bavard, arde [ bavar, ard ] adj. et n.
1 ♦ Qui aime à parler, parle avec abondance, intempérance. ⇒ babillard, vx jaseur, loquace, prolixe, verbeux, volubile. Bavard comme une pie. Tu n'es pas bavarde aujourd'hui, tu ne dis rien. ⇒fam. causant. — N. Les anecdotes d'un intarissable bavard. Quel bavard ! ⇒ discoureur, phraseur; fam. baratineur, moulin (à paroles), robinet (d'eau tiède).
♢ Par ext. Une rhétorique bavarde. ⇒ diffus, redondant.
2 ♦ Qui raconte avec indiscrétion, parle quand il convient de se taire. ⇒ cancanier, indiscret. Une femme bavarde. ⇒ commère (cf. Une vraie concierge). — N. Ce bavard n'a pas su tenir sa langue.
3 ♦ N. m. Arg. Avocat.
⊗ CONTR. Muet, silencieux. 1. Discret.
● bavard nom masculin Argot. Avocat. Chien de meute qui crie sans motif. ● bavard, bavarde adjectif et nom (de bave) Qui parle beaucoup, aime à parler : Écolier bavard. Qui est incapable de garder un secret : Se défier des bavards. ● bavard, bavarde (citations) adjectif et nom (de bave) Malcolm de Chazal Vacoas 1902-Port-Louis 1981 Il y aurait bien moins de bavards, s'il y avait plus de faces parlantes. Sens plastique Gallimard Bible Une montée sablonneuse sous les pas d'un vieillard : telle est une femme bavarde pour un homme tranquille. Ancien Testament, EcclésiastiqueXXV, 20 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Geoffrey Chaucer Londres vers 1340-Londres 1400 Un bavard est abominable devant Dieu. A jangler is to God abomynable. Contes de Cantorbéry ● bavard, bavarde (synonymes) adjectif et nom (de bave) Qui parle beaucoup, aime à parler
Synonymes :
- loquace
- phraseur
- prolixe
- rabâcheur
- verbeux
Contraires :
- bref
- concis
- muet
- télégraphique
Qui est incapable de garder un secret
Synonymes :
- causeur
- commère
- jaseur
- perroquet (familier)
Contraires :
- discret
- réservé
- secret
● bavard, bavarde
adjectif
Qui comporte trop de mots inutiles, manque de sobriété : Roman bavard.
bavard, arde
adj. et n.
rI./r adj.
d1./d Qui parle beaucoup, qui aime parler.
|| Subst. Un bavard impénitent.
d2./d Qui commet des indiscrétions.
rII./r n.
d1./d Arg. Avocat.
d2./d n. f. (France rég.) Fig. Syn. de bouilloire.
⇒BAVARD, ARDE, adj. et subst.
I.— Emploi adj.
A.— Assez souvent avec une nuance péj. [En parlant d'une pers., d'une collectivité, parfois d'un attribut de la pers.] Qui parle beaucoup, familièrement ou, souvent, inutilement :
• 1. Vous n'aimez pas les femmes bavardes, il est heureux que vous ne l'ayez pas épousée; elle jacasse comme une pie, elle ne fait que babiller du matin au soir.
A. FRANCE, La Comédie de celui qui épousa une femme muette, 1912, II, 2.
— Spéc. péj. Qui parle ou s'exprime (par des écrits, des gestes, etc.) de façon indiscrète, allant parfois jusqu'à la médisance ou la calomnie :
• 2. À Mlle Adèle de Maistre. (...). Dans la première lettre que tu m'écriras, il faudra être un peu bavarde et serrer les lignes...
J. DE MAISTRE, Correspondance, 1796-1821, p. 393.
• 3. Ah! (...), nous disons : « Si les femmes s'en mêlent, avec leur mauvaise langue! » Mais, nous aussi, les hommes, nous sommes bavards et méchants.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Désert de Bièvres, 1937, p. 236.
