barrage [ baraʒ ] n. m.
1 ♦ Action de barrer (un passage). Le barrage d'une rue. Tir de barrage. — Loc. Faire barrage à (qqn, qqch.) :empêcher de passer, et fig. d'agir (cf. Barrer la route, faire obstacle).
2 ♦ Ce qui barre, sert à empêcher le passage. ⇒ barrière. Établir un barrage à l'entrée d'une rue (⇒aussi barricade) . Un barrage de police, d'agents (⇒ cordon) . Forcer, franchir un barrage. Barrage de radeaux, de chaînes, pour fermer un port. ⇒ estacade.
3 ♦ Obstacle, difficulté. Je n'ai pas rencontré de barrage. — Opposition. Il y a eu un barrage de la direction. ⇒ veto.
♢ Psychiatr. Arrêt brusque d'une activité de la parole, traduisant une réaction de défense, observé chez certains malades mentaux. — Psychan. Rejet involontaire d'une réalité psychique perturbante. ⇒ blocage, 1. défense, résistance.
4 ♦ Sport Match de barrage, destiné à départager plusieurs concurrents qui se disputent l'accès à une catégorie, à une compétition supérieure.
5 ♦ Ouvrage hydraulique qui a pour objet de relever le plan d'eau, d'accumuler ou de dériver l'eau d'une rivière. Barrage-poids, barrage-voûte, barrage à contreforts. Barrage d'accumulation, barrage-réservoir. Barrage de retenue pour la dérivation des eaux. ⇒ digue. Barrage de régulation. Lac de retenue d'un barrage. Barrage mobile. ⇒ 1. fermette, hausse, pertuis, 1. vanne. — Barrage d'une usine hydroélectrique.
♢ Barrage de prise : robinet à la sortie de la conduite de ville.
⊗ CONTR. Ouverture.
● barrage nom masculin Action de barrer une voie, un cours d'eau : Le barrage d'une rue. Obstacle artificiel au moyen duquel on crée une retenue d'eau, généralement en coupant un cours d'eau. Obstacle disposé en vue de barrer un passage, en particulier cordon de police : Franchir un barrage. Opposition ferme visant à empêcher quelque chose : Sa nomination a été l'objet d'un barrage. Eaux et assainissement Robinet ou vanne servant à isoler tout ou partie d'une canalisation. Musique Structure de bois résineux placée dans la caisse des instruments à cordes ou dans le fond de la caisse des pianos. Pêche Filet barrant un cours d'eau de façon à guider les poissons vers un piège. Psychiatrie Trouble du cours de la pensée se manifestant par un arrêt brusque du discours, avec un silence puis une reprise du fil de la conversation sur le même thème ou sur un autre thème. (Il est considéré comme caractéristique de la schizophrénie.) Technique Dispositif de sécurité monté sur certaines machines pour empêcher la pénétration d'une partie du corps dans une zone dangereuse ou pour provoquer l'arrêt du mouvement dangereux. ● barrage (difficultés) nom masculin Orthographe Avec deux r. On écrit : des barrages-coupoles, des barrages-poids, des barrages-voÛtes. On écrit : des matchs de barrage, des tirs de barrage. ● barrage (expressions) nom masculin Faire barrage (à quelque chose, à quelqu'un), s'opposer à eux fermement. Lac de barrage, lac dont la formation résulte du barrage d'une vallée par une action d'accumulation. Barrage roulant, rideau continu de feu et de fumée, établi par l'artillerie devant une troupe d'infanterie qui attaque. Tir de barrage, ancien nom du tir d'arrêt. Barrage flottant, dispositif destiné à isoler et à contenir une nappe d'hydrocarbures à la surface de la mer. (Match de) barrage, match qui sert à départager plusieurs concurrents ou équipes ex aequo.
barrage
n. m.
d1./d Ce qui barre (une voie); action de barrer (une voie). Barrage d'une route à l'aide de chevaux de frise.
|| Barrage de police: dispositif policier empêchant de passer.
d2./d Ouvrage disposé en travers d'un cours d'eau pour créer une retenue ou exhausser le niveau amont.
d3./d MILIT Tir de barrage: tir d'artillerie destiné à interdire un accès.
d4./d GEOL Lac de barrage: lac résultant de la présence d'un obstacle (moraine, éboulis, etc.) qui empêche l'écoulement des eaux.
d5./d SPORT Match de barrage: épreuve servant à départager deux concurrents à égalité.
⇒BARRAGE, subst. masc.
A.— Action de barrer.
— Spécialement
1. TECHN. MILIT. Tir de barrage. Tir d'artillerie destiné à barrer le passage à l'ennemi.
2. PSYCHOL. [Correspond à barrer II] Test de barrage. Test de l'attention qui consiste à barrer d'un trait certains signes géométriques simples, mélangés à d'autres signes presque semblables (d'apr. Psychol. 1969).
3. SP. Match de barrage. Match servant à départager deux concurrents ou deux équipes qui, au cours d'une compétition générale (championnat, coupe, etc.), sont à égalité de points.
