accoter [ akɔte ] v. tr. <conjug. : 1>
• XIIe; confus. entre accoster, de coste → côte (1190), et accoter (1160), bas lat. accubitare, de cubitus « coude » → s'accouder
1 ♦ Vx Soutenir en appuyant. ⇒ étayer. — Appuyer d'un côté. « Accotant sa tête sur son fauteuil » (Furetière).
2 ♦ Mod. V. pron. S'ACCOTER. « Un homme debout, qui s'accotait au comptoir » (A. Daudet). — « Seul, accoté à la porte d'entrée » (Martin du Gard).
⊗ HOM. poss. À-côté.
● accoter verbe transitif (bas latin accubitare, appuyer, avec l'influence de accoster) Appuyer quelque chose d'un côté contre quelque chose : Accoter une échelle contre un mur. Mettre en place un accot. ● accoter (difficultés) verbe transitif (bas latin accubitare, appuyer, avec l'influence de accoster) Orthographe Deux c, pas d'accent circonflexe sur le o. Remarque Ces trois mots sont de la même famille que coude et n'ont aucun rapport avec côté, contrairement à ce que leur sens pourrait laisser supposer. ● accoter (homonymes) verbe transitif (bas latin accubitare, appuyer, avec l'influence de accoster) à côté locution à-côté nom masculin ● accoter (synonymes) verbe transitif (bas latin accubitare, appuyer, avec l'influence de accoster) Appuyer quelque chose d'un côté contre quelque chose
Synonymes :
- adosser
- appuyer
accoter
v.
rI./r v. tr.
d1./d Faire prendre appui à (qqch) contre. Accoter une échelle contre un mur, à un mur.
— v. Pron. S'appuyer contre (qqch). S'accoter à un arbre.
d2./d (Québec) Soutenir (qqch) au moyen d'un étai.
|| Loc. fig. Accoter qqn: fournir à qqn un soutien, une protection.
d3./d (Québec) être égal ou supérieur à, rivaliser avec. Personne ne l'accote pour la pêche.
d4./d v. Pron. (Québec) Péjor. Vivre en concubinage.
rII./r v. intr. (Québec) Accoter après (qqch): entrer en contact avec (qqch), frotter contre (qqch). La porte accote après le cadre.
⇒ACCOTER, verbe trans.
I.— Emploi trans., vieilli
A.— [Le suj. désigne une pers.]
1. Accoter une chose (à, contre, sur qqc.). La soutenir en la plaçant au contact de quelque chose :
• 1. ... il se fit à la surface de l'essaim comme une évaporation brusque, lorsqu'il approcha l'échelle et qu'il monta dessus pour accoter la perche contre la branche. Tout fut enfin si bien disposé que, le poids de la perche et de la ruche inclinant légèrement la branche, tout l'appareil vint s'appuyer contre l'échelle et s'y soutint,...
A. GIDE, Journal, 1906, p. 217.
• 2. Le portail de Saint-Jean-d'Acre, église chrétienne, église des croisés, a été accoté à une mosquée.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 6, 1907-1908, p. 159.
— Sans compl. prép. Soutenir à l'aide d'une cale :
• 3. Il faut accoter ce pot, de peur qu'il ne tombe. Accoter les roues d'une charrette.
Ac. 1878, 1932.
2. Accoter une personne, une partie du corps, etc. (à, contre, sur qqc. ou qqn). La soutenir en la plaçant au contact de quelqu'un ou de quelque chose :
• 4. ... il se remit à manger son pain et son fromage en accotant son épaule sur le montant de la fenêtre, car il se reposait debout...
H. DE BALZAC, Le Colonel Chabert, 1835, p. 7.
• 5. On se contente de le [le blessé] mettre à l'abri dans un coin, de l'accoter à un arbre ou au revers d'un fossé...
A. DAUDET, Jack, t. 1, 1876, p. 267.
B.— Emploi techn.
1. BÂT., vx. ,,Accoter une muraille.`` (Lar. encyclop.).
Rem. À cet emploi, signalé par Ac. 1694, mais abandonné par les éd. ultérieures, BESCH. 1845 ajoute : ,,on accote une colonne, le terme mod. est étayer.``
2. HORTIC. ,,Mettre un accot autour d'un coffre.`` (Lar. encyclop.).
3. MAR., emploi absolu. Accoter (cf. inf. accoté 3).
Rem. Les emplois 1 et 2 dérivent du sens « appuyer », attesté d'autre part dans de nombreux dial. (cf. FEW t. 24, s.v. accubitare).
