barricade [ barikad ] n. f.
• 1570; de l'a. fr. barriquer, les barricades étant souvent faites de barriques
♦ Obstacle fait de l'amoncellement d'objets divers pour se mettre à couvert dans un combat de rues. Barricade de pavés, de vieux meubles. Dresser, élever des barricades. — Par ext. Les barricades : la guerre civile, la révolution. « La monarchie de Juillet était née sur les barricades » (Bainville). Les barricades de mai 68. Loc. fig. Être de l'autre côté de la barricade, dans le camp opposé (cf. De l'autre côté de la barrière).
● barricade nom féminin (de barrique) Entassement de matériaux et d'objets divers servant à interdire le passage et à se mettre à couvert de l'adversaire dans un combat de rues : Dresser, élever des barricades. ● barricade (citations) nom féminin (de barrique) Alphonse Allais Honfleur 1854-Paris 1905 Les gens simples vont tout droit leur chemin, à moins qu'il n'y ait une barricade qui les contraigne à faire un détour. À se tordre Ollendorf Elsa Triolet Moscou 1896-Saint-Arnoult-en-Yvelines 1970 Les barricades n'ont que deux côtés. Proverbes d'Elsa Les Éditeurs français réunis ● barricade (expressions) nom féminin (de barrique) Être du même côté de la barricade, être du même camp, du même parti. Monter aux barricades, en Suisse, monter au créneau. ● barricade (synonymes) nom féminin (de barrique) Être du même côté de la barricade
Synonymes :
- barrière
barricade
n. f. Retranchement élevé avec des moyens de fortune pour barrer un passage, une rue et se mettre à couvert, notam. pendant une insurrection. Les barricades parisiennes de mai 1968.
|| Fig. Ne pas être du même côté de la barricade: avoir des opinions ou des intérêts opposés.
⇒BARRICADE, subst. fém.
A.— Retranchement improvisé avec des objets ou des matériaux divers (poutres, pieux, pavés, voitures, etc.) pour interdire l'accès d'un lieu ou pour se mettre à couvert de l'adversaire dans un combat de rues :
• 1. C'était une barricade composée de piquets fichés en terre, de lattes, de débris de bois, reliés par la neige, qui prenait depuis le bas de la porte jusqu'en haut. Un voyageur y eût reconnu l'industrie des Lapons.
CHAMPFLEURY, Les Souffrances du professeur Delteil, 1855, p. 133.
• 2. On me faisait savoir, en outre, que le combat avait repris dans la soirée du 21, que les préfectures, les ministères, les mairies, étaient toujours aux mains des nôtres, que partout les Parisiens élevaient des barricades et que le général allemand (...) ne s'engageait nullement dans la répression.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 301.
• 3. Entre le tronçon français et le tronçon allemand, pas de barricade, de séparation. Il y a seulement une sorte de zone neutre aux deux extrémités de laquelle veillent perpétuellement deux guetteurs.
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 223.
SYNT. Construire, dresser, élever, enfoncer, faire, forcer, franchir, renverser, rompre une barricade; la journée des Barricades.
— P. méton. :
• 4. Un frisson électrique parcourut toute la barricade, et l'on entendit le mouvement des mains cherchant les fusils.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 363.
— P. anal. Obstacle quelconque :
• 5. Ils étaient devenus aussi affamés l'un de l'autre que jadis, lorsqu'ils se voyaient dans la journée seulement près de la presse à eau ou derrière des barricades de papier et de livres.
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 207.
• 6. ... cherchant au bord du petit mayo qui coule à deux cents mètres du campement, un endroit où me baigner (en vain : les bords étaient protégés par une barricade de roseaux), j'avais fait lever une perdrix.
GIDE, Le Retour du Tchad, 1928, p. 979.
B.— Au fig. :
• 7. Cependant il [Wagner] observa bientôt qu'entre Jessie et lui d'une part, Mme Taylor et Launot de l'autre, s'élevait « un mur infranchissable » : une nouvelle barricade, la pire de toutes, la barricade des cœurs.
G. DE POURTALÈS, Wagner, histoire d'un artiste, 1932, p. 183.
• 8. ... il les développait avec une joie sensuelle, et amoncelait autour du premier paradoxe trouvé une barricade d'arguments qu'il puisait sans effort dans son érudition encyclopédique.
R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 58.
— Locutions
1. Être du même côté de la barricade, être de l'autre côté de la barricade. Appartenir au même camp, au même parti; être d'opinions, de parti opposés :
• 9. Il [M. Clemenceau] disait aux environs du 1er mai aux révolutionnaires : « Nous ne sommes pas du même côté de la barricade ».
BARRÈS, Mes cahiers, t. 5, 1906-07, p. 13.
2. Passer de l'autre côté de la barricade. Abandonner son propre camp pour passer au parti adverse :
• 10. Personne n'a vu Voltaire, personne n'a vu Kant passer de l'autre côté des barricades. Seul s'en est avisé le prolétariat devenu en cent ans le seul représentant et la seule masse des opprimés.
NIZAN, Les Chiens de garde, 1932, p. 80.
Prononc. :[].
