APPRENTISSAGE
Dans l’opposition souvent établie en matière d’activités psychologiques entre l’inné et l’acquis, l’importance accordée à celui-ci a largement varié au cours des dernières années. Alors que le problème de l’apprentissage n’avait aucune place dans les premiers traités de psychologie et que les problèmes de l’habitude, entendue en un sens étroit, et de la mémoire n’y étaient envisagés que sous leur aspect subjectif, les investigations menées par la psychologie expérimentale fondamentale lui ont progressivement ouvert un domaine important. Des formes élémentaires d’apprentissage ont été découvertes et étudiées intensivement chez l’animal: leurs lois les plus simples – qui sont déjà d’une grande complexité – ont été dégagées.
Pendant une assez longue période, les théories de l’apprentissage et les expérimentations correspondantes ont occupé le centre de la psychologie scientifique. Depuis la fin des années soixante, il n’en est plus ainsi, et une restructuration s’est opérée.
La psychologie scientifique utilise le terme d’apprentissage dans une acception plus générale que l’usage commun: elle désigne par là toute modification stable des comportements ou des activités psychologiques attribuable à l’expérience du sujet. L’étude méthodique, particulièrement expérimentale, des phénomènes d’apprentissage a conduit à deux sortes de conclusions fermes: elle a permis de dégager un certain nombre de lois et d’identifier des processus de caractère général; elle a conduit à élargir de façon importante la sphère où ces processus se retrouvent et à mettre en évidence l’importance des apprentissages dans la genèse de nombreuses activités psychologiques humaines.
L’apprentissage a donné lieu à de nombreuses recherches expérimentales chez l’animal. Elles peuvent avoir pour objectif de définir en la matière les caractéristiques d’une espèce particulière ou de fournir des données comparatives. De plus en plus souvent, la recherche sur l’animal se situe dans le cadre de la psychophysiologie ou de ce qu’on appelle les neurosciences: elle permet d’approcher commodément des phénomènes élémentaires que l’on peut ensuite essayer de retrouver aussi chez l’homme.
Mais les apprentissages humains complexes sont désormais plus volontiers étudiés dans les perspectives de la psychologie cognitive, c’est-à-dire par référence aux notions de traitement et de conservation de l’information.
1. Formes élémentaires
On peut considérer le phénomène d’accoutumance (qui est parfois désigné sous son nom anglais d’habituation ) comme une des formes les plus simples et les plus générales d’apprentissage; il s’analyse en la disparition plus ou moins progressive d’une réaction innée, en cas de répétition du stimulus qui l’a suscitée. Si la répétition des stimulus est interrompue pendant un certain temps, la réaction retrouvera toute sa vigueur. Ce phénomène a été observé dans toute l’échelle animale; chez l’homme, des réflexes – tels que le clignement d’œil – et les diverses réactions d’«attention spontanée», suscités par un stimulus nouveau, s’évanouissent si celui-ci se répète: ils sont soumis à l’accoutumance.
Le conditionnement , sous sa forme classique due aux travaux de Pavlov et de son école, est fondamentalement un apprentissage; son étude représente, à elle seule, un champ important d’investigation. Tout permet de penser qu’il joue un grand rôle dans les activités neurovégétatives humaines: réflexes viscéraux, régulations cardiaques, respiratoires, thermiques, etc. Les physiologistes soviétiques ont particulièrement étudié ces problèmes. Les émotions sont aussi très facilement conditionnables et il est permis de penser qu’une part importante des phénomènes affectifs, y compris leurs dérèglements – tels qu’ils se manifestent dans des troubles psychologiques ou psychosomatiques – relèvent du conditionnement classique.
L’étude du conditionnement instrumental ou opérant a apporté aussi une série d’observations importantes. Cette forme d’apprentissage peut être considérée comme liée à ce que Thorndike a appelé par ailleurs la «loi de l’effet»: la réaction d’un organisme, animal ou humain, tend à devenir plus ou moins «forte» (c’est-à-dire, selon le cas, plus ou moins fréquente, vigoureuse ou rapide) selon qu’elle est suivie d’un résultat favorable ou défavorable à l’organisme qui l’a émise; on parle alors souvent de relation de «renforcement». La nature exacte du conditionnement instrumental ou opérant a donné lieu à d’innombrables discussions et expériences. B. F. Skinner a élaboré dans ce domaine ce qu’on doit bien appeler – quoiqu’il se soit défendu contre ce terme – une théorie à la fois très précise et très fermée; c’est à elle que s’applique l’adjectif «opérant»; elle a fait l’objet de vives controverses, particulièrement lorsque son auteur a voulu l’étendre au langage humain.
Beaucoup d’autres chercheurs ont exploré et analysé ce domaine sans adhérer à la théorie de Skinner; ils ont plutôt employé le terme «instrumental», en sorte que le choix terminologique recouvre ici souvent des options théoriques.
