affubler [ afyble ] v. tr. <conjug. : 1>
• XIIe; « vêtir », « agrafer » 1080; sens péj. déb. XIXe; lat. pop. °affibulare, de fibula « agrafe »
♦ Habiller bizarrement, ridiculement comme si on déguisait. ⇒ accoutrer. « On m'avait affublé d'un chapeau haut de forme » (Vallès). « ces singes que l'on affuble d'une robe » (Jaloux). Pronom. « Elle s'affubla de la robe du prêtre » (Voltaire). Il faut voir comment elle est affublée.
● affubler verbe transitif (latin populaire affibulare, agrafer) Accoutrer, vêtir quelqu'un d'une façon bizarre, ridicule : Elle l'avait affublé d'un costume de marin. Attribuer à quelqu'un quelque chose de ridicule, de fantaisiste : On l'avait affublé d'un surnom méprisant. ● affubler (synonymes) verbe transitif (latin populaire affibulare, agrafer) Accoutrer, vêtir quelqu'un d'une façon bizarre, ridicule
Synonymes :
- attifer
- déguiser
- fagoter (familier)
- ficeler (familier)
affubler
v. tr. Habiller avec un vêtement bizarre ou ridicule. On l'affubla d'un vieux manteau. Syn. accoutrer.
— Pp. Fig. être affublé d'un nom ridicule.
|| v. Pron. S'affubler de nippes multicolores.
⇒AFFUBLER, verbe trans.
A.— Au propre
1. Vx. Vêtir avec un certain apparat. Affubler qqn ou s'affubler de brocart, d'un camail, de la tiare, de son plus beau tartan; affubler qqn des insignes de la dignité consulaire :
• 1. À peine eurent-ils endossé l'habit national, qu'ils s'admirèrent dans ce nouvel accoutrement; le plus mince artisan affublé d'un uniforme regardait avec dédain son confrère en habit bourgeois.
MARAT, Les Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, p. 160.
Rem. Pour cet ex., cf. accoutrement ex. 4 : ,,Vêtement adapté à une fonction (équipement de guerre, de chasse).``
— P. ext. Couvrir le corps ou la tête avec un vêtement, une coiffure, etc. Être affublé (enveloppé dans) de grands draps :
• 2. ... les autres s'en vont, s'affublent de leurs capuchons et de leurs fichus avec lenteur...
COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 65.
Rem. Le ton héroï-comique affleure discrètement dans ces emplois.
2. Cour., péj. Se vêtir en s'écartant de l'usage.
a) De façon démodée, ridicule ou misérable. Être affublé de haillons, de vieux shakos, de sarraus de labour, de costumes excentriques et surannés, de la fourrure d'un mouton :
• 3. ... leur maigreur de lapin vidé et l'exiguïté de leurs personnes flottent dans nos pantalons et nos redingotes, un peu à la façon de la petitesse d'animaux affublés, dans les cirques, de vêtements humains.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, févr. 1876, p. 1121.
b) Dans un but de déguisement. S'affubler de dentelles, de falbalas, de perruques, de bottes espagnoles, de lunettes, d'un masque, d'une barbe.
Rem. Affubler en... Être affublé en portier de comédie, en truand.
— P. anal. [En parlant de choses] :
• 4. ... tout à côté, dis-je — comme la critique à côté de la poésie, — une pauvre petite église luthérienne, coiffée d'un chétif dôme romain, affublée d'un méchant fronton grec, ...
V. HUGO, Le Rhin, 1842, p. 299.
Rem. Au XXe s., la nuance dépréc. est gén.
B.— P. anal. S'affubler de qqn, être affublé de qqn.
1. Être constamment et bizarrement accompagné de quelqu'un :
• 5. ... elle ajouta : « On ne peut plus le voir sans qu'il soit affublé de ce grand escogriffe, de cette espèce de garde du corps. »
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, La Prisonnière, 1922, p. 245.
