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accuser

accuser [ akyze ] v. tr. <conjug. : 1>
• 980; lat. accusare
1Signaler ou présenter (qqn) comme coupable (d'une faute, d'une action blâmable, d'un défaut). attaquer, charger, dénoncer, diffamer, incriminer. « Je n'accuse personne et vous tiens innocente » (P. Corneille). « Incapable d'accuser quelqu'un sans preuves » (Bourget). Accuser (qqn) de..., lui faire grief de. ⇒ taxer. On l'accuse des pires méfaits, d'un crime, d'avoir tué, empoisonné sa femme. PROV. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage : on juge sévèrement ce qu'on a décidé de supprimer, de détruire. — Pronom. S'accuser : s'avouer coupable ( autoaccusation) . « Qui s'excuse s'accuse » (Stendhal). Il s'accusa d'imprudence. aussi s'entraccuser. Fig. Accuser le sort, les événements, les rendre responsables (d'un mal).
2Dr. Déférer (une personne soupçonnée d'un crime) devant la cour d'assises. accusation, accusé; impliquer, inculper; citer, poursuivre.
3Signaler, rendre manifeste. Relig. Accuser ses péchés. confesser. Accuser réception : donner avis qu'on a reçu. Accuser réception d'une lettre.
4Fig. indiquer, montrer, révéler. Rien dans son comportement n'accusait son désarroi. trahir. Son visage accuse la fatigue, l'âge. Loc. fam. Accuser le coup : montrer par ses réactions qu'on est affecté, physiquement ou moralement.
5(XVIIe) Faire ressortir, faire sentir avec force. accentuer, dessiner, marquer. La lumière accuse les reliefs. Robe moulante qui accuse les formes du corps. P. p. adj. Un type physique très accusé. Des traits accusés.

accuser verbe transitif (latin accusare) Déférer quelqu'un en justice pour un délit ou un crime. Reprocher à quelqu'un une faute, un délit ou toute action ou attitude jugée blâmable : On m'accuse d'avoir menti. Tenir quelque chose pour responsable d'une situation, d'un événement fâcheux : Il accuse le sort, la malchance. En parlant de quelque chose, signaler quelqu'un comme coupable : Tout l'accuse de ce vol. Montrer, témoigner, mettre en évidence un état, une caractéristique : Visage dont les traits accusent une grande fatigue. Souligner une forme, la mettre en relief ; accentuer, faire ressortir : La lumière accusait les traits de son visage. Indiquer quelque chose de manière très marquée : Les ventes accusent une forte baisse.accuser (citations) verbe transitif (latin accusare) Émile Zola J'accuse. Commentaire Le 22 décembre 1894, les autorités militaires avaient condamné le capitaine Dreyfus pour crime de trahison. À la suite d'une demande de révision du procès, certaines irrégularités du dossier furent mises en évidence, et, le 13 janvier 1898, Émile Zola, dans une lettre ouverte au président de la République qui avait pour titre « J'accuse », attaquait dans le journal l'Aurore ces mêmes autorités. Les chefs de l'armée la jugèrent diffamatoire, et Zola fut iniquement condamné à un an de prison et à 3 000 francs d'amende. ● accuser (expressions) verbe transitif (latin accusare) Familier. Accuser le coup, montrer par son attitude qu'on a été durement affecté par un événement, une attaque. Accuser réception de quelque chose, notifier à l'expéditeur la réception de quelque chose. ● accuser (synonymes) verbe transitif (latin accusare) Déférer quelqu'un en justice pour un délit ou un crime.
Synonymes :
- attaquer
- citer
- inculper
- poursuivre
Reprocher à quelqu'un une faute, un délit ou toute action...
Synonymes :
- attaquer
- blâmer
- charger
- critiquer
- dénoncer
- faire grief à
- incriminer
- reprocher à
Contraires :
- décharger
- défendre
- disculper
- innocenter
- justifier
- laver
Montrer, témoigner, mettre en évidence un état, une caractéristique
Synonymes :
- indiquer
- marquer
- révéler
- singaler
- témoigner
- trahir
Souligner une forme, la mettre en relief ; accentuer, faire ressortir
Synonymes :
- accentuer
- marquer
- souligner
Contraires :
- atténuer
- estomper

accuser
v. tr.
d1./d Présenter comme coupable (qqn). On m'accuse sans preuve.