Des phénomènes qui avaient donné lieu à des études expérimentales antérieures, comme les parcours de labyrinthes ou les «problèmes» simples de psychologie animale, et d’une manière générale la plupart des dressages, ont été ramenés à cette forme d’apprentissage. Il en a été de même chez l’homme pour de nombreuses habitudes ou «habiletés sensori-motrices». L’extension des notions empruntées au domaine du conditionnement instrumental ou opérant à des acquisitions de niveau supérieur, notamment, comme on l’a dit, au langage, mais aussi aux activités intellectuelles et aux acquisitions de connaissance, et leur cristallisation sous forme d’applications telles que l’enseignement programmé de type skinnérien, a été très tôt contestée; on peut dire qu’elle ne compte plus qu’un très petit nombre de défenseurs.
Parmi les apprentissages spécifiques de la psychologie humaine, on a longtemps fait une place spéciale à ceux qui sont purement verbaux sous forme d’apprentissages par cœur. Ils ont été largement étudiés en raison de leur relative simplicité, parfois accrue d’ailleurs par l’utilisation de mots ou de syllabes dépourvus de signification; en outre, les apprentissages par cœur ont été les premiers à rendre possible l’utilisation de méthodes expérimentales précises, fondées sur la comparaison quantifiée du «matériel» verbal présenté et des réponses données par le sujet. Les études portant sur ce type d’apprentissage se confondaient alors avec celles qui portent sur la mémoire; il n’existe pas, en fait, de démarcation tranchée entre cette dernière notion et celle d’apprentissage, mais la perspective se trouve, au début des années quatre-vingt, complètement inversée par les théories du traitement et de la conservation de l’information: désormais c’est la notion de mémoire qui a pris le pas sur celle d’apprentissage.
2. Mécanismes et lois classiques
Mécanismes d’acquisition
La première loi générale de l’apprentissage qu’il faut évoquer est celle de la répétition ou de la quantité d’exercice. Elle s’exprime dans les courbes d’apprentissage au moyen desquelles on retrace l’évolution de la performance (quantité de salive sécrétée, nombre de réactions motrices par unité de temps, vitesse de parcours d’un labyrinthe, nombre de mots rappelés, etc.) en fonction des présentations successives de la situation ou du matériel considéré (fig. 1); chacune de ces présentations est techniquement appelée «essai». La courbe typique est négativement accélérée et témoigne du caractère cumulatif des acquisitions réalisées aux essais successifs. Pour un individu unique, il est exceptionnel que l’évolution de l’apprentissage soit aussi régulièrement progressive; elle est généralement marquée par des oscillations (fig. 2), par des alternances irrégulières d’augmentation et de diminution de la performance. On admet généralement que ces oscillations, qui sont parfaitement normales, ne concernent pas fondamentalement l’apprentissage lui-même, mais qu’elles sont dues aux nombreux autres facteurs qui, en commun avec lui, déterminent le comportement et le font varier de moment en moment: fatigue, motivation ou intérêt, niveau de vigilance ou d’attention, contexte propre à la situation, etc.
La courbe se stabilise à une valeur asymptotique au-delà de laquelle aucun nouveau progrès de la performance n’est observable. Si l’on poursuit l’exercice au-delà de cette valeur, on parle de surapprentissage. Il convient d’observer que les conditions naturelles d’existence font que certaines acquisitions sont prodigieusement «surapprises»: les auteurs qui accordent de l’importance au rôle de l’apprentissage dans le développement du langage diront, par exemple, que le sens d’un mot ou l’utilisation d’une règle grammaticale simple reçoivent des milliers, voire des millions de confirmations entre la petite enfance et l’âge adulte; il en est de même des perceptions habituelles et de nombreuses circonstances de la vie quotidienne. Il y a des raisons de penser que, en dépit de la stabilisation de la performance à son asymptote, le surapprentissage détermine une certaine forme de modification psychologique: ce qui a été «surappris» se révèle moins susceptible d’oubli ou de désapprentissage et beaucoup plus résistant aux nombreux facteurs de perturbation qui peuvent en affecter l’actualisation. En matière pédagogique, on peut estimer que l’absence fréquente de surapprentissage des questions scolaires les plus importantes conduit à ce que soit perdue, en assez peu de temps, la quasi-totalité du bénéfice né de leur acquisition.
L’existence d’une loi de la répétition n’exclut nullement qu’il puisse exister des apprentissages qui s’accomplissent en une seule fois: ceux-ci peuvent se produire lorsque les conditions sont favorables.
Contiguïté
Une assez grande part des apprentissages – dont l’importance est d’ailleurs un sujet de controverse – peuvent être regardés comme étant de type associatif: ce sont ceux qui reposent sur des liaisons entre deux événements bien différenciés. Ces événements peuvent être la réaction d’un individu et un stimulus ayant valeur de renforcement, ou un stimulus et une réponse, ou encore deux stimulus, mais leur contiguïté est toujours une condition nécessaire de l’apprentissage considéré. C’est la proximité temporelle qui joue ici le rôle déterminant, et l’apprentissage est d’autant plus difficile et plus fragile que l’écart est plus grand entre les deux éléments de la liaison: par exemple la sanction d’un acte, positive ou négative, qui ne survient pas immédiatement perd de son efficacité à proportion de son retard.
