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annihiler

annihiler [ aniile ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1484; anichiler XIVe; lat. ecclés. annihilare, de nihil « rien »
Réduire à rien. anéantir, annuler, détruire. Le destin a annihilé ses efforts. Pronom. « l'être individuel s'annihile » (Loti).
Briser, paralyser la volonté de (qqn). inhiber. « l'émotion l'annihile » (Montherlant).
⊗ CONTR. Créer, fortifier, maintenir.

annihiler verbe transitif (bas latin annihilare, du latin classique nihil, rien) Anéantir un ensemble abstrait, le détruire, le ruiner complètement : Cette nouvelle annihila leurs espérances. Littéraire. Anéantir la volonté de quelqu'un, sa personnalité. ● annihiler (difficultés) verbe transitif (bas latin annihilare, du latin classique nihil, rien) Orthographe Anéantir avec un seul n, mais annihiler avec deux n. Remarque Le préfixe ad- s'est contracté dans anéantir, assimilé à l'initiale dans annihiler. Emploi Les deux mots ont étymologiquement la même signification, « réduire à rien » (anéantir est formé sur néant, annihiler sur le latin nihil, rien). Mais ils n'ont pas les mêmes emplois. 1. Anéantir convient pour une destruction matérielle (la bombe a anéanti la population de trois villages) ou psychologique (ce deuil l'a anéanti). 2. Annihiler est plus abstrait (et plus proche d'annuler). Il s'applique à des choses non matérielles : annihiler les résultats d'une recherche, les efforts de qqn, les décisions prises antérieurement, etc. Il ne convient guère pour une personne, sauf dans un sens moral : l'angoisse l'annihile (= paralyse sa volonté). ● annihiler (synonymes) verbe transitif (bas latin annihilare, du latin classique nihil, rien) Anéantir un ensemble abstrait, le détruire, le ruiner complètement
Synonymes :
- abolir
- briser
- ruiner
Contraires :
- confirmer
- consolider
- valider
Littéraire. Anéantir la volonté de quelqu'un, sa personnalité.
Synonymes :
- accabler
- anéantir
- paralyser

annihiler
v. tr.
d1./d Réduire à rien (qqch), rendre de nul effet. Annihiler un droit. Annihiler les efforts de qqn.
d2./d Réduire à néant la volonté de (qqn). Le chagrin l'annihile. Syn. anéantir.