Accuser qqn de qqch, l'en tenir pour coupable. Tu m'accuses de négligence.
|| v. Pron. S'avouer coupable. Il s'accuse des pires méfaits.
d2./d Dénoncer (qqn) à la justice. Accuser quelqu'un d'un meurtre.
d3./d Faire ressortir, accentuer. L'âge a accusé leurs différences.
d4./d Révéler par ses apparences. Cet homme accuse son âge.
|| Manifester une réaction à (une douleur, une émotion). Boxeur qui accuse un coup.

I.
⇒ACCUSER1, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— DR. Déférer à la justice un individu désigné comme l'auteur d'une infraction, d'un délit ou d'un crime, afin de le faire condamner :
1. Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu'elle a prescrites.
Déclaration des droits de l'homme, 1789, art. 7.
B.— Courant
1. Accuser qqn de qqc. Reprocher, imputer à qqn un défaut, une faute, une action coupable et répréhensible.
[Le compl. d'obj. second. est exprimé, le suj. désigne une pers. ou une chose] ,,On l'accusa d'avoir eu des intelligences avec les ennemis.`` (Ac. 1835-1932) :
2. FABIO. — Rassurez-vous, madame! J'ai honte d'avoir fait cet éclat et d'avoir cédé à un premier mouvement de surprise. Vous m'accusez d'imposture, et votre belle bouche ne peut mentir. Vous l'avez dit, je suis fou, j'ai rêvé.
G. DE NERVAL, Les Filles du feu, 1854, p. 672.
3. Il ne faut jamais dire aux jeunes gens qu'ils font des enfantillages : rien ne les excite davantage. Et en vérité on ne peut guère accuser la jeunesse d'enfantillages, car elle a une force bouillante et active qui peut amener de grands désastres. Il faut, au contraire, compter sérieusement avec elle.
L.-E.-E. DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, p. 20.
[Le compl. d'obj. second. n'est pas exprimé, le suj. désigne une pers. ou une chose personnifiée] :
4. Voulez-vous de mes jours?... sans cesse je prie, sans cesse je pleure; je n'ose regarder le ciel, la nature entière m'accuse, et la prière, les privations ne me paroissent jamais assez sévères!...
H. DE BALZAC, Annette et le criminel, t. 2, 1824, pp. 179-180.
5. Il disait sans amertume : « j'ai de grands talents, mais on les a pour rien, c'est comme si j'étais un crétin! » Et il se condamnait au lieu d'accuser les hommes.
H. DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1848, p. 128.
2. Accuser qqc. de qqc. Reprocher à qqc. un état de fait, une situation (que l'on voudrait voir s'améliorer).
[Le compl. d'obj. second. est exprimé, le suj. désigne une pers. ou une chose] :
6. Emma portait sa lettre au bout du jardin... Rodolphe venait l'y chercher et en plaçait une autre, qu'elle accusait toujours d'être trop courte.
G. FLAUBERT, Madame Bovary, 1857, p. 180.
[Le compl. d'obj. second. n'est pas exprimé, le suj. est une pers. ou une chose personnifiée] :
7. Je n'ai pas cru cependant à la nécessité du décret qui vous fut proposé de juger sans désemparer. Ce n'est pas que je me détermine par le motif de ceux qui ont cru que cette mesure accuseroit la justice, ou les principes de la convention nationale.
M. ROBESPIERRE, Discours, Sur le jugement de Louis XVI t. 9, 1792, p. 186.
8. Accusez les choses, les événements de la vie, ses traverses, mais ne m'accusez pas. Je n'ai jamais cessé un moment d'être le même pour vous. Il est vrai que le devoir, ou ce qui me paraissait tel, m'a poussé en des voies qui, à quelques égards, semblaient nous séparer.
F.-R. DE LAMENNAIS, Lettres inédites... à la baronne Cottu, 1841, p. 311.