La condition d’acquisition la plus favorable est évidemment celle d’une contiguïté constante et répétée; toutefois, si cette contiguïté est seulement fréquente, un apprentissage peut également s’établir. Comme dans le cas du délai, la psychologie expérimentale a pu établir ici des relations quantitatives et montrer que l’apprentissage était alors déterminé par la probabilité qu’avait l’événement A d’être accompagné par B .
Fractionnement
La loi de Jost a fait ressortir l’importance des pauses qui se présentent au cours d’un apprentissage: elles peuvent tenir soit à l’espacement des séances ou des «essais» successifs, soit, à l’intérieur même de ceux-ci, au rythme de présentation des stimulus élémentaires. On peut considérer que, toutes choses égales par ailleurs, l’apprentissage fractionné est plus efficace que l’apprentissage concentré. L’efficacité s’accroît jusqu’à un certain degré de fractionnement, au-delà duquel elle reste stationnaire, puis décroît, et les facteurs d’oubli finissent par l’emporter. Ce fractionnement optimal ne peut malheureusement pas être déterminé comme une constante : il varie lui-même en fonction des capacités du sujet et de la complexité de la tâche.
Apprentissages négatifs. Inhibition
Les formes positives d’apprentissage, qui sont le plus aisément prises en considération, se manifestent par l’apparition ou l’accroissement de réponses nouvelles; mais il convient de ne pas sous-estimer l’importance des effets inverses qui se traduisent par la diminution ou la disparition de réponses.
L’extinction des réactions conditionnelles en est la forme la plus connue et elle correspond au fait que les régularités de l’environnement (dont la contiguïté et la répétition sont une expression privilégiée) peuvent n’avoir qu’un caractère transitoire. Le phénomène d’extinction peut être rapproché de celui d’accoutumance, évoqué plus haut, qui n’en diffère qu’en ce qu’il porte sur une réaction innée et non apprise: l’un et l’autre peuvent être attribués au développement cumulatif d’une inhibition qui oppose sa force à celle de la réaction, innée ou apprise, antérieurement établie.
On peut également rapprocher de ces phénomènes ceux qui sont dus à la présentation répétée d’un stimulus nocif ou déplaisant après une réaction. Il faut ajouter que certaines des inhibitions qui peuvent être créées par ces situations de «punition» – en particulier celles qui sont dues aux sanctions sociales et dont une grande part se forme durant l’enfance – peuvent se trouver en antagonisme avec des motivations fortes et donner lieu à des conflits. Un certain nombre de phénomènes psychopathologiques, notamment parmi ceux que décrit la psychanalyse, sont susceptibles de recevoir une explication de cette sorte.
Différenciation et apprentissages discriminatifs
Au début de leur établissement, les apprentissages traversent le plus souvent une phase pendant laquelle d’autres stimulus que celui ou ceux qui ont été appris jouent le même rôle que ces derniers. Ce phénomène, qui se manifeste empiriquement sous forme de confusions ou, chez l’enfant, de syncrétisme , a été étudié scientifiquement en relation avec les processus de conditionnement: on l’a appelé généralisation du stimulus. On a pu montrer que la similitude en était le facteur déterminant et que, dans tous les cas où l’on pouvait obtenir de celle-ci une mesure objective, elle entrait dans une relation stable avec la force de la réaction.
À mesure que l’apprentissage progresse, la généralisation tend à faire place à une différenciation accrue; mais l’expérimentation a montré que cette évolution n’était pas spontanée: c’est dans la mesure où le comportement se révèle inadapté, et plus précisément où les réponses aux stimulus autres que celui ou ceux adéquats ne sont pas renforcées, que ces réponses diminuent et disparaissent peu à peu, au cours d’une évolution semblable à celle de l’extinction : on parle d’apprentissage discriminatif.
Lorsque la situation ou le stimulus comportent un grand nombre de dimensions, organisées de façon complexe, c’est leur analyse qui ouvre la possibilité de réponses adaptées: les différenciations qui s’effectuent alors sont un aspect des processus perceptifs, ou trouvent même leur prolongement direct dans les activités cognitives.
Organisation et structuration
Bien que des exigences méthodologiques obligent en général à les étudier de façon séparée, on a depuis longtemps reconnu qu’il n’existe pas d’apprentissage isolé; toute nouvelle acquisition vient, chez un individu, s’intégrer à la totalité des acquisitions antérieurement formées; son existence est relative à elles et elle les modifie en retour; elle sera elle-même ultérieurement transformée par celles qui suivront. Un apprentissage portant sur un ensemble d’éléments extérieurement dissociables comporte ainsi inévitablement une activité de structuration; cela a été expérimentalement étudié d’abord dans le domaine verbal, particulièrement lorsque les possibilités d’organisation consciente de la part du sujet ont été méthodiquement minimisées ou détruites; ainsi, dans l’apprentissage de syllabes sans signification présentées au hasard a-t-on pu observer une constitution ou une reconstitution de structures, une intégration du matériel inconnu dans des cadres connus, etc. Cela est naturellement plus vrai encore dans le cas d’apprentissages complexes auxquels concourent toutes les connaissances antérieures du sujet groupées en système; on y a progressivement étudié l’effet de facteurs comme la familiarité ou la fréquence d’usage des mots, la force d’association qui les lie à d’autres mots, les dépendances séquentielles et les contextes, les habitudes grammaticales, la signification.
