accent [ aksɑ̃ ] n. m.
• 1265; lat. accentus
I ♦
1 ♦ Augmentation d'intensité de la voix sur un son, dans la parole (accent d'intensité dit à tort accent tonique, les deux accents étant difficiles à distinguer en latin). — Mus. Mise en relief d'un point fort dans une ligne mélodique, soit par le renforcement d'intensité d'une note, soit par l'allongement de sa durée.
2 ♦ Élévation de la voix sur un son (accent de hauteur; accent musical).⇒ 2. ton. L'accent d'intensité et l'accent de hauteur portent souvent sur la même syllabe. — Accent de phrase.
3 ♦ (1549) Signe graphique qui note un accent (langues anciennes; espagnol, langues slaves, etc.). — Signe qui, placé sur une voyelle, la définit (en français). E accent aigu [ aksɑ̃tegy ](é : fermé); grave (è : ouvert), circonflexe (ê : ouvert; plus long à l'origine).— Signe diacritique analogue (à; où). — Caractère typographique correspondant à un accent graphique.
II ♦
1 ♦ (1559) Ensemble des inflexions de la voix (timbre, intensité) permettant d'exprimer un sentiment, une émotion. ⇒ inflexion, intonation. « L'accent est l'âme du discours » (Rousseau). Un accent douloureux, plaintif. Un accent de sincérité, d'authenticité (au fig. dans une œuvre). « On ne disait pas encore “les affaires” avec l'accent spécial qu'on y met aujourd'hui » (Duhamel).
2 ♦ Littér. Les accents : sons expressifs. — De la parole, du chant. « Ces accents pleins d'amour, de charme et de terreur » (Musset). Les accents de sa voix. — D'un instrument. Les accents guerriers du clairon. ⇒ voix.
3 ♦ Fig. Caractère personnel (du style). ⇒ manière, note.
4 ♦ Par anal. Intensité plus forte d'une couleur, d'un trait. Donner de l'accent.
5 ♦ Loc. fig. METTRE L'ACCENT SUR : insister sur. ⇒ souligner. Il a mis l'accent sur les problèmes sociaux. « J'ai toujours cherché à mettre l'accent sur ce qui me rapproche de mes semblables » (Montherlant).
III ♦ (1680) Ensemble des caractères phonétiques distinctifs d'une communauté linguistique considérés comme un écart par rapport à la norme (dans une langue donnée). L'accent lorrain, du Midi, normand. Avoir l'accent italien, anglais (en français); l'accent français (en espagnol). « La voix a le vieil accent parisien » (Romains). — Absolt Prononciation qui diffère de la norme et qui est rattachée à un fait géographique. Avoir un léger accent. Perdre son accent. Spécialt L'accent du sud de la France (pour les locuteurs du Nord). Parler avec l'accent ([ avelasɑ̃ ]).
● accent nom masculin (latin accentus, intonation) Ensemble de traits articulatoires (prononciation, intonation, etc.), propres aux membres d'une communauté linguistique (pays, région), d'un groupe ou d'un milieu social : Accent allemand, bourguignon, faubourien. Avoir un accent. Ton, manière d'être qui expriment, indiquent un sentiment, un état d'esprit : Son témoignage avait un accent de sincérité manifeste. Marque personnelle d'un écrivain, d'un artiste, reconnaissable dans le style, les œuvres ; ton : Un poème d'accent baudelairien. Trait marqué qui donne son caractère propre, son originalité à quelque chose (sans adjectif ni complément) : Une interprétation banale, sans accent. Linguistique Signe diacritique placé sur une voyelle pour noter soit un fait phonétique, soit un fait grammatical. Musique Intensité donnée aux sons essentiels d'une ligne mélodique ou d'une structure rythmique. Phonétique Mise en relief d'une syllabe au sein de l'unité accentuelle. ● accent (citations) nom masculin (latin accentus, intonation) François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 L'accent du pays où l'on est né demeure dans l'esprit et dans le cœur, comme dans le langage. Maximes ● accent (expressions) nom masculin (latin accentus, intonation) (Avoir) l'accent, avoir l'accent du midi de la France. Mettre l'accent, faire porter l'accent sur quelque chose, souligner, faire ressortir un aspect des choses, lui donner de l'importance. ● accent (homonymes) nom masculin (latin accentus, intonation) axant participe présent ● accent (synonymes) nom masculin (latin accentus, intonation) Ton, manière d'être qui expriment, indiquent un sentiment, un état...