II.— Emploi pronom. S'accoter. Synon. s'appuyer
A.— [Le suj. désigne une pers.] S'accoter à, contre, sur qqn ou qqc. Se placer à côté ou au contact de quelqu'un ou de quelque chose pour se soutenir (plus rarement, pour soutenir, ex. 6) :
• 6. ... les premières vagues s'engouffrèrent dans les charpentes, on allait rire.
— Dommage qu'il ne soit pas là, le jeune homme! dit la voix goguenarde de ce gueux de Tourmal. Il pourrait s'accoter contre, pour les renforcer.
É. ZOLA, La Joie de vivre, 1884, p. 985.
• 7. Ils s'étayaient sur leurs fusils, s'accotaient aux arbres, bande boueuse d'éclopés qu'aucune volonté ne raidissait plus.
R. DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 220.
• 8. ... Antoine s'assit près d'elle; mais, au lieu de s'accoter à lui, elle appuya son front à la vitre noire.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, p. 1036.
1. Sans compl. prép. :
• 9. Rien n'est plus curieux qu'une barricade qui se prépare à un assaut. Chacun choisit sa place comme au spectacle. On s'accote, on s'accoude, on s'épaule.
V. HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 436.
• 10. Il s'accota sous l'auvent d'une boutique, le dos contre la muraille, et n'avança plus.
G. FLAUBERT, Salammbô, t. 2, 1863, p. 164.
• 11. Beaucoup étaient si épuisés qu'ils ne tenaient debout qu'en s'accotant deux à deux, épaule contre épaule; ou encore par groupes de trois, le plus faible entre les deux autres, doublement étayé par ses camarades dans un enlacement réciproque.
F. AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 166.
2. Au fig. :
• 12. Rancé, qui s'accotait contre Dieu, acheva son œuvre; l'abbé de La Mennais s'est incliné sur l'homme : réussira-t-il?
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Vie de Rancé, 1844, p. 136.
• 13. Le « mal du siècle » m'apparaît de plus en plus comme le malaise des déracinés qui ne peuvent plus s'accoter sur des mœurs héréditaires.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 3, 1902-1904, p. 318.
• 14. Mais s'ils sont venus, ces Messins, dans la maison de l'Éternel, c'est d'instinct pour s'accoter à quelque chose qui ne meurt pas.
M. BARRÈS, Colette Baudoche, 1909, p. 244.
Rem. Dans le style recherché, le pron. réfl. peut être remplacé par une périphrase personnifiant p. ex. un état d'âme; l'idée réfl. est rendue par un adj. poss. :
• 15. ... Gaston La Chaille (...) trouva le temps, deux fois en dix jours de venir quêter une camomille et d'accoter, au dossier du fauteuil en conque, sa lassitude d'industriel...
COLETTE, Gigi, 1944, p. 41.
B.— [Le suj. désigne une chose] S'accoter à, contre, sur qqc. Être placé à côté ou au contact de quelque chose, généralement en y prenant appui (sans idée d'appui, ex. 17) :
• 16. ... des maisons, puis d'autres encore, s'accotaient à de nouvelles maisons, et quelquefois un trou brusque s'ouvrait...
G. COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, p. 189.
• 17. Le Caire... une grande cité musulmane à laquelle s'accote une ville d'Europe assez pareille à Nice.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 6, 1907-1908, p. 155.
• 18. La béquille et la canne dédaignées s'accotent au mur.
COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 76.
— Au fig. :
• 19. On voit qu'ici l'épithète Andante s'accote à une Sarabande,...
L. DE LA LAURENCIE, L'École française de violon, t. 2, 1922, p. 29, note 4.
Rem. Dans les dict. de l'Ac. l'emploi pronom. est signalé comme ,,populaire`` (Ac. 1740), ,,familier`` (Ac. 1762, 1798), ,,familier et peu usité`` (Ac. 1835, 1878), ,,sans remarque`` (Ac. 1932).
C.— Emploi techn., HORLOG. S'accoter (ou accoter). [En parlant des pièces] Frotter l'une contre l'autre en se gênant :
• 20. Pièce d'horlogerie qui accote. Cf. accotement.
DG.
Rem. Cette accept., signalée pour la première fois par Ac. Compl. 1842 et BESCH. 1845, figure dans les princ. dict. gén. mod.
Prononc. — 1. Forme phon. :[], j'accote []. Enq. :/ako2t/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : accot, accotar, accoté part. passé et adj., accotement, accote-pot, accotoir.
Étymol. ET HIST.
