SAUGE
SAUGE
Salvia : «Celle qui sauve.» Son nom seul résume la confiance immense dont la sauge (Salvia officinalis L.; labiées) a joui au long des siècles. Plus ou moins confondue par les Anciens avec d’autres labiées aromatiques, cultivée dans les monastères au IXe siècle, elle a été considérée au Moyen Âge comme une herbe omnipotente: «Pourquoi mourrait celui dont le jardin héberge la sauge?» dit un axiome de l’école de Salerne. Sa réputation était encore très vive au XVIIIe siècle chez les médecins. Bien délaissée de nos jours à l’officine, elle a encore des emplois en pratique populaire provençale.
Il y a dans la sauge 1 à 2,5 p. 100 d’une essence d’odeur camphrée composée de pinène, de salvène, de cinéol, de bornéol, de camphre et surtout de thuyone. La plante contient, en outre, du tanin, des pentosanes, de la choline, de l’asparagine. L’essence est très toxique, deux fois plus que celle d’absinthe: deux décigrammes tuent un chien. Inoffensive aux doses médicinales (à respecter cependant), la sauge est antisudorale (l’essence paralyse les terminaisons nerveuses des glandes sudoripares), tonique, stimulante, antispasmodique, emménagogue, hypoglycémiante, antiseptique et antidiarrhéique.
On utilise les vertus antisudorales de l’infusion à 1 ou 2 p. 100 dans les cas de transpiration excessive (suites de maladies infectieuses, tuberculose, rhumatismes); les propriétés toniques, stimulantes, antispasmodiques, fébrifuges sont analogues à celles du romarin («vin tonique»: 80 grammes de feuilles dans 1 litre de vin liquoreux; faire macérer 8 jours; 1 à 3 cuillerées à soupe après les repas). La sauge renferme une substance œstrogène et sert en emménagogue dans l’aménorrhée, la dysménorrhée, la leucorrhée, les troubles de la ménopause; l’infusion, prise un mois avant l’accouchement, en réduit les douleurs (rigoureusement contre-indiquée en début de grossesse). En traitement externe, l’infusion aqueuse ou vineuse s’emploie efficacement sur les plaies rebelles, les ulcères atoniques, les engelures, les entorses; en collutoire sur les aphtes, le muguet, les amygdalites. La sauge est l’aromate de choix du mouton, du poulet rôti, des châtaignes bouillies et des féculents. Les feuilles sèches se mêlent au tabac. L’infusion légère constitue un «thé» apprécié des Méridionaux.
La sauge sclarée (Salvia sclarea L.), à l’essence non toxique, convient particulièrement dans la dysménorrhée.
sauge [ soʒ ] n. f.
• XIIIe; salje fin XIe; lat. salvia, de salvus « sauf », à cause des propriétés médicinales de cette plante
♦ Plante aromatique (labiées) comprenant plusieurs variétés (herbes, arbrisseaux) dont certaines sont utilisées en médecine (sauge officinale), d'autres en cuisine, d'autres encore comme plantes ornementales.
● sauge nom féminin (latin salvia) Plante (labiée) aux fleurs en forme de casque. (La sauge officinale, spontanée dans le midi de la France, à fleurs violettes, est utilisée en pharmacopée. De nombreuses espèces et cultivars décorent les jardins d'ornement.)
sauge
n. f. Plante (genre Salvia, Fam. labiées) des régions chaudes ou tempérées, aux propriétés médicinales et aromatiques.
⇒SAUGE, subst. fém.
BOT. Plante ligneuse ou herbacée de la famille des Labiacées, dont certaines variétés sont connues pour leurs propriétés médicinales ou utilisées dans diverses préparations culinaires ou encore cultivées comme plantes ornementales. Cette allée de hêtres bordée de sauges empourprées (THARAUD, Dingley, 1906, p. 125). C'est dans le potager de la ferme qu'elle m'entraîne. L'oseille froissée, la sauge, le vert poireau encensent nos pas (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 110). V. encenser A ex. de Colette, marguerite B 2 ex. de Gide.
