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estomper

estomper [ ɛstɔ̃pe ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1666; de estompe
1Dessiner, ombrer avec l'estompe. Adoucir un trait en l'estompant.
2(1840) Rendre moins net, rendre flou. 1. voiler. « Un jour gris, avec cette fausse brume qui s'accroche aux arbres sans feuilles, estompait la silhouette de verre du Grand Palais » (Aragon). Pronom. Le paysage s'estompe dans la brume.
3Fig. Rendre moins vif (un souvenir, un sentiment). adoucir, atténuer, 1. voiler. Le temps estompe les souvenirs, la douleur. Pronom. Pourquoi certaines images « s'estompent puis s'effacent si vite » (Maurois). Les haines, les rancœurs s'estompent.
⊗ CONTR. Accuser, cerner, dessiner, 1. détacher. Préciser. Aviver, raviver.

estomper verbe transitif (de estompe) Adoucir ou ombrer un dessin avec l'estompe. Couvrir quelque chose d'une ombre unie ou légèrement dégradée en voilant les traits : Retoucher une photographie en estompant les rides. Couvrir quelque chose d'ombre en en rendant les contours incertains : La brume estompe les collines. Atténuer la rudesse ou l'acuité de quelque chose : Estomper les difficultés de l'entreprise.estomper (synonymes) verbe transitif (de estompe) Couvrir quelque chose d'ombre en en rendant les contours incertains
Synonymes :
- ombrer
- tamiser
- voiler
Atténuer la rudesse ou l'acuité de quelque chose
Synonymes :
- adoucir

estomper
v. tr.
d1./d Passer à l'estompe, ombrer.
d2./d Par anal. Voiler, rendre flou. L'ombre estompait les cimes.
Fig. Atténuer, adoucir. Estomper un récit.
|| v. Pron. Ses souvenirs s'estompaient.

⇒ESTOMPER, verbe trans.
A.— B.-A. Rendre moins intense la valeur d'un trait ou d'une masse colorée en étendant le crayon ou le pastel au moyen de techniques diverses. Il usa largement de la couleur et n'en put estomper finement les contours (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, 1858, p. 22). [Dans l'exécution de son œuvre] (...) son pouce [de Rodin] qui était revenu sur les traits pour les estomper, avait interprété par un très léger nuage le charme du modelé (RODIN, Art, 1911, p. 147) :
1. Et il y avait plaisir à le voir travailler, deux pinceaux dans la même main, l'un plus fin et chargé d'une couleur plus intense, attaquant le trait, l'autre plus gros et plus aqueux, élargissant et estompant le trait — cela avec un tour de main de jongleur.
GONCOURT, Journal, 1878, p. 1272.
Emploi pronom. passif. Les noirs s'affirment ou s'estompent [Rembrandt — « Les Syndics ».] (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 363).
P. ext. [À propos d'un autre domaine artistique] Exprimer de façon atténuée. Tantôt il [Maurice Ravel] estompe les motifs, les relègue dans les espaces lointains (LÉVINSON, Visages danse, 1933, p. 113).
B.— P. anal., littér. Rendre flou, indistinct; voiler d'une ombre légère. Ce brouillard d'argent qui estompe les collines (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 107). La nuit estompant tout ce qu'elle dessine et le clair de lune ne faisant jamais rien que d'indécis (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 409). Dans une brume bleue qui en estompait les contours, la silhouette de la cathédrale dessinée sur le ciel (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 311).
Emploi pronom. à sens passif. Devenir indistinct, se fondre dans. Une grisaille, où les lignes s'estompaient, s'enfonçaient, émergeaient par moments, s'effaçaient de nouveau (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 688) :
2. Mais souvent le poète se plaît à ces impressions de rêve et recherche les paysages d'automne, les nocturnes, les heures incertaines et crépusculaires, où s'effacent les contours trop aigus des objets. Il a évoqué sans lassitude ces moments, propices à la rêverie, où la nature s'estompe et s'embrume...
BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 280.
C.— Au fig.
1. Rendre imprécis. En estompant, à force de subtilité, tous les contours d'une idée, on échappe à la critique, même en soutenant les thèses les plus invraisemblables (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 1).
Emploi pronom. à sens passif. Devenir imprécis; passer au second plan. Peu à peu les chiffres précis s'estompent (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 191). La notion même des fonctions économiques fondamentales que doivent remplir le prix, le salaire, le profit s'estompe, cet effacement se répercutant à son tour dans les pratiques institutionnelles, les mœurs et les états d'esprit (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 531).
2. Atténuer. (Quasi-)synon. adoucir, édulcorer. Le temps n'adoucit rien, principalement la rancune, mais il estompe, il embrume tout (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. IV). Aussi a-t-il essayé d'estomper, d'effacer presque, tant d'exagérations imprudentes (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 518).
Prononc. et Orth. :[], (j')estompe []. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. 1666-99 [éd. 1730] B.-A. (Mémoires de l'Académie des sciences, t. 9, p. 659); 1676 (FÉLIBIEN Dict., p. 585); 2. 1836 « rendre moins net, rendre flou » (BALZAC, Lys, p. 30 : horizons estompés). Dér. de estompe; dés. -er. Fréq. abs. littér. :108.
DÉR. Estompage, subst. masc. a) B.-A. Action d'estomper; résultat de cette action. Des images troubles [les femmes de Lemoine] délicieusement vagues (...) qui se rapprochent, avec un peu moins de légèreté, de l'estompage gris de quelques rares études d'Honoré Fragonard (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, 1881, p. 106). Le fondu des plans (...) préfigure l'estompage du contour par Léonard (MALRAUX, Voix sil., 1951, p. 83). b) Au fig. Le bleuissement, l'estompage vaporeux du soir montait insensiblement (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 2). []. 1res attest. a) 1860 B.-A. (ID., Journal, p. 805). b) 1867 au fig. (ID., loc. cit.); du rad. de estomper, suff. -age. Fréq. abs. littér. : 3.

