analogique [ analɔʒik ] adj.
• 1547; bas lat. analogicus, d'o. gr.
1 ♦ Fondé sur l'analogie (1o). Dictionnaire analogique.
2 ♦ Log. Qui se fonde sur des rapports de similitude entre des objets différents. Raisonnement analogique.
3 ♦ Ling. Qui vient de l'analogie. Formation analogique des mots.
4 ♦ Sc. Qui est relatif à une méthode de calcul employant pour la résolution d'un problème son analogie à des mesures continues de phénomènes physiquement différents. Un voltmètre à cadran est un appareil analogique. Électron. Circuit analogique (opposé à numérique, digital) : circuit dans lequel les courants et les tensions évoluent de manière continue.
● analogique adjectif (latin analogicus) Qui repose sur l'analogie : Raisonnement analogique. Se dit d'un fait linguistique (changement, création, etc.) dû à l'analogie. Se dit d'un dictionnaire regroupant les mots en fonction des relations sémantiques qu'ils entretiennent entre eux. Se dit d'une grandeur physique mesurée par une fonction continue ou d'un signal dont les variations sont continues. Se dit de systèmes, dispositifs ou procédés qui représentent, traitent ou transmettent des données sous la forme de variations continues d'une grandeur physique. (Par opposition à numérique.) ● analogique (difficultés) adjectif (latin analogicus) Construction Analogique de / analogue à. On dit analogique de (l'accent circonflexe de nous passâmes est analogique de celui de vous passâtes) mais analogue à (des opinions analogues aux tiennes). ● analogique (expressions) adjectif (latin analogicus) Calcul analogique, calcul effectué en utilisant les mesures continues des signaux à traiter. Calculateur analogique, calculateur où les informations à traiter sont représentées par des signaux analogiques. Convertisseur analogique/numérique, organe assurant la conversion d'une grandeur analogique en un signal numérique.
analogique
adj.
d1./d Fondé sur l'analogie. Dictionnaire analogique, qui regroupe les mots d'après leur sens.
d2./d INFORM Qui est représenté par la variation continue d'une certaine grandeur (par oppos. à numérique).
d3./d Signal analogique: signal qui peut prendre une infinité continue de valeurs. Le son d'un violon est un signal analogique.
⇒ANALOGIQUE, adj.
Emplois techn. Qui se fonde sur l'analogie, qui tient de l'analogie. (Correspond à analogie B).
A.— PHILOSOPHIE
1. LOG. [En parlant d'une opération de l'entendement ou de son résultat] Qui s'appuie sur l'étude des rapports de ressemblance entre des objets différents (cf. jugement, raisonnement par analogie) :
• 1. ... la vue de l'esprit, dans le jugement analogique, porte uniquement sur les rapports et sur la raison des ressemblances : les ressemblances sont de nulle valeur dès qu'elles n'accusent pas des rapports dans l'ordre de faits où l'analogie s'applique.
A. COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 68.
• 2. Considérons enfin la dialectique de l'humanisme anthropocentrique du côté de Dieu, ou de l'idée que l'homme se fait de Dieu. On peut remarquer que cette idée, dans la mesure où elle cesse d'être soutenue et purifiée par la révélation, suit elle-même la destinée de la culture. Nous avons dit qu'au premier moment de la dialectique humaniste, Dieu devient le garant de la domination de l'homme sur la matière. C'est le dieu cartésien. La transcendance divine est alors maintenue, mais elle est comprise humainement — univoquement — avec une raison géométrique incapable de s'élever à l'intellection analogique : c'est pourquoi cette transcendance commence à péricliter.
J. MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, p. 41.
• 3. Hamann, le « mage du Nord », fut le premier peut-être à tenter une étude psychologique de l'être humain qui, commandée par sa métaphysique chrétienne, dépassât la simple description des facultés et de leur mécanisme. Dès les Mémoires socratiques de 1759, il tente de réfuter l'empirisme en s'appuyant sur un raisonnement analogique.
A. BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 52.
• 4. ... ce principe de vie, il est impossible de nier qu' « il se manifeste aussi bien dans les transformations du cosmos que dans la plus ténue des croissances organiques ». Entre le tout et ses parties, il y a une relation analogique que Carus exprime par des images qui sont celles de correspondances rythmiques.
A. BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939 p. 129.
• 5. ... tous les êtres, hommes et bêtes qui « distillent » un venin, sont signés par le Scorpion. Ici encore, on retrouve le rapport analogique entre le serpent et le scorpion : ne parle-t-on pas couramment d'une « langue de vipère »?
Divin. 1964.
2. THOMISME et NÉOTHOMISME. Se dit de l'être, de la structure des êtres, de l'amour humain en tant que participation de l'amour divin, de la conception de l'univers en tant qu'elle requiert l'unité de l'être dans la diversité des êtres. Anton. univoque :
• 6. ... Dieu est le premier moteur dans l'ordre de la connaissance comme il l'est dans l'ordre de l'être, ou plutôt disons qu'il est premier dans l'ordre de la connaissance parce qu'il est premier dans l'ordre de l'être, et c'est pourquoi l'intellect du chrétien n'a pas le même objet que celui de Platon ou d'Aristote. Que l'être lui soit donné comme univoque ou analogique, il l'appréhende comme une participation à l'être divin, et l'on peut en dire autant de l'acte même par lequel il l'appréhende.
É. GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, t. 2, 1932, p. 63.
• 7. C'est une pareille diversité analogique qu'il nous paraît utile de mettre en lumière, à propos, non plus des régimes politiques, mais des types de culture ou de civilisation chrétienne.
J. MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, p. 150.
• 8. ... ces affirmations ont leur origine dans la conception analogique de l'univers. La poésie issue de la vie secrète ne peut être assimilée à une connaissance que si la structure la plus profonde de l'esprit ou de l'être total et ses rythmes spontanés sont identiques à la structure et aux grands rythmes de l'univers.
A. BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 401.
B.— P. ext.
1. ÉLECTR. Représentation analogique. ,,Représentation dans laquelle les grandeurs (tension, courant, etc.) qui entrent dans les calculs sont représentées par des grandeurs analogues et qui varient de manière identique.`` (SIZ. 1968).
2. ÉLECTRON. Calculateur analogique. ,,Machine qui permet de résoudre un problème mathématique ou autre par analogie. Elle utilise la correspondance ou la similitude de deux systèmes ayant un comportement identique quelquefois dans des situations nettement différentes.`` (Électron. 1963-64) :
• 9. Nous avons insisté en plusieurs occasions sur la différence, presque la divergence, des règles qu'applique l'esprit humain et de celles qu'appliquent les machines arithmétiques pour la réalisation des mêmes opérations. Mais un calculateur analogique, à la différence des machines arithmétiques, trouve son automatisme dans un système de commandes réactionnelles que l'on peut définir, en son principe, comme une action mutuelle des organes de la machine en vue de maintenir l'un de ces organes dans un état invariable; ...
L. COUFFIGNAL, Les Machines à penser, 1964, p. 75.
♦ Calcul analogique. ,,Genre de calcul effectué au moyen d'un dispositif électrique, électronique ou mécanique dans lequel les données sont transformées en valeurs physiques continues (telles que longueurs, angles, intensités ou tensions de courants, etc.) avant d'être traitées. S'oppose au calcul traditionnel sur des quantités discontinues correspondant à des nombres, qui est qualifié de numérique ou arithmétique.`` (Électron. 1959).
3. LINGUISTIQUE
a) [En parlant de faits de lang.] Formation analogique (de mots), phénomènes analogiques :
• 10. ... une chose intéresse particulièrement le linguiste : dans la masse énorme des phénomènes analogiques que représentent quelques siècles d'évolution, presque tous les éléments sont conservés. Les innovations de l'analogie sont plus apparentes que réelles.
F. DE SAUSSURE, Cours de linguistique générale, 1916, p. 235.
• 11. On sait (...) que les résultats de ces analyses spontanées se manifestent dans les formations analogiques de chaque époque; ce sont elles qui permettent de distinguer les sous-unités (racines, préfixes, suffixes, désinences) dont la langue a conscience et les valeurs qu'elle y attache.