— Emploi factitif, rare. [En parlant d'une boisson, etc.] Qui conduit à parler abondamment, indiscrètement. Boire un vin bavard (cf. G. D'ESPARBÈS, La Légende de l'Aigle, 1893, p. 12).
B.— P. anal.
1. [En parlant d'un animal, de la nature ou d'un phénomène naturel] Qui s'exprime dans son langage propre :
• 4. Il faut croire qu'il y a chez elles [les abeilles] les mêmes différences de caractère que chez les hommes, qu'on en trouve qui sont silencieuses et d'autres bavardes.
MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 116.
— Spéc., VÉN. Chien bavard. Chien criant d'ardeur, hors la voie.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Lar. encyclop., GUÉRIN 1892.
2. [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.]
a) Qui révèle quelque chose, expressif, expansif :
• 5. Ils [les pieds d'une femme] avaient l'air de se raconter tout bas ce qui se passait dans la maison. C'est si bavard un pied de femme, si indiscret même!
A. DUMAS Fils, L'Ami des femmes, 1864, II, 3, p. 117.
b) [En parlant d'une réalisation hum., en partic. d'une œuvre artistique ou littér.] Qui comporte des détails superflus :
• 6. ... Trop fière, trop concise, elle [la sculpture] n'est pas assez bavarde, ...
MOREAU-VAUTHIER, La Peint., 1933, p. 82.
II.— Emploi subst.
A.— Souvent avec une nuance péj. [Le subst. désigne une pers., parfois une collectivité ou un attribut de la pers.] Celui, celle qui parle beaucoup, familièrement ou, souvent, de choses inutiles; personne d'une éloquence excessive :
• 7. Les discours l'amusaient [Christophe]. (...); il était peu sensible aux ridicules du langage. Pour lui, un bavard en valait un autre. Il affectait un mépris général de l'éloquence.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, p. 1279.
♦ Un bavard de qqc. Celui qui parle longuement d'un sujet :
• 8. « M. de Lamartine a déduit avec éloquence ce qu'on peut objecter contre l'embastillement : on pourrait ajouter à son discours des volumes de commentaires. Quoi! La contrainte des baïonnettes que Mirabeau repoussait avec énergie, ne nous ferait pas peur pour nos institutions! N'aurions-nous été que des bavards de liberté? »
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 777.
— Spéc. péj. Celui, celle qui parle avec indiscrétion, allant parfois jusqu'à médire ou calomnier :
• 9. Prudence est une bavarde. Qu'avais-je besoin de ces chevaux! J'ai fait une économie en les vendant; je puis bien m'en passer, (...). — Mais, ma bonne Marguerite, répondis-je (...), tu savais bien qu'un jour j'apprendrais ce sacrifice, ...
A. DUMAS Fils, La Dame aux camélias, 1848, p. 205.
♦ Être d'un bavard. Parler beaucoup, indiscrètement :
• 10. Il [Descaves] m'a répondu que ce pourrait bien être Mau, et les Rosny, qui sont d'un bavard, paraît-il!
LÉAUTAUD, Journal littér., t. 1, 1893-1906, p. 360.
— P. anal. Oiseau qui chante sans arrêt :
• 11. Le merle, oiseau leste et braque,
Bavard jamais enrhumé,
Est pitre dans la baraque
Toute en fleurs, du mois de mai.
HUGO, Les Chansons des rues et des bois, Pour d'autres, 1865, p. 111.
B.— P. anal. Artiste ou écrivain qui ajoute des détails, des développements superflus à son œuvre. Un grand bavard :
• 12. ... mais Lastman n'a pas l'humanité d'Elsheimer : c'est un peintre d'arrangements adroits, et parfois un bavard assez fastueux, ce n'est pas un sensible...
H. FOCILLON, Maîtres de l'estampe, 1930, pp. 59-60.
C.— Argot
1. Subst. masc.
a) Avocat :
• 13. — Mais voyons, fit-elle (...). Je suis Mme Anjoulbert, la femme de votre avocat.
