avarice [ avaris ] n. f.
• 1265; averice 1121; lat. avaritia → avare
♦ Vx Attachement excessif à l'argent, passion d'accumuler, de retenir les richesses. ⇒ avidité, cupidité, ladrerie, lésine.
♢ Mod. Une avarice sordide. ⇒ pingrerie, radinerie. « L'avarice commence où la pauvreté cesse » (Balzac). Se tailler « une solide réputation d'avarice » (Aymé) .
⊗ CONTR. Désintéressement, dissipation, gaspillage, générosité, largesse, prodigalité.
● avarice nom féminin (latin avaritia) Attitude, caractère de quelqu'un qui restreint à l'excès ses dépenses. ● avarice (citations) nom féminin (latin avaritia) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Quand l'avarice se propose un but, elle cesse d'être un vice, elle est le moyen d'une vertu. Béatrix Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 L'avarice a comme l'amour un don de seconde vue sur les futurs contingents, elle les flaire, elle les presse. Illusions perdues Georges Bataille Billom 1897-Paris 1962 L'homme ne peut se trouver qu'à la condition, sans relâche, de se dérober lui-même à l'avarice qui l'étreint. L'Expérience intérieure Gallimard Marcel Jouhandeau Guéret 1888-Rueil-Malmaison 1979 L'avarice est un calcul dont on retrouve la racine à l'origine de maintes vertus. Éléments pour une éthique Grasset Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Il ne faut ni vigueur, ni jeunesse, ni santé, pour être avare. Les Caractères, De l'homme Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 […] Ne possédait pas l'or, mais l'or le possédait. Fables, L'Avare qui a perdu son trésor Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Donner est un mot pour qui il a tant d'aversion, qu'il ne dit jamais Je vous donne mais Je vous prête le bonjour. L'Avare, II, 4, La Flèche Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Je dis que la peste soit de l'avarice et des avaricieux. L'Avare, I, 3, La Flèche Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 L'avaricieux a plus mauvais compte de sa passion que n'a le pauvre, et le jaloux que le cocu. Et il y a moins de mal souvent à perdre sa vigne qu'à la plaider. Essais, II, 17 Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Il faut savoir le prix de l'argent : les prodigues ne le savent pas, et les avares encore moins. Mes pensées Henri Beyle, dit Stendhal Grenoble 1783-Paris 1842 La pruderie est une espèce d'avarice, la pire de toutes. De l'amour ● avarice (synonymes) nom féminin (latin avaritia) Attitude, caractère de quelqu'un qui restreint à l'excès ses dépenses.
Synonymes :
- ladrerie
- lésine
- pingrerie (familier)
- rapacité
Contraires :
- générosité
- largesse
- libéralité
- prodigalité
avarice
n. f. Amour excessif de l'argent pour lui-même.
⇒AVARICE, subst. fém.
A.— Attachement excessif aux richesses, vice de l'avare. Une avarice sordide (Ac. 1798-1932). Synon. avidité, ladrerie, lésine, parcimonie, pingrerie, rapacité :
• 1. L'économie s'éloigne autant de l'avarice que de la prodigalité. L'avarice entasse, non pour consommer, non pour reproduire, mais pour entasser; c'est un instinct, un besoin machinal et honteux. L'économie est fille de la sagesse et d'une raison éclairée; elle sait se refuser le superflu pour se ménager le nécessaire, tandis que l'avare se refuse le nécessaire afin de se procurer le superflu dans un avenir qui n'arrive jamais. On peut porter de l'économie dans une fête somptueuse, et l'économie fournit les moyens de la rendre plus belle encore : l'avarice ne peut se montrer nulle part sans tout gâter. Un personne économe compare ses facultés avec ses besoins présens, avec ses besoins futurs, avec ce qu'exigent d'elle sa famille, ses amis, l'humanité. Un avare n'a point de famille, point d'amis; à peine a-t-il des besoins, et l'humanité n'existe pas pour lui. L'économie ne veut rien consommer en vain; l'avarice ne veut rien consommer du tout. La première est l'effet d'un calcul louable, en ce qu'il offre seul les moyens de s'acquitter de ses devoirs, et d'être généreux sans être injuste. L'avarice est une passion vile, par la raison qu'elle se considère exclusivement et sacrifice tout à elle.
