accréditer [ akredite ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1553 ; de à et crédit
1 ♦ Vx Accréditer qqn, le mettre en crédit (opposé à discréditer). — Mod. Donner l'autorité nécessaire pour agir en qualité de. Accréditer un ambassadeur auprès d'un chef d'État (par des lettres de créance). Accréditer un journaliste. — Être accrédité auprès d'une banque. ⇒ accréditif (2o).
2 ♦ (1671) Accréditer qqch. : rendre croyable, plausible. ⇒ autoriser, propager. « Ces rudes propos des soldats français contre les “calotins” avaient accrédité la légende d'une France athée » (Madelin). — P. p. adj. Des opinions accréditées. — Pronom. S'accréditer : se propager, se répandre (en parlant d'un bruit, d'une rumeur). « Si on laisse courir des mensonges sans les démentir, ils risquent de s'accréditer » (Queneau).
● accréditer verbe transitif (espagnol acreditar, du latin creditum, crédit) Rendre quelque chose croyable, vraisemblable ou reconnaître officiellement comme vrai en parlant de quelqu'un, d'un organisme : Enquête qui accrédite la thèse de l'attentat. Officialiser un mot, une expression : Accréditer un anglicisme. Ouvrir un crédit au moyen d'un accréditif. Attester des qualités diplomatiques du personnel envoyé dans un pays étranger. ● accréditer (synonymes) verbe transitif (espagnol acreditar, du latin creditum, crédit) Rendre quelque chose croyable, vraisemblable ou reconnaître officiellement comme vrai en...
Synonymes :
- diffuser
- propager
Contraires :
- démentir
- désavouer
accréditer
v. tr.
d1./d Faire reconnaître officiellement la qualité (de qqn). Accréditer un ambassadeur auprès d'un chef d'état étranger.
|| être accrédité auprès d'une banque, y avoir un crédit.
d2./d Accréditer une rumeur, la rendre plausible.
⇒ACCRÉDITER, verbe trans.
A.— Accréditer qqn. Le mettre en crédit (auprès de).
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Lang. cour. et lang. de la diplom., du comm.
— DIPLOM. Faire reconnaître quelqu'un comme son représentant (auprès d'un gouvernement étranger, par lettres de créance) :
• 1. J'étais ministre des affaires étrangères à l'époque de la mort de Pie VII. Vous trouverez dans les cartons du ministère, si vous jugez à propos d'en prendre connaissance, la suite de mes relations avec M. le duc de Laval. L'usage est, à la mort d'un pape, d'envoyer un ambassadeur extraordinaire, ou d'accréditer l'ambassadeur résidant par de nouvelles lettres auprès du Sacré Collège.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 483.
• 2. Peu après, le gouvernement soviétique accréditait M. Bogomolov comme son représentant auprès du Comité national.
Ch. DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Appel, 1954, p. 194.
— Plus gén. Accréditer des représentants :
• 3. ... je projetai la réunion à Chantilly d'une conférence des commandants en chef ou de leurs représentants dûment accrédités.
J. JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931, p. 139.
— COMM. [En parlant d'une maison de comm.] Informer (un correspondant qualifié et responsable) des actes d'une personne (client ou employé).
— BANQUE. [En parlant d'une banque] Donner ordre à une autre banque (agence ou correspondant) d'ouvrir un crédit à un client.
b) P. ext., dans la lang. cour., recherché. Recommander quelqu'un (auprès de quelqu'un) de manière à le faire accepter :
• 4. Le baron, qui avait une petite terre dans les Pyrénées, d'un revenu très mince, sans débouché pour les denrées, y fit porter son saint, le fit accréditer. Les chalands accoururent, les miracles arrivèrent, un village d'auprès se peupla, les denrées augmentèrent de prix, et les revenus du baron triplèrent.
S. CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, p. 177.
• 5. J'ai écrit à Madame de Béarn, et nous irons la voir en ton nom : écris-lui pour nous accréditer.
A. DE LAMARTINE, Correspondance, 1830, p. 18.
— Emploi pronom., littér. S'accréditer. Se recommander :
• 6. CCVI. À Armand Gouzien.
Paris, rue de Moscou, 29
20 juillet 1872.