estomper [ɛstɔ̃pe] v. tr.
ÉTYM. V. 1666, var. estomber; de estompe.
1 Dessiner, ombrer avec l'estompe. || Adoucir un trait en l'estompant. || Estomper légèrement un dessin.
2 (1840). Rendre moins net, rendre flou. Voiler. || Des vapeurs estompent les collines.(Passif et p. p.). || Paysage estompé d'ombre.
1 Tous ces détails, estompés par le crépuscule, se dessinaient de plus en plus dans le jour grandissant.
Hugo, les Misérables, IV, III, VIII.
2 Toute couleur avait disparu pour ne laisser voir qu'un dessin tantôt estompé d'ombres confuses, tantôt rayé de larges traits de lumière (…)
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 31.
3 Un jour gris, avec cette fausse brume qui s'accroche aux arbres sans feuilles, estompait la silhouette de verre du Grand Palais.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 260.
3 Fig. (Souvenir, sentiment, caractère). Rendre moins vif, diminuer la force, la violence de… (→ Alignement, cit. 3). Adoucir, atténuer, édulcorer, voiler. || Le rédacteur en chef l'a prié d'estomper certains traits de son reportage.
4 L'Amérique espagnole et portugaise a subi si fortement cette marque que le prestige des États-Unis lui-même n'a pas jusqu'ici réussi même à l'estomper.
André Siegfried, l'Âme des peuples, p. 45.
——————
s'estomper v. pron.
ÉTYM. (Déb. XIXe).
S'effacer, se fondre (dans son entourage).
5 Elle regardait un grand paysage triste dont les lointains s'estompaient dans les gris noirs.
Loti, Mon frère Yves, XVII, p. 63.
6 Toujours sans que rien ait semblé remuer à bord, et dans un silence presque soudain que l'on n'attendait pas, Stamboul lui-même commence de s'estomper sous le brouillard et le crépuscule; toute cette Turquie s'efface, avec une sorte de majesté funèbre, dans le lointain, — bientôt dans le passé.
Loti, les Désenchantées, VI, LIII, p. 247.
Fig. Devenir imprécis. || Souvenirs qui s'estompent (→ Demeurer, cit. 23).
——————
estompé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (XVIIIe).
Qui n'est pas net, qui a des contours voilés (→ Contrarier, cit. 6). || Une couleur estompée, qui s'éclaircit en dégradés.
7 La vapeur vague, qui flotte toujours dans notre atmosphère, ne vient point amollir les contours lointains; ils ne sont pas incertains, demi-brouillés, estompés; ils se détachent sur leurs fonds, comme les figures des vases antiques.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 107.
Fig. || Image estompée. || Souvenirs estompés et vagues.
8 Mais alors de quoi pouvait être faite cette sensation du souvenir ? Comportait-elle à ce moment même une image plus lointaine et estompée comme sont celles du souvenir ?
Gide, Journal, 21 nov. 1928.
CONTR. Accuser, cerner, dessiner, détacher, préciser. — Aviver, raviver.
DÉR. Estompage, estompement.

Encyclopédie Universelle. 2012.