Cette structuration est aussi une condition de la conservation de ce qui a été appris : les conceptions modernes de l’oubli mettent l’accent sur le rôle qu’y jouent les interférences entre des acquisitions formées à différents moments du temps et qui n’ont pas pu être intégrées en un système complètement organisé.
3. Apprentissages complexes
Les lois fondamentales de l’apprentissage ont d’abord été étudiées dans le cadre d’activités simplifiées. On a progressivement essayé de les étendre, en en vérifiant la validité, à des activités plus complexes.
L’acquisition d’habiletés diverses de caractère sensori-moteur – celles de l’ouvrier qualifié, de l’artiste virtuose ou du champion sportif – relève évidemment d’un entraînement assidu soigneusement contrôlé par des rétroactions fines, que l’on peut chercher à bien identifier; les aspects proprement musculaires y sont intégrés au sein d’apprentissages qui portent à la fois sur l’ajustement précis des mouvements et sur l’affinement de leur contrôle perceptif: le «coup d’œil» de l’ajusteur, l’oreille du violoniste, la «proprioception» du skieur de slalom fournissent à chacun une connaissance perceptive des résultats de ses actes, qui en assure la précision. Les apprentissages phonétiques ou phonémiques d’une langue, maternelle ou étrangère, sont du même type et les laboratoires de linguistique appliquée mettent en œuvre la connaissance meilleure que nous en avons aujourd’hui.
Les perceptions les plus familières elles-mêmes, qui nous semblent si souvent spontanées, naturelles, et presque instinctives, c’est-à-dire non apprises, n’ont sans doute cette apparence qu’en raison de leur caractère – que nous avons souligné – foncièrement «surappris»: la perception de la constance des objets, celle de la profondeur, la coordination de notre univers visuel et les distinctions que nous sommes capables d’y faire – et bien d’autres aspects encore – relèvent d’une expérience répétée des milliers et des millions de fois au moyen de mécanismes dont nous n’avons nulle conscience, mais dont le fonctionnement sous-tend toute notre perception. L’expérimentation permet d’en retrouver les facteurs principaux.
Bien que le problème soit, sur le plan général, le lieu d’âpres controverses, on peut penser qu’il en est, au moins partiellement, de même dans le domaine du langage: on a tendance à penser que son acquisition ne déborde pas les années d’enfance, alors que de nombreuses données existent qui attestent son caractère permanent. Plus un mot, par exemple, est fréquent dans la langue, plus souvent il a été entendu ou lu par les individus qui pratiquent cette langue, et plus facilement il est reconnu à l’audition ou à la lecture, évoqué en réponse à une série de stimulus quelconques, appris dans un groupe de mots ou deviné dans une phrase incomplète. Des relations quantitatives stables ont été établies, qui témoignent de ce rôle de l’apprentissage verbal continu. Une part au moins de l’acquisition des significations semble relever d’une explication analogue : si les dénotations reposent sur l’expérience qu’a le sujet des conditions, linguistiques et extra-linguistiques, dans lesquelles le mot a été employé en sa présence, les connotations retiennent de ces contextes des caractéristiques affectives ou imagées, souvent plus ou moins fortuites, qui restent attachées au signifiant. Le développement cognitif repose au moins pour une part sur ces acquisitions: que l’établissement des habitudes intellectuelles, la formation du contenu des concepts, l’accumulation de connaissances généralisables, l’élaboration de règles de pensée et de «stratégies» efficaces en dépendent, on le voit aisément si l’on considère les modifications qu’apporte l’enseignement aux capacités intellectuelles.
Le rôle exact que jouent les apprentissages dans le développement des caractéristiques proprement psychologiques de l’activité cognitive est toutefois encore mal connu et soumis à la contestation.
4. Les tendances de la recherche
Depuis le milieu des années soixante, on a assisté à un bouleversement progressif mais considérable des conceptions concernant la psychologie de l’apprentissage; il a trouvé son origine dans la conquête par la recherche expérimentale de nouveaux domaines, précédemment inaccessibles à l’étude scientifique. Les trois principaux sont celui des activités humaines supérieures, généralement qualifiées de cognitives , celui du comportement animal dans son milieu naturel, sous l’impulsion de l’éthologie, et celui de l’étude fine du fonctionnement du système nerveux, indépendamment du comportement molaire ou en relation avec lui (psychophysiologie, neurophysiologie, neurochimie, neuropsychologie).