⇒ANNIHILER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— DR. [L'obj. désigne un acte, une donation, un testament, une loi] Rendre de nul effet. Synon. abroger :
1. Lorsque la législation des douze-tables, tombée trop tôt en désaccord avec les mœurs, se trouva, sinon abrogée, du moins presque annihilée par le droit prétorien, la jurisprudence dut acquérir une plus grande complication en perdant de sa régularité.
COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 407.
B.— Domaine matériel ou moral. [Le compl. désigne une pers. ou une chose] Réduire à néant, détruire radicalement :
2. ... la matière est, comme l'esprit, indestructible et éternelle; (...) Les machines les plus formidables ne pourront pas anéantir un grain de sable. Dieu lui-même n'annihile rien, car il est éminemment créateur; il transforme, mais il ne détruit jamais.
DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, p. 239.
3. On ne transporta pas l'École Normale en Sorbonne. Non. Il eût fallu y transporter Brunetière. Non, mes enfants, on supprima l'École Normale; on annula, on annihila l'École Normale. Ne pâlissez point, mes enfants, on devait la rétablir quelques instants après.
PÉGUY, L'Argent, 1913, p. 1179.
4. Maintenant? Que veux-tu? Que veux-tu, dis-moi? Me supprimer à mon tour? Mais c'est évident! Voilà! C'est simple! Profiter! ... Attendre! ... Saisir le moment favorable! ... Détente ... Confiance ... et m'occire! ... m'abolir! ... m'annihiler! ... Voilà ton programme! ... Où avais-je l'esprit? Ah! décidément Ferdinand! Ta nature! ton destin sont plus sombres que le sombre Érèbe! ... Ô tu es funèbre Ferdinand! sans en avoir l'air!
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 453.
5. Souvent je me suis dit, messieurs, que si la critique avait le pouvoir magique d'effacer, d'abolir ce qu'elle condamne, et que si ces arrêts, s'exécutant à la rigueur, pouvaient annihiler ce qu'elle juge déplorable ou nuisible, les destins de la littérature en seraient fâcheusement affectés.
VALÉRY, Variété 4, 1938, p. 41.
En partic. Réduire à rien la volonté ou la personnalité de quelqu'un, par une paralysie des facultés, un engourdissement moral ou intellectuel :
6. Les eaux du Niger sont à leur étiage, et le vaste fleuve ne présente plus qu'une quantité de minuscules bras peu profonds que franchissent à gué les troupeaux, à la tombée du jour. L'été s'étale sur la plaine. Incapable de mouvement, de volonté, de pensée, je me laisse annihiler devant cette profuse splendeur.
GIDE, Journal, 1944, p. 267.
7. Hier soir, dîner chez Mme Muhlfeld (...) Sentiment d'horrible tristesse : fuir ces gens arrivés, ces personnalités dévorantes qui vous annihilent, vous acculent au néant. Souffrance dans le désert. Une seule lumière : du côté de Dieu.
MAURIAC, Écrits intimes, Du côté de chez Proust, 1947, p. 160.
II.— Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne une pers. explicite ou implicite] Réduire à néant sa personnalité, en diminuant volontairement son amour-propre, son activité, etc. :
8. Sainte Catherine expose aussi que Jésus n'interdit le ciel à personne, que c'est l'âme même qui, s'estimant indigne d'y pénétrer, se précipite, de son propre mouvement, dans le purgatoire, pour s'y modifier, car elle n'a plus qu'un but, se rétablir dans sa pureté primitive; qu'un désir, atteindre à ses fins dernières, en s'anéantissant, en s'annihilant, en s'écoulant en Dieu. C'est une lecture probante, grogna Durtal, ...
HUYSMANS, En Route, t. 1, 1895, p. 262.
9. ... le plus remarquable dans sa manière [de Mme de Loynes] un des secrets de son art amical consistait à s'effacer, à s'annihiler, à devenir, pour ceux qui la fréquentaient, une auditrice infiniment compréhensive...
L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 18.
DÉR. Annihiliste, adj. Rare, dans un texte philos. [En parlant d'une doctrine] Qui enseigne l'anéantissement final de l'âme, son annihilation : ,,... leurs conclusions panthéistes, optimistes, annihilistes, ôtent tout intérêt à l'histoire réelle de la vie.`` (RENOUVIER, Essais de crit. gén., 3e essai, 1864, p. 149). Suff. -iste.
PRONONC. :[an(n)iile], j'annihile [(n)iil]. PASSY 1914, DUB., Pt ROB. et Pt Lar. 1968 transcrivent le mot avec un seul [n]. BARBEAU-RODHE 1930, Harrap's 1963 et WARN. 1968 donnent la possibilité d'une prononc. avec [n] et [nn] (cf. aussi FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 317). PASSY 1914 est le seul à noter le mot avec un h aspiré : anihile. FÉR. 1768 et FÉL. 1851 transcrivent le mot avec un seul [n], les autres dict. notent 2 [n]; Ac. 1835 : ,,on fait sentir les deux n.`` Enq. :/aniil/.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1302 dr. part. passé adjectivé annillee « réduire à néant, annuler » (Ch. des Comptes de Dole, O 124, A. Doubs ds GDF. Compl. : Donacion enffrainte, quassee et annillee); 1315 anichiller (Jumieg., Vimout, A. S.-Inf., ibid.), qualifié de vieux ds Trév. 1752; 1484 annihiler « abolir (une institution) » (Juin 1484 Ord., XIX, 368, ibid.). Empl. princ. comme terme de dr. (cf. ex. ibid. et BRUNOT t. 4, p. 26), et usité au XVIIIe s. par les philosophes ds les discussions sur le vide (Trév. 1752, 1771); 2. a) XIVe s. anichiller « détruire (l'objet est un inanimé abstrait) » (Brun de la Montagne, éd. P. Meyer, 1040 ds T.-L. : Mais quant s'amour premiere ert a sa fin alee, Et que du tout en tout sera anichillee, La voulenté de moi sera renouvelee); b) 1370 adnichiller « id. (l'objet est un inanimé concret) » (A.N. K 49, pièce 444 ds GDF. Compl.); c) apr. 1350? s'anichiler « (en parlant d'une pers.) se détruire » (Hist. des trois Maries, ibid.).
Empr. au b. lat. adnihilare (ann-) « réduire à rien » (dep. Ve s., ST JÉRÔME, Ep., 106, 67 ds BLAISE), attesté au sens 1. lat. médiév. annichilare (de ad et nichil, transcription médiév. du lat. class. nihil), jur. (1214, VAN DEN BERGH, OB. Holland, I n° 244 ds NIERM., p. 45); au sens 2 a obj. inanimé (551, GETE, 29, 146 ds TLL s.v., 780, 61); au sens 2 b propre (XIIe s., BRUNO MAGD, Bell., 34, p. 36, 3 ds Mittellat. W. s.v., 223, 59); au sens 2 c l'obj. est une pers. (1180, Annal. Ottenb., [MG Script. XVII, p. 315, 42], ibid., 224, 16). Rem. La 1re attest. fr. en 1280 (J. DE MEUNG, Rose, v. 20677-680 ds LACURNE, s.v. adnichiler : Chloto qui la quenouille porte Et Lachesis qui les filz file : Mais Atropos si anichile ce que les deux peuvent filer) ne semble pas devoir être retenue, cette leçon n'étant pas mentionnée dans l'éd. E. Langlois (t. 5, vers 19770 : Mais Atropos ront e descrie), ni dans l'éd. F. Lecoy (t. 3, vers 1940 : mes Atropos ront et descire), et les manuscrits utilisés par LACURNE ne datant que des XIVe s. et début XVe s. (LANGLOIS, Manuscrits du roman de la Rose, Paris, 1910, p. 5, 61 et 71).
STAT. — Fréq. abs. littér. : Annihiler. 126. Annihiliste. 1.
BBG. — FROMH.-KING 1968. — LAF. Suppl. 1878. — LE ROUX 1752. — NOTER-LÉC. 1912.