La donzelle était la femme du « bavard »!
P. VIALAR, La Chasse aux hommes, Le Débucher, 1953, p. 99.
b) [Différentes sources de bruits ou de nouvelles.] ,,Grelot`` (A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1905, p. 247), ,,pistolet`` (ESN. 1966), ,,revolver`` (ESN. 1966); ,,journal`` (ESN. 1966), ,,feuillet de punition`` (L. MERLIN, La Lang. verte du troupier, 1886-88, p. 15), ,,livret`` (attesté dans Lar. encyclop.).
2. Subst. fém.
a) Langue.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Lar. encyclop., ROB. Suppl. 1970.
b) Bouche :
• 14. ... saute dessus, une main autour de son colas (...) et l'autre dans sa bavarde...
E. SUE, Les Mystères de Paris, t. 3, 1842-43, p. 25.
Rem. 1. Attesté dans Lar. 19e, Lar. encyclop. 2. On rencontre dans la docum. le néol. bavardement, adv. (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 29 avr. 1853 dans M. FUCHS, Lex. du Journal des Goncourt, 1912; absent dans l'éd. crit. de Ricatte). De façon bavarde.
PRONONC. :[], fém. [-].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1532 subst. masc. « celui qui parle beaucoup » (RABELAIS, Pantagruel, éd. Marty-Laveaux, t. I, p. 276 : chauffer la cyre aux bavars de godale); 1559 adj. (O. DE MAGNY, Odes, éd. Courbet, t. 2, 168); 1842-43 subst. arg. « avocat » (SUE, Les Mystères de Paris, t. 1, p. 93); 1842 arg. bavarde « langue, bouche », supra ex. 14; 2. 1577 « indiscret » (R. BELLEAU, Reconnue, III, 2 dans Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 399 : Ou c'est nouvelle inimitié Ou quelque bavarde secrette Vous a dit que i'aime Antoinette).
Dér. de bave étymol. 1; suff. -ard; le subst. fém. bavaraisse (XVe s., COQUILLARD, Les Droits nouveaux dans LITTRÉ) est la forme fém. de baveur « bavard ».
STAT. — Fréq. abs. littér. :491. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 513, b) 801; XXe s. : a) 770, b) 757.
DÉR. Bavardise, subst. fém. Synon. vieilli de bavardage (cf. GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, p. 80; attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s.). — Dernière transcr. dans DG : bà-vàr-diz. — 1re attest. 1562 (DU PINET, Pline, XXVIII, 19 dans GDF. Compl.); attest. isolée, à nouv. empl. au XVIIIe s. par J.-J. Rousseau dans LITTRÉ; dér. de bavard, suff. -ise. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — BRESLIN (M. S.). The Old French abstract suffix -ise. Studies in its rise, internal diffusion, external spread, and retrenchment. Rom. Philol. 1969, t. 22, p. 418 (s.v. bavardise). — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 93. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 138. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 273.
bavard, arde [bavaʀ, aʀd] adj.
ÉTYM. 1552, n. m., 1559, adj.; de bave, au sens ancien de « babil, bavardage »; encore baveur au XVIe.
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1 (En parlant des personnes). a Adj. Qui aime à parler, parle avec abondance, parfois avec intempérance. ⇒ Babillard, baveux (fam.), loquace, verbeux, volubile. || Il se croit éloquent, il n'est que bavard. || Être bavard comme un merle, un perroquet, une pie, le claquet d'un moulin, une crécelle. || Ne soyez pas si bavard. ⇒ Long; diffus, prolixe. || Tu n'es pas bavard, aujourd'hui : tu ne dis rien. ⇒ Causant (fam.). || Une femme bavarde. ⇒ (vx ou vieilli) Caillette, commère, javotte, margot, péronnelle. || Cet enfant est bavard à l'école. || Un orateur bavard, trop bavard, ennuyeux et bavard. → Robinet d'eau tiède.
