intonation [ ɛ̃tɔnasjɔ̃ ] n. f.
• 1372; du lat. intonare « faire retentir »
1 ♦ Hauteur à laquelle est joué ou chanté un son. Intonation fausse, juste. — Liturg. Partie initiale de la psalmodie dans le chant grégorien. Par ext. Action d'entonner. Intonation d'un cantique.
2 ♦ Ton que l'on prend en parlant, en lisant. ⇒ accent, inflexion. Influence des émotions sur l'intonation. Une voix aux intonations tendres.
3 ♦ Ling. Place attribuée au ton ou accent de hauteur.
● intonation nom féminin (latin médiéval intonnare, entonner, avec l'influence du latin classique intonare, de tonus, ton) Ensemble des inflexions que prend la voix : Prendre une intonation douce. Musique Façon d'attaquer un son vocal. Partie initiale d'un chant liturgique réservée au célébrant. Phonétique Fonctionnement signifiant des variations de la fréquence fondamentale et de la mélodie dans l'énoncé. Mouvement musical de la phrase caractérisé par les variations de la hauteur des voyelles.
intonation
n. f. Ton que l'on prend en parlant ou en lisant. Voix aux intonations chaudes.
⇒INTONATION, subst. fém.
A. — MUS. Manière d'attaquer une note, un son. Avoir l'intonation juste, fausse (Ac. 1935). L'intonation est la production (...) des sons au degré de hauteur qui convient à chacun d'eux (SAVARD, Mus. et méth. transpos., 1886, p. 34). Une mélodie est une succession de sons déterminés, différant entre eux à la fois par leur durée, par leur intensité et par leur intonation (G. DUMAS, Psychol., 1924, p. 305).
— LITURG. Partie initiale d'une œuvre liturgique. Si le kyrie est d'une composition relativement facile, il n'en n'est pas de même du gloria. C'est que, non compris l'intonation par le célébrant, le texte comprend seize phrases, les unes très courtes, les autres plus longues (POTIRON, Mus. église, 1945, p. 96). Le premier ténor chante discrètement l'intonation de l'antienne (POTIRON, Mus. église, 1945p. 66).
B. — Cour. Ensemble des variations de hauteur et d'intensité que prend la voix en parlant ou en lisant, et qui forment la courbe mélodique de la phrase. Synon. accent, expression, inflexion, ton. Il y avait dans la voix de ma pauvre mère une telle intonation de terreur, que je me tus à l'instant même (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 259). Ah! avait fait Haynes avec une intonation d'étonnement dans la voix (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 22) :
• 1. La richesse et la variété des intonations font le charme de la diction : il y a des comédiens qui ne parlent que sur 3 ou 4 tons, comme ils n'agissent qu'avec 4 ou 5 gestes qu'ils répètent successivement.
BUSSY, Art dram., 1866, p. 246.
— PHONÉT. GRAMMONT établit une classification entre les langues, sur la base des paramètres utilisés à des fins linguistiques, qui implique une hiérarchie des fonctions de l'intonation. Il distingue entre 1/ les langues à intonation, qui utilisent la hauteur comme élément de parole pour distinguer les mots, nous dirions aujourd'hui les langues à tons; 2/ et les langues accentuelles, dans lesquelles l'intensité et la durée sont les paramètres essentiels et où l'intonation fournit le mouvement musical de la phrase (p. 132) (L'Intonation, de l'acoustique à la sémantique, Paris, Klincksieck, 1981, p. 5) :
• 2. ... c'est surtout hors d'Europe, dans les langues de l'Extrême-Orient et les langues bantoues, que l'intonation joue un grand rôle. Dans la prononciation mandarine du chinois, on distingue, outre une intonation unie, deux intonations montantes et une intonation descendante...
Arts et litt., 1935, p. 50-05.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1372 « action de mettre un chant sur le ton dans lequel il doit être (en matière de plain-chant) » (J. GOULAIN, Trad. du Ration. de G. Durant, B.N. 437, f° 185b); b) 1552 « action ou manière d'émettre avec la voix un son musical » (RABELAIS, Quart Livre, éd. R. Marichal, VIII, 5); 2. ca 1770 « ton que prend la voix en parlant » (DUCLOS, Mém. act. théâtr. Œuvres, t. 9, p. 351 ds LITTRÉ). Dér. sav. du lat. médiév. intonare « entonner », lui-même adapté de l'a. fr. entonner. Fréq. abs. littér. : 434. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 254, b) 619; XXe s. : a) 812, b) 808. Bbg. HAZAËL-MASSIEUX (G.), HAZAËL-MASSIEUX (M.-Ch.). Inform., intonation et synt. en fr. Ét. de phonol. fr. Paris, 1978, pp. 107-116. - HOUDEBINE (A.-M.), ROBERT (F.). L'Intonation — une approche — à partir de qq. ouvrages. Linguistique. Paris. 1975, t. 11, n° 2, pp. 139-143. - MARTIN (Ph.). Les Probl. de l'intonation. Lang. fr. 1973, n° 19, pp. 4-32; Résumé d'une théorie de l'intonation. B. de l'Inst. de phonét. de Grenoble. 1977, t. 6, pp. 57-87. - MARTINS-BALTAR (M.). De l'énoncé à l'énonciation : une approche des fonctions intonatives. Paris, 1977, 174 p. - METTAS (O.). Les Techn. de la phonét. instrumentale et l'intonation. Bruxelles-Paris, 1971, 166 p.
intonation [ɛ̃tɔnɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1372, « mise dans le ton » (terme de plain-chant); dér. sav. du lat. médiéval intonnare « faire retentir », de entonner, lat. class. intonare, de tonus.