Synonymes :
- manière
- note
Phonétique. Mise en relief d'une syllabe au sein de l'unité accentuelle.
Synonymes :
accent
n. m.
rI./r
d1./d Accroissement de l'intensité d'un son, de la parole. En français, c'est en général la dernière syllabe du mot qui porte l'accent.
|| MUS Accroissement de l'intensité sonore sur un temps de la mesure; signe qui note cet accroissement.
d2./d Signe graphique qui précise la valeur d'une lettre.
— En français, signe graphique placé au-dessus d'une voyelle pour en indiquer la prononciation, é (accent aigu): [e]; è (accent grave), ê (accent circonflexe):; '' (tréma): ex. mosaïque [mozaik], ou pour distinguer un mot d'un homonyme (par ex.: du et dû).
rII./r
d1./d Modification expressive de la voix. Parler avec l'accent de la passion.
d2./d Fig. Mettre l'accent sur: souligner l'importance de. Mettre l'accent sur un aspect d'un problème.
rIII/r Prononciation particulière d'une langue. Parler le français avec l'accent belge. Avoir un accent.
⇒ACCENT, subst. masc.
I.— Terme de ling. ou de gramm. et de mus. servant à désigner différentes caractéristiques d'un système d'expression.
A.— LING., GRAMM.
1. PHON. Augmentation de l'intens. ou élévation de la hauteur de la voix, qui met en relief telle syllabe ou telle articulation d'un mot ou d'un groupe de mots.
a) Accent d'intensité, accent tonique, accent rythmique :
• 1. La phrase française est composée d'un certain nombre de mots ou de groupes de mots. Chacun de ces mots ou groupes de mots porte sur sa dernière syllabe un accent d'intensité, c'est-à-dire que cette dernière syllabe est dite avec plus de force que les autres.
GRAMMONT Prononc. 1958, p. 105.
Rem. Le retour plus ou moins rég. de l'accent d'intensité crée le rythme de la phrase fr., d'où l'expr. accent rythmique; l'accent augmente l'intens. du ton, d'où l'expr. accent tonique.
b) Accent d'insistance :
• 2. ... Il y a parfois dans la phrase française des mots particulièrement importants et d'une certaine dimension, qui, sous l'influence de l'emphase ou de l'émotion, peuvent, à côté de l'accent héréditaire placé sur la finale, en recevoir un autre. Ce nouvel accent d'intensité dit « émotionnel » ou aussi « accent d'insistance » n'est pas moins énergique que l'ancien (...) : il porte d'ordinaire sur la première syllabe du mot qui commence par une consonne, tout en renforçant aussi et en allongeant cette consonne.
BOURC.-BOURC. 1967, § 9, rem. c, p. 32.
Rem. L'accent d'insistance est appelé, selon les effets qu'on en tire, accent émotionnel, accent intellectuel, accent logique, accent oratoire, etc.
c) Accent de hauteur, accent musical, accent mélodique. Élévation du timbre d'une voyelle ou d'une syllabe au cours de l'émission de la voix :
• 3. Avant une pause, si le sens est seulement suspendu, le ton s'élève. Si le sens est terminé, le ton s'abaisse, et l'accent musical recule sur l'une des syllabes précédentes (...)
ROUSS.-LACL. 1927, p. 99.
— PRONONC. Manière partic. de placer l'accent, et p. ext., ensemble des traits de prononc. qui s'écartent de la prononc. considérée comme normale et révèlent l'appartenance d'une pers. à un pays, une province, un mil. déterminés :
• 4. Avec un accent traînard de Parisien il se vante de ses conquêtes.
E. DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, p. 50.
• 5. Les ordres furent transmis aux garçons dans un français dont les hésitations ou l'accent trahissaient tantôt le russe, tantôt l'anglais, tantôt l'allemand, tantôt le hongrois et tantôt un idiome inconnu.
L.-P. FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, p. 59.
