augurer [ ogyre ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1355; lat. augurare, de augur
1 ♦ Antiq. En parlant des augures, Observer les signes et en tirer des présages.
2 ♦ Vieilli Inférer un événement futur d'une observation, d'un signe annonciateur. ⇒ conjecturer , deviner, prédire, pressentir, présumer, prévoir. Augurer que (et condit. ou fut.).
♢ Mod. Augurer une chose d'une autre, en tirer quelque conjecture ou présage. ⇒ présager. « Quelle est cette aventure ? et qu'en puis-je augurer ? » (Molière). — Absolt « Le temps présent est sombre, et je n'augure pas bien de l'avenir prochain » (Renan). Loc. fam. Ça n'augure rien de bon : c'est mauvais signe.
● augurer verbe transitif (latin augurare) Tirer d'un événement une conséquence pour l'avenir ; conjecturer : De ce premier succès, j'augure la réussite de votre projet. ● augurer (difficultés) verbe transitif (latin augurare) Registre Augurer est employé surtout dans l'expression soignée. Sens et construction Le sens et la construction varient selon que le sujet est une chose ou une personne. 1. Avec un sujet désignant une chose. Augurer ou, plus courant, laisser augurer = laisser prévoir. Son attitude augure (ou laisse augurer) de bonnes relations futures ; tout cela n'augure rien de bon. 2. Avec un sujet désignant une personne. Augurer de = prévoir d'après. « Qu'augurez-vous de son attitude ? –Je n'en augure rien de bon. » Bien, mal augurer de qqch = avoir un bon, un mauvais pressentiment à propos du déroulement de certains faits, de l'issue d'une situation. J'augure mal du résultat de notre collaboration. ● augurer (expressions) verbe transitif (latin augurare) Augurer bien, mal de quelque chose, prévoir que l'issue de quelque chose sera favorable ou non. ● augurer (synonymes) verbe transitif (latin augurare) Tirer d'un événement une conséquence pour l'avenir ; conjecturer
Synonymes :
- présumer
- prévoir
Augurer bien, mal de quelque chose
Synonymes :
- annoncer
- présager
augurer
v. tr. Conjecturer, prévoir à partir de l'observation de certains signes. Je n'augure rien de bon de tout cela.
⇒AUGURER, verbe trans.
A.— ANTIQ. ROMAINE [En parlant de l'augure] Faire des prédictions d'après l'observation, en particulier du vol des oiseaux.
B.— P. ext. Tirer un augure, avoir le pressentiment de ce qui se produira à partir d'un signe pris comme présage.
1. Augurer + adv. qualitatif (bien, mal, au mieux, etc.) de (à propos de) qqn ou qqc. :
• 1. Ce début nous promet un combattant de plus dans la sainte lutte de la philosophie religieuse et morale que ce siècle livre contre une réaction matérialiste. Comme vous, j'augure bien du succès.
LAMARTINE, Correspondance, 1831, p. 194.
• 2. ... j'augure mal de cette rousse bien faite, la taille et les hanches rondes, mais d'une laideur flagrante...
COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 16.
2. Augurer qqc. Avoir le pressentiment que cette chose se produira :
• 3. « Il semble se montrer le partisan, l'obséquieux associé de cette mystérieuse sainte alliance, alliance universelle dont je ne saurais d'ici deviner ni le sens ni le but; qui ne peut présenter rien d'utile, ni faire augurer rien de bon. (...) »
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 353.
• 4. ... je me contente d'attendre de pied ferme la prochaine grande exposition de 1937. L'espèce de fureur sacrée avec laquelle les organisateurs se sont précipités, dès le premier jour, sur l'incompétence, laisse augurer de bien paradoxales réalisations.
LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 50.
3. Augurer qqc. de qqn (à propos de qqn) :
• 5. Il [Véron, en publiant son livre] confirme malheureusement tout ce que les gens plus fins que le vulgaire pouvaient augurer de lui.
E. DELACROIX, Journal 2, 1856, p. 94.
4. Augurer qqc. de qqc. (à propos de qqc.) :
• 6. D'un air affecté qui n'était pas sans grâce, elle prit place dans un des fauteuils vides et se tournant vers Élizabeth comme une dame en visite, elle lui demanda ce qu'elle augurait du temps.
GREEN, Journal, 1928-34, p. 291.
Rem. 1. On peut trouver dans un emploi poét., augurer à la forme pronom. passive « se laisser deviner, prévoir » :
• 7. Car la rose déjà s'augure à l'églantier.
H. DE RÉGNIER, Les Jeux rustiques et divins, 1897, p. 189.
Rem. 2. Pour l'oppos. augurer/présager, cf. augure.