B.— P. méton. Barrière, obstacle qui ferme un passage. Barrage de police; forcer un barrage :
• 1. ... vers le milieu de cette ruelle il se heurta à un obstacle. Il étendit les mains. C'était une charrette renversée; son pied reconnut des flaques d'eau, des fondrières, des pavés épars et amoncelés. Il y avait là une barricade ébauchée et abandonnée. Il escalada les pavés et se trouva de l'autre côté du barrage.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 351.
• 2. ... il est interdit : 1 De placer dans les cours d'eau aucun barrage, appareil ou établissement quelconque de pêcheries ayant pour objet d'empêcher entièrement le passage du poisson. (Loi du 15 avril 1829, art. 24).
Code de la pêche fluviale, 1875, p. 91.
• 3. De quelque côté qu'on tente de tourner ce lit, un obstacle vous rejette, ou Christine, ou la bonne sœur, ou l'empilement des oreillers, ou le barrage des rideaux; ...
MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 363.
— P. métaph. :
• 4. Le christianisme, par exemple, n'est plus aujourd'hui qu'un barrage, une pyramide en travers du chemin, une montagne de pierres qui entrave les constructions nouvelles.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 383.
• 5. André avait la faculté de ne souffrir qu'en surface; son inattention volontaire opposait à sa déception un barrage étanche, l'empêchait d'atteindre la conscience.
R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 84.
• 6. La censure est un barrage psychique qui aboutit à un compromis, exige le remaniement, le déguisement des désirs refoulés...
RICŒUR, Philos. de la volonté, 1949, p. 359.
1. DR. FÉOD. Barrière qu'on ne pouvait franchir qu'en payant un droit de péage. Droit de barrage :
• 7. Quelques châteaux situés sur le bord d'une rivière levaient un impôt sur la navigation, au moyen d'un barrage ou estacade qui ne laissait un passage qu'assez près des remparts pour que les bateaux ne pussent se soustraire au payement du droit fixé. Il y avait, par exemple, un barrage sur la Seine auprès du Château-Gaillard.
MÉRIMÉE, Ét. sur les arts au Moy. Âge, 1870, p. 233.
Rem. La plupart des dict. du XIXe s. (Ac. jusqu'à 1878) ainsi que QUILLET 1965 enregistrent un subst. masc. barrager, vx, ,,Celui qui était chargé de percevoir le droit de barrage.``
2. TRAV. PUBL. Ouvrage construit sur un cours d'eau, soit pour dériver ou régulariser le cours, soit pour en utiliser la retenue comme source d'énergie ou comme réserve pour l'irrigation :
• 8. Il était possible de corriger le défaut de pente et l'irrégularité de débit par la construction de barrages -réservoirs, énormes ouvrages barrant des vallées entières : on est parvenu ainsi, à grand-peine et à grands frais, à emmagasiner des millions de mètres cubes.
J. BRUNHES, La Géogr. hum., 1942, p. 36.
• 9. Il reste à parler des barrages qui ne créent pas à proprement parler des retenues, mais qui servent principalement à dériver les eaux dans le canal d'amenée. On les appelle, de préférence, « barrages de dérivation ».
G. THALLER, La Houille blanche, 1952, p. 48.
SYNT. Barrage d'accumulation, de prise, de régulation, de retenue; barrage fixe, mobile, provisoire, artificiel.
— P. anal. :
• 10. On entendait aussi le bruit assez accentué d'une chute d'eau, qui indiquait, à quelques cents pas en amont, la présence d'un barrage naturel.
VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 237.
Prononc. :[] ou [ba-].
Étymol. ET HIST. — 1. 1130-60 « ce qui ferme un passage, barrière, porte » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 436 dans T.-L. : Si come il vindrent, hurtent par lor otrage A la grant porte, qui n'esteit mie basse : Seignor baron, dist l'apostoiles sages, Ici endreit guarderez cest barnage [lire barrage?]), attest. isolée; 1835, Ac.; a) 1363 « droit de passage » (Ordinat. reg. Franc., t. 4, p. 729 dans DU CANGE : oudit lieu de la chancie ledit Barraige soit cueillis, levés et exploittiés sur les passans); b) p. anal. 1915 tir de barrage « tir destiné à barrer le passage à une troupe » (P. BOURGET, Le Sens de la mort, p. 195); 2. 1669 « barrière qui ferme une rivière » (Ord., tit. XXVII, Art. 42 d'apr. BAUDR. Pêches qui résume le contenu de cette ordonnance et précise ,,une décision du ministre des finances du 5 janvier 1815 — au Recueil des Réglements forestiers — autorise les préfets à ordonner la suppression des barrages établis sur la Loire``); 1842 (HUGO, Le Rhin, p. 433 : Et là, debout sur ce magnifique barrage naturel qui clôt la Mer Egée, fermant aux Turcs la sortie de l'Archipel).
STAT. — Fréq. abs. littér. :404. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 64, b) 516; XXe s. : a) 600, b) 1 025.
BBG. — DUB. Dér. 1962, p. 30.
barrage [baʀaʒ] n. m.