♦ Syntagmes fréq. : accent allemand, anglais, espagnol...; - berrichon, provençal...; - faubourien, léger -, fort -; - du Midi; avoir un -; parler le français sans -.
2. ORTH. Signe graph. placé au-dessus des éléments vocaliques de base de la transcription.
a) Soit pour en préciser la prononc. (ton en gr., hauteur et quantité en lat., timbre ouvert ou fermé et parfois quantité en fr., etc.). Accent aigu, accent grave, accent circonflexe; voir aussi apex :
• 6. En grec, en italien, etc., la connaissance des accents (...) est extrêmement importante.
Ac. 1835.
b) Soit pour marquer des oppos. de sens (différenciation de mots distincts qui sans l'accent auraient la même transcription : a / à, ou / où, du / dû), la disparition de certaines lettres autrefois prononcées : âne, < asne, âme < anme, etc.
Rem. Au sens strict, accent ne désigne que les 3 signes fondamentaux communs aux fonctions a et b : aigu, grave, circonflexe; au sens large, il désigne aussi le tréma qui relève de la déf. et de la fonction a.
B.— MUSIQUE
1. Augmentation de l'intens. sonore sur un temps.
2. Accents musicaux. Signes d'accentuation, comme le point, la virgule, le petit soufflet droit, le petit soufflet couché, etc. (cf. ROUGNON 1935).
II.— Gén. au plur. Traits par lesquels se distinguent et se reconnaissent ou un genre (en particulier musical), une œuvre, un passage déterminés, ou leur présentation par une personne ou un instrument déterminés.
A.— [En parlant d'un genre ou d'une œuvre] :
• 7. ... On entendait de loin en loin quelques accents d'une chanson populaire, et, il faut l'avouer, un peu ignoble, que chantait l'un des reclus.
STENDHAL, Le Rouge et le noir, t. 1, 1830, p. 139.
• 8. Que quelquefois encore, sous le ciel d'automne, dans ces derniers beaux jours que les brumes remplissent d'incertitude, assis près de l'eau qui emporte la feuille jaunie, j'entends les accens simples et profonds d'une mélodie primitive.
E. DE SENANCOUR, Obermann, t. 1, 1840, p. 65.
• 9. Toi, de même, ne fais pas attention à la manière bizarre dont je chante chacune de ces strophes. Mais, sois persuadé que les accents fondamentaux de la poésie n'en conservent pas moins leur intrinsèque droit sur mon intelligence.
LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror, 1869, p. 286.
• 10. Un chant étouffé et joyeux se fait entendre dans l'air; on perçoit des échos d'orgue, de luth, d'harmonica, ou bien des voix prononçant des paroles sibyllines. Tout est animé, vivant, sonore, tous les objets parlent et chantent, l'univers s'exprime dans une langue infiniment douce, à laquelle répondent parfois des accents lugubres, glas de la nature, chanson des trépassés, sourdes menaces.
A. BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 170.
♦ Autres syntagmes : accents frémissants, harmonieux, mélodieux; doux -, longs -, premiers -; - de la chanson, de la Marseillaise, - de la poésie. Synon. air, mélodie, sons.
B.— [En parlant d'un artiste présentant une œuvre] Accents de l'aède, accents du prophète :
• 11. Entendre cette réponse commencée par la plus déchirante ironie, et terminée par les accents les plus mélodieux dont une femme se soit servie pour peindre l'amour dans son ingénuité, n'était-ce pas aller en un moment du martyre au ciel?
H. DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, p. 279.
C.— Au sing., rare. [En parlant d'un instrument] L'accent du clairon, de la cloche... :
• 12. Des mots sonnaient avec un accent de clairon :« Patrie, devoir, honneur ».
M. ARLAND, L'Ordre, 1929, p. 373.
III.— P. ext. et au fig. dans la lang. cour.
A.— Inflexion particulière de la voix traduisant et permettant de reconnaître comme authentique une émotion, un sentiment :
• 13. C'est qu'il y avoit dans ces voix champêtres un accent irrésistible de vérité et de conviction.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Génie du christianisme, t. 2, 1803, p. 295.
• 14. J'ai dit que c'était le hasard. Et le procureur a noté avec un accent mauvais :« Ce sera tout pour le moment ».