... Coupez simplement pour le Courrier de France quelques lignes d'un article que j'ai aujourd'hui à l'Illustration :l'exposition de Londres. Ce serait par exemple le passage relatif à l'architecture. Ceci parce que je désire m'accréditer près dudit journal...
S. MALLARMÉ, Correspondance, 1872, p. 32.
— P. méton. Accréditer le nom d'une personne :
• 7. Je crois le voir encore dans le comptoir de son père, au milieu d'une claire-voie de noyer, calculant l'Amsterdam-banco et le cours du change sur un large bureau recouvert d'un gros cuir noir : c'est là qu'il a doublé la fortune de sa maison, déjà très-considérable, en accréditant un nom que l'opinion publique associait à ceux des T., des D., dont s'honore le commerce de France.
V. DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 1, 1811, p. 199.
2. [Le suj. désigne une chose qui sert à accréditer une pers.]
a) DIPLOM. [Le suj. désigne un doc. officiel, notamment des lettres de créance] :
• 8. À l'angle de droite, portant le serpent entrelacé à la chimère, et tel que je l'avais si souvent déchiffré à l'académie diplomatique au bas de traités poussiéreux et centenaires, le sceau de la chancellerie de Rhages étoilait la feuille. Le texte certifiait le caractère pacifique de la mission du porteur et, en l'accréditant, priait expressément qu'on lui accordât les égards et le traitement officiel réservés aux parlementaires de guerre.
J. GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 246.
• 9. ... il souhaite [le Vatican] recevoir un ambassadeur de Washington, mais il exige que ce soit un ambassadeur (...) normalement nanti de lettres de créance l'accréditant auprès du pape,...
Le Vatican souhaite recevoir un véritable ambassadeur des États-Unis, Le Monde, 19 janv. 1952, p. 12, col. 5.
b) Lang. cour. [Le suj. désigne une qualité ou une action d'une pers.] :
• 10. Oui : je partirai pour la dernière et la plus glorieuse de mes ambassades; j'irai de la part de la prisonnière de Blaye trouver la prisonnière du Temple; j'irai négocier une conciliation, un nouveau pacte de famille, porter les embrassements d'une mère captive à ses enfants exilés, présenter les lettres par lesquelles le courage et le malheur m'accréditent auprès de l'innocence et de la vertu.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 176.
• 11. Le mauvais grec que parlait Paul, sa phrase incorrecte et haletante, n'étaient pas faits pour l'accréditer à Athènes.
E. RENAN, Hist. des origines du Christianisme, Saint Paul, 1869, p. 190.
B.— Accréditer qqc. Faire accepter quelque chose, faire croire à la vérité d'une chose; donner cours à.
1. Qqn accrédite qqc.
a) [Le suj. est de l'animé; le compl. est un subst. abstr. (synon. de opinion, idée, ...)] :
• 12. Voilà le grand crime dont se sont rendus coupables envers les sociétés, ceux qui les premiers ont répandu cette fausse doctrine, et qui par des institutions religieuses et politiques l'ont accréditée, au point qu'il n'est aujourd'hui ni facile ni sûr d'en désabuser les hommes.
Ch.-F. DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes, 1796, p. 448.
• 13. ... il est naturel encore et conforme aux perceptions de notre raison, que cet homme envoyé de Dieu pour instruire ses semblables, accrédite auprès d'eux sa mission divine, et que toujours conformément à la nécessité de la correspondance entre la volonté et l'action, il paroisse le ministre d'une action divine, puisqu'il s'annonce comme l'organe des volontés divines.
L.-G.-A. DE BONALD, Essai analytique sur les lois naturelles de l'ordre social, 1800, p. 64.
• 14. Cette fable put se répandre (...). Pour l'accréditer, des faussaires, comme il en pullulait parmi les chrétiens, fabriquèrent une correspondance...
A. FRANCE, Sur la pierre blanche, 1905, p. 153.
• 15. ... je serais tenté de conclure que l'homme de génie qui décrie une erreur générale, ou qui accrédite une grande vérité, est toujours un être digne de notre vénération.
R. MARTIN DU GARD, Notes sur André Gide, 1951, p. 1379.
— Rare. [Le compl. est un subst. concr.] Faire accepter, imposer :
• 16. Cependant un sans-façon légèrement irlandais sème sous les bois les daffodils, les saffran-crocus et les snowflakes, accrédite au jardin les labiées sauvages et le bouillon blanc...