— Rare. Supposer quelque chose (l'hypothèse porte sur un fait passé que l'avenir doit confirmer) :
• 8. J'augurai que cette femme [Mariton], obligée de soigner son bourgeois, n'avait pas pu, la veille, s'occuper de son garçon autant qu'elle l'aurait souhaité...
G. SAND, Les Maîtres sonneurs, 1853, p. 231.
PRONONC. :[] ou [-], j'augure [] ou [-]. Pour [o] fermé ou [] ouvert, cf. augure.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1352-56 Antiq. rom. « (des augures), tirer des présages, en partic. d'apr. le vol, le chant des oiseaux » (BERSUIRE, Tite-live, B.N. 10312 ter, f° 69 v° ds GDF. Compl. : Nulle chose ne estoit faite, ne a l'ostel, ne a la bataille, se premierement elle ne fust auguree); p. ext. av. 1614 « conjecturer » (BRANTÔME, Des Dames, La Reine d'Ecosse ds Dict. hist. Ac. fr. : Il y en eut qui auguroient sur ledict brouillard qu'il signifioit qu'on alloit prendre terre dans un royaume brouillé, brouillon et mal plaisant); av. 1650 « id. » (VAUGELAS, trad. de Quinte-Curce, Histoire d'Alexandre, X, ibid. : Dès que la cavalerie commença à s'esbranler, il prit une soudaine frayeur aux gens de pied, d'avoir en teste leurs ennemis nouvellement reconciliez, et n'en augurant rien de bon, ils furent en branle de regagner la ville).
Empr. du lat. augurare « prendre les augures » (PLAUTE, Cist, 694 ds TLL s.v., 1376, 34); « conjecturer » (ENNIUS, Trag., 246, ibid., 1377, 3).
STAT. — Fréq. abs. littér. :119.
BBG. — Ac. CAN.-FR. 1968. — Canada 1930.
augurer [ogyʀe] v. tr.
ÉTYM. 1355; lat. augurare, de augur. → 1. Augure.
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1 Antiq. En parlant des augures, Observer les signes et en tirer des présages. ⇒ Prédire.
2 (Av. 1614). Vieilli. Inférer (un événement futur) d'une observation, d'un signe annonciateur ou symptomatique. ⇒ Conjecturer, deviner, prédire, prévoir. || Augurer qqch. || Augurer que… (et conditionnel ou futur).
1 Que d'autres augurent, s'ils le peuvent, ce qu'il (Louis XIV) veut achever dans cette campagne.
La Bruyère, Disc. à l'Académie.
2 Les plaisirs de la table avec quelques étrangers attirés à Moscou par le ministre Gallitzin, ne firent pas augurer qu'il (Pierre le Grand) serait un réformateur.
Voltaire, Hist. de l'Empire de Russie…, I, 6.
3 S'il est des effets rétroactifs et symptomatiques des événements futurs, j'aurais pu augurer le mouvement et le fracas de l'ouvrage (le Génie du christianisme) qui devait me faire un nom, aux bouillonnements de mes esprits et aux palpitations de ma muse.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 130.
♦ (Littér. ou style soutenu). || Augurer une chose d'une autre : conjecturer, déduire, présager une chose, en se basant sur une autre. || Nous pouvons augurer son succès de ses premiers essais; nous pouvons en augurer son succès. — Vx. || Augurer qqch. de qqn, augurer de qqn qu'il fera, qu'il sera… (→ ci-dessous, cit. 7). — Conjecturer (une chose) à propos d'une autre. || Je n'augure rien de bon de l'avenir. ⇒ Présumer, pressentir.
♦ Absolt (plus cour.). || Augurer bien, mal, favorablement… de qqch. || Je n'augure pas bien de…
4 C'est par là que j'ai toujours bien auguré de sa judiciaire, qualité requise pour l'exercice de notre art (…)
Molière, le Malade imaginaire, II, 6.
5 Quelle est cette aventure ? et qu'en puis-je augurer ?
Molière, Amphitryon, II, 3.
6 Hélas ! — De ce soupir que faut-il que j'augure ?
Racine, Iphigénie, I, 3.
7 Quand les hommes augurent d'un jeune prince qu'il sera grand (…)
8 (…) il était dans le dessein de se convertir, dit-on; il en parlait tous les jours : et là-dessus, on se calme sur sa destinée; on augure favorablement de son salut.
9 Jean Renaud, qui augurait plutôt mal de l'aventure, avait en vain demandé la permission de suivre.
Loti, les Désenchantées, III, 12.
10 Le temps présent est sombre, et je n'augure pas bien de l'avenir prochain.
Renan, Souvenirs d'enfance, Préface, p. 15.
11 Mon père m'avait averti qu'un séminariste m'attendrait à la gare de Beauvais. Il n'y avait personne. J'en augurai bien, estimant que pour un temps au moins les choses se devaient de sortir de leur cours prévu.
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 69.
Encyclopédie Universelle. 2012.