Ce bouleversement a eu trois conséquences principales. En premier lieu, le débat sur le rôle respectif des facteurs innés et acquis a rebondi, sur la base de nouvelles catégories de faits et de nouveaux arguments; on a assisté à la réapparition de plusieurs courants innéistes, d’inspirations très diverses. En deuxième lieu, les grandes «théories de l’apprentissage» de la précédente période se sont effondrées, sous la pression des faits et des problématiques plus récentes; elles ont cédé la place à une certaine atomisation théorique. Enfin, comme on l’a dit, le grand courant cognitiviste des années soixante-dix et quatre-vingt, fondé sur les notions d’information, de son traitement et de sa conservation, préfère conceptualiser cette dernière en termes de «mémoire» plutôt que d’«apprentissage».
apprentissage [ aprɑ̃tisaʒ ] n. m.
• 1395; a. fr. apprentis → apprenti
1 ♦ Le fait d'apprendre un métier manuel ou technique; l'ensemble des activités de l'apprenti. ⇒ formation, instruction. Mettre un garçon, une fille en apprentissage. Entrer, être en apprentissage. Prendre qqn en apprentissage. Centre d'apprentissage. Le C. A. P. sanctionne l'apprentissage. Taxe d'apprentissage, collectée auprès des entreprises pour financer la formation initiale. — État d'apprenti; temps que l'on passe dans l'état d'apprenti. ⇒ stage.
2 ♦ (déb. XVIIe) Littér. Les premières leçons, les premiers essais. ⇒ expérience, initiation. L'apprentissage des vertus. Vx « L'apprentissage à bien mourir » (Fléchier). En être à son, faire son apprentissage. ⇒ début (cf. Faire ses premières armes).
♢ Faire l'apprentissage de qqch., en commencer la pratique, s'y initier. Les jeunes nations qui font l'apprentissage de l'indépendance.
3 ♦ Psychol. Modifications durables du comportement d'un sujet (humain ou animal) grâce à des expériences répétées. — Par ext. Processus d'acquisition des automatismes sensorimoteurs et psychiques.
4 ♦ Loc. adj. inform. À apprentissage, doté de l'aptitude à modifier ses réponses futures en fonction de son expérience passée. Robot à apprentissage, programme à apprentissage (cf. Système expert).
♢ Techn. Courbes d'apprentissage, retraçant la décroissance des temps unitaires au cours d'une fabrication en série.
⊗ CONTR. Maîtrise. Expérience, métier.
● apprentissage nom masculin (de apprenti) Formation professionnelle des jeunes en vue d'apprendre un métier ; temps pendant lequel on est apprenti : Entrer en apprentissage. Initiation par l'expérience à une activité, à une réalité : Faire l'apprentissage du malheur. Ensemble des processus de mémorisation mis en œuvre par l'animal ou l'homme pour élaborer ou modifier les schèmes comportementaux spécifiques sous l'influence de son environnement et de son expérience. ● apprentissage (expressions) nom masculin (de apprenti) Contrat d'apprentissage, contrat aux termes duquel un chef d'entreprise ou un employeur du secteur public s'engage, outre le versement d'un salaire, à assurer à un jeune travailleur une formation professionnelle, dispensée en alternance en entreprise et dans un centre de formation. Taxe d'apprentissage, taxe à laquelle sont assujettis, en principe, tous les employeurs. ● apprentissage (synonymes) nom masculin (de apprenti) Initiation par l'expérience à une activité, à une réalité
Synonymes :
- épreuve
- essai
- expérience
Contraires :
- habitude
- pli
- pratique
- routine
apprentissage
n. m.
d1./d Acquisition d'une formation professionnelle. Apprentissage en usine.
d2./d Par anal. Première expérience. L'apprentissage de l'amour.
⇒APPRENTISSAGE, subst. masc.
I.— Dans le domaine de l'enseign. ou de la formation.
A.— Action d'apprendre un métier, en particulier formation professionnelle organisée permettant d'acquérir une qualification pour un métier. Synon. formation, instruction :
• 1. Samedi 14 mai. Frantz Jourdain vient déjeuner avec moi et me lire des fragments d'un livre dont je lui ai donné l'idée. C'est un roman où sous un nom supposé, il raconte son enfance, sa jeunesse, son passage à l'école des beaux-arts, son apprentissage du métier d'architecte.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1892, p. 249.
• 2. L'apprentissage doit être rationnel, organisé, sous une direction technique et pédagogique avec un personnel d'enseignement spécialisé.
Doc. sur les Journées Nationales d'études de l'apprentissage et du travail des Jeunes, 1954, p. 34.
— P. ext. Formation pratique par l'exercice de la profession :
• 3. Il était entré à la conférence d'Aguesseau et s'était glissé parmi tous ces jeunes gens s'esseyant à parler, faisant leur éducation de tribune, leur apprentissage d'orateur, leur stage d'homme d'état, pour les luttes parlementaires à venir.
E. et J. DE GONCOURT, Renée Mauperin, 1864, p. 92.
SYNT. verbaux :
♦ Entrer en apprentissage chez qqn :
• 4. À quinze ans, Carrière entrait en apprentissage chez un lithographe : ...
G. SÉAILLES, Eugène Carrière, essai de biogr. psychol., 1911, p. 9.
♦ Faire son apprentissage :
• 5. Elle pouvait avoir seize ans; elle était grande, svelte, blanche comme un lis, avec des cheveux noirs et des lèvres dont le rouge ardent lui avait fait donner le surnom de Cerise dans l'atelier de fleuriste où elle avait fait son apprentissage.