Étymol. ET HIST. — 1. XVIe s. « ensemble de barriques (utilisées comme obstacle) » (A. PARÉ, Apologie dans GDF. Compl. : Il y avoit un peu plus avant un gros corps de garde remparé de charrettes et palissades, tonnes et tonneaux, et bariquades remplies de terre pour servir de gabions); d'où p. ext. 2. ca 1571 « obstacle, retranchement formé de l'amoncellement de divers objets » (MONTLUC, Commentaires dans PETITOT, Coll. Mém. Hist. Fr., t. 22, p. 368 dans BARB. Misc. 9, n° 5 : Or, comme ils faisoient teste à la barricade, arriva Monsieur de Savignac); 3. 1690 au plur. « soulèvement au cours duquel ont été dressées des barricades » (FUR. : Les Barricades de la Ligue, celles de la Fronde faites à Paris au mois d'Août 1648); cf. la journée des Barricades (Ac. 1835) et Les barricades de Juillet [1830] (Ac. Compl. 1842).
Dér. de barrique; suff. -ade1 sans doute p. anal. avec des mots en -ade du même domaine sém. empr. à l'ital. à la même époque comme gabionnade; le passage du sens 1 au sens 2 est à mettre en rapport avec le m. fr. barriquer « fermer avec des barriques, barricader » (CAYET, Chron., p. 175 dans GDF. Compl.) et reste peut-être lié au sémantisme de termes issus du rad. de barre, notamment barrer (cf. lat. médiév. barrica pour barrium « enceinte, faubourg » dans DU CANGE, s.v. barrium et savoy. barricadâ « fermer ou consolider avec une ou plusieurs barres » dans FEW t. 1, p. 331 b); l'hyp. d'un empr. dir. à l'ital. (KOHLM., p. 31; SAR., p. 19) est à écarter, cette lang. ne connaissant pas av. le XVIIIe s. de mot corresp. à barricade; barricata, attesté dep. le dict. de la Crusca, Vocab. degli accademici della Crusca, 4e éd., Florence, 1729, est un empr. au fr. (DG, § 12; FEW t. 1, p. 332a; DEVOTO; MIGL.-DURO).
STAT. — Fréq. abs. littér. :722. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 244, b) 3 389; XXe s. : a) 678, b) 633.
BBG. — POPE 1961 [1952], § 57. — SAR. 1920, p. 19.
barricade [baʀikad] n. f.
ÉTYM. 1570; de l'anc. franç. barriquer « barricader » (on prétend que les premières barricades étaient faites de barriques, avec influence de 1. barrer pour le sens, ou du provençal barricado, de barricare « fermer avec une barre »).
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♦ Obstacle fait de l'amoncellement d'objets divers pour se mettre à couvert dans un combat de rues. || Faire, construire, dresser, élever des barricades. ⇒ Barricadeur, barricadier. || Se poster derrière une barricade. || Front de la barricade (→ Enchevêtrer, cit. 2). || Renverser les barricades. || La Journée des barricades : l'insurrection de 1588 qui contraignit Henri III à fuir Paris, et aussi celle de 1648.
1 Il franchit la barricade (…) entre les épées qui la défendaient.
D'Aubigné, Hist. universelle…, I, 301.
2 Le peuple ferma les boutiques, tendit les chaînes par les rues et fit des barricades (…)
La Rochefoucauld, Mémoires, 31.
2.1 Maintenant deux barricades se construisaient en même temps, toutes deux appuyées à la maison de Corinthe et faisant équerre; la plus grande fermait la rue de la Chanvrerie, l'autre fermait la rue Mondétour du côté de la rue du Cygne. Cette dernière barricade, très étroite, n'était construite que de tonneaux et de pavés.
Hugo, les Misérables, IV, XII, IV.
3 (…) les arbres des boulevards, les vespasiennes, les bancs, les grilles, les becs de gaz, tout fut arraché, renversé; Paris, le matin, était couvert de barricades.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, I.
♦ Par métonymie. Personnes qui tiennent une barricade, combattent sur une barricade. || Ravitailler la barricade.
3.1 Gavroche était un tourbillonnement. On le voyait sans cesse, on l'entendait toujours (…) L'énorme barricade le sentait sur sa croupe. Il gênait les flâneurs, il excitait les paresseux, il ranimait les fatigués, il impatientait les pensifs, mettait les uns en gaîté, les autres en haleine, les autres en colère, tous en mouvement (…)
Hugo, les Misérables, IV, XII, IV.
♦ Les barricades : la guerre civile, la révolution, l'insurrection, l'émeute. || Les barricades de mai 68. — ☑ Loc. fig. Être du même côté de la barricade, dans le même camp. ☑ Être de l'autre côté de la barricade (⇒ Barrière), dans le camp opposé. || Passer de l'autre côté de la barricade.
4 Et partout, des passants enchaînant les brigades,
Au milieu de la paix font voir les barricades.
Boileau, Satires, VI.
5 (…) M. Georges Clemenceau a fait aussi un certain sort au mot barricade, un sort nouveau, en parlant de ceux qui sont de l'un et de l'autre côté, qui ne sont pas du même côté de la barricade.
Ch. Péguy, la République, Notre royaume de France.
6 La monarchie de Juillet portait en elle-même une grande faiblesse. Elle était née sur les barricades. Elle était sortie d'une émeute tournée en révolution.
J. Bainville, Hist. de France, XIX.
7 Née de l'émeute, comme la monarchie de Juillet, la deuxième République se mettait tout de suite de l'autre côté de la barricade.
J. Bainville, Hist. de France, XX.
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DÉR. Barricader, barricadeur, barricadier.
Encyclopédie Universelle. 2012.