A. CAMUS, L'Étranger, 1942, p. 1186.
• 15. Je plaide! Vous avez trouvé ce mot. Toutes les fois que je dis quelque chose avec accent et émotion, quelque chose qui me vient du cœur ou des entrailles, pour vous, je plaide!
H. DE MONTHERLANT, Fils de personne, 1943, III, 3, p. 319.
♦ Syntagmes fréq. : 1. Accent + adj., exprimant une émot., un sent. : accent déchirant, sincère, passionné, plaintif, vrai, douloureux, ému, pathétique, désespéré, irrité, ironique...; 2. accent + de + subst., marquant une émot., un sent. : accent de conviction, de vérité, de sincérité, de colère, de désespoir, de détresse, de pitié, de triomphe, de franchise, de passion, de terreur, de tristesse, de joie, de regret, etc.; 3. verbe déclaratif + avec, de + accent : dire qqc. avec un accent de sincérité, répondre avec un accent douloureux, s'écrier avec un accent de colère, prononcer des paroles d'un accent ému...
B.— Ce qui donne ou a du relief; spécificité, originalité :
• 16. Je me désole à penser que, plus tard, ma mémoire affaiblie ne saura plus me présenter ma sensation d'aujourd'hui, pourtant si vive, et que celle-ci, perdant toute netteté de contour, tout accent, ne m'apparaîtra plus que pareille à ces médailles dont s'est effacée l'effigie...
A. GIDE, Journal, Feuillets, 1911, p. 344.
• 17. Cet instant du jour a pris un accent et une espèce de couleur déterminée qui l'empêchent de fournir un champ d'action à celle de mes pensées que je me tenais prêt à développer.
J. BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-1936, p. 188.
— Loc. Mettre l'accent sur, faire porter l'accent sur... Mettre en relief, faire ressortir, insister sur tel aspect partic. :
• 18. Je ne puis penser Dieu sans le penser comme recours absolu; et par là je mets l'accent sur cette relation personnelle entre Dieu et moi...
G. MARCEL, Journal métaphysique, 1920, p. 255.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. Enq. ://. 2. Dér. et composés : accentuable, accentuation, accentuel, accentuer. — Rem. Ac. 1798 écrit encore au plur. les accens, avec ens; Ac. 1835 : les accents.
Étymol. ET HIST. — a) Ca 1220 ling. « intensité donnée à une syllabe relativement aux autres », 1220 emploi métaph. (G. DE COINCY, Mir. S. Vierge, éd. Poquet, col. 571, 667 : Si courte chandèle et si briève Que ne porroit pas estre longue Ne par aucent ne par ditongue); 1267-1268 « élévation de la voix sur une syllabe (accent de hauteur) » sens propre (BRUNET LATIN, Li Livres dou Tresor, 364, éd. Chabaille ds T.-L. : que chascune letre ait son son et chascuns moz son accent et soit entre haut et bas); b) 1549 « signe qui figure l'accent » (R. ESTIENNE, Dict. François-lat. : Accent, Accentus, Tenor. Accent acut, ou eslevé, Accentus acutus. Accent graue, ou bas, Accentus grauis. Accens circunflex, Accentus circunflexus); c) 1559 « inflexions de la voix traduisant les sentiments ou les pensées » (AMYOT, Lyc., Œuvres de Plutarque, 4, Paris, 1783-1805 ds LITTRÉ : Ses propos estoient belles chansons estans les paroles accompagnées de chants, de gestes et d'accents pleins de douceur et de gravité); d) 1680 « inflexion de voix particulière (à une nation ou aux habitants d'une région) » (RICH. : Accent, s. m. Certaine inflexion de voix [Avoir bon ou mauvais accent]).