annihiler [aniile] v. tr.
ÉTYM. 1484, « abolir » (une institution); anichiler, 1315; au p. p., 1302; lat. ecclés. adnihilare, de nihil « rien ».
1 Réduire à néant, à rien.(Au sens fort). Anéantir.Supprimer. || Annihiler le pouvoir de qqn, une institution Abattre, abolir, annuler, détruire, effacer, supprimer. || Les passions annihilent la raison. Dr. || Annihiler un privilège, un acte, un droit.
2 Annihiler qqn, réduire à rien sa volonté, sa personnalité.(Au passif) :
1 Ce n'est pas désenchantées que nous sommes, c'est annihilées, séquestrées, étouffées (…)
Loti, les Désenchantées, III, 14.
Sujet n. de chose :
2 (…) l'émotion l'annihile (…)
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 95.
(Factitif). || Se laisser, se faire annihiler (même valeur que s'annihiler).
——————
s'annihiler v. pron.
Réduire sa personnalité, sa volonté à rien, renoncer à ses caractéristiques personnelles. Anéantir (s').
3 Chez ces jeunes et ces simples, qui vivent là isolés du reste du monde, l'être individuel s'annihile, autant que dans les communautés religieuses (…)
Loti, Matelot, XXI.
——————
annihilé, ée p. p. adj.
CONTR. Assurer, confirmer, consacrer, conserver, consolider, créer, développer, encourager, maintenir, valider.
DÉR. Annihilable, annihilant, annihilateur. — V. Annihilation.

Encyclopédie Universelle. 2012.