COLETTE, Gigi, 1944, p. 247.
— Syntagmes fréq. (verbe + subst.) : accréditer un aphorisme, l'empirisme, une imposture, une légende, une morale, une opinion, des pratiques, un sophisme, un spectacle, un système, une tradition, une certaine version des événements.
b) Emploi pronom. :
• 17. ... les soldats autrichiens avaient bien conservé le souvenir du vainqueur de Castiglione, d'Arcole et de Rivoli; son nom était bien quelque chose sur leur esprit; mais ils étaient loin de le croire présent; ils le croyaient mort; on avait pris soin de leur persuader qu'il avait péri en Égypte; que ce Premier Consul dont on leur parlait n'était que son frère. Ce bruit s'était tellement accrédité partout, que Napoléon fut dans l'obligation de se montrer publiquement à Milan pour le détruire.
E.-D. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 319.
• 18. C'est ainsi que le faux-semblant s'accrédite. De nos jours, où pourtant le risque d'un discrédit moral est moins grand qu'il n'était naguère et la sanction moins rigoureuse, les feintes et les camouflages en littérature sont nombreux,...
A. GIDE, Journal, 1929, p. 960.
— Rare. [Le suj. du verbe pronom. est un subst. concr.] :
• 19. ... on a découvert, dans les diverses gorges de ce canton, plusieurs sources d'eaux minérales qui s'accréditent de plus en plus. Outre celles de Barège, auxquelles on attribue la propriété de guérir toutes sortes de blessures et plusieurs infirmités secrètes, on recommande les bains de Saint-Sauveur à ceux qui ont la pierre ou des maladies de peau.
J. DUSAULX, Voyage à Barège et dans les Hautes-Pyrénées, t. 1, 1796, p. 87.
— Syntagmes fréq. (subst. + verbe) : des accusations, des bruits, des calomnies, des doctrines, des faux-semblants, des hypothèses, des idées, des légendes, des nouvelles, des opinions s'accréditent.
2. Qqc. accrédite qqc. [Le subst. suj. désigne une chose qui sert à en accréditer une autre] Donner cours à :
• 20. Si Montesquieu voulait engager les gouvernements à ne pas altérer les monnaies, il devait employer de bonnes raisons, parce qu'il y en a, et non des traits brillans qui trompent et accréditent de fausses idées.
J.-B. SAY, Traité d'économie politique, 1832, p. 282.
• 21. À supposer même, d'ailleurs, qu'en regard de tous les faits qui accréditent le transformisme il y en ait quelques-uns pour lui être contraires, on ne doit jamais oublier que sa « position inexpugnable » lui vient d'être la seule théorie acceptable de la genèse des espèces.
J. ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, p. 166.
— Syntagmes rencontrés : une mode accrédite un vice, la haine accrédite des bruits, une habitude accrédite des méthodes vicieuses, le silence accrédite une légende, une déclaration accrédite un livre, un rien peut accréditer l'histoire, des journaux accréditent un bruit, l'autorité accrédite une erreur.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], j'accrédite []. — Rem. FÉR. Crit. t. 1 1787 donne les graph. accréditer et acréditer avec un seul c. Enq. ://. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : accréditation (cf. Lar. encyclop.), accréditement, accréditeur (cf. Lar. encyclop.), accréditif (cf. Lar. encyclop.). Cf. crédit.
Étymol. ET HIST. — 1. 1553 « mettre (une pers.) en crédit, en réputation » (Papiers de Granvelle, IV, 66 ds BARB. Misc. 20, 6 : Et peult l'on clerement discovrir la suspition qu'il y a soubz les lettres du dict Cortenay, que l'on le veut acrediter, eslever et lui faire sentir le goust du regne...); 1689 « mettre (une boutique, une maison) en réputation » (A. DE BOISREGARD, Refl. 21, cité par BRUNOT t. 6, p. 590 : achalander : il n'y a guères que le peuple qui parle de la sorte; on dit accréditer); 2. 1671 « donner cours (à qqc.) » (POMEY, Dict. royal d'apr. FEW t. 2, 1306b).