1 Il a fini par être l'avocat bavard de la superstition.
Voltaire, Lettre à Damilaville, 8 nov. 1762.
2 Je suis bien muet avec vous, c'est que je suis bien bavard avec le public.
Sainte-Beuve, Correspondance, t. I, p. 282.
3 Je savais aussi qu'il était un peu bavard et fatigant à entendre, parce qu'il parlait lentement, cherchait ses phrases, bredouillait, et ne pouvait pas dire trois mots de suite sans y ajouter : « C'est bien le cas de le dire… »
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, 6.
♦ Par ext. (Choses). || Une rhétorique bavarde. ⇒ Redondant. → Amplification, cit. 2.
4 Je vous écrirais bien au long si j'en croyais mon cœur, qui est bavard de son naturel (…)
Voltaire, Lettre à Rochefort, 4 févr. 1767.
♦ Vx. Éloquent par son expression.
5 Avec deux yeux bavards parfois j'aime à jaser;
Mais le seul vrai langage, au monde, est un baiser.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Idylle ».
♦ Par anal. (en parlant d'un animal ou d'un élément naturel). || Une pie bavarde. — Fig. (Choses). Qui produit un bruit continu, intarissable (comparé à un babil). || Un ruisseau bavard. ⇒ Babillard, bruyant.
b N. || Un bavard, une bavarde. || Un impitoyable, un intarissable, un insupportable, un sacré bavard. || Quel bavard ! il ferait mieux de se taire ! ⇒ Baratineur (fam.), discoureur, jaseur (vx), parleur (1.), phraseur. || C'est un bavard. → Il a bon bec, il a la langue bien pendue, bien affilée, il n'a pas la langue dans sa poche, c'est un moulin à paroles, les paroles ne lui coûtent rien, c'est un faiseur de phrases, il a une fière, une fameuse platine, une fière tapette, c'est un torrent de paroles (plusieurs de ces locutions sont vieillies). || La volubilité d'un bavard. || Les bavards font plus de bruit que de besogne. ⇒ Bavardage, bavarder.
6 On me l'avait bien dit, que son maître Aristote n'était rien qu'un bavard.
Molière, le Mariage forcé, IV.
7 Ces bavardes de femmes, que l'on entend caqueter à travers les portes, ne finiront-elles pas par se taire ?
♦ Spécialt. Écrivain, auteur trop prolixe (→ ci-dessus, cit. 6).
7.1 Les bavards commencent à réintégrer. Ils ont des costards légers et leur teint hâlé trahit les soleils qu'ils ont pris, les lâcheurs, loin de nous et de nos grisailles.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 128.
2 Qui commet des indiscrétions, des commérages, parle quand il conviendrait de se taire, trahit les secrets qui lui sont confiés. ⇒ Cancanier, indiscret. || Elle est trop bavarde, elle ne sait tenir sa langue, elle a la langue trop longue.
♦ (Avec la valeur inverse). Qui parle matériellement beaucoup (sens 1) mais ne révèle rien.
8 (…) bavard comme le sont les diplomates qui parlent sans jamais rien trahir de leurs secrets (…)
Balzac, l'Enfant maudit, Pl., t. IX, p. 675.
♦ N. || Ce bavard n'a pas su tenir sa langue. || Les cancans d'une bavarde. ⇒ Bavardage.
9 Vous n'êtes point une bavarde (…) On peut parler devant vous sans craindre les propos (…)
G. Sand, la Mare au diable, p. 42.
♦ N. m. ☑ Loc. Il est, elle est d'un bavard !
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CONTR. Bref, concis, laconique, muet, secret, silencieux, sobre (de paroles), taciturne. — Discret.
DÉR. Bavardage, bavardement, bavarder, bavarderie, bavardise.
Encyclopédie Universelle. 2012.