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 98.
• 6. La situation qui se propose aux professionnels de la pensée, à ces gens munis des techniques de l'intelligence, est une situation brutale. (Et il faut se tourner ici vers les jeunes hommes qui font un apprentissage de clercs, et non vers ces vieux clercs encore debout par habitude dans leur vieillissement, dans leur mémoire, leur sclérose et leur contentement...)
NIZAN, Les Chiens de garde, 1932, p. 231.
♦ Faire son apprentissage sous qqn... :
• 7. Elle [ma mère] décida mon père à abandonner le service de l'État; quand il aurait un commandement pour l'Islande, je ferais mon apprentissage sous lui.
MALOT, Romain Kalbris, 1869, p. 14.
• 8. Madeleine Férat était fille d'un mécanicien-constructeur. Son père, né dans un petit village des montagnes de l'Auvergne, vint à Paris pour chercher fortune, les pieds nus, les poches vides. C'était un de ces Auvergnats trapus, carrés des épaules, d'un entêtement de brute au travail. Il se mit en apprentissage chez un constructeur de machines, et là, pendant près de dix ans, il lima et forgea de toute la force de ses mains rudes.
ZOLA, Madeleine Férat, 1868, p. 25.
• 9. Gamin de douze ans, il avait été placé en apprentissage chez un imprimeur et, comme Stephenson, avait eu le mérite de se rendre compte de ce qui lui manquait pour réussir.
P. ROUSSEAU, Hist. des techn. et des inventions, 1967, p. 308.
SYNT. Nom. 1. Avec réf. au métier appris ou aux lieux et conditions d'apprentissage : apprentissage agricole, artisanal; centre, cours, école d'apprentissage; apprentissage familial (effectué par l'apprenti chez ses parents). 2. Avec réf. au statut jur. et écon. de l'apprenti : contrat, livret, taxe d'apprentissage. 3. Avec réf. aux résultats de l'apprentissage : brevet, certificat d'apprentissage.
B.— Emplois spéc., PSYCHOL. [En parlant d'une pers., d'un enfant ou même d'un animal] ,,Modification adaptative du comportement au cours d'épreuves répétées.`` (PIÉRON 1963) :
• 10. Le réflexe acquis est un véritable apprentissage exigeant, comme tout apprentissage, l'intervention de l'attention.
RUYER, La Conscience et le corps, 1937, p. 21.
• 11. Le succès psychologique des notions d'apprentissage et de conditionnement, en insistant sur l'important de l'acquis dans l'élucidation du psychisme, amène naturellement au premier plan l'étude du développement de l'enfant et des acquisitions successives qui concourent à la formation de l'adulte.
Hist. de la sc., 1957, p. 1688.
SYNT. Apprentissage intuitif, latent; apprentissage par l'action, par essais et erreurs, par imitation, par substitution; courbe d'apprentissage.
— P. anal., INFORMAT. Apprentissage automatique. ,,Processus permettant à la machine d'améliorer ses performances, pour l'analyse et/ou pour la recherche automatique des informations, en fonction de ses « expériences » propres.`` (CROS-GARDIN 1964) :
• 12. Tout le problème est alors de définir le niveau optimal de cette culture, son mode d'emploi et son enrichissement; cette question est liée à celle de l'apprentissage automatique; de même qu'on a appris à des machines à jouer aux échecs, on cherche à leur apprendre à apprendre à enregistrer et à utiliser un savoir d'ordre documentaire.
M. COYAUD, Introd. à l'étude des lang. documentaires, 1966, p. 125.
II.— Au fig. et p. anal., dans le domaine de la morale et de la vie quotidienne. Initiation, par l'expérience, aux divers aspects de la vie humaine. L'apprentissage du monde, de la patience :
• 13. L'apprentissage de la débauche ressemble à un vertige; on y ressent d'abord je ne sais quelle terreur mêlée de volupté, comme sur une tour élevée. Tandis que le libertinage honteux et secret avilit l'homme le plus noble, dans le désordre franc et hardi, dans ce qu'on peut nommer la débauche en plein air, il y a quelque grandeur, même pour le plus dépravé.
MUSSET, La Confession d'un enfant du siècle, 1836, p. 104.
• 14. Au collège, Guillaume commença dans la douleur l'apprentissage de la vie; il devait fatalement être blessé à chaque pas.
ZOLA, Madeleine Férat, 1868, p. 51.
• 15. ... ensuite, puisque l'efficience collective suppose une harmonie des agents, ceux-ci feront un apprentissage de la solidarité.
J. WILBOIS, Comment fonctionne une entreprise, 1941, p. 9.
♦ Faire l'apprentissage de qqc. En faire l'expérience, s'habituer progressivement à quelque chose :
• 16. — Parce que, mon cher ami, vous comprenez, il ne faut jamais être exclusif. Quand on vit avec des fous, il faut faire aussi son apprentissage d'insensé; d'un moment à l'autre quelque cerveau brûlé, qui n'aura pas plus de motif de me chercher querelle que vous n'en avez d'aller chercher querelle à Beauchamp, me viendra trouver pour la première niaiserie venue, ou m'enverra ses témoins, ou m'insultera dans un endroit public : ...