Rem. Cf. en emploi abs., le célèbre J'accuse, titre d'un art. d'É. ZOLA paru dans l'Aurore du 13 janv. 1898 :
9. Aux yeux de notre ami, le fameux article J'accuse... est « l'affirmation courageuse d'une conscience convaincue..., un acte qui fait honneur à l'homme et à l'artiste et ne peut inspirer à tous les esprits impartiaux que de la sympathie. »
G. CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 249.
II.— Emploi pronom. [Le compl. d'obj. second. est ou n'est pas exprimé]
A.— Forme réfléchie. S'accuser de qqc. Se reconnaître coupable, se confesser :
10. Mes rêves ne vont pas au-delà des horizons qui bornent ces campagnes. Et pourtant je sens que ma présence à Paris ne vous serait pas tout à fait inutile, je sens qu'en plus d'une occasion je pourrais vous être de quelque secours. Il y a des instants où ma sollicitude s'effraie, où ma tendresse s'épouvante, des instants où je m'accuse d'égoïsme, où je me demande si ma place n'est pas auprès de vous.
J. SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 37.
En partic., RELIG. ,,Déclarer ses péchés au prêtre au tribunal de la Pénitence.`` (Ac. t. I 1932). ,,Il faut s'accuser de tous ses péchés`` (Ac. 1798-1932) en confession.
B.— Forme réciproque. S'accuser de qqc. Se reconnaître mutuellement coupable :
11. Ainsi la haine entre les deux partis ne s'était point assoupie; ils continuèrent à s'accuser des crimes les plus odieux. Les Armagnacs rapportaient que le duc de Bourgogne avait formé le dessein de faire tuer à Auxerre les princes d'Orléans et le duc de Berri; qu'il avait communiqué ce projet aux sires de Jacqueville et Désessart; que celui-ci s'était refusé à ce crime, et en avait fait secrètement prévenir les princes.
P. DE BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 3, 1821-1824, pp. 323-324.
II.
⇒ACCUSER2, verbe trans.
I.— Emploi trans. [Le compl. d'obj. dir. est un inanimé, le suj. est soit un animé, soit un inanimé]
A.— Faire ressortir, mettre en évidence, accentuer :
1. ... les Grecs, avec leur esprit puissamment logique, accentuaient d'instinct l'essentiel. Ils accusaient les traits dominants du type humain.
A. RODIN, L'Art, 1911, p. 62.
En partic., B.-A. Accuser un contour. ,,Cette locution s'applique surtout, en peinture et en dessin, aux indications énergiquement accentuées soit des draperies qui recouvrent certaines parties des figures, soit des différents plans d'un paysage. On l'emploie aussi pour indiquer que l'artiste a précisé, par un trait ferme et plein, les vagues indications d'une ébauche esquissée à l'aide de traits légers, indécis et interrompus.`` (J. ADELINE, Lexique des termes d'art, 1884).
B.— Révéler, faire apparaître, laisser paraître :
2. Or, un matin, un mois auparavant, le concierge étant sur sa porte et fumant avec un flegme tout britannique, un jeune homme de vingt-sept à vingt-huit ans, dont la tournure et les vêtements semblaient accuser une origine d'Outre-Manche, lui adressa la parole en anglais et demanda à voir le pavillon.
P.-A. PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 140.
3. ... la nature des roches accuse un mode de sédimentation peu favorable aux organismes.
A. DE LAPPARENT, Abrégé de géologie, 1886, p. 158.
4. La marquise était vraiment surprenante, toute la classique beauté romaine épanouie, grande, forte, très brune, avec une tête de déesse, aux traits réguliers, un peu massifs, n'accusant son âge que par le duvet dont sa lèvre supérieure était recouverte.
É. ZOLA, Rome, 1896, p. 108.
En partic., dans le domaine de la méd. :
5. Souffrit-il beaucoup? Une fois la raison détruite, on peut croire que non. Et pourtant si ces malades n'accusent pas de douleur précise ils font voir une agitation constante bien différente de l'apaisement d'une non-douleur.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 2, 26 févr.-1er sept. 1898, p. 42.
6. La conscience... accuse des troubles que nous ne serons pas capables de mettre en évidence d'une manière objective.
P. JANET, Les Obsessions et la psychasthénie, 1903, p. 263.
Loc. : . Accuser réception d'une lettre, d'un paquet... Prévenir l'expéditeur de la réception de son envoi :
7. Le comte Bertrand, en la lui adressant, le priait de vouloir bien lui en accuser réception; mais ce pauvre homme loin d'avoir pu accuser une telle réception, n'avait même pas eu connaissance de la lettre du comte Bertrand.