2. Se coiffer, s'entêter, s'enticher de quelqu'un ou de quelque chose. ,,S'affubler de quelqu'un, l'avoir toujours avec soi.`` (DG) :
• 6. S'affubler de quelqu'un, veut dire s'entêter de lui, en sorte qu'on ne fasse plus rien que par lui.
J.-F. ROLLAND, Dict. du mauvais langage, 1813, p. 5.
C.— Au fig. Affubler qqn ou qqc. de qqc., s'affubler de qqc., être affublé de qqc. Prendre ou faire prendre volontairement à quelqu'un (ou quelque chose) quelque chose qui ne lui appartient ou ne lui convient pas et qui dissimule ce qu'il est ou ce qu'il a :
• 7. Par cette fissure de vanité passa l'ambition de devenir évêque. Je n'y aurais pas pensé de moi-même. D'obligeantes personnes m'en inspirèrent l'idée. Or, pour accéder à l'épiscopat sans remplir les conditions nécessaires, il faut en donner du moins l'illusion. Ce qu'on n'a pas, on l'emprunte, on s'en affuble, on se travestit et, par ces mensonges, on se diminue sans se l'avouer, puis on se l'avoue en se le reprochant, puis on cesse de se le reprocher, tout en persévérant dans des simulacres et en faisant fi de plus en plus des principes essentiels qui devraient commander notre vie intérieure.
A. BILLY, Introïbo, 1939, p. 65.
• 8. Nous vivions affublés d'hypocrisie et de loques, tout cheveu et toute espérance tondus de près.
H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 73.
Rem. 1. Synon. couvrir, recouvrir, emprunter, cacher. 2. Syntagmes rencontrés affubler sa pensée, « la cacher »; affubler qqn d'un nom, d'un nom d'emprunt, d'un faux nom, d'un nom grec, d'un sobriquet, d'une identité fausse, d'épithètes ridicules, des qualificatifs les plus retentissants de la langue, d'un vocable infamant, de calomnies, de ridicule; s'affubler d'un nom, d'un titre, d'un rôle, d'une maladie, d'une passion, de ridicule, d'ignominie. 3. L'ex. 8 participe à la fois du sens propre et du sens fig.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[afyble], j'affuble []. Enq. :/afybl/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : affublement. — Rem. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. afubler avec un seul f.
Étymol. ET HIST. — 1. Sens propre a) 1080 trans. « recouvrir (qqn d'un vêtement) » (Roland, 462, Müller ds GDF. : Afublez est d'un mantel sabelin); XVe s. pronom. (Moralité de charité, Anc. Th. fr., III, 384, ibid. :Tien ceste robbe, afflube toy) vx en ce sens au XVIIe s. et considéré désormais comme burlesque (cf. RICH.); b) 1666 burlesque « habiller ridiculement » (COTIN, Crit. desintér., 53, Nouv. coll. Moliér. ds BRUNOT t. 4, p. 595 : Affublez une mariée de village d'un manteau royal... elle en sera seulement plus ridicule), empl. ordin. avec le pron. pers. (cf. Ac. 1694), sens prédominant dès lors; 2. fig. a) fin XIIe s. « recouvrir (comme un manteau), envelopper (qqn ou plus gén. qqc. de qqc.) » (Rou, II, 1486 ds T.-L. : Tant le [le cheval] hasta de puindre, qu'un[s] bois l'out affublé); b) 1600 pronom. « se charger » (ST FRANÇOIS DE SALES, Defense de la Croix, I, 5 ds HUG. : ... pourquoy n'honnorerons-nous le bois duquel Nostre Seigneur s'affeubla au jour de son exaltation...?); c) 1690 expr. s'affubler de qqn « s'enticher de qqn » (FUR. : On dit au figuré avec le pronom personnel, s'affubler de quelqu'un, pour dire, en être coeffé et entesté).