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 287.
• 17. J'admirais donc le cher Désiré, je me confiais à son bras, je m'en remettais à lui de toutes vertus protectrices et, quand il vint à me manquer, je dus faire douloureusement l'apprentissage de certaine adversité, me former, petit à petit, une carapace et des pinces.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 116.
SYNT. Épithètes caractérisantes : apprentissage délicieux, douloureux, dur, long, patient.
PRONONC. ET ORTH. :[]. Demi-longueur ds PASSY 1914 pour []. Enq. ://. FÉR. Crit. t. 1 1787 admet une var. graph. aprentissage.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1395 « action d'apprendre un métier » (ds DELB. Rec. d'apr. DG : En faisant le contrat dudit apprentissage); d'où 1447 « temps d'apprentissage » (Août 1447, Ord., XIII, 508 ds GDF. Compl.); 2. 1558 « premiers essais qu'on fait » (ST-GELAIS, 171 ds LITTRÉ : Heureux celui qui, pour devenir sage, Du mal d'autrui fait son apprentissage); 1580-92 « action d'apprendre, en gén. » (MONT., 1. I, ch. 26 ds GDF. Compl.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :449. Fréq. rél. littér. : XIXe s. : a) 583, b) 523; XXe s. : a) 520, b) 812.
BBG. — BARR. 1967. — BATTRO 1966. — Biol. t. 2 1970. — BLANCHE 1857. — CAP. 1936. — CROS-GARDIN 1964. — DE LISLE (J.), GAUTHIER (F.). La Gestion de l'entr. Meta, 1970, t. 15, n° 1, p. 40. — Éd. 1913. — Foi t. 1 1968. — GAY t 1 1967 [1887]. — GUILH. 1969. — JOSSIER 1881. — KUHN 1931, p. 42. — LACR. 1963. — LAFON 1959. — Lar. comm. 1930. — LE CLÈRE 1960. — LEMEUNIER 1969. — MARCH. 1970. — MONT. 1967. — MUCCH. Sc. soc. 1969. — NOËL 1968. — PAG. 1969. — PIÉRON 1963. — Psychol. 1969. — RÉAU-ROND. 1951. — RÉAU-ROND. Suppl. 1962. — SILL. 1965. — SUAVET 1970. — TEZ. 1968.
apprentissage [apʀɑ̃tisaʒ] n. m.
ÉTYM. 1395; de apprenti.
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1 Le fait d'apprendre un métier manuel ou technique; l'ensemble des activités de l'apprenti(e). ⇒ Formation, instruction. || L'apprentissage d'un métier par qqn. || Mettre un garçon, une fille en apprentissage. || Entrer, se mettre, être en apprentissage (chez qqn). || Prendre qqn en apprentissage. — Faire son apprentissage. || Faire son apprentissage sous qqn. || Contrat d'apprentissage. || École, centre d'apprentissage. || Le C. A. P. sanctionnera l'apprentissage.
1 Il n'y a aucun métier qui n'ait son apprentissage.
La Bruyère, les Caractères, XIV.
2 Nous nous mettons tous deux en apprentissage.
Rousseau, Émile, III.
3 Il désertait de plus en plus, pour ce métier rude, l'atelier en plein vent du charpentier, où elle l'avait mis en apprentissage (…)
Loti, Ramuntcho, I, I.
4 Le contrat d'apprentissage est celui par lequel un chef d'établissement industriel ou commercial, un artisan ou un façonnier s'oblige à donner ou à faire donner une formation professionnelle méthodique et complète à une autre personne qui s'oblige, en retour, à travailler pour lui, le tout à des conditions et pendant un temps convenus.
Code du travail, art. 1 (Loi du 20 mars 1928).
♦ État d'apprenti. — (1447). Temps que l'on passe dans l'état d'apprenti. ⇒ Stage. || Un apprentissage de trois ans. || Le début, la fin de l'apprentissage. || Durant, pendant son apprentissage.
2 (Déb. XIIIe). Littér. Les premières leçons, les premiers essais (dans qqch.) ⇒ Exercice, expérience, initiation, introduction, préparation. || L'apprentissage de la patience, de l'amitié, de l'amour, de la sexualité. || L'apprentissage de la vie. ⇒ Épreuve. || En être à son apprentissage, faire son apprentissage. ⇒ Début (→ Les premières armes). || Faire son apprentissage de musicien, d'homme d'affaires. — Vx ou littér. || Apprentissage à (et inf.). → cit. 9.
5 Ils faisaient ainsi leurs premières armes : leur apprentissage était un chef-d'œuvre.
Guez de Balzac, le Romain.
6 Douce d'humeur, gentille de corsage,
Et n'en étant qu'à son apprentissage (…)
La Fontaine, Contes, « Le psautier ».
7 Il (un poème excellent) veut du temps, des soins; et ce pénible ouvrage
Jamais d'un écolier ne fut l'apprentissage.