SAY, Traité d'écon. pol., 1832, p. 455.
• 2. L'avarice de ces trois vieillards était si passionnée que depuis longtemps ils entassaient leur argent pour pouvoir le contempler secrètement. Le vieux Monsieur La Bertellière appelait un placement une prodigalité, trouvant de plus gros intérêts dans l'aspect de l'or que dans les bénéfices de l'usure.
BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 12.
• 3. L'avarice caractérisée est un état nettement pathologique, bien que n'évoluant pas vers des troubles mentaux. Elle se greffe généralement sur une hérédité morbide. Ayant étudié des familles d'avares, Rogues de Fursac affirme que « l'avare est en quelque sorte noyé au milieu des aliénés ».
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 536.
— Collectiv. Les avares :
• 4. ... il [l'orgueil] brille dans le souris de l'envie, il éclate dans les débauches du libertin, il compte l'or de l'avarice, ...
CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1810, p. 82.
— ICONOGR., p. méton. ,,Femme qui enfouit une corne d'abondance. Femme âgée, maigre, hydropique, au teint pâle et livide, occupée à compter son argent, et tenant une bourse étroitement serrée`` (BESCH. 1845).
— PSYCHANAL., PSYCHOL. ,,Perversion de l'instinct de conservation consistant dans une hypertrophie de la tendance à l'épargne`` (Ch. Bardenat ds POROT 1960).
B.— Au plur. Manifestation d'avarice :
• 5. Madame montrait aussi, au milieu du désordre de sa maison, parmi tout ce coulage effréné qu'elle tolérait, des avarices très bizarres et tout à fait inattendues... Elle chipotait la cuisinière pour deux sous de salade, économisait sur le blanchissage de l'office, renâclait sur une note de trois francs, n'avait de cesse qu'elle eût obtenu, après des plaintes, des correspondances sans fin, d'interminables démarches, la remise de quinze centimes, indûment perçus par le factage du chemin de fer, pour le transport d'un paquet.
MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 343.
• 6. Comme toute débilité intellectuelle, les avarices vont souvent de pair avec la vanité.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 649.
C.— Au fig. [Le compl. désigne ce qui est susceptible d'être acquis ou ménagé] :
• 7. Le comte se disait : je ne saurais passer qu'une demi-heure tout au plus dans sa loge, moi, connaissance de si fraîche date; si j'y reste davantage, je m'affiche, et grâce à mon âge et plus encore à ces maudits cheveux poudrés, j'aurai l'air attrayant d'un Cassandre. Mais une réflexion le décida tout à coup : si elle allait quitter cette loge pour faire une visite, je serais bien récompensé de l'avarice avec laquelle je m'économise ce plaisir. Il se levait pour descendre dans la loge où il voyait la comtesse; tout à coup il ne se sentit presque plus d'envie de s'y présenter.
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 96.
• 8. Cocon est l'homme-chiffre. Il a l'amour, l'avarice de la documentation précise. A propos de tout, il fouine pour trouver des statistiques qu'il amasse avec une patience d'insecte, et sert à qui veut l'entendre.
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 25.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1121 averice « défaut de l'avare » (P. DE THAON, Bestiaire, 395 ds GDF. Compl. : Superbe et averice, injure, malveise vice); 1265-68 avarice « id. » (BRUNET LATIN, Trésor, p. 272, ibid. : Largesce est le milieu entre avarice et prodigalité).
Empr. au lat. avaritia, dep. Plaute au sens de « désir de garder l'argent amassé » (Mil., 1063 ds TLL s.v., 1182, 74); au sens de « avidité, soif d'accumuler de l'argent » (Persa, 555, ibid., 1179, 7).