Empr. au lat. accentus, attest. dep. Quintilien au sens a « accent de hauteur » (Institutio Oratoria, l. 1, ch. 5, § 22 ds TLL s.v., 280, 52 : adhuc, difficilior observatio est per tenores... vel accentus quas graeci vocant), l'accent lat. étant devenu seulement vers le Ve s. d'intensité (POMPEIUS, Gram. Lat., V, p. 126, 31 et suiv. ds NIEDERMANN, Phon. hist. lat., p. 11 : illa syllaba plus sonat in toto verbo, quae accentum habet); cf. lat. médiév., ca 1276 « accent de hauteur » (CONRADUS MURENSIS, Summa de arte prosandi, 6, 6i, p. 443, 25 et suiv. ds Mittellat. W. s.v., 79, 3 : prima distinctio seu pausa... acuto accentu pronunciari debet..., secunda... gravi accentu); au sens c (dér. de a) dep. le IIe s. (C. FRONTO, Epistul. p. 158, 17 N ds TLL s.v., 281, 6 : isti autem tam oratores quam poetae consimile faciunt atque citharoedi solent, unam aliquam vocalem litteram de Henone [?] vel de Aedone multis et variis accentibus [iter]are). Forme aucent (ci-dessus), voir absent (ausent).
STAT. — Fréq. abs. litt. :3 714. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 5 322, b) 5 342; XXe s. : a) 4 445, b) 5 717.
BBG. — BÉNAC 1956. — Bible 1912. — BOUILLET 1859. — COMTE-PERN. 1963. — DAGN. 1965. — DEM. 1802. — GIRAUD 1956. — Gramm. t. 1 1789. — LACR. 1963. — MARCEL 1938. — MAR. Lex. 1961 [1951]. — MORIER 1961. — NYSTEN 1814-20. — PIÉRON 1963. — RITTER (E.). Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 339. — ROUGNON 1935. — SPRINGH. 1962. — THOMAS 1956. — VACHEK 1960.
accent [aksɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1265; aucent, 1220; du lat. accentus « intonation ».
❖
———
1 Augmentation d'intensité de la voix sur un son, dans la parole (accent d'intensité, dit à tort accent tonique, les deux accents étant difficiles à distinguer en latin. → cit. 1).
♦ Mus. Augmentation d'intensité sonore sur un temps.
2 a Élévation de la voix sur un son (accent de hauteur; accent musical). ⇒ Ton. || L'accent d'intensité et l'accent de hauteur portent souvent sur la même syllabe.
1 On distingue en phonétique un accent musical — la voyelle accentuée du mot se chante sur une note plus élevée que les autres voyelles — et un accent d'intensité, fort complexe : la voyelle accentuée du mot s'articule plus énergiquement que les autres.
F. Brunot et Ch. Bruneau, Grammaire historique, p. 25.
b Accent de phrase, accent de la phrase.
2 Il existe un second accent, l'accent de la phrase; que l'on compare les deux phrases : je vous ai parlé de cela la semaine dernière (simple observation formulée sur le ton le plus calme), et : je vous ai parlé de cela la semaine dernière ! (protestation indignée : comment, vous osez prétendre que je vous aurais parlé de cela !).
F. Brunot et Ch. Bruneau, Grammaire historique, p. 27.
3 (1549). Signe graphique qui note un accent (langues anciennes; espagnol, russe, etc.). — (En français). Signe qui, placé sur une voyelle, la définit. || E accent aigu (é [e] fermé); grave (è [ɛ] ouvert); circonflexe (ê [ɛ] ouvert; plus long autrefois). → Circonflexe, cit. 1 et 1.1 — Signe diacritique analogue (à, où). || Mets un accent sur ton a. — Spécialt. Caractère typographique correspondant à un accent graphique.
2.1 J'avais regagné Saïgon avec des caractères de langue anglaise, sans accents. Impossible d'imprimer. Un jour, un ouvrier annamite était entré, avait tiré de sa poche un mouchoir noué en bourse, les coins dressés comme des oreilles de lapin : « C'est rien que des é. Il y a des accents aigus, des graves et aussi des circonflexes. Pour les trémas, ce sera plus difficile. Peut-être vous pourrez vous en passer. Demain, des ouvriers vont apporter tous les accents qu'ils pourront. » Il avait vidé sur un marbre les caractères enchevêtrés comme des jonchets, les avait alignés du bout de son doigt d'imprimeur, et était parti.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 483-484.