E.-D. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 596.
Accuser son point (dans les jeux de cartes). Annoncer :
8. J'accuse un mariage en carreau, j'accuse vingt en trèfle.
J. HUMBERT, Nouveau glossaire genevois, 1852, p. 52.
Fam. Accuser le coup. Absol., Accuser. Laisser paraître qu'on est affecté d'une chose (au physique ou au moral) :
9. ... David va à terre. Il n'a pas le temps d'être compté, mais il accuse nettement.
A.-O. GRUBB, L'Auto, 16 avr. 1934, p. 4.
II.— Emploi pronom. Se marquer, s'accentuer, se révéler :
10. Comme il arrivait à cette rue neuve du Vingt-Septembre, ouverte sur le flanc et sur le sommet du Viminal, Pierre fut frappé de la somptuosité lourde des nouveaux palais, où s'accusait le goût héréditaire de l'énorme.
É. ZOLA, Rome, 1896, p. 89.
11. Le jour a perdu sa jeunesse et trouvé la plus noble maturité. C'est l'heure où le modelé s'accuse avec le plus de puissance. De minute en minute les ombres bleues s'étendent, cependant que le soleil incliné défend qu'on le regarde et des coulées jaunes commencent de glisser vers le Nil.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 6, 1907-1908, p. 211.
Rem. Dans ces 2 ex., il s'agit d'un emploi pronom. proche du passif.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[akyze], j'accuse []. Enq. :/akyz/. 2. Homon. : accusé adj. et subst. masc. 3. Dér. et composés : accusable, accusataire, accusateur (-trice), accusatif, accusation, accusatoire, accusatoirement, accusée (-ée), accuseur, coaccusé, excuser, réaccuser, récuser. — Rem. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose accuser ou acuser avec un seul c. Pour le redoublement de c, cf. accabler.
Étymol. ET HIST.
I.— Objet animé. 1. Xe s. terme jur. « mettre en cause, porter accusation contre qqn aux fins de condamnation en justice » (sans indication de motif) (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 203 : Fortment lo vant il acusand, La soa mort mult demandant; et ibid. 215 : Judeu l'acusent, el se tais); 2. id. avec indication de motif, 1155 (WACE, Brut, partie arthurienne, éd. Arnold et Pelan 2148 : Et an semonant te comande Que tu soies an mi aost A Rome a lui, que qu'il te cost, Aparelliez de fere droit De ce que tu li as toloit Si feras satisfaction De ce que nos t'acuseron).
II.— Objet inanimé. 1. ca 1152 terme jur. « dénoncer, incriminer (un fait répréhensible) pour exciter la réprobation » (Li dialoge Gregoire lo Pape, éd. W. Fœrster, 15, 3 ds T.-L. : n'acusat pas lo visce del pere de l'abie); 1173 « révéler (le corps d'un délit) » id. (Aiol et Mirabel, éd. W. Fœrster, 9 735 ds T.-L. : ilor fu acussés Uns mout tresgrans tressors qu'il quidoient enbler); 2. ca 1205 « signaler (qqc.) dans un esprit hostile » (Guillaume de Palerne, éd. H. Michelant, 1062 : tot ce qui me plaist refusent Et ce que celer voel acusent).
Empr. au lat. jur. accusare au sens I 1 dep. PLAUTE, Asinaria, 491 ds TLL, 350, 21 (cf. Vulg. Marc., XV, 3 : et accusabant eum summi sacerdotes), au sens I 2 dep. CICÉRON, Verr., 2, 43, ibid., 351, 10; ces 2 emplois très attestés en lat. médiév. jur. (ds Mittellat. W. s.v.); au sens II 1 dep. PLAUTE, Epidicus, 549 ds TLL, 353, 36; cf. SÉNÈQUE, Controversiae, 2, 6, 5, ibid., 353, 71 : vitia patris; pas d'équivalent ds Mittellat. W. s.v.; II 2 semble un élargissement de sens de II 1; cf. aussi au sens de « signaler » [part. passé] Leges Wisigoth., 4, 5, 6 ds Mittellat. W. s.v. accusatus, adj. : accusatum sibi negotium destitit iudicare iudex. Hyp. EWFS2 qui voit en II 2 [XIIe] un développement pop. à partir du lat., en I, II 1 [XIIIe s.] une réfection de II 2 d'apr. le lat., fait appel à une distinction inutile : I très anciennement attesté, est directement empr. au lat. et non dû à une réfection d'apr. le lat., d'un 1er sens « signaler »; de même II 1; II 2 est une ext. de II 1.