♦ Sauge officinale; grande, petite sauge; sauge de Provence; sauge des prés. La sauge officinale (...) a des tiges carrées, rudes et ramifiées; des feuilles opposées, ovales, lancéolées, entières, sillonnées, légèrement cannelées, épaisses, glanduleuses et pétiolées. Leur couleur est verte-grise-bleuâtre; leur odeur est forte, en quelque sorte camphrée; leur saveur est amère, aromatique, légèrement astringente (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 646). La sauge de Provence ne se distingue de l'autre que par ses feuilles plus petites. Elle pousse bien dans tous les terrains, mais de préférence dans les sols exposés au soleil (DUQ. Plantes 1974, p. 356).
— P. méton. Feuilles, fleurs de cette plante dans leur divers usages. Rôti de veau à la sauge; infusion, liqueur de sauge; boire un verre de sauge. Posée par tante Agathe sur l'assiette de l'oncle, une moitié de saucisson, d'où jute un bouillon jaune, fume, sentant la sauge et le feu de bois (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 49). Une eau parfumée aux pétales de roses et aux aromates, sauge, ou marjolaine, ou romarin, ou laurier (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 165).
♦ Expr., au fig., vieilli. Il n'y a ni sel ni sauge; sans sel ni sauge. [Exprime que qqc. manque de goût, d'intérêt] Synon. fade1. Les adversaires des Anciens peuvent s'en emparer demain pour vous dire: « Quoi! ce sont là ces épigrammes tant vantées! (...) Perrault, La Motte et Fontenelle, dans cette querelle fameuse, avaient grandement raison lorsque, voulant parler de madrigaux sans pointe, d'épigrammes sans sel ni sauge, ils disaient d'un seul mot: « Ce sont des épigrammes à la grecque » (...) » (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 7, 1864, p. 31).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin XIe s. salje (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1); mil. XIIIe s. sauge (Gloss. Glasgow, 157b ds T.-L.); 1814 sauge officinale (NYSTEN). Du lat. salvia « sauge », dér. de salvus « l'herbe bienfaisante » (v. ANDRÉ Bot.). Fréq. abs. littér.:65. Bbg. JORET (Ch.). Gloss. des noms de plantes. Romania. 1889, t. 18, p. 581.
sauge [soʒ] n. f.
ÉTYM. XIIIe, saulje; salje, fin XIe; lat. salvia, de salvus « sauf », à cause des propriétés médicinales de cette plante.
❖
♦ Plante aromatique, ligneuse ou herbacée (Labiées) à feuilles opposées, à fleurs zygomorphes (→ 1. Baume, cit. 2; renouée, cit.). || Sauge officinale ou grande sauge (syn. : herbe sacrée, thé de France). || Sauge sclarée (⇒ Orvale, toute-bonne). || Sauge des prés. || La sauge est utilisée comme remède (infusion, vinaigre antiseptique…). || La sauge est un amer, un antispasmodique, un tonique. || Liqueur de sauge. Ellipt. || Un petit verre de sauge. || Feuilles de sauge utilisées en cuisine comme assaisonnement (→ aussi Marjolaine, cit.). — Sauge utilisée comme plante ornementale pour ses fleurs rouges.
1 Et son regard tomba sur sa coupe où brillait
Le vin semé de sauge et de feuilles d'œillet.
Hugo, la Légende des siècles, XVI, I.
2 (…) j'oubliais un petit pot, où trempent dans l'eau des feuilles de sauge, dont la princesse use pour une inflammation des gencives.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 14 nov. 1874, t. V, p. 121.
3 — Chauffez-vous tout de même une minute. Vous accepterez bien un verre de sauge.
Je m'assis près du guéridon. La liqueur de sauge était verte, sirupeuse, puissante.
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 59.
➪ tableau Noms de plantes médicinales.
❖
DÉR. et COMP. 1. Saugé, 2. saugé. Feuille-de-sauge.
Encyclopédie Universelle. 2012.