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1 a (Concret). Action de barrer (un passage). ⇒ Fermeture. || Le barrage d'une rue, d'un passage. || Tir de barrage. ⇒ Obstruction.
b (Abstrait). ☑ Loc. Faire barrage à (qqn, qqch.) : empêcher de passer, d'agir. ⇒ Barrer (la route).
1 En hâte on envoie Fayolle pour arrêter l'irruption. C'est le 23 mars au matin qu'il reçoit du Généralissime la mission d'y faire barrage.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 558.
2 Obstacle, difficulté. || Franchir plusieurs barrages, un dernier barrage. || Je n'ai pas rencontré de barrage. — Opposition. || Il y a eu un barrage de la direction. ⇒ 1. Barrer. — Psychiatrie (traduisant l'all. Hemmung, Kraepelin). Suspension brusque et momentanée de l'exécution d'un acte volontaire ou commandé (geste, parole, etc.), comme provoquée par un obstacle soudain, symptomatique de certains états schizophréniques. || Barrage du cours de la pensée, se manifestant par une brusque interruption du discours, repris ensuite sur le même thème ou un thème différent, sans conscience apparente de l'arrêt. || Le fading, forme atténuée de barrage, avec simple ralentissement du débit verbal.
♦ Par ext. Interruption dans l'exécution d'un acte volontaire, traduisant un paroxysme d'inhibition, dans des états où la pensée est habituellement freinée (mélancolie, bradypsychie parkinsonienne…).
2 Ce barrage, qui interrompt l'acte, est momentané, et le malade peut ensuite l'exécuter souvent très rapidement.
♦ Psychan. Rejet (involontaire) d'une réalité psychique perturbante contre laquelle le malade se défend d'instinct et qu'il refuse d'assumer. ⇒ Blocage, défense, résistance. || Le barrage est une attitude d'autodéfense contre les effets pressentis de l'irruption de cette réalité dans le champ de la conscience (prise de conscience). || Barrages opposés à l'action thérapeutique d'une cure psychanalytique.
3 Sports. || Match de barrage, destiné à départager plusieurs concurrents qui se disputent l'accès à une catégorie, à une compétition supérieure.
1 Ce qui barre, sert à empêcher le passage. ⇒ Obstacle; barrière, fermeture. || Établir momentanément un barrage à l'entrée d'une rue ⇒ Barricade. || Un barrage de police, un barrage d'agents. ⇒ Cordon. || Forcer, franchir un barrage. || Un barrage de camions obstruait le passage. || Barrage de radeaux, de chaînes pour fermer un port. ⇒ Estacade. || Barrage de filets pour la défense contre les sous-marins. || Barrage de mines. ⇒ Champ. || Barrage de ballons antiaériens.
3 Il y avait une vingtaine de pas d'intervalle entre le grand barrage et les hautes maisons qui formaient le fond de la rue, en sorte qu'on pouvait dire que la barricade était adossée à ces maisons, toutes habitées, mais closes du haut en bas.
Hugo, les Misérables, IV, XII, V.
2 Spécialt. a Pêche. Filet barrant partiellement un cours d'eau et destiné à conduire les poissons vers une installation de pêcherie.
b Barrage flottant : dispositif destiné à limiter l'extension d'une nappe d'hydrocarbures répandue à la surface de la mer.
3 (Obstacle au passage de l'eau). Ouvrage hydraulique qui a pour objet de relever le plan d'eau, d'accumuler ou de dériver l'eau d'une rivière. ⇒ Hydraulique; irrigation, navigation. || Barrage d'accumulation. — (1905, in Rev. gén. des sc., no 7, p. 342). || Barrage-réservoir. || Barrage de simple retenue, pour la dérivation des eaux. || Barrage mobile. ⇒ Fermette, hausse, pertuis, vanne. || Barrage fixe. || Barrage en maçonnerie, en béton, en enrochement, en terre. || Barrage-voûte. || Barrage de gabions. || Barrage d'un moulin. || Établir des barrages sur une rivière pour régulariser la navigation. || Le lac de retenue d'un barrage. || Parements d'amont et d'aval, culées, contreforts, masque… d'un grand barrage. || Prises d'eau, déversoir, canaux évacuateurs, chute d'eau d'un barrage. || La conduite forcée du barrage alimente les turbines de l'usine hydro-électrique, les canaux d'irrigation de la vallée. || Construction, chantier d'un grand barrage. || Barrage provisoire. ⇒ Batardeau, digue, duit.
4 Or, pour rehausser ce niveau, il n'y avait qu'à établir un barrage aux deux saignées faites au lac et par lesquelles s'alimentaient le creek Glycérine et le creek de la Grande-Chute. Les colons furent conviés à ce travail, et les deux barrages, qui, d'ailleurs, n'excédaient pas sept à huit pieds en largeur sur trois de hauteur, furent dressés rapidement au moyen de quartiers de roches bien cimentés.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 671.
♦ Barrage de prise : robinet à la sortie de la conduite de ville.
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II Action de tracer une barre sur (qqch.). — Psychol. || Tests de barrage : tests d'attention où il est demandé de barrer certains signes d'un texte.
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CONTR. (Du I.) Ouverture.
Encyclopédie Universelle. 2012.