anéantissement [ aneɑ̃tismɑ̃ ] n. m.
• 1309; de anéantir
♦ Destruction complète. ⇒ annihilation, disparition, effondrement, 1. mort, ruine. L'anéantissement d'un peuple, de l'ennemi. « l'effacement, l'anéantissement de l'individu » (Duhamel). C'est l'anéantissement de tous mes espoirs. ⇒ évanouissement.
♢ Abattement total. ⇒ accablement, épuisement, prostration.
⊗ CONTR. Création, maintien.
● anéantissement nom masculin Action d'anéantir, fait de s'anéantir ; destruction, effondrement : L'anéantissement de tous nos espoirs. ● anéantissement (synonymes) nom masculin Action d'anéantir, fait de s'anéantir ; destruction, effondrement
Synonymes :
- écroulement
- ruine
Contraires :
- maintien
anéantissement
n. m.
d1./d Fait d'entrer dans le néant. Syn. destruction, mort, extinction.
d2./d Fig. Abattement profond. Syn. accablement, prostration.
⇒ANÉANTISSEMENT, subst. masc.
I.— Action d'anéantir (cf. anéantir I).
A.— Anéantissement de qqc. Destruction violente, état de ce qui est détruit par la violence.
1. [Le compl. prép. désigne une chose phys.] :
• 1. Au point de vue économique, de profondes atteintes portées aux centres essentiels et aux artères vitales du pays, la destruction des trois quarts des moyens de transport, l'utilisation pour les besoins militaires des deux tiers de ceux qui restent, l'absence presque complète d'importations, l'anéantissement des stocks, gênent ou empêchent l'activité d'un grand nombre d'entreprises, ...
Ch. DE GAULLE, Mémoires de guerre, Le Salut, 1959, p. 449.
— Au plur., rare :
• 2. On sent comme un voile de ténèbres s'appesantir sur les sens; la notion du réel est perdue. Il vous vient comme l'impression de cités apocalyptiques, de nuées lourdes de sang, de malédictions suspendues. C'est la conception des épouvantes gigantesques, des anéantissements chaotiques, des fins de monde ... Une minute de sommeil intérieur qui vient de passer, malgré toute volonté; un rêve de dormeur debout qui s'est envolé très vite.
P. LOTI, Mon Frère Yves, 1883, p. 341.
2. [Le compl. prép. désigne une valeur] :
• 3. Sans doute la branche d'Orléans ne prendra pas racine; ce ne sera pas pour ce résultat que tant de sang, de calamité et de génie aura été dépensé depuis un demi-siècle! Mais juillet, s'il n'amène pas la destruction finale de la France avec l'anéantissement de toutes les libertés, juillet portera son fruit naturel : ce fruit est la démocratie.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 674.
B.— Au fig. et p. hyperb. Anéantissement de qqn. Abattement excessif sous l'empire de la fatigue ou de la douleur :
• 4. Schmucke, (...), retourna promptement dans la chambre de Pons, où il se mit en prière. Il était perdu dans les abîmes de la douleur, lorsqu'il fut tiré de son profond anéantissement par un jeune homme vêtu de noir ...
H. DE BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, p. 284.
II.— Action de s'anéantir (cf. anéantir II B).
A.— Au fig. [Avec une idée de suicide] :
• 5. Simplifier sa vie jusqu'à la mutilation, jusqu'à la pétrification, n'est pas le devoir. N'aspirer qu'à l'anéantissement, n'est pas de la sagesse. Se retirer du monde est un suicide inutile et peut-être coupable. — Sanctifie et répands-toi est décidément une maxime supérieure. —
H.-F. AMIEL, Journal intime, 1866, p. 127.
B.— RELIGION
1. [Avec une idée d'abandon mystique] Anéantissement dans ou en qqn ou qqc.
— [En ou devant Dieu] :
• 6. ... il [le jeune abbé] entendoit le principe religieux à la manière de Fénelon et de Mme Guyon, et leur extase profonde, leur anéantissement devant un principe infini, formoient le fonds de sa doctrine.
H. DE BALZAC, Annette et le criminel, t. 1, 1824, p. 49.
• 7. Voilà l'ascétisme intronisé, l'intelligence préconisée par-dessus tout, exaltée comme la seule route pieuse et divine. La nature et la vie ne sont plus qu'un exil loin de Dieu. La nature devient la matière; la vraie vie, c'est l'anéantissement en Dieu.
P. LEROUX, De l'Humanité, t. 2, 1840, p. 350.
— P. anal. [Dans une pers. aimée] :
• 8. Le véritable amour se manifeste uniquement par l'abnégation absolue de soi et l'anéantissement dans l'objet aimé. Qui garde son orgueil et sa pensée, a de la passion, non de l'amour; ...
J. PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 281.
— Emploi abs. [Dans l'extase amoureuse] :
• 9. ... bien que ce visage fût détruit affreusement, elle savait que c'était celui de Jean son frère. Mais vers aucun autre homme que ce frère elle ne criait dans son délire. Elle n'avait aimé personne. Elle n'avait pas été aimée. Ce corps allait être consumé dans la mort et il ne l'avait pas été dans l'amour. L'anéantissement des caresses ne l'avait pas préparé à la dissolution éternelle. Cette chair finissait sans avoir connu son propre secret.
F. MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 340.
2. Humiliation extrême. L'anéantissement du Verbe incarné :
• 10. La communauté se rendit au sermon du capucin, comme il était déjà nuit. Il prêcha, à ce qu'il paraît, des anéantissements et des humiliations du fils de Dieu en sa naissance et dans sa crèche.