STAT. — Fréq. abs. littér. :697. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 220, b) 698; XXe s. : a) 982, b) 957.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — Bible 1912. — Divin. 1964. — Foi t. 1 1968. — MARCEL 1938. — MARCH. 1970. — POROT 1960. — RAT (M.). Traduttore, traditore ou les faux amis de lang. angl. Déf. Lang. fr. 1968, n° 45, p. 14. — Sexol. 1970.
avarice [avaʀis] n. f.
ÉTYM. 1265; averice, 1121; lat. avaritia. → Avare.
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1 Attachement excessif à l'argent, passion d'accumuler, de retenir les richesses. ⇒ Avidité, crasse, cupidité, ladrerie, lésine, mesquinerie, pingrerie (fam.), pouillerie, rapacité, sordidité; et aussi avare. || Une avarice sordide. || Péché d'avarice. || L'avarice est une « perversion de l'instinct de conservation » (Bardenat, in Porot, 1952). || L'avarice, vice naturel (cit. 10), fondamental et durable.
1 Ayez soin de vous bien garder de toute avarice (…)
Bible (Sacy), Évangile selon saint Luc, XII, 15.
2 Il y a plusieurs sortes d'avarice. Il y en a une triste et sordide, qui amasse sans fin et sans jouir : « Qui n'ose toucher à ses richesses et qui semble, comme dit le Sage, ne s'être réservé sur elle aucun droit que celui de les regarder et de dire : Je les ai. »
Bossuet, Méditations sur l'Évangile, 35e journée (→ Avare, cit. 11).
3 Les passions en engendrent souvent qui leur sont contraires : l'avarice produit quelquefois la prodigalité, et la prodigalité l'avarice (…)
La Rochefoucauld, Maximes, 11.
4 L'avarice est plus opposée à l'économie que la libéralité.
La Rochefoucauld, Maximes, 167.
5 L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
La Fontaine, Fables, V, 13.
6 Voilà où les jeunes gens sont réduits par la maudite avarice des pères (…)
Molière, l'Avare, II, 1.
7 J'ai vu toute ma vie des gens qui perdaient leur fortune par ambition et se ruinaient par avarice (…)
Montesquieu, Cahiers, p. 100.
8 (…) on comprendra sans peine une de mes prétendues contradictions, celle d'allier une avarice presque sordide avec le plus grand mépris pour l'argent.
Rousseau, les Confessions, I, 1.
9 (…) d'une telle avarice, que s'il avait eu le malheur de perdre son âme, il ne l'aurait jamais rachetée.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 114.
10 L'avarice commence où la pauvreté cesse.
Balzac, Illusions perdues, I, Pl., t. IV.
10.1 L'avare est tout dans le geste qui ne s'éloigne point du corps et dans un mouvement de se ramener sur soi. La peur est l'âme de l'avarice; les provisions et trésors sont des précautions, l'ordre est un moyen d'en faire revue; et la crainte du prodigue y est peut-être plus naturelle que la crainte des voleurs. L'avare craint le bruit et le changement; c'est qu'il craint la fatigue; et, dans le fond, il craint de s'intéresser. Je suppose qu'il craint aussi d'aimer.
Alain, les Aventures du cœur, in les Passions et la Sagesse, Pl., p. 366.
11 Duperrier s'imposa de dures disciplines, comme de rester sur sa gourmandise, et parvint à se tailler, parmi ses voisins et connaissances, une solide réputation d'avarice.
M. Aymé, le Vin de Paris, « La grâce », p. 94.
2 Littér. (aux sens 3 et 4 de avare). Parcimonie. || Son avarice de compliments, de promesses. — L'avarice d'une terre.
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CONTR. Désintéressement, dissipation, gaspillage, générosité, largesse, libéralité, prodigalité.
DÉR. Avaricieux.
Encyclopédie Universelle. 2012.