Empr. au lat. vulg. affibulare « agrafer » (de fibula « boucle, agrafe »), attesté seulement au XIIe s. (HUGUES DE CLÈRES ds DU CANGE : Pallium, quo in Curia Affibulatus erit, Dispensatori dabitur), d'où l'a. fr. afibler « id. » très rare, puis afubler, aflubler (l'i s'étant labialisé en u entre les 2 labiales f, b). Afflubler signifia effectivement dans un sens primitif « agrafer, attacher en agrafant, souvent le manteau ou le chaperon dont on se couvrait » (fin XIIe s., Les Loher., Ars. 3143 f° 4 b ds GDF. : Et puis li ont .I. mantel aflunbé), attesté jusqu'au XVe s. (GAGUIN, Comm. de Ces., ibid.), maintenu toutefois sous la forme dial. affuler au sens partic. et restreint de « coiffer », à rapprocher de « attacher ». De là, l'expr. affubler un manteau pour dire « le vêtir, s'en couvrir », d'où l'accept. encore plus étendue de « couvrir, revêtir, habiller », attestée néanmoins la 1re en discours. L'ordre d'attest. en discours se révèle inverse de l'ordre de filiation en lang.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BRUANT 1901. — DUP. 1961. — GUIZOT 1864. — LAF. 1878. — LAV. Diffic. 1846. — LE ROUX 1752. — LUNDQUIST (E. R.). La Mode et son vocabulaire. Quelques traces de la mode féminine du moyen âge suivis dans leur évolution sémantique. Göteborg, 1950, pp. 39-46; p. 63, 171. — POPE 1961, p. 486, 1137. — SARDOU 1877. — SOMMER 1882. — Synon. 1818.
affubler [afyble] v. tr.
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1 Vx (langue class.). Vêtir.
1 Toutes deux bien seules et bien affublées (…)
2 (1666). || Affubler qqn de… Habiller bizarrement, ridiculement, comme si on déguisait. ⇒ Accoutrer, déguiser, fagoter (fam.), travestir. || On avait affublé l'enfant d'un costume d'adulte ridicule. — (Sans compl. second). || Elle affuble ses enfants.
2 On m'avait affublé d'un chapeau haut de forme que j'avais brossé à rebrousse-poil et qui se dressait comme une menace sur ma tête.
J. Vallès, l'Enfant, p. 52.
3 Nous sommes pareils à ces singes que l'on affuble d'une robe ou d'un pantalon et qui nous parodient gravement (…)
Edmond Jaloux, le Jeune Homme au masque, p. 232.
3.1 (…) les chefs ont enfin un costume et ne sont plus ridiculement affublés de dépouilles européennes. Ils portent le boubou des Bornouans ou des Haoussas, bleu ou blanc, orné de broderies.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 772.
3 Fig. || Affubler… de… Donner à qqn un attribut, un nom, un qualificatif qui ne convient pas. || Affubler qqn d'un nom, d'un faux nom, d'un sobriquet. || Affubler qqn d'épithètes ridicules.
4 À peine se reconnaîtraient-ils (les hommes illustres) dans le héros qu'on affuble de leur nom.
F. Mauriac, la Vie de Jean Racine, p. 3.
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s'affubler v. pron.
♦ || S'affubler de… : se vêtir de façon bizarre avec… || Il s'était affublé d'un costume excentrique.
4.1 Rul, très éprise de parure, fut aussitôt fascinée par ce corset rouge et ces épingles d'or dont elle rêvait de s'affubler.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 245.
♦ Par métaphore :
5 (…) il est souvent nécessaire d'arracher aux âmes ce masque de fausse humilité dont elles s'affublent.
F. Mauriac, la Pharisienne, V.
♦ Fig. || S'affubler d'un nom, d'un titre : s'en parer de façon ridicule.
♦ (1690). || S'affubler de quelqu'un : l'avoir toujours avec soi. — Au passif. || Il est toujours affublé de cet olibrius.
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affublé, ée p. p. adj.
♦ || Il est ridiculement affublé. — Affublé d'un nom grotesque.
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DÉR. Affublement.
Encyclopédie Universelle. 2012.