STAT. — Fréq. abs. litt. :4 419. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 7 354, b) 6 509; XXe s. : a) 6 968, b) 4 836.
BBG. — BAR 1960. — BARR. 1967. — BÉNAC 1956. — Bible 1912. — BLANCHE 1857. — BONNAIRE 1835. — HANSE 1949. — LACR. 1963. — LAFON 1963. — MARCEL 1938. — Pol. 1868. (s.v. accusation). — RÉAU-ROND. 1951. — SPR. 1967. — ST-EDME t. 1 1824. — THOMAS 1956.

accuser [akyze] v. tr.
ÉTYM. 980; du lat. accusare, de ad- (ac-), causa (→ Cause), et élément verbal.
———
I
1 Dr. Déférer (une personne soupçonnée d'un crime) devant la cour d'assises. Accusation (I.), accusé (I.); et aussi impliquer, inculper, poursuivre. || Il a été accusé de meurtre. || Il avait été accusé injustement.
1 Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu'elle a prescrites.
Déclaration des droits de l'homme, 1789, art. VII.
1.1 Dès que l'animal est tué, le don de la parole est par les dieux pitoyables donné aux siens, afin qu'ils puissent accuser le meurtrier et soutenir l'accusation pendant le procès.
Henri Michaux, Face aux verrous, p. 152.
2 Signaler ou présenter (qqn) comme coupable (d'une faute, d'un défaut, d'une action blâmable, répréhensible). Attaquer, charger, dénoncer, dénigrer, diffamer, incriminer, vilipender (→ Mettre sur le compte de, faire le procès de, jeter la pierre à, rejeter une faute sur).Accuser qqn de, lui faire grief de. Taxer. || Accuser qqn d'imposture. || On l'accuse des pires méfaits, d'un crime, d'avoir tué sa femme; on l'en accuse. || Il accuse son voisin d'avoir cassé les vitres. || Je n'accuse personne; je ne vous accuse pas.Absolt. || Accuser sans raison (→ ci-dessous, cit. 8).Par ext. || On l'accuse d'être prétentieux, méprisant, on lui reproche de…
2 Je n'accuse personne et vous tiens innocente.
Corneille, Rodogune, V, 4.
3 D'un amour criminel Phèdre accuse Hippolyte !
Racine, Phèdre, IV, 2.
4 Ne les accusons point; plaignons plutôt ces gens.
La Fontaine, Fables, X, 7.
5 Quelqu'un lui dit alors : « N'en accuse que toi ».
La Fontaine, Fables, V, 18.
6 Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.
Molière, les Femmes savantes, II, 5.
7 Les gens superficiels l'accusent de froideur.
Balzac, la Recherche de l'absolu, Pl., t. IX, p. 475.
8 Soudain, tous furent d'accord sur ceci : que le monde accuse, soupçonne et calomnie avec une déplorable facilité.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 129.
9 (…) il se défendit en l'accusant à son tour, elle, de l'avoir ainsi soupçonné.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 234.
10 Il me sait tellement incapable de lui mentir, tellement incapable aussi d'accuser quelqu'un sans preuves !
Paul Bourget, Un divorce, II, p. 84.
3 (1152). Blâmer (qqch.), arguer de la faute de (qqch.). Imputer (à), insinuer. || Accuser un texte d'être obscur. || Accuser les événements, le sort.
11 Il accusait toujours les miroirs d'être faux.
La Fontaine, Fables, I, 11.
12 Vous avez bien sujet d'accuser la nature.
La Fontaine, Fables, I, 22.
13 On pense en être quitte en accusant son sort.
La Fontaine, Fables, V, 11.