Empr. à l'esp. acreditar, d'abord pronom., « obtenir la confiance, le crédit de qqn » (dep. 1533-56, J. de Avila ds DHE), puis actif, « mettre (une pers.) en crédit » (dep. 1554, J. RODRIGUEZ FLORIAN, Florinea, NBAE XIV, Madrid 1910, 211b, ds DHE : Marcelia, [...] sabes que no se muestra pesar contigo en casa, y aun estás bien acreditada en la reputación de mi padre.), composé de credito « crédit », issu du lat. creditum (voir crédit). Cette hyp. est confirmée par la localisation de la plus anc. attest. fr. : le cardinal de Granvelle fut ministre de Charles-Quint et de Philippe II.
STAT. — Fréq. abs. litt. :74.
BBG. — AQUIST. 1966. — BARB. Misc. 20 1938-1943, pp. 67-70. — BARR. 1967. — BÉNAC 1956. — CAP. 1936. — Pol. 1868. — ROMEUF t. 1 1956. — SPR. 1967. — VOYENNE 1967.
accréditer [akʀedite] v. tr.
ÉTYM. 1553; esp. acreditar, même sens, de credito « crédit », du lat. creditum. → Crédit.
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b Mod. Admin. Donner l'autorité nécessaire pour agir (en telle qualité). || Accréditer un ambassadeur auprès d'un chef d'État (par des lettres de créance). || Le gouvernement l'a accrédité comme son représentant auprès de l'O. N. U. — Comm., fin. || La banque l'a accrédité auprès d'une agence étrangère, a donné ordre de lui ouvrir un crédit. — Accréditer un journaliste. ⇒ Accréditation.
♦ Par ext. Recommander (qqn) pour le faire accepter. || Il a écrit au directeur pour vous accréditer. — (Passif). || Être accrédité, jouir d'une bonne réputation. || Être accrédité auprès d'un banquier, avoir un crédit, du crédit chez lui (→ ci-dessous, le p. p. adjectival).
1 Il n'y avait point (…) de médecin (…) plus accrédité que le docteur Sangrado. Il s'était mis en réputation dans le public par (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, II, 3.
1.1 Le texte certifiait le caractère pacifique du porteur et, en l'accréditant, priait expressément qu'on lui accordât les égards et le traitement officiel réservés aux parlementaires de guerre.
J. Gracq, le Rivage des Syrtes, p. 246.
2 (1671). || Accréditer (qqch.), rendre croyable, plausible, vraisemblable (qqch.). ⇒ Autoriser, propager. || Accréditer un faux bruit, une opinion, un système. || Accréditer telle version des événements. — (Passif et p. passé) :
2 Toute réponse à peu près plausible aux questions qu'il se pose et qu'il n'arrive pas à résoudre seul s'offre à lui comme un refuge, surtout si elle lui paraît accréditée par l'adhésion du grand nombre.
Martin du Gard, les Thibault, VIII, 16.
♦ Donner de l'autorité à… || Des journaux accréditent ce bruit, cette hypothèse.
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s'accréditer v. pron.
♦ Se propager, se répandre (en parlant d'un bruit, d'une rumeur). || Des calomnies, des nouvelles, des opinions s'accréditent.
3 Le lendemain : « Les Étrusques lancent fausses nouvelles sur fausses nouvelles. Ne vont-ils pas maintenant jusqu'à parler de leur “victoire” de Malaparte ? » Il convient que les journaux français insistent quotidiennement sur l'altération systématique de la vérité que pratiquent les Étrusques. Si on laisse courir des mensonges sans les démentir, ils risquent de s'accréditer.
R. Queneau, le Chiendent, p. 399.
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accrédité, ée p. p. adj. et n.
1 (Personnes). Qui est en crédit. || Un représentant accrédité du gouvernement. || Un écrivain, un savant accrédité auprès du public.
2 (Choses). Qui est admis. || Des faits, des paroles accrédités. || Une histoire accréditée, une opinion accréditée.
3 N. Comm., fin. Personne qui bénéficie d'un accréditif. || Des accrédités.
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CONTR. Discréditer.
DÉR. Accréditaire, accréditation, accréditement, accréditeur, accréditif.
Encyclopédie Universelle. 2012.