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1 (1552, Rabelais). Mus. Action ou manière d'attaquer, d'émettre avec la voix un son musical (→ Hauteur, cit. 20). || Intonation fausse, juste (→ Dépecer, cit. 4; harmonie, cit. 15). || Intonations criardes (cit. 2) d'un récitatif.
0.1 Il le fit se mettre tout droit, la poitrine en avant, la bouche grande ouverte, et pour l'instruire par l'exemple, poussa des intonations d'une voix fausse; celle de Victor lui sortait du larynx péniblement tant il le contractait — quand un soupir commençait la mesure, il partait tout de suite, ou trop tard.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, Folio, p. 395.
1 La déclamation de Lulli est une mélopée si parfaite, que je déclame tout son récitatif en suivant ses notes, et en adoucissant seulement les intonations (…)
Voltaire, Correspondance, 3240, 18 déc. 1767.
2 Ce chant n'est, à vrai dire, qu'une sorte de récitatif interrompu et repris à volonté. Sa forme irrégulière et ses intonations fausses selon les règles de l'art musical le rendent intraduisible.
G. Sand, la Mare au diable, I.
♦ Liturgie. || L'intonation d'un cantique, d'un psaume grégorien, leur ton propre indiqué par le prêtre dans une introduction récitée ou chantée.
2 (V. 1770). Ton que qqn prend en parlant, en lisant; ensemble des caractères phonétiques de hauteur d'un énoncé. ⇒ Accent, inflexion. || L'intonation de qqn, son intonation. || Influence des émotions sur l'intonation (→ Énonciation, cit. 1). || Sens et intonation.
3 M. Pitt, grand et maigre, avait un air triste et moqueur. Sa parole était froide, son intonation monotone, son geste insensible (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 160.
4 Voix de charmeuse; accent délicieusement hautain; l'intonation de la caresse tempérant l'habitude du commandement.
Hugo, l'Homme qui rit, II, VII, IV.
4.1 Si quelqu'un disait le mot culture elle l'arrêtait, souriait, allumait son beau regard, et lançait : « la KKKKultur », ce qui faisait rire ses amis qui croyaient retrouver là l'esprit des Guermantes. Et certes, c'était le même moule, la même intonation, le même sourire qui aurait ravi Bergotte, lequel, du reste, avait aussi gardé ses mêmes coupes de phrase, ses interjections, ses points suspensifs, ses épithètes, mais pour ne rien dire.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1005.
4.2 Vous n'avez pas mangé, dit-elle. Et une fugitive nuance, comme de pitié, ou de crainte, ou d'étonnement, passe cette fois dans sa phrase.
Mais, sitôt la phrase achevée, et le silence revenu, il devient impossible de retrouver l'intonation qui paraissait à l'instant avoir un sens — crainte, ennui, doute, sollicitude, intérêt quelconque — et seule demeure la constatation : « Vous n'avez pas mangé », prononcée d'une voix neutre. L'homme répète son geste évasif.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 64.
♦ Absolt. Variation de hauteur dans la production d'un énoncé. || Voix neutre, sans intonation.
4.3 Ce n'est pas une question. La voix est redevenue neutre, basse, privée d'intonation, méfiante peut-être. Le soldat fait un geste vague de sa main libre; un demi-sourire tire un coin de sa bouche.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 62.
♦ (Une, des intonations). Chaque élément intonatif de l'énoncé. || Intonations traînantes ou gouailleuses (→ Élever, cit. 75). || Une voix aux intonations canailles (cit. 14), gaies, tendres (→ Colorer, cit. 13).
4.4 Elles s'essayaient avec tant d'adresse à trouver les mêmes intonations, à dire les mêmes phrases avec les mêmes accents, que souvent il ne devinait pas. elles étaient parvenues, en vérité, à prononcer si pareillement, que les domestiques répondaient « Oui, madame », à la jeune fille et « Oui, mademoiselle » à la mère.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 152.
4.5 (…) les mots eux aussi ont des possibilités de se projeter dans l'espace, que l'on appelle les intonations. Et il y aurait d'ailleurs beaucoup à dire sur la valeur concrète de l'intonation au théâtre, sur cette faculté qu'ont les mots de créer eux aussi une musique suivant la façon dont ils sont prononcés.
A. Artaud, le Théâtre et son Double, Idées/Gallimard, p. 54.
5 Le débit n'était aucunement maniéré. Pas d'intonations prétentieuses, de menues pâmoisons de la voix, de façons de parler entre les dents ou en ravalant son souffle.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, VII, p. 108.
3 Ling. a « Place obligatoirement attribuée dans certaines langues au ton ou accent de hauteur » (Marouzeau). Vx. || Langue à intonations, à tons.
b Distribution des accents dans l'énoncé (en toute langue). || L'intonation dépend des variations de timbre, d'intensité et de durée, qui constituent la mélodie d'une phrase, alors que l'accentuation ne concerne que les mêmes variations en un point précis de la chaîne parlée. ⇒ Prosodie, suprasegmental (trait).
6 Notre langue est d'intonation trop égale pour permettre une prosodie basée sur les accents, et nous sommes d'abord gênés, nous Français, par les prosodies étrangères, dès qu'elles comptent, non plus par syllabes mais par pieds.
Gide, Attendu que…, XV.
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DÉR. Intonatif, intoné.
Encyclopédie Universelle. 2012.