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 95.
Prononc. :[]. PASSY 1914 note une durée mi-longue pour la 3e syllabe du mot (pour une durée longue, cf. FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787). Enq. ://.
Étymol. ET HIST. — 1. 1309 « action d'annuler un accord » texte jur. (Arch. nat., JJ 45, f° 13 r° ds GDF. Compl. : Li diz dus et Yolent rendront et restorront audit conte tout le surplus des dites levees, c'est assavoir pour chascune annee des diz. XXI. an, sept cent cinquante liv. tournoys petitz ... lequel rapel et aneantissement et les nouvelles convenances ci contenues lesdites parties promistrent ... tenir) — 1680, RICH.; 2. XIVe s. « destruction, abaissement (d'une nation, d'un peuple ...) » (GOULAIN, Ration., Bibl. nat., 437, f° 291 v°, ibid. : Ce fu le commencement de leur destruction et de leur anientissement); 1585 « destruction, réduction au néant (d'une créature, d'une réalité physique) » (MONTAIGNE, Essais, II, 12 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 188 : Platon nous déchiffre les commoditez ou peines corporelles qui nous attendent encore après la ruine et anéantissement de nos corps); 3. p. ext. a) 1648 emploi relig. « abaissement dans lequel on se met devant Dieu » (BOURDALOUE, Sermon pour la fête de Saint-François de Paule, ibid. : Ainsi François de Paule se réduisit-il dans une espèce d'anéantissement et dans l'abnégation la plus parfaite); b) av. 1654 « état d'abattement et de faiblesse dans lequel l'exercice de toutes les facultés semble suspendu » (BALZAC, Lettres, XXIV, 27, ibid. : Ajoutez ... l'impatience du malade, qui n'est pas accoutumé aux douleurs aiguës, et qui ne se plaignoit presque plus de cet anéantissement de langueur où le menoit sa propre faiblesse).
Dér. du rad. du part. prés. de anéantir; suff. -ement (-ment1).
BBG. — Foi t. 1 1968. — GOBLOT 1920. — LAL. 1968. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — NOTER-LÉC. 1912. — NYSTEN 1824.
anéantissement [aneɑ̃tismɑ̃] n. m.
❖
1 Le fait d'entrer dans le néant. ⇒ Engloutissement, extinction, fin, 1. mort. || L'anéantissement du monde. ⇒ Consommation. || « Des anéantissements chaotiques, des fins de monde » (Loti).
1 Puisque le juste et l'impie auront le même sort, et qu'un anéantissement éternel va bientôt les égaler (…)
♦ Spécialt. La mort.
1.1 Dans l'attachement d'un homme à sa vie, il y a quelque chose de plus fort que toutes les misères du monde. Le jugement du corps vaut bien celui de l'esprit et le corps recule devant l'anéantissement.
Camus, le Mythe de Sisyphe, in Essais, Pl., p. 102.
2 a (1648). Relig. Le fait de s'assimiler au néant, de s'humilier totalement devant Dieu ou d'abolir toute spécificité individuelle. ⇒ Abaissement, humilité. || État de béatitude résultant de l'anéantissement de soi-même. ⇒ Nirvâna.
2 L'orgueil contraint à disparaître,
Ne laisse dans ce cœur aucun vain sentiment
Qui ne soit abîmé, pour petit qu'il puisse être,
Dans cet anéantissement.
Corneille, l'Imitation de J.-C., III.
3 Elle reçut le viatique avec tant de marques de paix, de ferveur et d'anéantissement.
Racine, Port-Royal.
♦ Rare. (Un, des anéantissements).
4 Saint Paul parlant des anéantissements du Fils de Dieu, dans l'incarnation.
♦ L'anéantissement en Dieu.
3 Destruction, suppression complète. ⇒ Abolition, abrogation, absorption, affaissement, annihilation, annulation, chute, consomption, destruction, disparition, dissipation, dissolution, écroulement, effacement, effondrement, engloutissement, enterrement, épuisement, étouffement, extermination, extinction, 1. mort, néant, perte, pulvérisation, renversement, ruine. || L'anéantissement des libertés, de la volonté. || L'anéantissement d'un peuple, d'une société, d'un État. || L'anéantissement de toutes nos espérances. ⇒ Évanouissement.
5 (Ce peuple) dépérit tous les jours, et tend à son anéantissement.
Montesquieu, Lettres persanes, 122.
6 L'anarchie (en Grèce) dégénéra en anéantissement.
Montesquieu, l'Esprit des lois, VIII, 2.
7 Dès aujourd'hui, l'Amérique nous donne à mesurer ce que peut devenir l'effacement de l'individu, l'abnégation, l'anéantissement de l'individu.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, IV, p. 72.
4 (Déb. XVIIe). Abattement total (d'une personne). ⇒ Accablement, affaissement, apathie, assommement, consomption, épuisement, faiblesse, langueur, prostration, sidération, stupeur.
8 Mais tout cela ne dure qu'un moment, et le moment qui suit me jette dans l'anéantissement.
Rousseau, les Confessions, t. I, I.
9 (…) cet état d'anéantissement subit qui s'observe au cours de certaines catastrophes où l'excès de la douleur paralyse toute réaction.
Paul Bourget, Un divorce, IX, p. 339.
Encyclopédie Universelle. 2012.