méfions-nous du premier mouvement; sachons répondre par un sourire (…) — mélancolique ? — Et n'acceptons de telles données que sous bénéfice d'inventaire. L'héritage de nos premiers parents, à franc parler, me paraît d'ailleurs le mériter au delà de toute expression ! ! !
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 120-121.
5.2 Faudra-t-il pour Verlaine, pour Baudelaire et pour Villon réformer notre jugement ? S'il ne s'agit que de leur vie, ils s'en sont eux-mêmes accusés les premiers, sans réclamer le bénéfice des circonstances atténuantes.
Francis Carco, Nostalgie de Paris, p. 15.
♦ Sous bénéfice de : sous réserve de. || Sous bénéfice de ces observations, j'approuve votre projet.
3 Au moyen âge. (Déb. XIVe). Hist. Concession de terres faite à ses sujets par le roi ou le seigneur féodal. || Du bénéfice carolingien est dérivé le fief.
6 Le souverain, lui-même, en échange de services civils et militaires, concéda, à titre révocable, à titre de bienfait (bénéfice) des portions de son domaine, allégeant ainsi la tâche de l'administration, s'attachant une autre catégorie de vassaux. Ce fut l'origine du fief.
J. Bainville, Hist. de France, III.
♦ (1223). || Bénéfice ecclésiastique : patrimoine attaché à une fonction, une dignité ecclésiastique. || Bénéfices réguliers. || Bénéfices séculiers. || Bénéfices majeurs ou consistoriaux. ⇒ Abbaye, évêché. || Bénéfices mineurs. ⇒ Canonicat, chapellenie, cure, prébende, prieuré. || Collation d'un bénéfice. ⇒ Impétration, indult, investiture, nominateur. || Recevoir un bénéfice en commende (⇒ Commendataire), par dévolu. || Titulaire, possesseur d'un bénéfice. ⇒ Bénéficier, impétrant, nominataire. || Jouissance, revenu d'un bénéfice. ⇒ Annate, récréance, temporel. || Juridiction d'un bénéfice. ⇒ Temporalité. || Acheter la survivance d'un bénéfice. || Résigner un bénéfice. ⇒ Résignant. || Bénéfice vacant en régale. || Échange de bénéfices. ⇒ Copermutation, copermuter. || Registre des bénéfices. ⇒ Pouillé.
7 Vous savez bien quel trafic on fait aujourd'hui des bénéfices, et que, s'il fallait s'en rapporter à ce que Saint Thomas et les anciens ont écrit, il y aurait bien des simoniaques dans l'église (…)
Pascal, les Provinciales, VI.
8 Dignités, charges, postes, bénéfices, pensions, honneurs, tout leur convient (aux hypocrites) et ne convient qu'à eux; ils ne comprennent pas que sans leur attache on ait l'impudence de les espérer (…)
La Bruyère, les Caractères, XVI.
9 Le roi obtint la nomination des bénéfices; et le pape eut, par un article secret, le revenu de la première année, en renonçant aux mandats, aux expectatives, à la prévention (…)
Voltaire, Essais sur les mœurs, 138.
10 (Il) n'a de prêtre que ce qu'il en faut pour être apte et idoine à posséder des bénéfices.
d'Alembert, Lettre au roi de Prusse, 30 juil. 1781.
11 Ce curé, simple et pauvre, avait un neveu à bénéfice, abbé de cour, qui pouvait être utile.
A. de Musset, la Mouche.
12 Sans doute il a consulté quelques pouillés (on entend par là les listes des bénéfices et des cures de chaque diocèse) […]
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 81.
♦ Lieu de résidence du titulaire d'un bénéfice.
13 Que fais-tu cependant seul en ton bénéfice ?
Boileau, Épîtres, 2.
———
II (À partir du XVIIe). Mod. et cour. Gain financier réalisé dans une opération ou une entreprise. ⇒ Gain; boni, excédent, profit, rapport, revenu; (fam.) bénéf. || Bénéfice brut. || Bénéfice net : bénéfice réalisé tous frais déduits. || Impôt sur les bénéfices. || Faire, réaliser des bénéfices. || Gros bénéfices. || Bénéfices sur les opérations de bourse. || Bénéfices illicites. || Une entreprise qui laisse des bénéfices. ⇒ Lucratif. || Participation aux bénéfices. || Être intéressé aux bénéfices. || Partager des bénéfices (→ Association, cit. 11; associé, cit. 7).
14 Ils font venir du Bengale des toiles blanches qu'ils teignent ou impriment; et vont les revendre avec un bénéfice de trente-cinq ou quarante pour cent, dans les lieux mêmes d'où ils les ont tirées (…)
G. T. Raynal, Hist. philosophique…, III, 24.
14.1 (…) toutes les économies faites par le gouvernement (…), les excédents de budget, les suppléments de recettes et tous les petits bénéfices imprévus (…)
A. Robida, le Vingtième Siècle, p. 268.
15 (…) le nouveau, quel qu'il fût, aurait demandé des avantages exorbitants, une participation aux bénéfices, peut-être même des actions de la société (…)
G. Duhamel, Cri des profondeurs, XI.
❖
CONTR. Désavantage, dommage, inconvénient, perte, préjudice.
DÉR. et COMP. Bénef. Superbénéfice. — (Du lat. beneficium) V. Bénéficiaire, bénéficial, 1. bénéficier, 2. bénéficier.
Encyclopédie Universelle. 2012.