I.— Début XIIe s. « se coucher (d'animaux) » intrans. (Ps. Cambridge, éd. F. Michel, 103, 22 ds T.-L. : en lur leitieres acuterunt [in cubilibus suis cubabunt]); 2. 1172-75 « id. (d'hommes) » pronom. (CHRÉT. DE TROYES, Charrette, éd. Foerster, 5554 ds HERZOG ds Z. rom. Philol., XL, 707 : Et il por aeisier son cors Fu desarmez et se gisoit An un lit qu'il mout po prisoit; Qu'estroiz iert et la coute tanve, Coverte d'un gros drap de chanve. Lanceloz trestoz desarmez S'estoit sor le lit acotez).
II.— 1. 1172-75 emploi pronom. « s'étendre en prenant appui sur les coudes » (CHRÉT. DE TROYES, Yvain, éd. Foerster, 5368 ds HERZOG, loc. cit., 708 : [Yvains] Voit apoiié desor son cote Un riche home qui se gisoit Sor un drap de soie, et lisoit Une pucele devant lui An un romanz ne sai de cui. Et por le romanz escouter S'i estoit venue acoter Une dame...). — 1485 (Myst. Resurr. de N. S. ds LITTRÉ : Et je me sarray cy à terre, Et m'acoteray sur le coute, Afin que j'entende et escoute); 2. XIIe s. id. « se prosterner en s'appuyant sur les coudes » (Estoire Joseph, éd. Sass, 1569, ds T.-L. : A terre s'acoterent Et treis feiz l'aorerent); 3. apr. 1160 id. « s'appuyer (sur les coudes) » (WACE, Rou III, éd. Andresen, 2035 ds KELLER, Et. Vocab. Wace, 321 : Sur un chevalier s'acota); XIIe s. trans. « appuyer » (Destr. de Rome, 1360 ds GDF. : Sur les escus lour testes si orent acouté).
Du b. lat. , attesté dep. ca 430 au sens de « être étendu sur le lit de table » (SED., Carm. pasch., préf. 2 ds TLL s.v. :dignatus nostris accubitare toris), d'emploi plus gén. en lat. médiév. : repos, sommeil (Mittellat. W. s.v.); cf. avec II 2 : 1146-48 NIVARD., Ysengr., 3, 270 : regali proferant accubitare thoro. En raison de son sémantisme (la position sur le lit de table nécessitant un appui sur les coudes) accubitare est considéré soit comme fréquentatif de accubare, dont d'ailleurs il devient synon. (THURNEYSEN ds TLL), soit comme dér. de cubitus « coude » (ERN.-MEILLET 1959) les 2 hyp. étant possibles du point de vue morphol. Ces 2 sémantismes se retrouvent en a. fr., le second ayant entraîné la prépondérance de la notion d'« appui ». À partir du XIIIe s. (où s intérieur devant consonne n'est plus que graph.) contamination avec acoster (dér. de costa; HERZOG, loc. cit., 713; VIDOS, Parole, 179 sq.) alors homophone et de sens apparenté (cf. var. relevées, par ex., dans mss. de CHRÉT. DE TROYES, Cligès, éd. Micha, 5534, ms. Bibl. Nat., fr. 794 : Au mur s'est Johans acostez; ms. Bibl. Nat., fr. 375 : -acoutez; de même Charrette, éd. Foerster, 5554 [voir attest. sup.] : acotez; ms. Bibl. Nat., fr. 794 : acostez). De plus attraction possible de a. fr. coute (< lat. culcita « coussin ») dans certains textes : voir sup. Charrette, 5554; HERZOG, loc. cit., 708.
STAT. — Fréq. abs. litt. :42.
BBG. — BAILLY (R.) 1969. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BONNAIRE 1835. — Canada 1930. — DUP. 1961. — GUIZOT 1864. — Synon. 1818.
accoter [akɔte] v. tr.
ÉTYM. Déb. XIIe, intrans., « se coucher » (animaux); « s'étendre en s'appuyant sur les coudes », v. pron., fin XIIe; du bas lat. accubitare, de cubitus « coude » (→ Accouder), avec infl. de accoster.
❖
1 Vx. Soutenir en appuyant. — Étayer. || Accoter une bouteille pour qu'elle ne se renverse pas. || Accoter une colonne, une muraille.
2 Mod. Appuyer d'un côté. || Accoter sa tête sur son fauteuil.
——————
s'accoter v. pron.
♦ S'appuyer sur le côté.
1 (…) un homme debout, qui s'accotait au comptoir.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin.
——————
accoté, ée p. p. adj.
♦
2 Puis il était resté seul (…) accoté à la porte d'entrée, guettant la fin de la rafale.
Martin du Gard, les Thibault, VIII, 7.
♦ Par métaphore :
3 Nos réciproques estimes se maintiennent en respect, l'une contre l'autre accotée.
Gide, Paludes, in Romans, Pl., p. 99.
❖
DÉR. Accot, accotement, accotoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.