Boileau, l'Art poétique, III.
8 Quand il fut un peu avancé en âge, son père lui fit faire son apprentissage par une guerre contre les Arabes.
Bossuet, Hist. universelle, III, 3.
9 Ces rechutes, ces agonies fréquentes ne lui servaient-elles pas comme d'apprentissage à bien mourir ?
Fléchier, Oraison funèbre de la Duchesse de Montausier.
10 La constance et la fermeté sont, ainsi que les autres vertus, des apprentissages de l'enfance.
Rousseau, Émile, II.
11 La cruauté qu'on exerce envers les animaux n'en est que l'apprentissage envers les hommes.
12 (…) des préparations, des exercices militaires, des apprentissages, de grandes manœuvres de guerre civile.
Ch. Péguy, Œuvres complètes, t. III, p. 361.
♦ Faire l'apprentissage de qqch., en commencer la pratique, s'y initier. ⇒ Apprendre, instruire (s'). || Les jeunes nations font l'apprentissage de l'indépendance. || Faire l'apprentissage du crime, de la débauche. ⇒ Accoutumer (s'), entraîner (s'), façonner (se), fortifier (se fortifier dans). || J'en ai fait le triste apprentissage.
13 Heureux celui qui, pour devenir sage,
Du mal d'autrui fait son apprentissage.
14 Nous sommes sous un roi si vaillant et si sage,
Et qui si dignement a fait l'apprentissage
De toutes les vertus propres à commander (…)
15 (…) voudrais-tu qu'à mon âge
Je fisse de l'amour le vil apprentissage ?
Racine, Bajazet, I, 1.
16 Mais moi, qui vois plus loin, qui par un long usage,
Des maximes du trône ai fait l'apprentissage (…)
Racine, Bajazet, IV, 7.
17 Cette femme est une catéchumène qui fait l'apprentissage des pleurs que J.-C. demande à ses servantes.
Chateaubriand, les Martyrs, II.
♦ Les années d'apprentissage, première partie du Wilhelm Meister de Goethe. — Roman d'apprentissage (calque de l'allemand).
18 Ce n'est plus alors la scène qui forme le milieu dans lequel il (Goethe) fait évoluer Wilhelm Meister, mais la société, telle qu'elle se présente dans la vie de tous les jours. Wilhelm Meister se développe au contact du monde et y fait l'apprentissage de la vie.
3 Psychol. Modifications durables du comportement d'un sujet (humain ou animal) grâce à des expériences répétées (par « essai et erreur »). — Par ext. Processus d'acquisition des automatismes sensori-moteurs et psychiques. ⇒ Conditionnement, mémorisation. || Apprentissage par imitation, par essais et erreurs. || Apprentissage par intuition, grâce au travail du subconscient. || Apprentissage par l'action, exploration, classement des faits. || Apprentissage instrumental.
19 Avant cet auteur (Konorski) on supposait que tout apprentissage résulte de « renforcements externes » dus à l'expérience ou à l'expérimentateur, qui sanctionnent par des réussites ou récompenses ou par des échecs ou punitions, les réactions du sujet étudié. Konorski a montré qu'il existe au contraire des apprentissages liés à l'utilisation spontanée d'intermédiaires fournis dans le dispositif. C'est ainsi que Skinner a placé dans ses cages expérimentales des sortes de leviers tels que si l'animal en vient à les presser, d'abord par hasard puis systématiquement, la nourriture apparaît.
J. Piaget, Épistémologie des sciences de l'homme, p. 146.
♦ Spécialt (appliqué au domaine scolaire) :
20 La disproportion entre la place accordée aux amphithéâtres et celle qui est faite aux salles de travaux pratiques et de lecture ou encore la difficulté extrême de l'accès aux instruments de l'auto-apprentissage, livres ou appareils, trahit la disproportion entre l'apprentissage par ouï-dire et l'apprentissage sur pièces par la discussion réglée, l'exercice, l'expérimentation, la lecture ou la production de travaux.
P. Bourdieu et J.-C. Passeron, la Reproduction, p. 151.
♦ Apprentissage scolaire. ⇒ Pédagogie.
21 On peut voir un indice de l'influence de la transmission orale sur l'apprentissage scolaire dans le fait que le cours tend, d'une manière inégale selon les catégories d'étudiants (conformément à la loi générale des variations des attitudes selon le sexe, la résidence et l'origine sociale), à se substituer à tout autre moyen d'acquisition, à commencer par la lecture, comme en témoigne la valeur accordée aux notes de cours, objet de lectures et de relectures, d'échanges et d'emprunts.
P. Bourdieu et J.-C. Passeron, la Reproduction, p. 151.
4 Cybern. Aptitude d'un système à améliorer son fonctionnement par la prise en compte des résultats passés. || Apprentissage automatique.
♦ Techn. || Courbes d'apprentissage, retraçant la décroissance des temps unitaires au cours d'une fabrication en série.
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CONTR. Désaccoutumance, oubli, perte (du métier).
COMP. Préapprentissage, réapprentissage.
Encyclopédie Universelle. 2012.