14 L'intérêt, que l'on accuse de tous nos crimes.
La Rochefoucauld, Maximes, 305.
4 Spécialt (relig. cathol.). || Accuser ses péchés, les avouer. Confesser.
———
II
1 (Mil. XVIe, Montaigne). Sujet n. de chose. Servir de preuve, d'indice; rendre manifeste. Indiquer, montrer. || Ses vêtements accusaient son origine étrangère. Révéler. || Rien dans son comportement n'accusait son désarroi.
15 Car je n'en doute point, cette jeune beauté
Garde en vain un secret qui trahit sa fierté,
Et son silence même, accusant sa noblesse
Nous dit qu'elle cache une illustre princesse.
Racine, Iphigénie, I, 2.
16 L'innocent accusé d'espionnage
se trouble. Toute son attitude l'accuse,
et il tombe évanoui
entre les gardes municipaux.
Cocteau, Discours du grand sommeil, 4.
(Sujet n. de personne). Marquer. || Accuser la fatigue, son âge, les laisser deviner, par l'aspect extérieur.
16.1 Blaud est un gros garçon bien en chair (…) il accuse quarante-deux ans, mais ne paraît pas son âge.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 774.
2 Loc. (1627, accuser la réception de…). Accuser (signaler) réception, donner avis qu'on a reçu. || Accuser réception d'une lettre, d'un colis.
(1690). || Accuser son jeu (aux cartes), le faire connaître.
Loc. (1927, in G. Petiot; sports). Accuser le coup : laisser voir qu'un coup a durement touché.
Fam. || Accuser le coup, et, absolt, accuser (1934) : montrer par ses réactions qu'on est affecté, moralement ou physiquement. || Après deux nuits blanches, il accusait nettement le coup.
16.2 (…) Il s'esclaffa :
— Peur de qui, de quoi ? de Nane ? Tu vois la mignonnette nous précipiter aux abîmes !
Geneviève lui répondit, soudain très dure :
— Tu la perdras et je le perdrai.
Il y eut un temps. Il dut accuser le coup.
Maurice Clavel, le Tiers des étoiles, p. 211.
3 (XVIIe). Faire ressortir, faire sentir avec force. Accentuer, marquer. || Accuser les différents points d'un exposé.Spécialt (arts). Faire ressortir un détail plastique. Dessiner, souligner. || La lumière accusait les contours, les reliefs.
17 La moindre ombre se remarque sur ces vêtements qui n'ont pas encore été salis, et leur vive blancheur en accuse toutes les taches.
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
18 La pénombre en accusant les reliefs osseux, sculptait bizarrement le masque de Paterson.
Martin du Gard, les Thibault, VII, 53.
19 Paris détruit les types que la province accuse.
F. Mauriac, la Province, p. 13.
——————
s'accuser v. pron.
1 (Personnes). S'avouer, se reconnaître coupable. || S'accuser d'un crime.Il s'accuse de son ingratitude.Spécialt. || S'accuser de ses péchés (relig. cathol.) :, se confesser. — ☑ Prov. Qui s'excuse s'accuse.
20 Il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi.
La Fontaine, Fables, VII, 1.
21 Il y a (…) des instants où je m'accuse d'égoïsme, où je me demande si ma place n'est pas auprès de vous.
Jules Sandeau, Sacs et Parchemins, p. 37, in T. L. F.
22 À mesure qu'il parlait, il se sentait le cœur plus libre, cela le soulageait de s'accuser.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « L'enfant espion ».
23 (…) il s'accusa, le samedi, en confession, « d'avoir formé des jugements téméraires sur la piété d'un saint évêque ».
Renan, Souvenirs d'enfance…, Œ. compl., t. V, 1.
2 (Choses). Se marquer, être mis en relief. S'accentuer. || Avec les années, son goût pour la boisson s'accusait.
24 Les traits les plus marquants d'un caractère se forment et s'accusent avant qu'on en ait pris conscience.
Gide, Si le grain ne meurt, VIII, p. 215.
CONTR. (Du I.) Blanchir, décharger, défendre, disculper, innocenter, justifier, laver. — (Du II.) Atténuer, estomper.
DÉR. Accusable, accusé.

Encyclopédie Universelle. 2012.