———
II
1 (1559). Ensemble des inflexions de la voix (timbre, intensité) permettant d'exprimer les sentiments, les émotions. ⇒ Inflexion, intonation. || Un accent amer, douloureux, hautain, gouailleur, pathétique… || Un accent mielleux (cit. 2) et caressant. || Un accent d'innocence, de franchise, de sincérité. || Un accent de tristesse. || Un accent de réprobation.
3 L'accent est l'âme du discours, il lui donne le sentiment et la vérité.
Rousseau, Émile, I.
4 Des oiseaux chantaient avec un accent qui me remuait jusqu'au fond du cœur.
E. Fromentin, Dominique, III.
5 Il ne disposait que d'un vocabulaire très pauvre, et suppléait à cette indigence par l'image, par le cliché, par l'accent et la gesticulation.
F. Mauriac, la Pharisienne, III.
6 La rapidité de nos répliques, que nous n'avions pas prévue, nous eût menés à l'accent d'une querelle.
Colette, la Naissance du jour, p. 164.
7 Le cercle d'idées dans lequel se meut l'art est des plus limités. La force n'est pas en elles, mais dans l'expression qu'il leur donne, dans l'accent personnel, dans l'empreinte de l'artiste, dans l'odeur de la vie.
R. Rolland, Vie de Tolstoï, p. 3.
♦ Vx. Accent propre à un genre littéraire. || Accent dramatique, pathétique, ou oratoire.
3 Par anal. || Un accent : intensité plus forte d'une couleur, d'un trait.
8 De petites moustaches donnaient de l'accent à ses lèvres ardentes.
France, Les dieux ont soif, p. 26.
4 ☑ Loc. Fig. Mettre l'accent sur (qqch.). ⇒ Accentuer, insister. || Il a mis l'accent sur les difficultés économiques actuelles.
5 Littér. || Les accents : sons expressifs. — (De la parole, du chant) :
9 Écoute les accents de sa mourante voix.
Corneille, Médée, V, 7.
10 Te dirai-je qu'un soir, dans la brise embaumée,
Endormie, comme toi, dans la paix du bonheur,
Aux célestes accents d'une voix bien aimée,
J'ai cru sentir le temps s'arrêter dans mon cœur ?
A. de Musset, Lettre à Lamartine.
11 Ô Ninette ! où sont-ils, belle muse adorée,
Ces accents pleins d'amour, de charme et de terreur (…)
A. de Musset, À la Malibran.
11.1 Pareillement, la musique n'avait pas réussi à créer des rythmes éternels. Ce moment de passion et de foi, lorsque ses accents l'avaient pour ainsi dire soulevée, était en réalité tout entier tourné vers le divin silence (…)
J.-M. G. Le Clézio, l'Extase matérielle, p. 201.
♦ (D'un instrument). || Les accents guerriers du clairon. ⇒ Voix.
———
III (1680). Ensemble des caractères phonétiques distinctifs d'une communauté linguistique considérés comme un écart par rapport à la norme, dans une langue donnée. || L'accent breton, lorrain, marseillais, normand, parisien… (en français). || L'accent allemand, anglais (en français). || L'accent français (en anglais, etc.).
12 L'accent du pays où l'on est né demeure dans l'esprit et dans le cœur, comme dans le langage.
La Rochefoucauld, Maximes, 342.
13 La voix a le vieil accent parisien, dont celui des faubourgs actuels est une forme dégénérée, avilie.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, p. 279.
14 M. Beulier commença à parler. Il avait un accent bordelais extrêmement prononcé qui étonna Jean. Il disait « philôsôphie », « niaizeûrie », en marquant autant l'une que l'autre les quatre syllabes.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 260.
♦ Absolt. Prononciation qui diffère de la norme et qui est rattachée à une origine géographique. || Avoir un accent, un léger accent. || Perdre son accent. — Spécialt. L'accent du Sud de la France (pour les locuteurs du Nord). || Il parle avec l'accent (plus souvent : avé l'assent [avelasɑ̃]. ⇒ Assent).
15 — Ah ! à l'Hippodrome ?… j'avais entendu l'Ambigu-Comique !… c'est votre faute.. vous prononcez à l'américaine !
— C'est vrai, mon ami, vous avez de l'accent !
E. Labiche, Deux merles blancs, II, 7.
❖
DÉR. Accentuel.
Encyclopédie Universelle. 2012.