F. DE SAUSSURE, Cours de linguistique générale, 1916 p. 258.
b) Dictionnaire analogique. Dictionnaire qui groupe les mots selon leurs rapports de sens :
• 12. Le premier dictionnaire analogique, celui de P. Boissière, avait pour ambition d'être un « répertoire complet des mots par les idées et des idées par les mots ». La fonction de l'analogie était donc définie comme le moyen de faire passer d'un mot à un autre, d'une idée à une autre.
D. DELAS, Nouveau dict. analogique, Paris, Hachette, 1971, av.-apr., p. I.
4. MINÉR. Cristal analogique, chaux carbonatée analogique. ,,Dont la forme présente des rapports remarquables avec des variétés du même genre.`` (Lar. 19e).
DÉR. Analogicité, subst. fém., philos. scolastique. Propriété caractéristique des notions analogiques (Être, Bien, Un, Vrai) (cf. J. MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, p. 197).
Prononc. :[]. Enq. ://.
Étymol. ET HIST. — 1547 « qui est proportionnel à, en rapport avec (au sens math.) » (BUDÉ, Instit. du Prince, édit. J. Foucher, ch. 43 ds HUG. : Selon justice distributive, que le dict philosophe [Aristote] appelle droict analogique, c'est a dire proportionnal); 1554 « conforme à l'analogie » (MAUMONT, Euv. de S. Just., f° 249 v° ds GDF. Compl. : Estant les relations partout esgalement et par raison analogique jointes ensemble).
Empr. au lat. analogicus « id. » (AULU-GELLE, 4, 19, 6 ds TLL s.v., 16, 28 : in libris analogicis), lui-même empr. au gr. « proportionnel, analogique » (PLUTARQUE, M. 1145 a ds BAILLY).
— Analogicité, 1936, supra.
STAT. — Fréq. abs. litt. : Analogique. 41. Analogicité. 2.
BBG. — BAUDHUIN 1968. — BÉL. 1957. — COLIN 1971. — Électron. 1959. — Électron. 1963-64. — GUILH. 1969. — LAV. Diffic. 1846. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — Num. 1969. — PIÉRON 1963. — PIL. 1969. — SIZ. 1968. — SPR. 1967. — TEZ. 1968.
analogique [analɔʒik] adj.
ÉTYM. 1547; du bas lat. analogicus, grec analogikos, de analogia. → Analogie.
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1 Fondé sur l'analogie. || Rapport analogique entre deux choses.
1 Je n'ai jamais éprouvé le plaisir intellectuel que sur le plan analogique. Pour moi la seule évidence au monde est commandée par le rapport spontané, extra-lucide, insolent qui s'établit, dans certaines conditions, entre telle chose et telle autre, que le sens commun retiendrait de confronter.
A. Breton, Signe ascendant.
2 Log. et math. Qui se fonde sur des rapports de similitude entre des objets différents. || Raisonnement analogique. ⇒ Inductif. || Jugement analogique. ⇒ Analogie (par).
3 Ling. Qui vient de l'analogie. || « Vous disez » (incorrect) est analogique de « vous lisez ». || Formation analogique des mots.
2 L'analogie suppose un modèle et son imitation régulière. Une forme analogique est une forme faite à l'image d'une ou plusieurs autres d'après une règle déterminée.
F. de Saussure, Cours de linguistique générale, p. 221.
♦ Dictionnaire analogique, qui effectue des regroupements de mots d'après leur sens.
4 Qui est relatif à une méthode de calcul employant pour la résolution d'un problème son analogie à des mesures continues de phénomènes physiquement différents. || Un voltmètre à cadran est un appareil analogique. || Calculateur analogique (opposé à digital), dans lequel un phénomène physique est représenté par un signal électrique. — Transmission analogique, de signaux qui varient de manière continue entre deux états (opposé à numérique).
♦ Codage analogique, par des fonctions continues (opposé au codage digital, discontinu).
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DÉR. Analogiquement.
Encyclopédie Universelle. 2012.